• Mai

    Votes de nos Députés

    I. — Sur le projet de loi ayant pour objet d’autoriser le président de la République à ratifier le traité conclu à Hué le 6 juin 1884, entre la République française et le royaume d’Annam. Ont voté pour : MM. Corneau, Drumel, Neveux et Philippoteaux. N’a pas pris part au vote : M. de Ladoucette. Adopté par 301 voix contre 52.
    II. — Sur le projet de loi concernant ; 1° l’ouverture au ministre de la marine et des colonies, sur l’exercice 1884, d’un crédit extraordinaire ds 615,000 francs pour le câble télégraphique sous-marin du Tonkin; 2° l’inscription, parmi les voies et moyens du budget du même exercice, des recettes relatives à l'exploitation de ce câble. Ont voté pour : tous nos deputés.  Adopté par 379 voix contre 4.
    III. — Sur l'amendement de M. Silhol aux propositions de loi relatives aux ouvriers mineurs (Délégués mineurs). M. Silhol demande que l’on ajoute à l'article 2 après sont éligibles les ouvriers mineurs : âgé de trente ans accomplis. Ont voté pour : MM. Drumel, de Ladoucette et Philippoteaux. Ont voté contre : MM. Carneau et Neveux. Repoussé par 235 voix contra 182.
    IV. — Sur l'ensemble des propositions de Ioi relatives aux ouvriers mineurs. (Délégués mineurs). Ont voté pour : MM. Corneau, Drumel, Neveux et Philippoteaux. N’a pas pris part au vote ; M. de Ladoucette. Adopté par 337 voix contre 0.

    Votes de nos Députés (14 mai)

    I — Sur la prise en considération du contre-projet présenté par M. de Lanessan au projet de loi relatif aux récidivistes.
    « Art. ler . — Tout individu déjà condamné à une peine d’emprisonnement, pour les faits indiqués à l’article 4, qui est reconnu coupable, dans un délai de cinq ans après sa libération, d'un délit de même nature ou d'une nature plus grave, ne peût être condamné à une peine inférieure à six mois d'emprisonnement pour la première récidive, à un an pour la seconde, à trois ans pour les autres.
    » Art. 2. — Les individus condamnés en cas de récidive pourraient être employés dans des chantiers pénitentiaires de travaux publics.
    » Art. 3. — Après trois condamnations, les tribunaux peuvent prononcer la relégation dans une colonie. »
    Ont voté pour : MM. Corneau et de Ladoucette.
    Ont voté contre : MM. Drumel, Neveux et Philippoteaux.
    Repoussé par 300 voix contre 168.

    Votes de nos Députés (15 mai)

    I. — Sur le premier paragraphe de l’article 1er du projet de loi relatif aux récidivistes.
    « La relégation consistera dans l'internement perpétuel sur ie territoire de colonies ou possessions françaises des condamnés que la présente loi a pour’objet d’éloigner de France. »
    Ont voté pour : MM. Corneau, Drumel, de Ladoucette et Neveux.
    N’a pas pris part au vote : M. Philippoteaux.
    Adopté par 407 voix contre 47.

    II — Sur l’amendement de M. de Soland à l’article 4 du projet de loi relatif aux récidivistes. Cet amendement tend à substituer « pourront être relégués » à « seront relégués » dans cet article qui est ainsi conçu :
    » Seront relégués les récidivistes qui, dans quelque ordre que ce soit et dans un intervalle de dix ans, non compris la durée de toute peine subie, auront encouru les condamnations énumérées à l’un des paragraphes suivants :
    » 1° Deux condamnations aux travaux forcés ou à la réclusion, sans qu’il soit dérogé aux dispositions des paragraphes 1 et 2 de l’article 6 de la loi du 30 mai 1854;
    » 2° Une des condamnations énoncées au paragraphe prècédent et deux condamnations, soit à l'emprisonnement pour faits qualifiés crimes, soit à plus de trois mois d’emprisonnement pour :
    » Vol ;
    » Escroquerie; 
    » Abus de confiance;
    » Outrage public à la pudeur;
    » Excitation habituelle des mineurs à la débauche ;
    » Vagabondage ou mendicité par application des articles 277 et 279 du code pénal;
    » 3° Quatre condamnations, soit à l’emprisonnement pour faits qualifiés crimes, soit à plus de trois mois d’emprisonnement pour les délits spécifiés au paragraphe 2 ci-dessus ;
    » 4° Sept condamnations, dont deux au moins prévues par les deux paragraphes précédents, et les autres, soit pour vagabondage, soit pour infraction à l’interdiction de résidence signifiée par application de l’article 19 de la présente loi, à la condition que deux de ces autres condamnations soient à plus de trois mois d’emprisonnement.
    « Sont considérés comme gens sans aveu et seront punis des peines édictées contre le vagabondage, tous individus qui, soit qu’ils aient ou non un domicile certain, ne tirent habituellement leur subsistance que du fait de pratiquer ou faciliter sur la voie publique l’exercice de jeux illicites, ou la prostitution d’autrui sur la voie publique. »
    A voté Pour : M. de Ladoucette.
    Ont Voté Contre : MM. Drumel, Neveux e! Philippoteaux.
    N’a pas pris part au vote : M. Corneau.
    Repoussé par 282voix contre 178.

    III. — Sur le paragraphe concernant « le vagabondage » et « la mendicité » dans l'article 4 du projet de loi relatif aux récidivistes.
    Ont voté Pour : MM. Drumel, Neveux et Philippoteaux.
    N’ont pas pris part au vote : MM. Corneau et de Ladoucette.
    Adopté par 334 voix contre 70.

    IV — Sur l’ensemble du projet de lai relatif aux récidivistes.
    Ont voté Pour : Tous nos députés.
    Adopté par 383 voix contre 52.

     

    Votes de nos Députés (21 mai)

    I. — Sur le passage à la discussion des articles du projet de loi relatif à l’organisation des troupes coloniales et des troupes spéciales d’Afrique.
    Ont voté pour : MM. Corneau, Drumel, de Ladoucette, Neveux et Philippoteaux.
    La Chambre a adopté.
    II. — Sur la première partie de l’article 5 du projet de loi relatif à l’organisation de l’armée coloniale : « Les troupes actuelles de la marine passent au département de la guerre ».
    Ont voté pour : MM. Corneau, Drumel, de Ladoucette, Neveux et Philippoteaux.
    La Chambre a adopté.

     

    Votes de nos Députés (24 mai)

    I. — Sur la disposition additionnelle à l'art. 8 présentée par M. Ténot.
    « ART.  Les troupes coloniales sont particulièrement destinées à à former, à relever et à renforcer les garnisons coloniales.» 
    M. Ténot demande qu'on ajoute à l'article 8 la disposition suivante :
    «Elles encadrent le contingent colonial.»
    Ont voté contre : tous nos députés. 
    Repoussé par 254 voix contre 160.

     

    Votes de nos Députés (26 mai)

    I. — Sur l'amendement de M. Vachal au paragraphe 4 de l'article 29 (Armée coloniale)
    « En aucun cas les hommes du contingent continental ne peuvent être versés dans les troupes coloniales .» 
    Ont voté contre : MM. Corneau, Drumel et Philippoteaux.
    N’ont pas pris part au vote : MM. de Ladoucette et Neveux
    Repoussé par 331 voix contre 44. 

    II. — Sur le projet de loi ayant pour objet de décider que les funérailles de M. Victor Hugo seront faites aux frais de l'Etat.
    Ont voté pour : MM. Corneau, Drumel, Neveux et Philippoteaux.
    N’a pas pris part au vote : M. de Ladoucette.
    La Chambre a adopté par 408 voix contre 3.

    III. — Sur l'urgence de la proposition de loi de M. Anatole de la Forge concernant le Panthéon.
    Ont voté Pour : MM. Corneau, Neveux.
    Ont voté contre : MM.  Drumel et Philippoteaux et de Ladoucette.
    La Chambre a adopté par 224 voix contre 104.

    IV — Sur la proposition immédiate de la proposition de M. Anatole de la Forge concernant le Panthéon.
    Ont voté Pour : MM. Corneau, Neveux.
    Ont voté contre : MM.  Drumel et Philippoteaux et de Ladoucette.
    La Chambre a rejeté par 245 voix contre 141.

    Votes de nos Députés (28 mai)

    I. — Sur l’ordre du jour motivé de MM. Sigismond Lacroix et Tony Révillon.
    « La Chambre, considérant qu’aucune loi n’interdit l’exhibition sur la voie publique des emblèmes et des drapeaux, et blâmant les violences commises par les agents de la force publique dans les journées des 24 et 25 mai, passe à l'ordre du jour. »
    Ont voté Contre : Tous nos députés.
    Repoussé par 419 voix contre 40.
    II — Sur l’ordre du jour motivé de M. Jean Casimir-Périer.
    « La Chambre, confiante dans la fermeté du gouvernement à faire respecter le drapeau national, passe à l’ordre du jour. »
    Ont voté pour : Tous nos députés.
    Adopté par 373 voix contre 5.

    Juillet

    Votes de nos Députés

    I. — Sur l’article 1er de l’amendement de M. Henri Germain à l’article 1" du projet de loi relatif aux contributions directes de l’exercice 1886 : « Le principal de l’impôt foncier sur les propriétés non bâties cessera d’être perçu à partir du 1er janvier 1886 ». A voté pour ; M. de Ladoucette. Ont voté contre : MM. Drumel, Neveux et Philippoteaux. N ’a pas pris part au vote : M. Corneau. Repoussé par 297 voix contre 112.
    II. — Sur l’amendement de M. Bisseuil à l’article 1er du projet de loi relatif aux contributions directes de l’exercice 1886 : « Réduire de 11,100,000 francs le principal des contributions directes sur la propriété foncière non bâtie ». Ont voté contre : MM. Drumel, de Ladoucette et Neveux. N ’ont pas pris part au vote : MM. Corneau et Philippoteaux. Repoussé par 199 voix eontre 183.
    III. — Sur l’amendement de M. Henri Germain (suppression de l’impôt sur le sel). Ont voté contre : Tous nos députés. Repoussé par 332 voix contre 75.
    IV . — Sur l’amendement de M. Bovier-Lapierre et un grand nombre de ses collègues (suppression de l impôt sur le papier.) Ont voté pour : MM. Corneau, de Ladoucette, Neveux et Philippoteaux. A voté contre ; M. Drumel. Adopté par 295 voix contre 128.
    V. — Sur l’amendement de M . Brialou à l’article 2 du budget des recettes. La proposition de M. Brialou dit : « Sans aucun délai, à partir du 1" janvier 1886, aucune remise ou modération d’impôt foncier ne sera accordée pour vacance d’appartements. Toutes les dispositions de lois antérieures contraires à cet article, sont abrogées. » Ont voté pour : MM. Corneau et Neveux. Ont voté contre : MM. Drumel et de Ladoucette. N ’a pas pris part au vote ; M . Philippoteaux. Adopté par 825 voix contre 198.
    VI. — Sur la proposition de M. Achard. Cette proposition tend à la discussion de son projet de loi sur la chasse. Ont voté contre : Tous nos députés. Repoussé par 300 voix contre 79.
    VII. — Sur l’ensemble du projet de loi portant fixation du budget général de 1 exercice 1886. Ont voté pour : MM. Corneau, Drumel, Neveux et Philippoteaux. A voté contre : M. de Ladoucette. Adopté par 395 voix contre 76.
    VIII. — Sur le projet de loi tendant à ouvrir, au budget ordinaire du ministère du commerce, sur l’exercice 1885, un crédit de 100,000 francs pour les études préparatoires des projets relatifs à l’Exposition universelle de 1889. Ont voté pour : MM. Corneau, Drumel, Neveux et Philippoteaux. A voté contre : M. de Ladoucette. Adopté par 315 voix contre 72.


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  • Mai

    Fonte de neige. — De nouvelles avalanches survenues à la Monta, près Briançon, par suite de la fonte des neiges, ont semé l’épouvante parmi les paisibles habitants de cette localité qui a été si rudement éprouvée, il y a quelque temps. A certains endroits, la neigé amoncelée a près de 50 mètres de hauteur.

    TREMBLEMENT DE TERRE DANS LE VAR. — Toutes les correspondances qui nous parviennent du Var signalent de légères secousses de tremblement de terre qui auraient été ressenties dans la région, avant-hier, entre 6 h. 1/2 et 7 h. 1/2 du soir. 
    « Lundi, à 6 heures 45 du soir, nous écrit-on de Draguignan, nous avons ressenti une faible secousse de tremblement de terre qui a duré secondes. Il n’y a eu aucun dégât matériel. »
    « Une secousse de tremblement de terra a été ressentie, hier soir, à 6 heures 20, nous écrit-on de Toulon; l’oscillation s'est produite du Nord Ouest au Sud-Est et paraît n’avoir eu d’effet que sur une bande de terrain assez étroite; elle a duré 3 secondes. Il y a eu plus de peur que de mal : tout s’est borné à quelques craquements dans les boiseries et à quelques vibrations dans les cristaux et les porcelaines ».
    A Carcés, il y auarait eu deux secousses successives et elles auraient été plus accentuées : les vitres ont vibré avec force, les assiettes posées sur les tables ou sur les étagères se sont déplacées.
    La population a été vivement émue et des attroupements se sont aussitôt formés dans la rue où l'on commentait diversement l'événement. Il n’y a eu cependant aucun dégât.

    UNE AFFICHE COCASSE. — Le maire de Cervières (Hautes-Alpes) a fait apposer sur la porta de l'église de cette commune, l'avis suivant, qui se passe de tous commentaires et que nous reproduisons textuellement à titre de curiosité :
    « AVIS. — Le maire a l’honneur de prévenir tous les habitants de la commune qui ont l’habitude de se pousser dans l'église, principalement sur la tribune, d’avoir la bonté de cesser. Celui qui arriva le dernier doit se mettre au bout du banc, et non s’aller mettre au milieu dans le but de chasser ceux qui sont arrivés les premiers, ni de parler.
    » En conséquence, dorénavant, celui qui ne se conformera pas au présent, procès-verbal sera dressé contre lui, comme ayant troublé l’exercice du culte. Il en est de même pour les écoliers; les pères et les mères deviennent responsables de la conduite de leurs enfants.
    » L’article 261 du code pénal condamne les coupables de 16 fr. à 300 fr. d’amande (sic) et de six jours à trois mois de prison. — Cervières, le 29 mars 1885. — Le maire : FAUREY ».

    FABRIQUE INCENDIEE. — Chambéry, 9 mai : Un incendie a complètement détruit cette nuit la fabrique de pâtes alimentaires du pont d’Hyères, près Chambéry. Le feu s’est déclaré vers neuf heures du soir, un quart d’heure après tout secours était inutile. Les pertes sont évaluées approximativement à 80,000 fr. Un pompier de Chambéry, nommé Colon, et un jeune commis des douanes, M. Jay, ont sauvé, au péril de leur vie, un employé de la fabrique couché dans les combles, déjà envahis par les flammes.

    UN SOLDAT BRUTALISÉ. — Il vient de se produire Vizille (Hautes-Alpes) un fait très grave, sur lequel il importe que l’autorité militaire fasse la lumière et donne satisfaction à l’opinion publique en punissant le ou les coupables, s' il y en a. Voici, en effet, ce qu’on raconte :
    Ces jours derniers, la 7e batterie du 6e régiment d'artillerie qui se rend à Briançon, s’est arrêtée à Vizille; au moment où les pièces passaient sur la place du Château, les habitants furent profondément étonnés de voir un jeune soldat qu’on avait attaché par les deux bras au bât d’un mulet, et qui était à peu près traîné par cet animal. Informations prises, on sut que ce militaire, nommé Cyprien Pellex, avait déjà fait douze kilomètres en conservant cette position, et qu’il avait été attaché sur ordre du lieutenant et avec l'approbation du capitaine. Après avoir fait constater l’état de ce jeune soldat, le maire de Vizille adressa au commandant de la batterie quelques observations qui furent mal accueillies.
    La population, indignée, intervint alors, et le capitaine dut se retirer dans l’hôtel, sous la protection de ses soldats. Les habitants ont envoyé une pétition au général Logerot, qui commande la 14e brigade d’artillerie dont fait partie le 6e régiment : cette pétition a été signée aussi par M. Bonthoux, maire de Vizille, et par le conseiller général du canton. L’autorité militaire a ouvert une enquête.

    TUÉE PAR UN COCHON. — Une fermière de Lagrand (Hautes-Alpes) a été attaquée par un cochon, qui, après l'avoir renversée, l'a si cruellement mordue à la poitrine et au bas-ventre, que lorsque son mari et sa fille sont accourus à son secours, la pauvre femme avait cessé de vivre.

    Suicide d’un militaire. — Un brigadier d’artillerie, nommé Despring, jeune homme appartenant à une honorable famille, de service à
    la Grosse-Tour, à Toulon, s’est suicidé en se jetant de la hauteur de 20 mètres. Il s’est fracassé le crâne sur le pavé. Un chagrin d’amour est la cause de ce suicide.

    Un vol de 1OO.OOO francs. — Le voyageur d’une grande maison de bijouterie de Paris, la maison Vuilleret, vient d’être dévalisé à Toulon (Var), d’une sacoche renfermant 100,000 francs de bijoux.

     

    Juillet

    La foudre en Corse. — Dimanche dernier, un triste événement s’est produit dans la commune d Omessa (arrondissement de Corte). La foudre est tombée aux environs du village. Une jeune personne, Catherine Rossi, âgée de vingt ans, a été tuée et huit personnes blessées.

    Horrible assassinat. — Le nommé Gilly, fermier de M. Caze, à Grasse, a été assassiné lundi, dans les gorges du Loup (Alpes-Maritimes), par un individu demeuré jusqu’ici inconnu qui, après lui avoir tiré deux coups de fusil, l’a achevé à coups de crosse.

    SINGULIER TESTAMENT. - Un original, c’est à coup sûr M. Henri Meynard, conseiller général du Vaucluse, qui est mort récemment, dit notre confrère du Gagne-Petit.
    Certes, on a vu nombre de testaments inattendus : des neveux stupéfaits ont vu des oncles à héritages disposer de leur bien en faveur de servantes-maîtresses, d’amitiés nouvelles, de corporations religieuses. D’autres ont fondé des églises, des chapelles, des prix de vertu, toujours au détriment des parents à qui ces dispositions charitables faisaient faire triste mine.
    M. Meynard, mort récemment, a inauguré dans la matière ; il a légué sa fortune...
    — Devinez à qui ? A lui-même, à sa dépouille mortelle.
    Et si nos lecteurs doutaient, par hasard, voici le contenu de ce testament cocasse :
    « Je lègue, dit-il dans son testament, à ma dépouille mortelle la propriété que je possède à Valrées, appelée Jas, telle que je l'ai achetée des héritiers de MM. Marius et Charles Maynard, le 30 décembre 1880.
    » Je désire que tout ce qui est contenu dans l’enclos reste dans l'état où il se trouvera au moment de mon décès, sans y rien changer, et que tous les animaux m’appartenant y soient conservés jusqu'à leur mort.
    » Il sera construit, dans la lanterne de la galerie de la maison d'habitation, un monument funèbre de petite dimension, dans lequel mon cercueil sera déposé dans une tombe creusée dans un bloc de pierre dure et ensuite abreuvée de ciment, de manière que le tout fasse un même corps.
    » Elle sera ensuite recouverte par une pierre de même nature scellée avec du ciment.
    « Je veaux être enseveli sans le concours d'aucun ministre appartenant à une religion quelconque. Je souhaite être transporté directement de mon lit mortuaire à ma tombe. »
    La maison léguée par M . Meynard à sa dépouille mortelle a une valeur de plus de 200000 francs.
    Le tribunal d’Avignon aura à se pronoucer sur cette délicate question : « A-t-on le droit de sa léguer ses biens soi-même ? 

    Une servante qui a tué son maître.— Hier, à Utelle (Alpes-Maritimes), une servante a tué son maître à coups de bâton. Elle a ensuite traîné le cadavre dans une grange et y a mis le feu. Cela fait, elle est allée déclarer au juge de paix de Villars que son maître avait été assassiné par un voisin. On n’a pas tardé à avoir la preuve de l’inexactitude de cette information, et la servante a été arrêtée.

    LE BAL D ’ANTIBES . — De tristes événements se sont produits à Antibes le jour de la Fête nationale. L ’entrée du bal organisé par les jeunes gens de la ville aurait été refusée aux officiers et militaires de la garnison. Au refus formel des sociétaires de les laisser entrer, les militaires avaient répondu par un assaut en règle de la salle de bal où ils auraient tout saccagé, malgré l' intervention de leurs officiers et de l’autorité civile.
    Il nous est impossible de faire, dans cette triste affaire, la part des responsabilités, ignorants que nous sommes des causes qui l’ont amenée. En attendant des renseignements complémentaires, nous ne pouvons que déplorer cette animosité entre civils et militaires à une époque où tout le monde est soldat.

    Monument à Garibaldi. — Un concours est ouvert à Nice pour élever un monument à Garibaldi. Le concours aura pour juges : le préfet des Alpes-Maritimes, le maire de Nice, un conseiller municipal, un délégué du ministère de l’Instruction publique et des beaux-arts, et trois artistes désignés par la Commission. Les projets ne seront reçus à la mairie de Nice que jusqu au 30 novembre 1885, à midi.

    ORAGES. — Une série d’orages sans exemple s’est abattue, cette semaine, sur la département des Alpes-Maritimes. Les communications sont, sur plusieurs points, interrompues avec la frontière italienne. L e ministre de l’intérieur a accordé un secours.

    Médecins qui s’empoisonnent. — Qu’un docteur s’attaque à des malades, cela se comprend. Mais entre docteurs ! Nous avons déjà dit que le docteur Estachy était accusé d'avoir voulu empoisonner, au moyen de grives préparés suivant la formule, le docteur Tournatoire et son estimable famille.
    M. Estachy comparaîtra le 27 juillet aux assises de Vaucluse, séant à Carpentras.
    On assigne deux audiences à cette curieuse affaire.


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  • LE 14 JUILLET 

    Que signifie cette date ?
    Emancipation et délivrance !
    Et voilà pourquoi la Nation Française est aujourd'hui eu fête.
    Et voilà pourquoi chaque citoyen, affranchi par la Révolution, conserve au plus profond de son cœur le souvenir reconnaissant de cette date lumineuse.
    La République, cependant, pour sa fête nationale, eut pu choisir un souvenir non moins grandiose, tant cette merveilleuse époque est pleine de ces journées héroïques qu’un peuple doit être fier de retrouver en relisant l’histoire de sa patrie. Nous pouvions prendre le 22 septembre. 
    Ce jour-là, pour la première fois, la Convention faisait flotter sous le ciel de France le drapeau tricolore de la République. Alors :

    ..... Que la France était belle
    Au grand soleil do Messidor !
    C’était une cavale, indomptable et rebelle,
    Sans frein d’acier, ni rênes d’or ;
    Une jument sauvage, à la croupe rustique
    Fumante encore du sang des rois,
    Mais fière, et d’un pied fort, heurtant le sol antique,
    Libre pour la première fois !
    Tout son poil était vierge, et, belle, vagabonde 
    L ’œil haut, la croupe en mouvement
    Sur ses jarrets dressés, elle enrayait le monde
    Des bruits de son hennissement,

    Nous pouvions prendre aussi le 4 août où les droits de l'homme furent proclamés après qu'eurent été brûles tant de vains titres qui déshonoraient l’humanité.
    Nous pouvions prendre encore cette date du 10 août, alors que le peuple chassa de son palais la royauté tremblante.
    Nous n’avons voulu aucune de ces dates ;  parce que les droits de l'homme, aujourd’hui, ne peuvent plus être mis en discussion ; parce que, délivrés des rois, nous avons pour toujours, fini avec les journées du 10 août. 
    Nous avons préféré le 14 juillet qui, se détachant glorieux de tous les souvenirs, nous rappelle le triomphe de la justice, l’affranchissement de l'esprit, la délivrance de la Nation jusqu'alors et, pendant dix-huit longs siècles, tenue en tutelle sanglante par le clericalisme et la monarchie. 
    Et ce n'est pas alors seulement la République que la France acclame en ce jour ; — mais c’est  aussi le Droit et la Liberté.
    Le sang de la Révolution ne s'est pas refroidi dans nos veines : tel nos patriotiques aïeux nous l’ont transmis, tel il coule chaleureux par tout notre corps ; — et nous avons besoin qu’il nous réchauffe, car ces sublimes démolisseurs de 89 et de 93 nous ont, pour notre part, laissé de rudes combats à livrer.
    Contre nous, leurs petits fils, la réaction prétendrait en effet, élever la Bastille noire, la Bastille divine pour y séquestrer la Libre Pensée qui éclaire et vivifie le monde.
    Et c’est contre cette Bastille que le peuple de France doit porter sa main courageuse vengeresse : il la détruira, et sur les ruines de celle-là comme sur les ruines de l’autre, en caractères que le sang ne saurait effacer, il gravera son nom ?
    Alors il se tournera fièrement vers les autres peuples eu lui montrant tous ses fers entièrement brisés : ils comprendront. Ayons donc confiance, car le jour prochain luira où nous ne serons plus les seuls dans la vieille Europe, à fêter la République et la Liberté ! 

     

    Albert MEYRAC.  

     


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  •  

    C’est avec le plus vif plaisir que les républicains ardennais connurent la prise de la Bastille. L ’écho de cette joie patriotique est arrivé jusqu’à nous par de nombreuses chansons faites au lendemain de cet événement mémorable et qu’a bien voulu nous signaler l’obligeant et savant archiviste des Ardennes, M. Sénémaud.
    Nous en choisissons une que nos lecteurs, et surtout nos lectrices, seront curieuses de retrouver ici. Qui donc prétendait que les Ardennaises n’étaient pas de bonnes républicaines ?

    LE REGIMENT DES ARDENNAISES

    Allons, vite ! ma chère amie
    Il nous faut partir bien vite
    Pour soutenir noire patrie.
    Mon amant est bien ravi : 
    Il faut deux cent mille filles,
    On fera choix des plus gentilles.
    On veut de bonnes patriotes
    On ne veut pas de ces bigotes,
    Car, si elles entendaient le canon, 
    Elles courraient vite au sermon.

    On a choisi pour gros major,
    Entre toutes ces jeunes filles.
    La tendre, la belle Éléonore :
    Elle est douce est gentille ;
    Mais, pour notre capitaine,
    Nous prendrons la belle Héléne.
    Courons vite, ma chère amie,
    Nous mettre dans la compagnie.

    Nous aurons des mousquetons.
    Des gibernes, aussi des sabres.
    Beaucoup de munitions
    Pour tuer les aristocrates
    Et aussi tous les émigrés
    Qui, de ta France, se sont sauvés.
    Ils seront guillotinés.

    Nous aurons pour clarinettes
    Babet, Suzette et Jeannette ;
    Madelon jouera du basson
    Catherinette jouera de la trompette ;
    Thérèse battra la grosse caisse !
    Notre musique sera complète.
    Nous marcherons à grands pas
    En chantant : Ça ira ! ça ira !

    Au revoir, papa, maman !
    Voilà le tambour qui m’appelle :
    Puisque je suis sergent
    Il faut que je fasse l’appel.
    — Ecris-nous, ma chère enfant;
    Envoie-nous de tes nouvelles.
    Ton papa est réjoui
    Que tu défends la patrie.

    Marie, ton sac est rempli :
    Vole bien vite à la victoire !
    J’y ai mis tous tes étuis,
    Tes chemises et tes mouchoirs.
    Tiens voilà un bon jambon.
    Pour quand tu te mettras en route;
    Tu boiras dans ton flacon
    Et tu crieras : Viva la nation !

    Nous n’avons pas d’engagement.
    Nous sommes toutes braves et volontaires,
    Nous quittons tous nos amants
    Jusqu’à la fin de la guerre ;
    Et puis nous nous marierons,
    Après avoir fait des conquêtes
    Avec de bons garçons.
    Des citoyens de la nation.

    Charleville (1790).

     

    LA FÊTE DE LA REPUBLIQUE

    Que l'on ait été à la ville ou à la campagne, à Paris ou dans une modeste bourgade, il a suffi d’ouvrir les yeux pour constater que la fête du 14 Juillet était entrée dans les mœurs du pays.
    Les fenêtres spontanément pavoisées, Ies drapeaux flottant au vent, l’aspect des physionomies, tout indiquait qu’il s’agissait bien d’une fête nationale, acceptée de l’immense majorité des citoyens.
    Vous souvient-il de la fête du 15 août, sous l’empire ?
    Seuls les monuments publics étaient pavoisés et illuminés ; seul le monde officiel se mettait en mouvement.
    C ’était la fête des souverains, et jusqu’à un certain point, celle des fonctionnaires ; encore les malheureux fonctionnaires étaient-ils contraints et forcés d’endosser l’uniforme ; ce n’était pas la fête du peuple. Il regardait passer les fonctionnaires, il allait voir tirer le feu d’artifice; les chandelles romaines montant dans le ciel jusqu’aux étoiles amusaient comme tout spectacle peu coûteux ; il n’était pas de la fête.
    Au jourd ’hui, au contraire, le monde officiel pourrait s ’abstenir que, dans cette invraisemblable hypothèse, le 14 Juillet n’offrirait ni moins d’entrain ni moins d’éclat.
    Ce sont des particuliers, des quartiers, des habitants d’une rue qui se sont chargés de la décoration de leurs maisons; chaque arrondissement a organisé sa fête locale, des bals, des illuminations; c’est par des souscriptions privées recueillies de porte en porte que chaque quartier a fait sa toilette nationale, s’est paré de fleurs et d’oriflammes et s’est diverti.
    Les citoyens ne sont plus les spectateurs d'une fête donnée par d’autres ; ils s’amusent pour leur propre compte et à leurs frais.
    Qu’est cela, sinon une Fête nationale.
    La célébration de l’anniversaire du 14 Juillet est si bien entrée dans nos mœurs que vouloir l’effacer serait la plus téméraire des
    entreprises et la plus vains.
    Il en est de cette fête comme du suffrage universel et comme de la République,  ou plutôt ces trois choses n’en font qu’une.
    Il ne faudrait, pour les supprimer, qu’une Révolution aussi radicale qu'impossible.
    Est-ce que les (???) monarchiques auraient la faiblesse de croire que le pays les laisseraient faire cette révolution à la veille du centenaire de 1789 qu’il s'apprête à célébrer avec une reconnaissance enthousiaste ?
    Les gens qui boudent la Fête nationale, les partis qui ont ouvert contre la République une campagne électorale ardente ne doivent se faire aucune illusion sur l’issue de leur entreprise.
    Les réjouissances populaires du 14 Juillet n'ont pas exclus les préoccupations de la bataille qui va se livrer dans quelques semaines. Elles ont été, au contraire, une occasion, pour les républicains, de se voir et de se concerter. Les souvenirs que rappelle la date du 14 Juillet ont été, pour la France démocratique, un stimulant pour la lutte en même temps qu ’un gage certain de la victoire.
    Car ce n’est pas quatre-vingt-seize ans après avoir pris la Bastille que le peuple laissera M. le comte de Paris ou un Napoléon la relever sous un autre nom.

     

    1785-1885

    Un de nos abonnés de la campagne nous adresse cette lettre que nous recommandons à tous les paysans et à tous les petits cultivateurs : « Aujourd ’hui, me voilà tranquille, libre de travailler, d’aller, de venir, à la veille d’exercer mes droits électoraux, en possession de tous mes droits de citoyen et quelque peu fier d ’avoir voix au chapitre, si petit que je sois, je pense à ce petit carré de papier, le bulletin de vote, qui me fait maître de mes destinées et de celles de la Patrie ; je sais que nul n’a le droit de me molester et que je suis défendu par la loi que mes mandataires ont faite ; bref, je me sens dans la plénitude de mon droit social...
    » Et je me demande ce que j ’aurais été, il y a cent ans, moi qui ne suis pas noble et dont les ancêtres ont négligé d’aller aux croisades. II y a cent ans, pour un pauvre bavardage qui aurait déplu au Pouvoir ou à une gueuse comme la Pompadour, on m’aurait fourré à la Bastille sans jugement. Car le bon Louis XVI , en 1786, délivrait encore des lettres de cachet.
    » II y a cent ans, je n’aurais pas été sûr de trouver du pain chez le boulanger, car tous les grands seigneurs, à commencer par le roi, accaparaient les blés pour affamer le peuple et réaliser de gros bénéfices, tandis que le Parlement déclarait que le peuple est taillable et corvéable à merci.
    » II y a cent ans, si j ’avais été accusé d’un crime, fût-il imaginaire, j ’aurais été étendu sur un chevalet ou suspendu à l’estrapade :car il n’est pas vrai que Louis XVI avait aboli la torture. Il avait au contraire maintenu la question préalable, contre l’avis de Malesherbes.
    » Il y a cent ans, ma conscience n’eût pas été libre, et si j ’avais été protestant et que j ’eusse eu des velléités de voyage, hors de France, l'édit de juillet 1786 me l’aurait interdit sous peine de confiscation de corps et de biens.
    » Si j ’avais eu dix francs de rente, j ’aurais entendu résonner à mon oreille cette parole de Dubois qui avait dit « La monarchie fait banqueroute quand elle le veut ! » ou cette autre du doux Louis XVI, au moment où il faisait un cadeau de cinq cent mille livres à la Polignac : « C’est légal , parce que je le veux !
    » J’aurais été traité du haut en bas par les calotins qui n’entendaient pas « être avilis et réduits à la condition des autres sujets du roi », ou bien roué et pendu comme le chevalier de la Barre, un enfant de dix-sept ans qu’on tortura et qu’on tua pour avoir ri au nez d’un crucifix. 
    » Si j ’avais élé militaire, je n’aurais pu devenir officier, n’étant pas noble.
    » Partout l’arbitraire, partout la négation de la dignité humaine, en 1785.
    » Tandis qu’aujourd'hui, en 1885, partout la liberté, ou du moins partout un acheminement à la pleine et entière liberté surtout si nous choisissons des représentants vraiment républicains.
    » Tandis qu’aujourd’hui, en 1885, le peuple a été mis en possession de ses droits qu'il exerce pacifiquement mais énergiquement, un bulletin de vote à la main, assurant la prospérité et la sécurité de la France républicaine ! »

    Le 14 Juillet. — Nous recevons, trop tard [27 juillet] pour les insérer, un grand nombre de communications au sujet de l’éclat avec lequel la féte nationale a été célébrée dans différentes communes  de notre département. Constatons encore une fois avant de terminer, que partout, pour ainsi dire, dans les Ardennes, les idées républïcaines vont toujours en progressant puisque la fête de la République a été plus brillante que les années précédentes.


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  • Mai

    Masny. — Fille tuée par son père. — Un drame épouvantable vient d'ensanglanter la commune de Masny.
    Avant-hier dimanche, la demoiselle Charlon, cuisinière de M. Fiévet, le nouveau sénateur du Nord, a été assassinée à coups de couteau par son père, contre-maître de la fabrique de sucre. Puis croyant son œuvre accomplie, le meurtrier s’est fait sauter la cervelle.
    La malheureuse victime n’est pas morte sur le coup, mais elle porte au crâne des fractures tellement graves, qu’on désespère de la sauver.
    Les bruits qui courent au sujet du mobile qui a armé le bras du coupable, sont trop graves et d’une nature trop délicate, pour que nous puissions aujourd’hui nous en faire l’écho. On prétend que Mlle Charlon aurait été victime d’une séduction et, qu’au moment du crime, elle se trouvait dans un état de grossesse assez avancé.
    L’assassin se trouvait depuis quelque temps, sous le coup d'une vive surexcitation cérébrale; c’était jusque-là un brave homme, aimé et estimé de tous ses concitoyens.
    Inútile de dire l’émoi que ce drame a causé dans le pays.

    Eglise foudroyée. — On télégraphie de Roubaix :
    « La foudre vient de tomber sur la clocher de l’église Saint-Martin ; elle a produit un léger commencement d'incendie, qu’on a pu heureusement éteindre de suite. Tout danger est conjuré.»

    Incendie du collège de Tourcoing. — Un incendie considérable vient d’éclater dans la ville de Tourcoing déjà si éprouvée par de récents sinistres. Le feu s’est déclaré dans les bâtiments du collège. Un moment on a craint de grands désastres.
    Toutefois les élèves avaient été mis en lieu sûr et, sous ce rapport, on n’a rien eu à redouter.

    L’EPÉE DE L’AMIRAL. — La ville d'Abbeville, oû naquit M. l’amiral Courbet avait ouvert une souscription, pour offrir une épée au héros de Sontay, de Fou-Tchéou et de Formose.
    M. Froment-Meurice, chargé de l’exécution de cette épée, a fait une œuvre très remarquable. Au milieu de la poignée, un bouclier sur lequel sont ces mots :

    HOMMAGE
    A
    L’AMIRAL
    COURBET
    1884

    Au-dessus, un trophée, et sur la garde les armes d'Abbeville entourées d’un ruban flottant où se trouve inscrite cette mention :

    LA VILLE d’ABBEVILLE RECONNAISSANTE

    Sur la contre garde, un épisode de la prise de Fou-Tchéoù.
    La tête de la poignée se compose d’une gloire tenant à la main une couronne de lauriers et la coquille est formée de deux dauphins reliés par une cocarde tricolore composée de saphirs, de brillants et de rubis.
    La lame, — de Tolède, — qui sera travaillée par l’habile ciseleur, portera sur un ruban s'enroulant autour d’elle les noms des principaux faits d'armes du brave amiral.

    Un homme de bien. — M. Cauvel de Beauvillé, ancien député du département de la Somme, vient de mourir à Montdidier, en léguant à la ville d’Amiens une somme de 600,000 fr. pour le débouché d’un boulevard, 1 million pour la construction d’un hospice d'aveugles, et sa bibliothèque, estimée 100,000 fr.

    UN SUICIDE ORIGINAL . — Si jamais homme fut bien décidé à en finir avec la vie, c’est M. Jules Couchot, menuisier à Sin-le-Noble (Nord).
    Hier on trouva ce malheureux pendu chez lui ; jusqu’ici rien de drôle, au contraire.
    Mais d’abord, il était tout nu.
    « Ma lectrice rougit, et je la scandalise... »
    Eh oui ! tout nu ; et pour cause, car, avant de mourir, il avait voulu déchirer, déchiqueter jusqu’à son dernier vêtement : pantalons, gilets, vestes, chemises, tout y avait passé.
    Et ce n’est pas tout, tout le mobilier avait été brisé. Il ne voulait que rien subsistât de ce qui lui avait servi ; seul son cercueil était là tout entier, placé juste sous lui, pour que, la corde coupée, son corps pût y reposer de suite. Et quel cercueil!... Rien n'avait été négligé pour en faire un chef-d’œuvre. Vous pensez, un menuisier!... Ce cercueil poli, fini, léché, était, en dedans, capitonné de satin rouge. Ce menuisier était brun, sans doute. Quel temps avait-il mis à le construire? Mais depuis trois mois déjà ce dernier lit attendait notre homme.
    Pour son enterrement, les porteurs étaient retenus et payés depuis quinze jours, et dans maint cabaret avait-il versé des fonds pour qu’on pût boire à sa résurrection.
    Mais où la précaution devient un comble, c’est que lui-même, selon la coutume du pays, avait placé une croix sur sa porte, pour indiquer qu’il y avait un mort.
    Il estimait sans doute qu’on n'est jamais si bien servi que par soi-même.
    Cet insensé était père de huit enfants !

    Exécution capitale. — Lepot, l'un des assassins de Mme Boulanger, demeurant à Fives-Lille, a été exécuté hier [22] à quatre heures du matin, sur la place Saint-Waast, à Douai.
    Linez, son principale complice, également condamné à mort par la cour d'assises du Nord, a été averti à 3 heures de l'après-midi que M. le président de la République avait commué sa peine en celle des travaux forcés à perpétuité.

    Un notaire en fuite. — Les journaux de Lille annoncent qu'un sieur Cousin, notaire à Phalempin, a pris la fuite après avoir dissipé des sommes considérables. 
    Ils ajoutent que Cousin était un des plus forts soutiens du parti réactionnaire dans le département du Nord.
    Tous les petits cultivateurs du canton de Pont-à-Marcq qui avait confié à cet escroc leurs modestes économies, sont, aujourd'hui, complètement ruinés.

    Juillet

    USINE INCENDIÉE. — Cette nuit, l’importante usine de tissage de MM. Delattre frères a été en grande partie détruite par un violent incendie. Les ateliers occupaient mille ouvriers. C’est dans la partie de l’usine affectée au triage de la laine que le feu a pris naissance. Les pompiers de Douai se sont rendus sur le lieu du sinistre au premier signal, mais un accident s’est produit à la pompe à vapeur qui n’a pu fonctionner; on a dû la remplacer par la pompe à vapeur de Lille qui a été expédiée par un train spécial avec une brigade de pompiers. C’est à grand peine que l’on a pu devenir maître du feu. La nommé Hubert Dussaussoy a eu le bras cassé. On signalé encore quelques blessures sans grande importance. Les pertes sont considérables. Un grand nombre d’ouvriers sont réduits au chômage. On ignore la cause de l’incendie. Le travail avait cessé depuis samedi dernier. Les pompiers et les soldats envoyés de Douai ont montré beaucoup de dévouement.

    Usine brûlée. — Un violent incendie a éclaté hier matin à Dorignies, dans les ateliers de tissage et de peignage de laine Delattre où sont occupés mille ouvriers. Les pertes sont considérables. On ne signale aucun incident grave. La pompe à vapeur et la brigade des pompiers de Lille sont parties prêter leur concours à leurs collègues de Douai.

    Arrestation d’un banqueroutier. — Le consulat de France a fait arrêter à Constantinople et a dirigé aujourd'hui sur Marseille le nommé Albert Jadosius, négociant de Dunkerque, accusé de banqueroute frauduleuse et d'escroquerie pour une somme dépassant un million.

    CHRONIQUE DES HEUREUX. — Aux tirages de juillet des Obligations Villes de Paris et Amiens, six clients de la Caisse générale d’Epargne et de Crédit , (116 place Lafayette, Paris), gagnent des lots variant de 200 à 10 000 francs — Cette Société a ouvert 63 00 comptes et en a liquidé 35.000. Le nombre de ses gagnants s’élève à 58. 
    En présence de pareils résultats, les agents soucieux de ne prêter leur concours qu’à une Société qui a fait ses preuves, offriront leurs services à C. LEFEBVRE , inspecteur a Charleville.


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  • Juillet

     — Nous relevons les décorations suivantes :
    M. Canard, Henri-Philibert, né à Rocroi, colonel en retraite, est nommé commandeur de la Légion d’honneur ;
    M. Morelle, Pierre-Ernest, né à Vouziers, capitaine au 5e de ligne, est nommé chevalier ;
    M. Hetreux, Nicolas-Augustin, né dans la canton de Signy-le-Petit, maréchal-des-logis de gendarmerie à Ay, est nommé chevalier ; 
    M. Rivet, Achille, né à Renwez, M. le docteur Charles Gueilliot, de Vouziers, et M. Hochmann chef du cabinet du préfet des Ardennes, ont été nommés officiers d’Académie


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  • Audience du 15 Juillet 1885

    L’audience de mercredi a été des moins chargées. Trois affaires seulement étaient portées au rôle dont une de diffamation dont la loi nous  interdit de rendre compte. Voici, en substance, quelles ont été les deux autres :

    Coups et blessures. — Le sieur Labarrière, Tolmide, âgé de quarante-un ans, marchand de bestiaux, demeurant à Hautes Rivières, à la suite d’une discussion qu’il avait eue au sujet de son commerce, avec M. Hénon, le fils de la victime de la Rowa, a frappé celui-ci avec une violence que rien ne justiflait. Il n'a donné d’autres explications de sa conduite que celle-ci : « Il est évident que le fils de la veuve Hénon doit en vouloir à tous les marchands de bestiaux puisque c’est deux hommes exerçant ce commerce qui ont assassiné la mère ». Le tribunal trouve ce moyen de défense par trop fantaisiste et inflige au prévenu trois jours de prison.

    Vol. — La veuve Lécuyer, inculpée de vol d’une poule, est condamnée par défaut à 15 jours d’emprisonnement. Elle a bien fait adresser au tribunal un certificat constatant ou à peu près qu’elle était indisposée, mais comme il est établi que la cause de son indisposition est due à son habitude de lever le coude à hauteur de la bouche, les juges n’ont pas cru devoir admettre cette excuse. 

    Audience du 23 Juillet 1885

    BIessures par imprudence. — Le nommé Gueures, Jean, sujet belge, âgé de 20 ans, domestique chez M. Maréchal, propriétaire du Grand-Hôtel, à Charleville, a renversé, par inadvertance le 7 juillet dernier, la dame veuve Dupont, qui passait dans la rue Saint-Mathieu. Les roues de l’omnibus que conduisait Gueures passèrent sur les jambes de la pauvre femme, sans toutefois occasionner de fracture. Néanmoins Mme Dupont est encore alitée à l’heure qu’il est. Gueures est condamné à 60 francs d’amende et M. Maréchal, son patron, déclaré civilement responsable.

    Coups. — Soudrille Alfred, terrassier à Mézières, se trouvant en état d’ivresse à Saint-Julien, le 29 juin à huit heures du soir, a sans provocation, gravement maltraité un sieur X ... Comme il ne comparait pas, le tribunal le condamne à 10 jours d’emprisonnement.

    Vol. — Chrétien, forgeron, âgé de 43 ans, demeurant à Elair, a soustrait trois perches de tilleul au préjudice de M. Colinet Armand, marchand de bois au même lieu. Six jours de prison par défaut.

    Audience du 28 Juillet 1885

    Vol. — Un sieur Jurion, personnage aussi indiscret qu’indélicat, a poussé le sans-gêne jusqu’à voler une certaine quantité de chemises appartenant à une honorable débitante de Saint-Julien. De plus, il s’est empressé de vendre à vil prix le produit de son larcin à une autre femme qui comparait avec lui devant la justice sous la prévention de complicité par recel. Cette dernière est acquittée, mais Jurion devra passer deux mois à l ’ombre.

    Tapage injurieux et nocturne . — G . . . qui demeure à Charleville et dont les antécédents ne sont pas précisément des plus louables, empoche un mois de prison et 5 fr . d’amende pour tapage et ivresse.

    Vol de poissons . — Menon, ouvrier fondeur, demeurant en dernier lieu à Reims, est un amateur effrené de friture. Il pousse tellement loin l’amour du poisson qu’il va jusqu ’à fracturer les réservoirs des particuliers pour s’en procurer.
    Condamné autrefois pour ce fait par défaut à un an de prison, il fait aujourd’hui opposition à ce jugement et voit réduire sa peine à trois mois.

    Outrages . — Bondonnet, tisseur à Omicourt, est un bon pochard, qui, quand il a bu, fait grand tapage et injurie le garde-champêtre et les conseillers municipaux. Cependant, comme ses antécédents sont bons et qu ’il existe dans la cause des circonstances atténuantes, le tribunal se borne à lui infliger 16 fr. d’amende.

    Coups et blessures . — Nous avons déjà entretenu nos lecteurs de cette affaire. Ils savent que Woirin étant ivre a, le 13 juillet dernier, brutalement frappé un honorable propriétaire de Boulzicourt, M . Léon P . . . parce que celui-ci lui avait adressé une observation très modérée et très polie d ’ailleurs en la forme. Les violences ont été assez graves pour que M . P . . . s’en ressentit pendant plusieurs jours . Woirin qui est un fort mauvais sujet et a déjà subi une condamnation, s ’entend condamner à 30 fr. d’amende.

    Coups . — Lepère Victor, meunier à Neufmanil, et Barré Hippolyte, garçon meunier, sont prévenus d’avoir porté des coups et fait des blessures à un sieur Houbre, domestique de Mme Hubin -Voirin , et cela sans aucune provocation. Pour sa défense, Lepère se borne à alléguer que Houbre lui devait une petite somme d ’argent qu’il refusait de lui payer.
    Le tribunal condamne chacun des prévenus à 20 fr. d ’amende.

    Délits de pêche . — Quatre infortunés pêcheurs à la ligne qui ont été trouvés se livrant dans la Meuse à leur plaisir favori avant le lever du soleil, sont successivement condamnés à 1 fr. et 2 fr. d’amende.

    Vol de poissons . — Depuis quelque temps, les vols de poissons sont assez fréquents dans la Meuse et dans ses affluents. Il est bon que les vauriens qui se livrent à cette coupable maraude sachent que les tribunaux ne plaisantent pas avec le respect de la propriété d’autrui.
    Aujourd'hui, c est un jeune mauvais sujet de Tendrécourt, nommé Rousseau , qui comparait devant la justice pour avoir fracturé la pontique d’un pêcheur de Vrigne-Meuse et y avoir pris plus de cinq kilos de poissons. Le tribunal le condamne à six jours de prison, et encore prend-il en considèration son jeune âge.
    Avis aux voleurs.

    Coups. — P . . . . , qui habite Charleville, mène une vie de polichinelle et ne peut boire la goutte sans éprouver immédiatement le besoin de rouer de coups la pauvre femme qui a eu le malheur de l ’épouser. Une demande de divorce a été intentée par celle-ci à cet égard. P . . . . reçoit une leçon de modération conjugale, qui se traduit par 5 fr. d’amende.
    Hâtons-nous de dire que c’est sur la demande même de la femme que le tribunal croit devoir se montrer aussi indulgent.

    Violences . — La demoiselle Lamoureux, qui habite la Verrerie, aussi violente, paraît-il, qu ’elle est chétive, a porté des coups à un sieur Adam , qui ayant affaire à une femme, n’a pas voulu riposter. Le motif de l ’agression est que la demoiselle Lamoureux prétendait qu ’Adam lui devait vingt-cinq_ sous pour différents travaux. Cette aimable virago est condamnée à 16 francs d’amende.

    Les dénicheurs d ’oiseaux . — Midoux , Emile, tonnelier à Prix , est condamné à 16 fr . d ’amende pour avoir déniché une couvée d’oiseaux.


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  • Juillet

    Les grâces. — A l'occasion du 14 juillet, le président de la République a accordé des grâces, commutations ou réductions de peine, à neuf cent trente et un condamnés, détenus dans divers établissements pénitentiaires militaires ou civils, en vertu de jugements prononcés contre eux par des conseils de guerre.

    Les condamnés politiques. — Le bruit court dans les couloirs qu’au cours de la séance, une question doit être posée au président du Conseil par un membre de l'Extrême gauche,au sujet des grâces qui devraient être accordées le 14 juillet aux condamnés de Montceau-Ies-Mines et de Lyon.


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  • Mai

    Etudes de maître SCHMITT, avoué à Charleville, et de maître COUVANT, notaire à Château-Regnault.

    VENTE PAR LICITATION D ’UNE MAISON
    Avec Jardin derrière Sis à BRAUX, canton de Monthermé, arrondissement de Charleville
    L'adjudication aura lieu le DIMANCHE SEPT JUIN mil huit cent quatre-vingt-cinq, à une heure après-midi, en la maison à vendre.
    En exécution d’un jugement par défaut rendu par le Tribunal de première instance de Charleville, le jeudi trente avril mil huit cent quatre-vingt-cinq, enregistré, 
    Et aux requête, poursuite et diligence de monsieur Jean-Baptiste Fridolin-Chauderlot, instituteur, demeurant à Chaumont-Porcien, demandeur, ayant maître SCHMITT pour avoué constitué ;
    Contre : 1° Madame Alexisse Deparpe, veuve de monsieur Jean-Baptiste Chauderlot, sans profession, demeurant à Braux;
    2° Henri-Auguste Herbin, cloutier, demeurant à Braux, en sa qualité de subrogé-tuteur, faisant fonctions de tuteur de Henri-Edouard Chauderlot, Paul-Henri Chauderlot et Charles-Méril Chauderlot, tous trois enfants mineurs nés du mariage d’entre les époux Chauderlot-Herbin, défendeurs et défaillants ;
    En présence de monsieur Nicolas Chauderlot, débitant, demeurant à Braux, subroge-tuteur ad hoc desdits mineurs.
    Il sera procèdeé, aux jour, lieu et heure sus-indiqués, par le ministère de maître COUVANT, notaire à Château-Regnault, à la vente aux enchères publiques et à l’extinction des feux, de :
    Une MAISON sise à Braux, rue du Faubourg, lieudit Belle-Volée, consistant en deux espaces de bâtiments qui comprennent : le premier une cuisine sur la rue, chambre derrière, deux places au premier étage, grenier au-dessus ; le deuxième, une écurie ayant entrée sur la rue, boutique derrière, grenier sur le tout ;
    Et quatre ares environ de jardin derrière ladite maison.
    Le tout tenant du couchant à la rue, du levant à Andry-Drunel, d'un côté à Merveil-Noel, et d’autre à Maillard-Herbin et Toupet-Jeangeot.
    Mise à prix, trois mille cinq cents francs, ci. 3.500 fr.
    Cette vente aura lieu sous les clauses et conditions d’un cahier des charges à dresser par Mr COUVANT, notaire, et à déposer en son étude, où l’on pourra en prendre communication.
    L'avoué poursuivant : Th . SCHMITT.
    Enregistré â Charleville, le dix-neuf mai mil huit cent quatre-vingt-cinq — Reçu un franc quatre-vingt-huit centimes, décimes compris . Signé : COLLIGNON.

    Juillet

    Etudes de maître BOUCHEZ-LEVERNIEUX, avoué à Charleville, et de maître FOREST, notaire en la même ville. 

    VENTE par suite de faillite et sur baisse de mise à prix et à tout prix D ’ UN ATELIER DE FERRONNERIE A DEMOLIR, situé à Deville, construit sur une propriété appartenant  à madame Alcide Rigaux-Bouzin ; avec un matériel et outillage se trouvant dans ledit bâtiment ; dépendant de la faillite du sieur Alcide Rigaux-Bouzin , fabricant de ferronnerie à Deville.
    L’adjudication aura lieu à la requête de monsieur Lambert-Arnould, ancien huissier à Charleville, syndic de ladite faillite, le Dimanche vingt-six juillet mil huit cent quatre-vingt cinq, à deux heures de l'aprés-miidi, en la mairie de Deville, par le ministère dudit maître FOREST, en exécution de deux jugements rendus sur requête par le tribunal civil de Charleville, les sept mai et neuf juillet mil huit cent quatre-vingt-cinq, et en-dessous de la mise à prix primitive de mille francs, et même à tout prix.
    S 'adresser pour les renseignements : 1° Audit maître BOUCHEZ-LEVERNIEUX, ruE Saint-Mathieu, numéro 5 ;
    2° Audit maître FOREST, dépositaire du cahier des charges.

    Rédigé par l’avoué poursuivant,
    Le seize juillet mil nuit cent quatre-vingt-cinq.
    Signé ; BOUCHEZ-LEVERNIEUX.
    Enregistré à Charleville, le dix-sept juillet mil huit cent quatre-vingt-cinq, folio , case . — Reçu un franc quatre-vingt-huit centimes, décimes compris. 
    Signé : Collignon.

     

    Etude de Me THILLOIS , notaire à Charleville. 

    ADJUDICATION VOLONTAIRE
    Le Samedi 25 juillet 1885, à deux heures de l ’après-midi , en l'étude , à la requête de madame RAQUIN-DELVINCOURT et des héritiers de son mari.
    I . — UN FOND DE COMMERCE DE LOUEUR DE CHEVAUX ET DE VOITURESExploité depuis quarante ans dans l’immeuble ci-après désigné, et comprenant, savoir :
    1° Matériel. — Deux calèches, — un omnibus, — un coupé, — deux américaines, — une voiture mylord, — un phaêton, — un breack, — un char à bancs ;
    Sept bons chevaux ;
    Harnais à un et deux chevaux ;
    Outils de sellier, objets de pansage, coffre à avoine et autres accessoires, etc. ;
    Approvisionnements. — Environ 1,000 kilos de foin, — 1,000 kilos de paille, — 400 kilos d’avoine ;
    3° La jouissance pendant plusieurs années, à titre de bail, des locaux dans lesquels s'exploite le fonds dont s’agit ;
    4° La clientèle et l'achalandage attaché audit fonds.
    I I . — UNE GRANDE MAISON propre à tout commerce. Située à Charleville, rue de Clèves, n° 23, en face de la rue du Palais de Justice Elle comprend : un bâtiment principal avec porte cochère, en nature de bureaux, magasins, et grande écurie pouvant contenir dix chevaux ;
    Belle cour ensuite, en partie couverte par un vitrage, et dans laquelle se trouvent des lieux d’aisances, une pompe et une cour à fumier ;
    A droite et à gauche de cette cour, bâtiments d’ailes à usage d’habitations, magasins, tonnellerie, cellier ;
    Au fond, autre grand bâtiment en nature d’habitation, magasin, remise ;
    Greniers sur le tout ;
    Belles et vastes caves, de création récente, ayant environ trois mètres de hauteur.
    L'ensemble tient par devant à la rue de Clèves, d’un côté à M. Vany, d’autre à Mme Lebrun, et par derrière à M. Carit et à Mme Peckels.
    Ladite maison susceptible d’un revenu minimum de 4.000 fr . Pour tous renseignements s’adresser audit Me THILLOIS .

     

    CHASSE EN PLAINE

    Le Dimanche 2 août prochain, à quatre heures du soir, le maire de la commune de Braux procédera, dans la salle de la Mairie,
    à l’adjudication du droit de chasse en plaine, pour trois années consécutives, qui courront à partir de l’ouverture de 1885.
    L ’étendue du territoire, concédé par les propriétaires, comprend environ 80 hectares.
    Braux, le 17 juillet 1885.
    Le Maire,
    MERVEILLE.

     

    Etudes de Me J. HERBULOT, avoué à Charleville, et de Me HEFFINGER , notaire à Nouzon.

    ADJUDICATION
    Le Dimanche 2 août 1885, à deux heures, en la Mairie de Nouzon, de :
    1 ° Une Maison, sise à Nouzon, boulevard de la Gare, n° 5.
         Mise à prix : 15.000 fr.
    2° Une Maison, même lieu, n“ 7 et 9
        Mise à prix : 15.000 fr.
    3° Un Atelier de ferronnerie avec maison d’habitation
        Mise à prix : 16.000 fr. 
    4° 6 ares 88 centiares de terrain-jardin , même lieu.
        Mise à prix : 14 000 fr.
    5° Quatre pièces de pré et jardin, terroirs de Nouzon et de Neufmanil.
        Mise à prix variant de 500 à 1.300 fr.
    Pour tous renseignements, s’adresser aux-dits M " HERBULOT et HËFFINGER.

     

    BUREAU DES DOMAINES DE MÉZIÉRES. 
    — VENTE AUX ENCHERES
    Le Lundi 27 juillet 1885, à quatre heures et demie du soir, au bureau des Postes, à Mézières, de 2,325 kilos de papiers 
    hors d'usage, provenant du  service des Postes et Télégraphes.
    1285 kilos de ces papiers, savoir : Postes 455 kilos, et Télégraphes 880 kilos, sont à mettre au pilon dans une fabrique de
    papiers, à la condition que la livraison et l'introduction dans l’appareil de macération s’effectueront sous les yeux d’un représentant autorisé de l’administration des Postes et Télégraphes, dont les frais de séjour et de déplacement seront à la charge de l’acquèreur.
    Au comptant et 5 p. c en sus
    Le Receveur dos Domaines,
    LIOUVILLE

     

    Etude de Me Victor VILLETTE , notaire à Rausourt.
    A LOUER par suite de décès pour entrer en jouissance le octobre prochain,
    UNE BELLE FERME
    Comprenant environ 15 hectares de terre et clos, située à Haraucourt.
    Cette ferme, composée de vastea et beaux bâtiments d'exploitation avec batteuse, situés sur la place, au centre d'un village industriel, conviendrait spécialement à un jeune ménage.
    Grande facilité pour vendre les produits de la basse cour et débit considérable de lait.
    Pour tous renseignements, s’adresser à Haraucourt, à M. Félix HENRIET-HANOTEL, qui en est le propriétaire, ou à m aître VILLETTE , notaire.

     

    Etudes de M- Charles AUBERT, avoué à Rocroi, et de Me FOURNIER, notaire à Revin.
    Vente par licitation d'un ATELIER DE FORGE très complet, sis à Revin, près la gare, cour et dépendances, contenant 9 ares, matériel, forges, marteaux,étampes, etc.
    Dimanche 9 août 1885, deux heures, sur le terrain.
    Mise à prix : 11.000 francs

     

     Adjudication de Travaux
    M . le Maire de Signy-le-Petit procédera le Dimanche 3 août prochain, à une heure et demie, à l’adjudication en deux lots, des travaux relatifs aux fontaines publiques, non compris la fourniture et la pose des tuyaux, formant l’objet d’un marché spècial.
    1° Lot. — Ouverture des tranchées : 1,228 fr. 75,
    2° Lot. — Construction d’un réservoir et divers : 7,005 fr. 28.
    S’adresser pour renseignements au secrétariat de la mairie, ou à M. Carnaux , architecte, rue Delvincourt, à Charleville.

     

    Etudes de Mes CLIGNET et CLOUET, notaires à Vouziers.
    CONTREUVE
    VENTE MOBILIÈRE
    Le Dimanche 2 août  1885, à midi, en la ferme du château de Contreuve :
    Vingt-six chevaux, juments et poulains ;
    Dix-neuf vaches, taureaux et génisses ;
    Trois- cent trente-quatre brebis, moutons, antenois et agneaux ;
    Deux porcs, une truie, un verrat;
    Deux cents volailles ;
    Deux chiens de cour;
    Instruments aratoires ;
    Mobilier de ménage.
    A CRÉDIT

     

    Etude de Me VETZEL, notaire à Renwez.
    VENTE DE RECOLTES
    en blé et avoine
    Le Dimanche 2 août 1885, après-midi :
    1° A La Grève, à une heure, sur 3 hectares 60 ares, en 10 lots;
    2° A Hardoncelle, à trois heures, sur 4 hectares, en 12 lots ;
    3° A Tournes, à cinq heures, (blé) sur 4 parcelles ;
    4° A Cliron, à six heures, sur un hectare et demi, en 7 parcelles.
    A crédit, moyennant caution.

     


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  • 1880

    Les pauvres : le conseil d'Etat va délibérer sur la question des bureaux de bienfaisance et les comités privés de charité. Cet avis s'appuie sur la législation qui a abrogé les lois d'après lesquelles le monopole avait été accordé aux bureaux de bienfaisance.
    D'après le même avis, les maires sont les tuteurs légaux des pauvres. A ce titre, ils ont qualité pour surveiller l'emploi de souscriptions faites en leur faveur.

    1885

    Juillet

    LA QUESTION SOCIALE. — De l’important discours que vient de prononcer M. Clémenceau, à Bordeaux, nous extrayons ces excellentes paroles : ..........La question sociale au premier rang, voilà ce qui doit être en tête de toutes les professions de foi démocratiques. Comment la résoudra t-on ? Il y a malheureusement, chez nous, un parti révolutionnaire qui préconise la lutte des classes et la violence. Je vous le déclare, comme je l’ai toujours et partout déclaré, sous la République, ce programme ne sera jamais le mien. (Applaudissements répétés ) J’ai bien entendu dire que rien ne se fondait que par la force, mais je crois, quant à moi, que c’est là une pure apparence. La force n’intervient jamais que pour sanctionner ce qui s’était fait clairement jour dans les esprits. Autrement le triomphe de la force brutale n’est que passager. N est-ce pas, au contraire, le propre de la République de mettre progressivement et pacifiquement la force sociale au service des idées à mesure qu’elles évoluent dans l'esprit humain ? La République n’a-t-elle pas pour mission d’éliminer la force brutale — toujours oppressive d’où qu’elle vienne — des rapports sociaux ? C’est dans cette voie qu’il faut marcher. Sous le régime actuel, il faut s’attacher d'une façon ,ferme, inébranlable à la légalité. (Vif mouvement d'adhésion). Sans doute, l’action parait plus pénible et plus longue ; elle exige plus de continuité, plus d’entêtement dans l'effort ; mais comme elle fait en même temps l’éducation de celui qui s’y consacre, elle le rend plus capable et plus digne d’exercer pour lui-même et pour le bien public, le nouveau droit qu’il a conquis. C’est cet entêtement qui a manqué jusqu’ici à notre malheureux peuple. Il s’éprend parfois d’un grand enthousiasme et a parfois de soudaines lassitudes. La République, c’est la mise en pratique de la solidarité humaine dans la plus haute acception du mot. La République sera ce que chacun de nous la fera, par un long effort individuel ou concerté. A ceux qui sont le nombre, il suffit de s’unir étroitement dans une action à la fois pacifique et résolue, pour que le privilège disparaisse et que le droit soit reconnu. (Vifs applaudissements).


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  • Avril

    GARDE ET BRACONNIER . — Un drame sanglant a eu lieu vendredi dernier a Nontot, près de Bolbec. Achille Durand, jardinier au château de la, Houssaye et garde d’un bois, faisait sa tournée vers onze heures du soir. Tout à coup un coup de feu retentit, le garde se sent blessé dans le dos. Il se retourne vivement et aperçoit un homme armé d’un fusil et qui le tient en joue. Durand fait feu sur cet individu, qui tombe mortellement blessé. Cet individu n'était autre, qu'un cousin germain du garde, nommé Edouard Durand, qui, pour ne pas être reconnu tandis qu'il braconnait, portait une épaisse longue fausse barbe qui le rendait méconnaissable. Le braconnier avait été atteint au côté; le coup de feu, chargé à plomb, a fait balle'-et perforé le poumon. La mort a été instantanée.


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  • Avril

    Une affaire qui a montré tout ce dont est capable une femme italienne abandonnée à de violentes passions, a été jugée aux assises de la Haute-Savoie, au milieu d’une grande affluence de spectateurs et en présence de nombreuses dames d'Annecy. L’accusée Guelpa Olinda est née dans la province de Novare. Vêtue de noir et coiffée à l'italienne, ses traits sont fins et réguliers de grands yeux expressifs font ressortir la pâleur de son teint. Elle est  âgée de vingt-huit ans. Quoique femme d'un simple manouvrier, elle a reçu une certaine instruction ; des lettres d’elle qui sont au dossier annoncent qu'elle n'a pas une intelligence ordinaire. Son attitude est très convenable et elle essuie continuellement ses pleurs.
    Dominique Canova l'avait épousée dans le courant de l’année dernière. Peu de temps après son mariage il la quitta pour aller  travailler sur les chantiers du chemin de fer d'Annecy à Genève. Il rejoignit à Croisy ses deux neveux, les frères François et Pierre Bersano, forgerons.
    En novembre 1879, il fil venir en Savoie sa femme, restée en Italie. Il s’installa avec elle et ses deux neveux dans une chambre commune. Cette singulière cohabitation devait amener des conséquences terribles. Un soupçon s'empara bientôt de Dominique Canova...Il avait cru s’apercevoir que sa femme avait des relations intimes avec François Bersano, son neveu. Il eut de vives altercations avec elle. Puis, le 4 janvier dernier, il porta contre elle une plainte en adultère qu’il retira presque aussitôt.
    Suivant le conseil qui lui en avait été donné, il se sépara de ses neveux le 17 janvier, et il loua une chambre ailleurs ; mais sa femme refusa de le suivre et passa la nuit du 17 au 18 dans la chambre qu’elle n’avait pas voulu quitter. Canova en devint furieux ; il fit prévenir Guelpa Olinda qu’il avait à lui remettre une lettre de son père. Elle vint sans délai. Aussitôt une scène des plus violentes eut lieu. Le propriétaire de la maison, le sieur Fontaine, qui avait loué la chambre, inquiet des suites que pouvait avoir une discussion aussi bruyante, se décida à intervenir. En sa présence, Canova continua d’adresser les plus graves reproches à sa femme, mais sans la maltraiter. Les choses en seraient restées là, au moins pour le moment, si François Bersano n'était pas venu se mêler à cette scène. Dès qu’il parut, tout changea de tournure, et la colère devint plus ardente que jamais dans le cœur de Canova. Il tenait un couteau fermé dans la main; il l’ouvre. A cette démonstration, qui lui apprend le danger qu’il court, Bersano saisit le mari à bras le corps, et comme il sent que son oncle lui plonge le couteau dans le dos, il crie : « Enlevez-lui le couteau ! »
    Les deux hommes roulent à terre et luttent encore, mais tout à coup Canova reste immobile... il venait d’être tué, non pas par Bersano, qui n'avait pas d'arme, mais par sa femme, Guelpa Olinda. Elle avait pu arracher le couteau de la main de son mari et le lui enfoncer dans la tête, près de la tempe. Quand cette terrible lutte eut pris fin, Bersano suivit sa tante à l'auberge d'un nommé Philippe. Guelpa Olinda tenait encore à la main le couteau de son mari. La femme Canova et son neveu furent mis en arrestation. Guelpa Olinda avait à l’œil gauche une ecchymose très-marquée, provenant d'un coup que Bersano lui avait donné avant l'arrivée de Bersano. Celui-ci avait une blessure profonde dans la région dorsale, au-dessus de la dixième côte de gauche. Une ordonnance de non-Iieu fit mettre Bersano en liberté. 
    Devant le jury, l'accusée soutient qu'elle ne se souvient pas d'avoir porté des coups à son mari. Mais Fontaine l’a vue frapper Canova, et Bersano le déclare, de peur’d'être accusé lui-même. Les renseignements recueillis sur Olinda en Italie ne sont pas mauvais; mais elle a fait l'aveu de ses relations avec son neveu, François Bersano. Du reste, celui-ci les a avouées aussi en pleine audience, et malheureusement sur un ton trop cynique. Les débats ont eu lieu au moyen d'un interprète  car Olinda, qui comprend un peu le français, ne le parle pas.
    Olinda était accusée d’assassinat; mais le président a posé aux jurés la question de coups et blessures sans intention de donner la mort.
    Le jury a été affirmatif sur cette question, et il a de plus accordé des circonstances atténuantes.
    Guelpa Olinda a été condamnée à cinq années de réclusion. L’interprète lui transmet la condamnation, elle tombe aussitôt sans connaissance, et on l'emporte évanouie dans la prison.


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  • 1885

    Mai

    Concours à l ’Ecole Normale. — Le ministre de l’instruction publique a décidé que les épreuves écrites pour le concours d’admission à l’Ecole normale supérieure, en 1855, soient distribuées comme il suit : Pour la section des lettres, du 23 au 30 juin inclusivement. Pour la section des sciences, du 22 au 25 juin inclusivement. Les épreuves auront lieu, suivant l’usage, au chef lieu de l’Académie où les candidats se sont fait inscrire. Les épreuves orales auront lieu à Paris, à l’Ecole normale supérieure, et commenceront le 27 Juillet pour la section des sciences, et le 31 juillet pour la section des lettres.

    Obtention des Bourses. — L’Officiel enregistrera prochainement la liste complète des jeunes gens ayant obtenu une Bourse pour les établissements d’instruction publique. Pour !a première fois, on joindra à cette liste les motifs de l’attribution, afin que les candidats admis puissent juger des qualités de leurs concurrents.

    L’enseignement primaire en 1884. — M. F. Buisson, l’éminent directeur de l'enseignement primaire vient de  soumettre au ministre de l’instruction publique le résumé des états de situation pour l'année scolaire 1883-1884. Cette statistique fait ressortir divers faits intéressants sur la marche de l'enseignement primaire pendant le cours d'une seule année.
    Le nombre des écoles. — II y avait encore, au précédent exercice, 167 communes dépourvues d’écoles ; il n’y en a plus que 131 actuellement. C’est encore trop sans douté, mais l’abaissement considérable du chiffre des communes sans écoles réalisé depuis quelques années, indique la sollicitude active du gouvernement républicain pour l'enseignement populaire.
    Le nombre des communes de 500 habitants et au-dessus non pourvues d’une école publique de filles est tombé de 2,336 à 2,114. L’ensomblee des écoles a augmenté de 1,154. La France en compte actuellement 78,456, dont 65,596 écoles publiques et 12,860 écoles libres.
    Le personnel enseignant. — L’augmentation du personnel enseignant correspond à la multiplication des écoles. Pour l’année dernière seulement, cette augmentation est de 2,923. Nous avons actuellement 94,787 instituteurs pour les écoles publiques et 37,796 pour Ies écoles libres. A la fin de l’année scolaire 1883-1884, il ne restait plus dans l'enseignement public que 7,634 maîtres ou maîtresses non brevetés, dont 692 laïques et 7,002 congréganistes. C’est une diminution de 1,752 sur l’année précédente. Le progrès n’a pas été moins sensible dans le personnel enseignant des écoles libres, où il ne reste actuellement que 545 instituteurs ou institutrices laïques, et lO,473 instituteurs ou institutrices congréganistes, non brevetés. Au total, c’est 3,069 instituteurs ou institutrices non brevetés qui sont sortis de l’enseignement ou qui ont pris leur brevet pendant l’année courante.
    Le nombre des élèves. — Dans un espace de sept ans (1877-1884), l’accroissement du nombre des élèves inscrits dans les écoles primaires publiques et libres donne un total de 751,746, dont 597,864 pour les écoles publiques, et 153,882 pour les écoles libres. Ces chiffres sont assez éloquents pour se passer de commentaires ; ils témoignent de la puissante impulsion donnée à l’enseignement populaire.
    Bibliothèques pédagogiques. — Même mouvement ascensionnel dans le nombre des bibliothèques pédagogiques et dans les caisses d’épargne scolaire. Le nombre de ces caisses où les enfants des écoles continuent librement, et en dehors de toute ingérence officielle, s’exercer à la prévoyance, était, au 1er janvier 1885, de 23,222, représentant, pour les sommes inscrites, un total de 11,285,046 fr. Voilà des résultats dont le gouvernement républicain a le droit de se féliciter. Nous les soumettons avec confiance à tous les hommes de bonne foi.

    Congrés international d’instituteurs. —Le Conseil municipal du Havre a décidé, avec l’approbation du ministre de l’instruction publique, qu’un congrès international d’instituteurs se tiendrait dans cette ville du 6 au 9 septembre prochain. C’est sur la proposition du maire du Havre que cette décision a été prise. Immédiatement un Comité a été formé, qui comprend douze membres du Conseil municipal, dix-huit membres pris parmi les directeurs et les directrices des écoles du Havre et neuf parmi les citoyens de la ville.

    Les Congés. — Le congé de la Pentecôte pour les lycées et collèges, est fixé du samedi soir 23 mai au mercredi matin, 27 mai.
    Les élèves internes devront être rentrés le mardi soir.

    Ministère des Postes et des Télégraphes. — Un concours pour le surnurmérariat aura lieu le jeudi 6 août 1885 au chef-lieu de chaque département.
    Peuvent y prendre part les jeunes genss de 17 à 25 ans sans infirmités», ainsi que les instituteurs, les militaires et tous les fonctionnaires publics comptant trois années de services rendus à l'Etat et âgés de moins de 30 ans.
    Les candidats devront adresser sans retard leur demande au Directeur des Postes et Télégraphes du département, qui leur transmettra le programme de l’examen.
    La liste d’inscription sera close le 8 juillet.
    NOTA — Les postulants pourvus d'un diplôme de bachelier ès lettres ou ès sciences seront dispensés de subir les épreuves du concours, s’ils remplissent d’ailleurs les conditions imposées aux autres candidats.

    Ecole supérieure de commerce. — Les concours pour l’obtention de bourses créées par l’Etat, à l’Ecole supérieure de Commerce de Paris auront lieu les 20 et 21 juillet, à Paris, Dijon, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux ,Rouen, Nantes, Lille et Nancy.
    Les candidats devront se faire inscrire avant le 15 juillet à la préfecture du département dans lequel ils désirent subir l’examen.
    Les conditions à remplir et les pièces à produire sont indiquées au Recueil des Actes administratifs, n° 9, année 1880.

    Juillet

    Pension des instituteurs. — Le ministre de l’instruction publique, des beaux arts et des cultes, vient d’adresser aux préfets une circulaire, en date du 16 courant et relative à la situation des instituteurs et des institutrices, pendant l’accomplissement des formalités nécessaires pour la liquidation de leur pension de retraite : Les délais dont souffrent les instituteurs, écrit M . Goblet, se compliquent, dans la plupart des cas, du temps qui s’écoule entre le jour où ils cessent leurs fonctions et l'époque à laquelle est pris l’arrêté qui les admet à la retraite. La réunion des pièces qu’ils ont à fournir, la correspondance à laquelle donnent lieu l’incorrection de quelques-unes de ces pièces et les modifications à y apporter exigent souvent plusieurs mois. Je vous prie donc, Monsieur le préfet, lorsqu’un instituteur demandera sa retraite ou que la nécessité de son admission d’office vous sera incontestablement démontrée, de le prévenir de la mesure qui sera prise à son égard et de lui conserver sa fonction et son traitement jusqu’au jour où, toutes ces pièces réunies, transmises dans mes bureaux et reconnues régulières, je vous aurai notifié l’arrêté qui l’admet à faire valoir ses droits à la retraite. Toutefois, pour prévenir des abus, il importera de veiller à ce que l’instituteur apporte toute la diligence possible en ce qui concerne la réunion de ses pièces. M. l’inspecteur d’Académie devra lui assigner un terme au-delà duquel il perdrait le bénéfice de son maintient provisoire. Les demandes d’admission à la retraite seront examinées par mon administration avec toute la diligence possible. Les dossiers incomplets vous seront immédiatement renvoyés, et je vous prie de veiller à ce que l’instruction supplémentaire soit faite d’urgence. Quant à l’admission à la retraite, elle sera prononcée dès que toutes les pièces du dossier me seront parvenues, et la liquidation aura lieu dans la mesure des crédits mis à ma disposition. L ’arrêté ministériel indiquera la date à laquelle devront cesser les services du fonctionnaire, la liquidation de ses droits devant s’arrêter à la même date. Je dois vous prévenir que le crédit mis à ma disposition pour les pensions de retraite pendant l’année 1885 étant épuisé, je ne pourrai donner suite à aucune demande avant le 1er octobre prochain. Vous voudrez donc bien différer jusqu ’à cette époque l’envoi de vos propositions.

    Conseil de l’instruction publique. — Dans sa séance de ce matin, le conseil supérieur de l’instruction publique a examiné divers projets relatifs aux écoles de pharmacie et de médecins de plein exercice à la licence ès-sciences et à l’agrégation des langues vivantes. Le conseil a décidé la création d’un brevet de langue kabyle. Il a ensuite approuvé un décret ayant pour objet d’interdire de prendre des inscriptions simultanées dans des facultés différentes en vue du même examen. Après avoir statué sur des dispenses de stage et des autorisations d’enseigner demandées par des étrangers, le conseil a approuvé un projet de décret ayant pour effet d’étendre aux instituteurs coloniaux les bénéfices attachés à la médaille d'argent qui implique, comme on le sait, une allocation annuelle de cent francs. Vendredi, jour de la prochaine réunion, le conseil examinera les affaires disciplinaires dont il est saisi.

    Bachelières. — Vendredi, à la Sorbonne, deux jeunes filles ont subi les épreuves du baccalauréat ès-sciences : Mlle Grant, originaire des Indes anglaises, et Mlle Rollet, française. Chacune d’elles a fait la meilleure version de sa série.


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  • RÉCEPTION D'AMBASSADEURS : Le ministre des affaires étrangères,  mercredi 29 avril, à l’occasion de la réception diplomatique hebdomadaire, a reçu la visite de tous les ambassadeurs étrangers présents à Paris. Lord Lyons, ambassadeur d’Angleterre, M. de Hohenlohe, ambassadeur d’Allemagne, le baron Mohrenheim, ambassadeur do Russie, Essad Pacha, ambassadeur de Turquie, se sont successivement entretenus avec le ministre et chacun assez longuement.

    Mai

    L’emplacement de l'Exposition : C’est à tort qu'on a parlé du prétendu refus qu’opposerait le ministre de la guerre à la cession du Champ-de-Mars pour édifier les bâtiments de l'Exposition universelle ; mais il paraît exact que le Cabinet ajournera la demande de crédit de 50 millions pour la susdite exposition, la situation financière ne permettant pas à la suite du crédit de 200 millions pour le Tonkin de gréver d'une aussi forte somme le budget déjà si obéré.

    Courses de chiens. — On annonce, pour les 6 et 10 mai prochain, des courses fort originales, organisées au Champ de Mars par le CanisClub. On prépare en ce moment l’emplacement où seront données des courses de haies, d’obstacles, etc. Le great-attraction de ces journées sera le rallye coursing de lévriers et le vol d'autours et de faucons dressés en Angleterre.

    LE CRIME DE LA RUE CAMBRONNE. — Un nouveau crime a vivement ému le quartier de Grenelle ce matin. M. Chérou, logeur, rue de Cambronne, 71, était, vers six heures du matin, attiré hors de sa chambre par le bruit d’une vitre brisée.
    Dans l’allée il aperçut un individu sortant de la chambre n° 17 vêtu avec les vêtements du locataire de cette chambre, nommé Zigler, originaire du département de Meurthe-et-Moselle, âgé de vingt-deux ans et demeurant dans la maison depuis six mois. Intrigué par cette fuite le logeur suivit l’inconnu dans la rue.
    A ce moment, Mme Chérou, la logeuse, qui était entrée dans la chambre dont la porte était restée ouverte criait à l’assassin ! elle venait d’apercevoir le cadavre de Zigler la gorge coupée étendu au travers de son lit.
    On se mit à la poursuite de l’assassin qui ne put être rejoint que dans le marché de Grenelle.
    Arrêté par les gardiens de la paix qui furent obligés de dégainer pour lui faire lâcher son couteau qu’il avait conservé à la main et dont il menaçait de se servir encore, cet individu fut amené au commissariat de police de M. Luccioni, qui procéda immédiatement à l’interrogatoire de l’assassin et le fit fouiller.
    Cet individu qui, dans le quartier, possède la plus déplorable réputation et passe pour un souteneur, a déclaré se nommer Charles Lallemand, âgé de 18 ans, serrurier.
    Dans la poche des vêtements de la victime qu’il avait sur le corps, on a retrouvé la montre et le porte-monnaie de Zigler, contenant 11 fr.
    Le cadavre de la victime a été apporté à la Morgue à une heure,- pour y être soumis à l’autopsie et l’assassin écroué au Dépôt.
    Dans son interrogatoire, cet individu a déclaré avoir tué Zigler, parce qu’il lui avait enlevé sa maîtresse.

    Mort de joie. — Un individu qui n’a vraiment pas de chance dans son bonheur, c’est Breton, qui a gagné le lot de 500,000 fr. à la loterie des Arts décoratifs. Cette fortune inattendue lui a causé tant d’émotions qu'il en a fait une maladie dont il mourait trois jours après.

    COMMENT MEURT ÜN RÉPUBLICAlN. — Une polémique assez vive s’est élevée l’autre jour au sein du Conseil municipal de Paris, entre réactionnaires et républicains, au sujet des propositions de débaptiser un certain nombre des rues de Paris, faites par un conseiller municipal républicain.
    Les journaux réactionnaires, eux aussi, sont entrés en lutte et le nom de Denis Dussoubs a, surtout, exercé leur verve.
    Or savent-ils au juste ce que c’est que Denis Dussoubs ?
    En 1851, il y avait un représentant du peuple nommé Gaston Dussoubs. Au coup d’Etat, il était malade et cloué au lit, par un rhumatisme articulaire. Il avait un frère plus jeune que lui. Le 4 décembre, ce frère le vint voir. Gaston lui dit :
    — Je suis déshonoré. Il y aura, des barricades, et mon écharpe n’y sera pas !
    — Si! répondit Denis. Elle y sera.
    — Comment cela ?
    — Prète-là moi.
    Vers neuf heures et demie du soir, les soixante combattants de la barricade du Petit-Carreau virent arriver un homme qu’un d’eux reconnut.
    — Bonjour, Denis.
    — Ap[jelle-moi Gaston.
    On ne comprit pas d’abord. Mais on comprit quand, la troupe approchant, on vit Denis Dussoubs revêtir l'écharpe de son frère, gravir les pavés de la barricade, monter jusqu’au sommet, et s’y dresser debout.
    De là, tête nue, sans armes, à voix haute, il parla aux soldats. L' Histoire d'un Crime a recueilli les paroles
    — Avance à l’ordre! cria une voix.
    Alors on le vit descende lentement, pavé à pavé, de la crête vaguement éclairée de la barricade et s'enfoncer, la tête haute, dans la rue ténébreuse. De la barricade, on le suivit des yeux avec une anxiété croissante. Les cœurs ne battaient plus, les bouches ne respiraient plus. La nuit était si obscure qu'on le perdit de vue presque tout de suite. On put distinguer pendant quelques secondes seulement son attitude intrépide et ptaisible. Puis il disparut. On ne vit plus rien. On entendait seulement dans cette ombre un pas mesuré et ferme qui s’éloignait. Une lueur apparut ; c'était probablement une lanterne qu’on apportait ou qu’on replaçait. On revit Dussoubs à cette clarté, il était près des soldats, il allait y atteindre... Tout à coup, la commandement : Feu ! se fit entendre. Une fusillade éclata. Ils avaient tiré à bout portant. Dussoubs tomba. Puis se releva et cria : Vive la République! Une nouvelle balle le frappa; il retomba. Puis on le vit; se relever encore une fois, et on l’entendit crier d’une voix forte : Je meurs avec la République ! Ce fut sa dernière parole. »
    Le nom de ce citoyen n’est-il pas aussi honorable que ceux de Dupin, de Mac-Mahon et des Napoléon ? Son nom ne mérite-t-il pas d’être rappelé à la mémoire de tous aussi bien que ceux de saint Joseph, saint Hyacinthe, saint Spire ?
    Le Conseil municipal fera bien de persévérer dans sa première résolution et de préférer aux noms des saints et des traîtres, ceux des citoyens qui sont morts pour la défense de la loi et de la patrie.

    « La Liberté éclairant le Monde. » — C’est mercredi prochain [13], à trois heures, qu’aura lieu, place des1885 Etats-Unis, sous la présidence de M. Morton, ancien ministre des Etats-Unis à Paris, l’inauguration provisoire du modèle original de la reproduction de la statue de La Liberté éclairant le Monde, offert à la ville de Paris par las Américains. 
    Le Conseil municipal de Paris doit assister en corps à cette cérémonie.

    La Statue de la liberté. — Paris 13 mai, 9 h. 00. Aujourd’hui a eu lieu la cérémonie d'inauguration d’une réduction de dix mètres de hauteur de la statue de M. BarIholdi, la Liberté éclairant le Monde, offerte par la colonie américaine de la ville de Pars.
    La statue est élevée sur la Place des Etats-Unis où se trouve l’hôlel du ministre américain. Elle est tournée la face à l’est et regarde ainsi le centre de Paris.
    Le gouvernement était représenté par MM. Brissen, président du Conseil, et Allain-Targé, ministre de l’intérieur.
    La musique de la garde républicaine, placée derrière la statue, a joué pendant la cérémonie l’hymne national américain, la Marseillaise et le Chant du Départ.
    Devant la statue étaient disposées des banquettes pour les invités, parmi lesquels on remarquait un grand nombre de dames fort élégantes, appartenant à la colonie américaine.
    Discours de M. Morton.  A une heure et demie, M. Morion monta sur une estrade dressée devant la statue et prononce en anglais le discours suivant : 
    « Monsieur le président de la Chambre, Messieurs Ies ministres, Monsieur le président du Conseil municipal, Messieurs. »
    » Au moment où je vais quitter bientôt votre cher pays, j ’ai l’honneur de remplir encore une mission qui m’est bien agréable, celle d’être l’interprete des sentiments que mes compatriotes désirent vau-j exprimer en ce jour.
    » Demain, la statue colossale de la Liberté éclairant le Monde, le don généreux de la nation française fait aux Etats-Unis, quittera le port de Rouen à bord de la frégate l'/sère, pour être érigée à l’entrée de la rade de New York, où elle consacrera à jamais le souvenir de l’amitié qui unit les deux grandes Républiques sœurs.
    » Un comité américain s’est constitué à Paris pour organiser une souscription américaine et faire fondre en bronze le modèle de cette célèbre statue. Il était profondèment désirable que l'œuvre originale, telle qu''elle était sortie des mains dr votre éminent artiste, M. Bartholdi, fut conservéa au généreux pays qui a conçu la noble pensée du monument de l'Union franco-américaine.
    » Le bronze, offert par nous, restera un vivant souvenir de notre reconnaissance envers la France. Il devait être érigé là où l’on sent si vivement battre le cœur de la grande nation, notre amie, et sur la place à laquelle vous avez si courtoisement donné le nom de notre patrie.
    » La ville de Paris a bien voulu accueillir avec empressement nos vœux et même se charger gracieusement de l’érection de notre monument. Nous lui adressons nos plus chaleureux remerciements.
    » Au nom de mes compatriotes et du Comité qui a pris l’initiative de cette œuvre, je vous prie de vouloir bien agréer, au nom de la nation française, cet hommage des sentiments ds sympathie et d’amitié que nous désirons lui adresser. Que ces sentiments, avec la volonté de Dieu, unissent Ies deux nations à travers les siècles à venir!
    » En vous, messieurs, qui représentez la ville de Paris, qui conservez ce gage de nos sentiments, nous saluons la grande cité que nous admirons, que nous aimons, où nous sommes acclimatés comme si nous étions de véritables concitoyens.
    « Que cette statue de la Liberté, ce don de mes compatriotes, puisse contribuer à perpétuer l’amitié que les événements les plus divers depuis un siècle n’est cessé de raffermir.
    » Je désire, messieurs, en terminant, saisir cette occasion pour exprimer encore aux autorités municipales de Paris toute ma reconnaissance pour l’acte gracieux par lequel elles ont honoré mon pays durant ma mission, en donnant en 1881 le nom de Place des Etats-Unis à cette place où la légation était venue s' établir. » 
    Discours de M. Brisson.  Après cette allocution chaleureusement applaudie, M. Brisson prend la parole.
    » Il est plus heureux qu’il ne saurait dire d’avoir l’honneur de remercier le comité du don magnifîque fait par le peuple américain à la ville de Paris, et des sentiments d’amitié pour le peuple français que vient d’exprimer M. Morton.
    » Cette amitié entre les deux peuples est de vieille date. D’ailleurs, avant l’échange de ces deux monuments, les témoignages de cette mutuelle sympathie des deux nations ne manquaient ni d’un côté ni de l’autre de l'Atlantique.
    » Si à Paris des rues portent des noms américains, aux Etats-Unis ce sont des villes entières qui portent des noms français en souvenir de cette union séculaire.
    » Ces souvenirs ne sont pas ceux de sauglantes batailles, car notre amitié est comme la Liberté, de Bartholdi : elle éclaire le monde et ne le menace pas. Les Américains viennent de fêter le centenaire de leur République. Nous allons fêter le nôtre ; que cette cérémonie soit comme le trait d’union de ces deux jubilés.
    » Plus heureux que nous, moins entourés d’ennemis, ils ont pu atteindre plus vite à l’idéal de paix et de prospérité que se propose la République. La seule tragédie de leur histoire a montré quelle bonne éducatrice de tout genre est la liberté.
    » Forcés de faire la guerre, les Américains ont improvisé toutes les ressources nécessaires avec une énergie et une promptitude stupéfiantes.
    » La campagne du général Shermann égale par sa témérité calculée, les plus belles d’Annibal. Mais il n’est plus question de guerres à l’avenir ! Paix, liberté, justice entre les peuples, tel est le but vers lequel doivent marcher les deux nations, la main dans la main.
    » Un sentiment de regret se mêle à cette fête. Des hôtes apprécies, de la société parisienne, vont la quitter.
    » Les anciens disaient que quiconque a bu de l’eau du Nil est fatalement attiré vers ses rives toute sa vie. M. de Lesseps pourrait témoigner de la véracité de ce dicton.
    » Espérons, dit le ministre en terminant, que Paris peut développer chez ses hôtes une nostalgie analogue et que M. et Mme Morton en sentiront les atteintes.
    La colonie américaine applaudit vivement cette péroraison.
    Allocution de M. Boué. M. Boué, président du Conseil municipal constate ensuite, dans une chaleureuse allocution, les souvenirs d’amitié qui unissent Ies deux peuples.
    Allocution de M. de Lesseps.  M. de Lesssps, au nom du comité français égyptien, remercie le peuple américain de son splendide cadeau. Il est heureux de pouvoir le faire en présence de MM. de la Fayette et Rochamheau, les dignes héritiers de ses noms îllustres. Àprès une courte allocution de M. Fayette, la cérémonie est terminée à deux heures et demie. 

    Concours de chiens. — La Société centrale pour l’amélioration des races de chiens en France va organiser sa quatrième exposition annuelle sur le Cours-la-Reine, près la place de la Concorde, et la tiendra du 28 mai au 4 juin prochain .
    La Société n'ayant pu obtenir de nouveau, cette année, la terrasse des Tuileries, l’exposition canine aura lieu sur le terre-plein situé le long du quai de la Conférence, entre les ponts de la Concorde et des Invalides.

    BRUNEAUX. — 24, boulv. Poissonnière, Paris. Restaurant de 1er ordre ; cuisine parfaite. — Déjeuner : 3 fr. ; Dîner : 4 fr. une bouteille de vin par repas. 

    Plus de savon. — Un blanchisseur des environs de Paris vient de trouver un moyen fort ingénieux de nettoyer le linge sans savon. Cet industriel ne se sert ni de soude ni de lessive, encore moins de chlorure, et remplace tous ces ingrédients par....... des pommes de terra cuites à l' eau chaude, dont il frotte simplement le linge. Ce procédé, au moins curieux, est, paraît-il, bien supérieur à ceux employés jusqu’à ce jour.

    Espions allemands. — Le général Campenon a été avisé que des espions allemands avaient pénétré dans l’établissement Caill, pour y étudier le nouveau canon Bange.

    L ’état de siège en Russie. — On écrit de Saint-Pétersbourg, le 15 mai, que le czar insiste pour qu’on lève toutes les mesures exceptionnelles prises en 1880 à l’égard des nihilistes, soit l’état de siège, les cours martiales, exécutions sommaires et déportations administratives. Le sénateur Durnowo, qui remplace le comte Tolstoï, s’est opposé à la suppression des mesures exceptionnelles, il prétend être informé d’une nouvelle entrée en campagne des nihilistes, qui s’agitent à Genève, Londres et Paris.

    La Ligue des Patriotes. — Le comité directeur de la Ligue des Patriotes a procédé avant-hier [15] aux élections suivantes :
    Ont été élus à l’unanimité :
    Président de la Ligue des Patriotes M.Paul Déroulède ; — Vice-Présidents : MM. Alfred Mézières, Féry d’Esclands, docteur Marmottan, G. Rothan ; — Directeur du Drapeau, moniteur illustré de la Ligue: M. Armand Goupil ; — Secrétaire général : M. J. Sansbœuf; — Trésorier ; M. Dessand.

    VICTOR HUGO SE MEURT. — Notre correspondant particulier nous télégraphie : Paris, 18 mai, 9.h15 s. VICTOR HUGO SE MEURT. On ne s’occupe dans les couloirs que de Victor Hugo qui est à toutes extrémités. 
    M. Lockroy, à son arrivée est très entouré ; députés et journalistes demandent anxieusement des nouvelles. M. Lockroy répond assez évasivement, mais il est facile de voir, à l’embarras qu’il éprouve, qu’il n’y a plus d’espoir. 
    MM. Floquet, Freycinet, Brisson et une foule de notabilités de la politique, de la littérature, des services et des arts vont chex M. Hugo aux renseignements. M. Pelletau dit que ce n’est plus qu’une question d’heures. 
    Le visage de l’illustre malade est déjà décomposé. Victor Hugo ne respire qu’avec une difficulté extrême. On attend de minute en minute le dénouement fatal. 
    On est absolument consterné. 
    On parle du lever la séance de la Chambre en signe de deuil, si la nouvelle de la mort était annoncée officiellement. 
    Les premières atteintes. — C’est jeudi dans la nuit, que Victor Hugo a ressenti les premières atteintes du mal qui vient de le frapper.
    Suivant l’habitude, le poète avait reçu, ce jour-là comme tous les jeudis. Le dîner avait été donné en l’honneur de M. de Lesseps et de ses enfants.
    Victor Hugo s’était montré très enjoué et très animé. Toutefois on croit se souvenir d’une légère pâleur inusitée paraissant sur son visage. 
    La réception prit fin vers onze heures. Dans le courant de la nuit, Victor Hugo se sentit gravement indisposé. On constata qu’il y avait ralentissement dans les mouvements du cœur. 
    Les premiers soins. — Le docteur Allix, prévenu par la famille, accourut aussitôt et donna les premiers soins, l’indisposition parut s’atténuer. 
    La journée de vendredi se passa sans incident notable. Victor Hugo, en proie à une grande fatigue, dut garder le lit. 
    Congestion pulmonaire. — L’état s’aggravant dans la soirée, on décida de recourir à l’intervention du docteur Germain Sée, médecin et ami de la famille. C’est samedi matin que le docteur Sée fit sa première visite et il reconnut tous les symptômes d’une congestion pulmonaire. 
    Depuis, il y a trois consultations par jour et ce soir, le docteur Vulpain doit, à six heures, se joindre à son confrère, M. Germain Sée.
    Victor Hugo toujours Iucide. — Le poète a conservé sa parfaite liberté d’esprit ; il s’exprime nettement sur son état, dont il ne se dissimule pas la gravité. Il le constate Iui-même dans les entretiens qu’il a avec les siens. Personne n’est admis auprès de lui. 
    Il n’a au chevet de son lit que ses deux petits-enfants, Jeanne et Georges Hugo; M. et Mme Lockroy et deux ou trois amis dévoués, MM. Auguste Vacquerie et Paul Meurice.

    Fatale erreur. — Nous apprenons le décès de M . Davesne, capitaine de gendarmerie en retraite, chevalier de la Légion d’honneur, et habitant à Paris, 12, rue Dussoubs. M. Davesne s’est empoisonné en voulant absorber un médicament : il a par erreur, avalé une forte dose de nitrate d’argent. La mort a été foudroyante. M. Davesne avait été lieutenant de gendarmerie à Mézières, où il avait laissé, ainsi qu’à Charleville, nombre d’amis et d’excellents souvenirs.

    Anniversaire de Michelet. — A l’occasion de l’anniversaire de Michelet, une manifestation avait été organisée hier par les étudiants, qui sont venus sur la tombe de l’illustre historien, au cimetière Montparnasse, déposer une magnifique couronne de violettes au pied du monument. Mme Michelet assistait à cette touchante cérémonie.

    VICTOR HUGO SE MEURT (2). — Notre correspondant particulier nous télégraphie : Paris, 19 mai, 9.h15 s.
    Au Palais-Bourbon, sur les boulevards,dans les cafés, partout, enfin, on ne cause que de la maladie de Victor Hugo. Le grand poète a tenu, et occupe encore, une telle place parmi nous qu’il est naturel que la nouvelle de l’imminence de sa mort remue et passionne tout le monde. 
    Etat désespéré. — Disons-le de suite, Victor Hugo est toujours dans un état désespéré. Les médecins ne comptent plus guère que sur le hasard pour opérer un miracle, et puis l'auteur de la Légende des Siècles possède un tempérament si vigoureux qu’il faut s’attendre à tout avec une aussi robuste nature. Mais il serait bien extraordinaire que les quatre-vingt-trois années de Victor Hugo, eussent la force de triompher du mal. 
    Bulletin sanitaire. — La nuit a été mauvaise. Voici le bulletin des médecins. A la suite d’une violente oppression il s’est manifesté cette nuit une syncope prolongée. Ce matin l’état des forces et de la respiration est à peu près la même qu’hîer soir. A. VULPIANGERMAIN SÉEDR ALIX
    Mardi, 9 heures, matin, Victor Hugo a eu le délire cette nuit, il a même dit un vers fort beau dans son délire, le voici : C'est ici le combat du jour et de la nuit
    Victor Hugo s’est évanoui, ce matin, à la suite d’un violent étouffement. Tous ceux qui l’entouraient ont cru que ses derniers moments étaient arrivés. Cependant l’illustre malade est revenu à lui peu à peu et une période de calme a succédé à la crise. Il a dit aux personnes qui l’entouraient : « Qu'on a donc de peine à mourir, j'étais cependant tout prêt ! »
    Il s’est endormi profondément vers midi et a reposé quelque peu. 
    Le malade respire avec une très grande difficulté.
    Il a pu prendre un bouillon vers trois heures. 
    Victor Hugo est très changé. La figure est jaune d’ivoire, amaigrie ; la barbe est allongée et le corps décharné.
    Les ministres chez Victor Hugo . — Ce matin, à l’issue du Conseil des ministres, MM. Henri Brisson, de Freycinet, Allain-Targé, René Goblet et Pierre Legrand se sont rendus séparément chez Victor Hugo. Le président de la République et le ministre des affaires etrangères avaient déjà fait prendre dans la matinée des nouvelles de l’illustre malade. 
    Les ministres ont été reçu par M. Edouard Lockroy qui leur a dit que Victor Hugo avait éprouvé, dans la nuit, une longue syncope et qu’un dénouement fatal était à craindre. 
    Chez Victor Hugo. — Tout ce qui porte un nom dans la littérature, dans les sciences, dans les arts et dans la politique va aux nouvelles au domicile de Victor Hugo ; il y a beaucoup de monde séjournant devant la maison du poète. Les voitures ne vont qu’au pas. 
    On redoute une issue fatale pour cette nuit.

    La Santé de Victor Hugo. — Victor Hugo a passé une très mauvaise nuit: il y a eu des alternatives d’état comateux avec ralentissement considérable du pouls, et ensuite d’état fébrile avec surexcitation marquée. Pour atténuer les souffrances du malade, on a dû recourir à des piqûres de morphine. 
    Entre onze heures et midi, a eu lieu une consultation à la suite de laquelle les médecins ont rédigé le bulletin suivant : 
    20 mai, midi. 
    « La nuit a été assez agitée et troublée par deux accès d’oppression. Ce matin, on constate un certain degré d’engorgement pulmonaire du côté droit. 
    » VULPIAN, SÉE, ALLIX ».
    Une nouvelle piqûre de morphine a été faite cette après-midi au malade auquel ou a ensuite fait boire une cuillerée de quinquina mélangée de noix vomique. 
    Cette absorption a déterminé un mouvement brusque chez Victor Hugo qui s’est ensuite pelotonné dans ses oreillers et est tombé, quelques minutes après, dans un assoupissement profond qui pourra, pense-t-on, durer quelques heures.

    A l’exposition d’horticulture. — Le mauvais temps n’a pas empêché le président de la République de visiter l'exposition d’horticulture. Le chef de l’Etat est arrivé au pavillon de la ville, à 2 h. 20, en voiture, accompagné de MM. le général Pittié, Hervé-Mangon et Tisserand.
    Reçu par M. Léon Say, ayant à ses côtés M . Hardy et les autres membres du comité, M . Grévy a aussitôt commencé sa promenade dans l’exposition, guidé par M . Charles Joly, président de la commission d’organisation.
    Au nombre des personnes qui faisaient partie du cortège du chef de l’Etat, se trouvaient ; MM. Brisson; Poubelle, préfet de la Seine ; le colonel Lichtenstein; Caubet, chef de la police municipale ; Jacquin, directeur des grâces au ministère de la justice ; Gragnon, préfet de police, et le président du Conseil municipal.
    Ces deux derniers ont quitté l’exposition à deux heures quarante minutes pour aller faire l’ouverture de la nouvelle session du Conseil municipal.

    INCENDIE A BERCY. — Vers cinq heures et demie [21], ce matin, le feu se déclarait avec violence dans les magasins de vins de MM. Moule-Astier et Cie, rue Gortou, 6, à l’entrepôt de Bercy.
    Attaqué vivement par les pompes à bras de l’entrepôt et un détachement de sapeurs-pompiers, venus de la caserne de Reuilly, le feu prit malgré cela une rapide extension.
    A six heures vingt, la pompe à vapeur du poste de la rue Pomard était en batterie à l’angle de la rue de Bordeaux.
    Cinq minutes après, la pompe à vapeur de la rue Jeanne d’Arc était mise en batterie également à l’angle de la rue Corbineau. Sous l’action de ces pompes le feu a été circonscrit à sept heures, mais les magasins où il avait iris étaient complètement détruits et dès lors on dut se borner à noyer les décombres.
    M. Lefebvre, commissaire de police, accouru dès que l’alarme fut donnée, commença une enquête d’où il résulte que le feu semble avoir pris accidentellement dans un grenier plein de futailles vides situé au-dessus des magasins de MM. Moullé et Astier.
    Une certaine quantité de fûts pleins ont été préservés, mais les dégâts non encore évalués et couverts par des contrats d’assurances sont assez considérables.
    Il n’y a pas eu d’accident de personnes.
    Toute la matinée les pompes sont restées à l’entrepôt, préservant les établissements voisins et inondant le foyer de l’incendie.

    Mort de M. de Neuville. — M. Alphonse de Neuville, le peintre de batailles bien connu, est mort, à Paris, hier matin [20], à onze heures, après une longue et cruelle maladie. 
    1885La mort du célèbre auteur de tant de toiles remarquables sera vivement ressentie dans le monde artistique, où M. de Neuville avait su conquérir une des premières places. 
    Dans nos Ardennes on n’oubliera pas que le jeune maître qui vient de s’éteindre à 39 ans était l'auteur du célèbre tableau : Les Dernières Cartouches, représentant l’un des épisodes les plus émouvants de l’héroïque défense de Bazeilles. 1885
    Rien n’a été plus vraiment patriotique que l’ensemble de son œuvre. De Neuville, en effet, avait assumé la rude et pénible tâche de faire défiler chaque année, sous nos yeux, des épisodes empruntés aux événements militaires de l’année terrible. Il avait projeté d’en être l’historiographe à sa façon, d'en conter sur la toile les drames, les héroïsmes et les misères, et il y travaillait sans relâche avec une obstination, un courage, une ardeur que rien ne pouvait lasser. 
    Il s’était enfermé dans la sombre époque et n’en voulait pas sortir. Cent fois on avait tenté de le détourner de son but, mais il avait résolu de le poursuivre et rien n’aurait pu l’en dissuader. « Pourquoi, lui disait un jour Ludovic Halévy, évoquer sans cesse les souvenirs d’un douloureux passé? Peut-être vaudrait-il mieux oublier et tenter de faire oublier? » — « Souvenons-nous, au contraire. avait répondu de Neuville, et obligeons les autres à se souvenir ».
    Aucun peintre militaire en ce temps-ci n’aura conté la bataille de façon plus émouvante que Neuville. 
    Il laisse derrière lui une renommée aussi haute que celle des Gros, des Vernet, des Charlet, des Géricault, des Bellangé: plus haute que la renommée de Pils et d’Yvon, qui eurent un moment, comme peintres de batailles, la faveur du public et les commandes des souverains. 
    Ses obsèques auront lieu vendredi, à midi.

    En chasse sur la place de l’Opéra. — Vif émoi, hier après-midi [20], sur la place de l'Opéra. Un passant, apercevant un couple de pigeons perchés sur une des corniches de la façade du théâtre, s’est mis à tirer sur eux trois coups de revolver. Ces détonations successives ont eu pour effet de rassembler plus de mille curieux, et quand les gardiens de la paix sont arrivés, l’auteur de cet exercice cynégétique s’était prudemment esquivé.

    Maladie de Victor Hugo. — L’état de Victor Hugo ne s’est malheureusement pas modifié ; il s’est encore aggravé, si possible. L’illustre malade a passé une très mauvaise nuit. On est obligé, comme hier, pour adoucir sa souffrance, de lui faire de fréquentes piqûres de morphine. 
    Accès de délire. — Il a des accès de délire qui donnent, à tous instants, les plus grandes inquiétudes aux personnes qui veillent pieusement à son chevet. La respiration est difficile et le malade a de grosses oppressions et des moments de grande agitation. Bulletin sanitaire. — Voici le bulletin de ce matin [22] :
    « La nuit a été tranquille sauf quelques instants d’oppression et de grande agitation. En ce moment la respiration est assez calme. Les fonctions intellectuelles sont intactes. Situation inquiétante. 
    » Le 21 mai 1885, 9 h. du matin. 
    » A. VULPIAN, Germain SÉE, Dr ALLIX .
    Au chevet du malade. — Aujourd’hui, à onze heures du matin, Victor Hugo sommeillait, le docteur Allix qui ne s’était pas couché depuis trois jours et trois nuits a pris quelques heures de repos pendant lesquelles il a été remplacé au chevet du malade par M. Naquet, sénateur, qui, comme on le sait, est docteur en médecine. 
    Passera-t-il la nuit? — En réalité, on attend l’issue fatale d’une minute à l’autre. C’est grâce à sa vigoureuse constitution que Victor Hugo peut ainsi faire face à la maladie. Les médecins disent qu’il ne passera pas la nuit. 
    Commencement de l’agonie. — Victor Hugo a pu prendre ce matin quelques cuillerées de potion. Le poète, absolument silencieux depuis hier, reconnaît néanmoins, toutes les personnes qui s'approchent de son chevet et leur témoigne son affection par une pression des mains ; c’est l’agonie, une agonie relativement douce. 
    A une heure, Victor Hugo a eu une syncope très violente qui a jeté la famille et ses amis dans la consternation. Les médecins n’ont pas communiqué de bulletin cette après-midi. 
    Visites chez Victor Hugo. — Le général Pittié s’est rendu à dix heures du matin chez Victor Hugo pour prendre des nouvelles de l’illustre malade au nom du président de la République. Toutes les notabilités de la littérature, de la politique, de la science et des arts continuent d’aller s'inscrire sur le registre placé dans le vestibule du petit hôtel que Victor Hugo occupe, 50, avenue Victor Hugo. 
    Une foule nombreuse, sans cesse renouvelée et dans laquelle on voit beaucoup d’ouvriers, stationne dans une attitude respectueuse et discrète sur le trottoir qui fait vis à vis à la maison. La maladie de Victor Hugo frappe le peuple au cœur et émeut tout le monde.
    Le malade. Nouvelle syncope. — A deux heures, Victor Hugo est dans un assoupissement profond. L’état s’est aggravé considérablement et l’on redoute l’issue fatale pour la journée. A onze heures, Victor Hugo a absorbé quelques cuillérées de potage et a bu un verre de zucco. 
    Aux questions qu’on lui pose le malade ne répond plus que par des monosyllabes. De demi-heure en demi-heure on lui fait une piqûre de morphine. A une heure et demie, Victor Hugo a été pris d’une syncope très grave qui a duré une demi-heure, mais qui ne lui a pas enlevé la lucidité de son esprit.

    Maladie de M. Marmier. — M. Xavier Marmier, de l’Académie française, a été pris, il y a huit jours, d’une indisposition assez grave qui l’oblige à garder la chambre. Depuis, une hémorrhagie interne s'est déclarée. Cette complication paraît d’autant plus inquiétante que le malade, déjà très faible, est âgé de soixante-seize ans. Depuis avant-hier, un grand nombre d’amis sont venus s’inscrire au domicile de l’académicien, 1,rue St-Thomas d’Aquin.

    Une singulière rencontre. — Au moment où Victor Hugo mourait, on mettait, à l’hôtel des ventes, aux enchères, une statue de L'Enfant sublime, du sculpteur Rughes.

    Santé de l’empereur d’Allemagne. — Le bruit de la mort de l’empereur d’Allemagne a couru hier à Paris. Cette nouvelle est démentie et une dépêche de Berlin assure que l’état de santé du vieux souverain s’est au contraire amélioré. La vérité est que la santé de l’empereur, qui souffre d’un catarrhe, inspire à son entourage de très sérieuses inquiétudes. On sait que l’empereur est âgé de 88 ans.

    LES OBSÊQUES DE COURNET. — Les malheureux incidents de dimanche [24] donnaient une certaine importance aux obsèques de Cournet, ancien membre de la Commune, qui avaient lieu lundi.
    Les anciens combattants de 1871 avaient lancé un appel aux divers groupes révolutionnaires.
    A midi, on comptait près de mille personnes dans la rue Guy-Patin: presque tous portaient à la boutonnière l'immortelle rouge ou jaune.
    M. Honorat, inspecteur divisionnaire, invite les chefs des révolutionnaires à ne déployer aucun drapeau rouge sur la voie publique.
    Seules, quelques bannières rouges et noires portant des inscriptions, ont été tolérées.
    Sur le parcours du cortège, quelques cris de : Vive la Commune !
    Au cimetière, des amis du défunt ont prononcé des discours. Inutile d’ajouter qu’ils ont été suivis des cris de : Vive la Commune!
    Aux fédérés ! Aux fédérés, crie-t-on de toutes parts et quelques centaines de personnes se dirigent vers le lieu de l’échauffourée de la
    veille.
    A la sortie du cimetière, quelques anarchistes déploient leur drapeau ; c’est alors que la police est intervenue ; une bagarre s’en est
    suivie et la garde républicaine dut venir prêter main forte pour dégager les abords du cimetière.
    Aucune blessure à déplorer ; sept ou huit arrestations ont été faites.

    La manifestation du Père-Lachaise. — C’était dimanche l'anniversaire de la fin de la Commune.
    Le parti révolutionnaire avait décidé de donner, cette année, une importance considérable à cette manifestation et voici l’avis qu’il avait publié à ce sujet :
    « Le Comité général du monument des fédérés, réuni en assemblée générale plénière, le 16 mai 1884, invite toutes les citoyennes et
    tous les citoyens qui viendront le 24 mai au Père-Lachaise honorer la mémoire des combattants de 1871 à apporter chacun, in-dépendamment des couronnes d’habitude, des fleurs boutures, plantes d’une nature résistante, qu’ils planteront, eux-mêmes sur Ie terrain concédé par le conseil municipal de Paris et de façon à l’occuper complètement.
    « Les citoyennes et les citoyens des départements sont invités à envoyer des représentants qui se joindront de la même manière à cette manifestation. »
    L ’arrivée des révolutionnaires. — Dès midi, un certain nombre de groupes arrivent au cimetière, portant des couronnes, des fleurs, et, quelques-uns des drapeaux rouges ou noirs. Ils se dirigent d’abord vers la tombe de Blanqui où des discours sont prononcés et des couronnes déposées.
    Tout s’était passé tranquillement jusqu’à deux heures un quart; des anarchistes et d'anciens partisans de la Commune étaient entrés et s’étaient rendus directement sur le terrain concédé par la Ville, où sont tombés les derniers combattants de la Commune.
    Les mesures préventives. — Une trentaine d’agents, commandés par M. Auger, officier de paix, étaient massés aux environs de la tranchée, ainsi qu’un peloton de gardes de Paris. Des discours venaient d ’être prononcés par les citoyens Vaillant, Eudes, Tortillier et Pnchet, discours ponctués de nombreux cris de : Vive la Commune ! lorsque apparut un groupe d’anarchistes, précédés d’un drapeau rouge et criant : Vive la Commune ! A bas le gouvernement ! Vive la Révolution sociale !
    La foule devenait considérable.
    L ’officier de paix fît demander du renfort et on lui envoya des gardiens de la paix sous le commandement de M. Carnat, nouvel officier de la quatrième brigade centrale, plus un détachement de gardes de Paris.
    La bagarre. — Au même moment un anarchiste accourut auprès du tombeau de Blanqui et dit : « Compagnons, vite au mur, la garde de Paris arrive, on tue nos frères. »
    Tout le monde partit à la suite de ce citoyen, on le suivit jusqu’au mur. La mêlée était commencée.
    Les agents avaient reçu l’ordre d’enlever les drapeaux rouges. lls avaient obéi, non sans peine; les étoffes avaient été déchirées, les
    hampes brisées.
    Un cri retentit : « Frères, il y a des pierres sur le sol, frappons, défendons-nous ! »
    Les manifestants s’armèrent de pierres qu’ils ramassèrent et frappèrent au hasard. De leur côté, les gardiens de la paix avaient mis le
    sabre en main et les gardes de Paris baïonnette au canon. Pendant un quart d’heure la mêlée fut générale, on se battait même corps
    à corps; un garde de Paris, Clavel, du 3e bat., 6e comp., reçut un violent coup sur la tête ; il se jeta sur son agresseur qui voulait le désarmer et tous deux roulèrent au bas du talus. Enfin le garde Clavel parvint à se relever et finit par emmener son adversaire jusqu’au poste.
    Les blessés. — On compte 50 blessés civils et 30 agents ou soldats, dont quelques noms suivent :
    1° Joachim, deux coups de baïonnette. En danger de mort.
    2° Auguste Millot. Egalement dans un état désespéré.
    3° Robin, coup de sabre.
    4° Maës, coup de sabre.
    5° Carnat, officier de paix, crâne fendu.
    6° Auger, blessure à la joue et contusions aux reins.
    7° Clavel, du 3e bataillon de la garde de Paris.
    8° Delvaud, du 3e bataillon de la garde de Paris. Deux coups de couteau reçus en portant secours à M. Carnat.
    9° Grandmougin, sous-brigadier des gardiens de la paix.
    10° Mauville, gardien de la paix.
    11° Mouget, gardien de la paix.
    12° Kaiser, gardien de la paix.
    13° Bréant, gardien de la paix. Trois côtes enfoncées.
    14° Andréas, gardien de la paix. Epaule démise et graves contusions.
    15° Un agent de la sûreté, en bourgeois, a eu le crâne ouvert. Il est en danger de mort.
    16° Lavoux, gardien de la paix. Nez écrasé.
    17° Authé, gardien de la paix. Contusions graves.
    Les arrestations. — De nombreuses arrestations ont été opérées. Trente-deux ont été maintenues.
    Huit des personnes arrêtées passeront aujourd’hui même devant le tribunal des flagrants délits.
    A l’issue de cette manifestation, les socialistes, anarchistes, révolutionnaires se i sont réunis à la salle Graffart pour décider que tous
    sans exception assisteront à l'enterrement de Viotor Hugo.
    De leur côté, les journalistes républicains se sont réunis dans les bureaux de l'Intransigeant. Etaient présents : MM. Clémenceau, Rochefort, Laisant, Mayer, Lissagaray, Duc-Quercy, Ch. Longuet, Vaughan et des rédacteurs du Rappel, de l'Electeur républicain, du Télégraphe, du Petit Parisien. Aucune décision n’a été prise.

    Désaffectation du Panthéon. — Comme nous le faisions pressentir, hier [27], le décret de la désaffectation du Panthéon a été signé, hier matin, par le Président de la République.

    Meurtrier involontaire. — Les habitants de la rue Eugène Gibe, à Paris, ont été mis en émoi, hier [27], par un terrible accident. 
    Un jeune homme, nommé Charles Buffet, en déchargeant un pistolet, contenant des chevrotines, a atteint une petite fille, âgée de douze ans, nommée Amanda Mertens; la malheureuse enfant, transportée dans une pharmacie, y a succombé presque aussitôt.
    L’auteur involontaire de ce meurtre, fou de douleur, est allé se constituer prisonnier.

    Un vol de 1OO.OOO francs. — Le voyageur d’une grande maison de bijouterie de Paris, la maison Vuilleret, vient d’être dévalisé à Toulon (Var), d’une sacoche renfermant 100,000 francs de bijoux.

     

    Juillet

    Assassiné par son caissier. — Un drame sanglant s’est déroulé, ce matin, dans les magasins de confections pour hommes du « Siège des Mille», situés 147, rue du Faubourg-St-Martin. Le chef de cette maison, M. Dericquehem, avait congédié hier soir son caissier, M. Paul Richel, âgé de soixante ans auquel il reprochait ses irrégularités et son inconduite. Ce dernier est venu attendre son patron, ce matin, dans son bureau et dès qu’il l’a vu arriver à huit heures trente, il lui a logé trois balles de revolver dans la région du cœur. L ’assassin s’est ensuite tiré deux coups de revolver dans la tête ; il ne s’est que grièvement blessé et a été transporté à l’hôpital Lariboisière. L ’état de M . Dericquehem est désespéré.

    7 ,0 0 0 FRANCS DANS UN GlLET . — Hier matin, M . R ..., ingénieur civil, se présentait chez un tailleur du quartier du Mail pour prendre livraison d’un complet qu’il avait commandé.
    M. R .. fut reçu par le coupeur de la maison, qui, voulant se rendre compte de la bonne confection du vêtement, pria le client de vouloir bien ressayer. Ce dernier accéda à ce désir et fut si satisfait qu’il dit au coupeur qu’il gardait le vêtement sur lui.
    M. R .. laissa alors les habits qu’il portait pour qu’on y fît des réparations ; on devait les lui rapporter le lendemain, à son domicile. Il alla ensuite faire une course.
    En route, M. R... se rappela qu’il avait placé dans la doublure de son gilet sept billets de banque de mille francs, enveloppés dans une feuille de papier blanc sur lequel était tracé au crayon bleu le chiffre 7,000 fr. En toute hâte il revient chez le tailleur pour faire sa déclaration. M. R ... ne trouva pas à parler au même employé, et il lui fut répondu que ses vêtements qu on lui présenta d’ailleurs, étaient passés dans plusieurs mains. Il eut beau fouiller dans toutes les poches et palper toutes les doublures, les billets de banque avaient disparu.
    L ’ingénieur est allé faire sa déposition à qui de droit.
    Voilà, certes, an complet qui pourra coûter cher !

    Le meurtre du faubourg Saint-Martin {mort de la victime). — M . Deriequehem a succombé avant-hier soir, à six heures quarante minutes, aux suites de ses blessures. Il a été étouffé par un flux de sang. Jusqu’au dernier moment, M. Deriequehem a conservé toute sa lucidité d’esprit.

    LA FEMME AUX TROIS MARIS. — Une bien curieuse histoire, plus extraordinaire encore peut-être que celle du fameux bigame d’Alfortville, passionne depuis quelques jours les habitants d’un quartier très populeux de l’est de Paris. Nous ne pouvons donner aujourd’hui que des indications vagues, car l’affaire, dont la plupart des détails essentiels nous sont bien connus, est d’une nature des plus délicates. Tout ce qu’il nous est permis de dire, c’est qu’un ancien militaire, disparu depuis la fin de la guerre de Crimée, et qui s’était marié à Paris fort peu de temps avant son départ pour Sébastopol, avec une jeune fille de seize ans, est arrivé tranquillement à Paris il y a quatre jours et a retrouvé sa femme. Seulement, dans l'intervalle, cette dernière s'est remariée deux fois ; le second mari est mort il y a quelques années ; le troisième est bien vivant. Le premier époux n’a pas encore fait connaître ses intentions mais en attendant, la femme aux trois maris et sa singulière aventure causent une vive sensation dans le quartier.

    LE CRIME DE LA RUE BERGERE. — Au  24 de la rue Bergère, la fille Hélène Stains, âgée de 32 ans, n'avait pas reparu depuis mercredi dernier. La concierge prise d'un pressentiment, sonna hier matin à plusieurs reprises à la porte du logement et n’ayant pas obtenu de réponse, elle prévint M. Thomasi, commissaire de police. Le magistrat sa rendit à son domicile à onze heures et fit enfoncer la porte par un serrurier. On découvrit alors dans la chambre à coucher, près du lit, le cadavre de la fille Stains, gisant étranglée, un foulard serré autour du cou. On croit que le crime a été commis dans la nuit de mercredi à jeudi. Un individu encore inconnu ayant accompagné cette fille chez elle, s’est précipité sur elle et l’a assassinée pour là voler. Le chef de la sûreté est sur les lieux du crime et commence une information.

    Une terrible erreur . — Un élève pharmacien de l'hôpital St-Louis s’est trompé de flacon en donnant une potion à deux malades ; il leur a administré des gouttes de baume noir au lieu de gouttes d’eau-de-vie allemande. Les malheureux sont morts foudroyés. L ’étudiant est fou de désespoir.

    L’incendie de la rue Gameron. — Paris, 26 juillet. Un terrible incendie a éclaté, hier soir, rue Gameron, près l’avenue de Clichy, dans les magasins de tapis et meubles de M. Rousseau. Les accidents ont été nombreux. Deux pompiers ont été blessés : l’un, nommé Sergent, par une poutre enflammée qui lui est tombée sur le dos ; l’autre, par un éclat de bois qui l'a éborgné.
    Un gardien de la paix, nommé Lesage, a été blessé au tibia par une poutre; M. Rabot, gardien au Parc Monceaux, qui venait de quitter son service, a été également blessé à la jambe.
    Enfin, un nommé Schmitt, âge de 20 ans, demeurant rue Ste-Euphrasie, 4, a été atteint derrière la tête par une poutre enflammée.
    Tous ces blessés ont reçu des soins à la pharmacie Lesecq, 36, avenue de Clichy.
    On était maître du feu à 1 h. 1/2. Mais à ce moment la fumée a failli causer de nouveaux accidents. Nous avons vu emporter plusieurs pompiers et travailleurs à demi-asphyxiés.
    Deux chevaux appartenant à M. Rousseau et qui se trouvaient dans une écurie n’ont pu être sauvés et ont été grillés. Les dégâts sont considérables; car, en dehors des 1,000 grands tapis dont nous avons parlé, il en existait un très grand nombre de plus petite taille. On parlait de 20,000.

    Bachelières. — Vendredi, à la Sorbonne, deux jeunes filles ont subi les épreuves du baccalauréat ès-sciences : Mlle Grant, originaire des Indes anglaises, et Mlle Rollet, française. Chacune d’elles a fait la meilleure version de sa série.

    VICTOR HUGO SE MEURT. — Notre correspondant particulier nous télégraphie : Paris, 18 mai, 9.h15 s. VICTOR HUGO SE MEURT. On ne s’occupe dans les couloirs que de Victor Hugo qui est à toutes extrémités. 
    M. Lockroy, à son arrivée est très entouré ; députés et journalistes demandent anxieusement des nouvelles. M. Lockroy répond assez évasivement, mais il est facile de voir, à l’embarras qu’il éprouve, qu’il n’y a plus d’espoir. 
    MM. Floquet, Freycinet, Brisson et une foule de notabilités de la politique, de la littérature, des services et des arts vont chex M. Hugo aux renseignements. M. Pelletau dit que ce n’est plus qu’une question d’heures. 
    Le visage de l’illustre malade est déjà décomposé. Victor Hugo ne respire qu’avec une difficulté extrême. On attend de minute en minute le dénouement fatal. 
    On est absolument consterné. 
    On parle du lever la séance de la Chambre en signe de deuil, si la nouvelle de la mort était annoncée officiellement. 
    Les premières atteintes. — C’est jeudi dans la nuit, que Victor Hugo a ressenti les premières atteintes du mal qui vient de le frapper.
    Suivant l’habitude, le poète avait reçu, ce jour-là comme tous les jeudis. Le dîner avait été donné en l’honneur de M. de Lesseps et de ses enfants.
    Victor Hugo s’était montré très enjoué et très animé. Toutefois on croit se souvenir d’une légère pâleur inusitée paraissant sur son visage. 
    La réception prit fin vers onze heures. Dans le courant de la nuit, Victor Hugo se sentit gravement indisposé. On constata qu’il y avait ralentissement dans les mouvements du cœur. 
    Les premiers soins. — Le docteur Allix, prévenu par la famille, accourut aussitôt et donna les premiers soins, l’indisposition parut s’atténuer. 
    La journée de vendredi se passa sans incident notable. Victor Hugo, en proie à une grande fatigue, dut garder le lit. 
    Congestion pulmonaire. — L’état s’aggravant dans la soirée, on décida de recourir à l’intervention du docteur Germain Sée, médecin et ami de la famille. C’est samedi matin que le docteur Sée fit sa première visite et il reconnut tous les symptômes d’une congestion pulmonaire. 
    Depuis, il y a trois consultations par jour et ce soir, le docteur Vulpain doit, à six heures, se joindre à son confrère, M. Germain Sée.
    Victor Hugo toujours Iucide. — Le poète a conservé sa parfaite liberté d’esprit ; il s’exprime nettement sur son état, dont il ne se dissimule pas la gravité. Il le constate Iui-même dans les entretiens qu’il a avec les siens. Personne n’est admis auprès de lui. 
    Il n’a au chevet de son lit que ses deux petits-enfants, Jeanne et Georges Hugo; M. et Mme Lockroy et deux ou trois amis dévoués, MM. Auguste Vacquerie et Paul Meurice.


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  • Mai

    Convocation . - Le Comité directeur de la Chambre syndicale nous prie d’annoncer qu’une réunion extraordinaire des membres adhérents aura lieu après demain dimanche, 3 mai, à 5 heures du soir, dans une des salles de la mairie. Les adhérents qui n'auraient pas reçu leur livret sont priés de se faire inscrire chez le collecteur de leur quartier qui s'empressera de le leur faire parvenir.

    BLESSÉS DU TONKIN. — M. Plançon-Stèvenin nous écrit : C’est par erreur que l’on a parlé du coût des mandais dans le compte-rendu des quêtes faites le jour de la fête de la Société de secours mutuels, pour les soldats Nouzonnais au Tonkin, car la poste ne perçoit pas de droits. Veuillez, je vous prie, verser pour les blessés du Tonkin, la somme de un franc vingt-cinq, ci inclus. — Recevez, etc.

    État civil du mois d’avril 1885.Naissances : Garçons. 9 ; filles, 12.
    Publications de mariages : Eugène Leblond, maître de forges, et Pauline-Maria-Marguerite Lemarchand, sans profession à Paris. — Hector-Joseph Narbonne, boucher, et Marie-Louise Donnet, couturière. — Octave-Simon Merda, préposé des douanes, et Augustine-Elina Simonet, couturière.
    Mariages : François-Joseph Noël, forgeron, 35 ans, et Marie-Alexisse Regnier, sans profession, 38 ans. — Toussaint-Jules Petitmangin, 25 ans, couvreur, et Marie-Marguerite-Célestine Pierrot, sans profession, 26 ans. — Pol-Eugène Henrot, marchand brasseur, 23 ans, et Marguerite-Pauline Pâquot, sans profession, 18 ans. — Jean-Baptiste-Léon Gènet, forgeron, 26 ans, et Maria-Charlotte Nicolas, sans profession, 19 ans. — Pierre-Nicolas Larcelet, ferronnier, 30 ans, et Adeline-Elise Lecomte, sans profession, 21 ans.
    Décès : Thomas Jules Haguette, maître maçon, 42 ans, marié. — Célestin-Nicolas Rossé, garde-champêtre, 52 ans, marié. — Joséphine-Elisa Valet, sans profession, 56 ans, épouse Pigeot. — Georges-Léon Thomé, 1 an, fils des époux Thomé-Ransy. — Marie Bourgeois, sans profession, 67 ans, veuve Lequeux.— Henri-Louis Roynette, ajusteur, 39 ans, marié. — Emile-Jean-Baptiste Poncin, 11 mois, fils des époux Poncin Malicet. — Henri-Joseph Saizelet ajusteur, 27 ans, célibataire. — Maria Chartogne, ouvrière d'usine, ' 16 ans, célibataire. — Xavier Collignon, 7 mois, fille des époux Collignon-Delmont. — Eugène Somveille, 6 mois, fils des époux Somveille-Guichard.

    Vagabond. — Un individu disant s’appeler Henry, Jean-François, âgé de vingt-huit ans et originaire de Sommedieu (Meuse), s’est présenté à la gendarmerie pour se faire arrêter comme vagabond.
    Comme c’est un personnage qui a déjà subi de nombreuses condamnations et qu’il insistait beaucoup, les gendarmes ont accédé à son désir.

    Grand concert vocal et instrumental, composé d’amateurs, organisé par la Chambre syndicale, au profit des ouvriers de Bogny, aujourd’hui dimanche, salle du Café du Nord. — Tombola.

    Sou avalé. — M. Noël Farinelle tient à la disposition de messieurs les médecins qui désirent l’examiner, un sou français (5 centimes) qui a séjourné pendant neuf mois dans l'estomac d’un enfant de deux ans.
    Ce sou, qui a subi comme matière une dépréciation considérable, a pris, pour sortir, le même chemin que pour entrer. Le docteur avait cependant dit qu’il reviendrait par une autre voie.

    Incendie. — Un violent incendie a détruit, samedi dernier [10], plusieurs maisons d'habitation dans cette vjlle.
    Les pertes qui s’élèvent à environ 3,500 fr. sont couvertes en partie par des assurances.

    Enterrement civil. — Jeudi [14], a eu lieu au milieu d'une assistance, que l’on peut évaluer à plus de 500 personnes, l'enterrement civil du citoyen Emile Rousseau. Les coins du drap étaient tenus par deux membres de la Libre-Pensée et deux membres de la jeunesse de Nouzon.
    Le cortège, dans lequel on remarquait beaucoup de dames, marchait dans le plus profond silence.
    Au cimetière, un discours a été prononcé par le vice-président de la Libre-Pensée de Nouzon, puis la tombe a été couverte d'immortelles.
    Une quête faite à la sortie du cimetiére pour les livrets scolaires, a produit la somme de 15 fr. 70 c.

    Une bonne œuvre. — Parmi les sinistrés de l'incendie de samedi dernier, incendie qui a été combattu si énergiquement par les pompiers, se trouve une veuve très-intéressante qui, seule, n’est pas assurée.
    A cette nouvelle la compagnie des sapeurs-pompiers a immédiatement ouvert une souscription qui, nous l’espérons, dédommagera un peu cette malheureuse femme.

    Bains froids. — On nous écrit : Les contribuables de notre ville espèrent que le Conseil municipal s’occupera le plus tôt possible de doter Nouzon de bains publics, afin d’éviter les malheurs qui arrivent chaque année, pendant la saison des bains froids, par suite du fond irrégulier de la Meuse.

    Accouchement subît. — Mercredi dernier [13], une jeune femme qui revenait de voir son mari, actuellement sous les drapeaux pour faire sa période de 28 jours à Charleville, s’est trouvée prise dans le train du mal d’enfant. Elle descendit à la gare de Nouzon et fut transportée au bureau d’octroi où elle mit au monde un gros garçon.
    La mère et l’enfant se portent bien.

    Escroc. — Le 14 courant, un étranger disant se nommer Jadoux s’est fait servir à manger et à boire chez M. Dachy, aubergiste, rue Chanzy. Puis, après avoir couché une nuit, pris son café et absorbé deux petits verres d'eau-de-vie, il est parti oubliant de solder son compte.
    M. Dauchy s’est mis à sa poursuite et a été assez heureux pour pouvoir le remettre entre les mains de la gendarmerie.

    Conférences ouvrières. — On nous prie d'insérer l'avis suivant [24] :
    Le citoyen J.-B. Clément qui a déjà donné des conférences à Nouzon, Braux, Bogny, Deville et Charleville, se propose de continuer dans les localités suivantes : Mohon, le 24 , à 1 h.1/2 ; lundi 25 à Monthermé, à 1 h.1/2 salle Bertrand-Desmar; Revin, le 25, à 8 h. du soir ; Fumay, le 26, à 8 h. du soir ; Thilay, le 27, à 8 h.du soir ; le 28, les Hautes-Rivières, à 8 h. du soir ; le 29, à Sedan, à 7 h. du soir ; à Rethel, le 30, à 8 h. du soir ; à Nouzon, le 31, à 4 h. du soir.

    Société de gymnastique. — On nous écrit :
    « Vendredi dernier [22], sur la demande d'un de ses membres, le Conseil, à l'unanimité, a voté une subvention aux deux Sociétés de gymnastique pour permettre à celles-ci de recevoir les jeunes gens sans payer de cotisation.
    On ne peut que remercier ces messieurs de leur attachement à cette œuvre patriotique, elle permet aux jeunes gens de rentrer dans cette Société qu'ils n'avaient quitté que faute de pouvoir payer leur cotisation. »

    Arrestation. — Le sieur Cagneaux, Jean-Louis, sujet belge, vient d’être mis sous les verrous pour infraction à un arrêté d’expulsion.

    ADJUDICATION. — Etude de Me BOUILLARD, notaire à Charleville. — Le 1er juin 1885, à deux heures, en l'étude et à la requête de
    M . Poncelet, adjudication 
    1° d ’une MAISON située à Nouzon, lieudit le Hochet, comprenant deux habitations, fournil, écurie et 26 ares de jardin.
    Mise à prix: 2,800 fr.
    2° et d'une TERRE avec carrière, située au même lieu, contenant 18 ares.
    Mise à prix : 200 fr.

     

    Juillet

    Mort. — Ce matin est mort des suites d’une hémorragie, Mme Sabatier, à peine âgée de 25 ans, et dont la perte laissera à Nouzon où elle était des plus aimées, d’unanimes regrets. Nous envoyons au docteur Sabatier la plus vive expression de tous nos sincères sentiments de condoléance.

    Tir des sapeurs pompiers. — Concours du 14 Juillet : 1e, M. Pilard, sapeur ; 2e M. Faidit, sapeur ; 3e, M. Malicet, sergent ; 4e, M. Blin, sapeur.

    La fête nationale. — Dès lundi matin, les drapeaux commencent à être arborés. Il y en a partout et cela est du meilleur effet. (Notons an passant que le couvreur, chargé de mettre un drapeau sur le clocher de l’Eglise, a trouvé la porte fermée par une serrure nouvellement posée, car le couvreur interrogé à ce sujet répondit qu’il n’y en avait jamais eu). Lundi, à trois heures de l'après-midi, des salves d’artillerie se font entendre sur tous les points.
    A 9 heures du soir, grande retraite aux flambeaux par la compagnie des pompiers, des Sociétés gymniques accompagnées de la Fanfare municipale et de la Symphonie et d’une foule nombreuse chantant la Marseillaise et le Chant du Départ.
    Le 14, dès 9 heures du matin, réunion des Sociétés : la compagnie des sapeurs-pompiers, les Sociétés gymniques, l’ Union et la Citoyenne, le bataillon scolaire, la Société de Secours mutuel, la Fanfare municipale et la Symphonie défilent par les rues pour gagner la Place de la Gare où les Sociétés sont passées en revue par le Conseil municipal; l’hymne nationale joué par les Sociétés de musique et chanté par la Chorale a été très applaudi ; les deux Sociétés gymniques ont fort bien travaillé au bâton,boxe,danse, les mouvements d’armes ont été exécutés avec beaucoup de précision et d’adresse.
    Le mât de Cocagne et la poutre vacillante ont amusé beaucoup le public.
    Le soir, grand bal, sur la Place Gambetta, par la Fanfare ; beaucoup d’illuminations, seule la gare n’était pas illuminée.
    Enfin, bonne journée, pour la République, qui s’est passée sans aucun désordre.

    Somnanbulisme. — M. Poncelet qui était tombé de sa fenêtre, dans un cas de somnanbulisme, est mort vendredi des suites de ses blessures. Son enterrement a eu lieu hier 18.

     Exemple patriotique . — Nos lecteurs se souviennent, sans doute , que dans notre numéro du 30 avril, en rendant compte de la fête de la Société de Secours mutuels, nous avons dit que M. Plançon -Stévenin, avec le concours de plusieurs citoyens, avait pris l’initiative d’une quête au profit des soldats nouzonnais qui combattent pour la France en Extrême-Orient. L ’argent recueilli a été envoyé immédiatement aux destinataires et voici la réponse que l ’un d’eux vient d ’adresser à M. Plançon : 
    « Mackung (Pescadores), 10 juin 1885.
    » Monsieur,
    » Je viens de recevoir votre lettre contenant un mandat de 12 fr. 59 et je m’empresse de vous en accuser réception.
    » La généreuse initiative de mes chers compatriotes, qui prouve à un si haut point leur patriotisme , ne peut que raffermir le mien et celui de mes vaillants camarades au milieu des dangers et des fatigues d'une guerre lointaine.
    » Nous avons juré de défendre jusqu’au bout l’honneur du drapeau français, et dût-il nous en coûter la vie, nous saurons rester fidèles à notre serment, — comme à notre devoir.
    » Remerciez, je vous prie, les généreux donateurs qui ne nous oublient pas et viennent en aide à leurs frères.
    » Croyez bien aussi que les républicains de notre pays pourront compter toujours et partout sur les soldats de la République.»

    SPECTACLES. — Concert par la Fanfare et la Société chorale nouzonnaise, dimanche 26 juillet, place de Strasbourg, de trois heures et demie à quatre heures et demie : Sémiranis, fantaisie. Fanfare (ROSSINI). — Chœur des Soldats, oedipe (SACCHINI). — Cavatine de Zaïre, Fanfare (MERCADANTE). — Sur les Cimes, Chorale (A. SAINTIS). — Fantaisie sur la Dame Blanche, Fanfare (BOIELDIEU). — Retour d'Exil, Chorale (A. SAINTIS). — Polka pour piston, Fanfare (X ...)

    REUNION (La Forge).Séance de gymnastique. — La Société La Citoyenne, de Nouzon, s’apprête à donner une séance de gymnastique, avec le bienveillant concours de la Fanfare, à la Forge de Nouzon, le 23 août, en l’honneur de ses membres honoraires et en reconnaissance du nombre d’élèves fourni par ce quartier et du zèle apporté par eux dans les exercices.
    Le patronage en a été offert à M. l’adjoint et à MM les conseillers de la Forge qui se sont fait un devoir et un plaisir d’accepter. Cette fête sera suivie d’un bal auquel seront invités les jeunes gens des environs.

    L’Incendie . — On nous prie de signaler les personnes qui se sont plus spécialement distinguées à l ’incendie de La Forge , appartenant à M . Hardy .
    Ce sont : M . Léonard (ex-sergent), Jazon, Pestore, qui, arrivés des premiers, se sont immédiatement occupés du déménagement ; Auguste Maré, caporal des pompiers; Petit-Gobron,maire, Haguette-Hardi, adjoint, plusieurs conseillers municipaux ; la gendarmerie, etc , etc. — Disons, en outre, a»joute notre correspondant, que tous les pompiers méritent des éloges pour le dévouement et le zèle qu’ils ont montré.


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    Audience du 29 Avril 1885

    Délits forestiers. — Potier père et fils, de Lambermont (Belgique), ont été surpris dans la forêt de Pure, coupant à l’aide d’une serpe des branches d’arbres. Chacun 2 francs d’amende et 2 francs de dommages-intérêts.
    Lallement, Alphonse, de Corbion (Belgique), s'étant rendu coupable d’un fait analogue, a été condamné par défaut à 3 jours de prison, 2 fr. d’amende et 2 francs de dommages intérêts.

    Contrebande. — Gourdet, Jules, tisseur à Francheval est condamné à 6 jours de prison et 500 francs d’amende pour avoir conduit vers la frontière un chien de forte race destiné à porter une charge de marchandise prohibée.

    Vols. — Duverger, dans un moment d’ébriété, s’est approprié différents objets qui ne lui appartenaient pas ; le Tribunal, en considération des bons antécédents du délinquant et des regrets qu’il a manifesté, lui a infligé seulement 100 francs d’amende. Bodart, Joseph-Albert, sujet belge, fait opposition à un jugement qui le condamnait à 6 mois de prison pour vol d’effets d’habillement au préjudice d’un de ses hôtes ; sa peine est réduite à 3 mois de prison.

    Coups. — Les époux Verjus cultivent le verjus et souvent ils en abusent ; car, après avoir absorbé le divin nectar, il arrive au mari de rosser sa femme sans motif plausible. Trois jours de prison le mettront à la raison.

    Délit de chasse. — Cornelier, Arthur, de St Menges, n’a pas la notion des permis de chasse Ayant tué cinq canards sauvages, il est condamné pour ce fait à 16 fr. d’amende et à la confiscation du fusil.

    Un ménage modèle. — La femme Authelet cultive la dive bouteille avec un véritable acharnement. Trouvée ivre-morte par le gendarme de service, elle fut ramenée au violon dans une brouette et comparaissait mercredi devant le tribunal. Quinze jours de prison et 1 fr d’amende lui sont infligés pour mendicité, vagabondage et ivresse. Le tribunal a été indulgent pour cette femme qui a eu de nombreux malheurs. En effet, elle a épousé en secondes noces le nommé Authelet qui se trouve détenu aujourd’hui à Briey sous l’inculpation de viol sur sa belle-fille âgée de 13 ans seulement laquelle est accouchée il y a quelques mois au Fond-de-Givonne.

     

    Audience du 6 mai 1885

    Affaires de contrebande. — Le nommé Hippolyte Briquet, marchand-colporteur, se présentait le 26 avril dernier à la douane de Messempré. Il était porteur de deux fusils belges. Le douanier de planton lui déclara que les droits sur les fusils ne pouvaient être acquittés qu'au bureau de Givet. Briquet retourna sur ses pas et fît le tour du bureau, mais les douaniers le surprirent au moment où il venait de franchir la limite du bureau.
    Son cheval, sa voiture et ses deux fusils furent confisqués ; quant à lui, il s'est entendu condamner à six mois de prison et 1,000 francs d’amende.

    Contraventions. — La femme Gendarme, de Villers-Cernay, surprise en flagrant délit de contrebande, a été condamnée à 3 jours et 500 fr d’amende.
    La femme Leclerc, marchande de volailles, à Gribaumont, (Belgique), a été surprise au moment où elle vendait deux oies au Fond-de-Givonne sans avoir acquitté les droits d’octroi. Le tribunal lui a infligé 100 fr. d’amende et a prononcé la confiscation de la volaille.

     

    Audience du 13 mai 1885

    Arrêté d ’expulsion. — Le garde-champêtre du Fond-de-Givonne rencontrait, il y a quelques jours, un individu étendu ivre-mort, sur la chaussée. C’est un nommé Beaulieu, Joseph, âgé quarante ans, contre lequel il a été déjà rendu un arrêté d'expulsion. Le tribunal l'a condamné à trois mois de prison et 1 franc d’amende.

    Bris. — Renaud, de Messincourt, ne vit pas en bonne intelligence avec son voisin, M. Poncelet. Ayant cassé une vitre chez ce dernier, le tribunal lui a infligé 20 francs d’amende.

    Jalousie. — Pourquoi ne pas avoir confiance dans la fidélité de sa femme, quand rien, dans sa conduite, n’autorise un bien gros soupçon ? La coquetterie est le péché mignon de la plus belle moitié du genre humain. Grandfils, de Lamoncelle, n’admet pas la plus petite flirtation et, s'imaginant que sa femme se laissait faire la cour par un nommé Nicolay, il administra une correction manuelle à ce dernier. Le tribunal lui a infligé 16 francs d’amende.

    Trop de vivacité. — Adélaïde Delloup, de Saint-Menges, n a pas un caractère des plus conciliants. Pour une futilité, elle a frappé à coups de sabots, la femme Chapelier. Elle passera pour ce fait, 6 jours en prison.

    Outrage à la pudeur. — Cette affaire a été jugée à huis clos. Le nommé Ysard Jacques, dit Chicote, de Cazal, est condamné à 3 mois de prison et 16 francs d’amende, pour outrage public à la pudeur, envers des jeunes filles de 10 à 12 ans.

    Audience du 27 mai 1885

    Contrebande. — Cugnot, Pauline, de Pouru-aux-Bois, arrêtée par la douane au moment où elIe introduisait en France du café de provenance étrangère s’entend condamner à 3 jours de prison et 500 fr. d’amende.
    Le nommé Hubert , Edouard , faisait la contrebande en compagnie de deux autres individus qui ont abandonné trois ballots de tabac dont ils étaient porteurs.
    Hubert, seul arrêté, s’entend condamner à 3 mois de prison et 500 fr. d’amende.

    Vols, infraction et vagabondage. — Le nommé, Wynant, Hubert, sujet belge, a commis de nombreux vols dans les églises, et de plus est rentré en France après en avoir été expulsé ; mais il a pris la fuite depuis.
    Sa concubine, Gille, Joséphine, avec laquelle il partageait le produit de ses vols a été arrêtée à Carignan en état de vagabondage.
    Le premier est condamné par défaut à 10 ans de prison et 5 ans de surveillance et la seconde à 6 mois de prison.

    Enfants du premier âge. — Les femmes Bréville et Jacob, de Francheval, ont omis de faire à la mairie la déclaration prescrite par la nouvelle loi sur la mise des enfants en nourrice ; elles sont condamnées, la première à 5 francs d’amende et la seconde à 15 jours de prison et 16 fr. d’amende.

    Vol. — Le jeune Estival, de Sedan, n’a que 12 ans, mais il est déjà, endurci dans le vol; il a commis plusieurs méfaits et son père déclare ne pouvoir le corriger. Le tribunal l'envoie dans une maison de correction jusqu’à l’âge de dix-huit ans.

    Infraction à l’expulsion.— Le nommé Bivoy Joseph, sujet belge, a été arrêté à Glaires, malgré l’arrêté d’expulsion pris contre lui. Dans deux mois, il sera reconduit à la frontière.

    Chasse. — Le nommé Jacquemin Jean-Baptiste, dit Neuneux, du Fond-de-Givonne, est allé sans autorisation du propriétaire, chasser avec un furet dans le bois de la Garenne.
    Pour ce fait, le tribunal le condamne à deux mois de prison, 50 francs d’amende et 100 francs de dommages et intérêts envers la partie civile.

     

    Audience du 15 Juillet 1885

    Abus de confiance. — Boursier, Neptune Henri, chanteur ambulant, devait acheter le chien du sieur Husson, de Carignan, mais sous condition de l'essayer pendant deux jours. Le vendeur le lui a confié et depuis ce jour, qui remonte au 8 juin, le chien ni l'homme n'ont reparu. Boursier, qui fait défaut est condamné à deux mois de prison et 25 fr d'amende.

    Coups. — Le nommé Guillaume, mouleur à Margut, a eu une discussion avec un de ses camarades  nommé Guerlot, une lutte s’étant engagée, ce dernier s’est senti piqué au bas-ventre par suite d'un coup reçu en cet endroit. Depuis une hernie s'est déclarée. Guillaume est condamné à deux mois de prison.
    Pierlot, Louis, de Sedan, s’est livré sur le nommé Gauthier à des violences et des voies de fait qui ont occasionné à ce dernier une incapacité de travail de 26 jours. — Pierlot fait défaut, mais un huissier lui fera connaître qu’il a obtenu 4 mois de prison.

    Violences. — La nommée Lambert, Uranie, couturière à Messincourt, n’a pas voulu livrer à la fille Clachet une robe de noce qu’elle lui avait confectionnée. Le jour des noces étant arrivé, une discussion suivie de bousculades est survenue entre ces deux femmes. Dans la bagarre, la fille Clachet, enceinte de 5 mois 1/2, a reçu des coups et le même soir elle faisait une fausse couche. Pour ce fait, la nommée Lambert s'entend condamner à 50 fr. d’amende.

    Audience du 22 Juillet 1885

    Vol. — Dans la nuit du 8 au 9 juillet courant, un vol avec effraction était commis dans le magasin de M. P ..., à Sedan. 
    Les soupçons se portèrent sur un nommé Arnaise qui, interrogé, fit quelques aveux qu’il rétracta aussitôt. Arrêté et conduit devant M. le juge d’instruction, il se décida à faire au bout de quelques jours de détention des aveux complets.
    Pour ce fait Arnaise s’entend condamner à 13 mois de prison.

    Outrages et ivresse. — Moreaux, Jean-Baptiste, cultivateur à Torcy, cultive beaucoup la dive bouteille. Le 5 de ce mois, se trouvant en état complet d’ivresse, le garde-champêtre l’invita à rentrer chez lui, il lui répondit : « Vous êtes plus saoul que moi et je suis libre de faire ce que je veux. » Le tribunal lui alloue 16 fr. d’amende pour le délit et 5 fr. pour la contravention.

    Tromperie sur la  marchandise. — Neveux est fournisseur du pain de soupe pour la 128e de ligne. Plusieurs fois les capitaines de semaine ont dû refuser le pain fourni. Neveux n’a pas tenu compte de ces avertissements et se voit assis sur les bancs de la police correctionnelle. Il apprend à ses dépens que l’on ne joue pas avec la santé des soldats, car le tribunal lui inflige 6 jours de prison et 50 fr. d’amende pour tromperie sur la qualité et la quantité des marchandises livrées.

    Filouterie d’aliments. — Renaud Amédée, 60 ans, ouvrier de fabrique à Sedan, s’est fait servir des consommations dans le débit Hahn, sachant qu’il n’avait pas un sou en poche. Non content de cela, il a emporté prétend-il, une serviette. 8 jours de prison.

    Coups. — Pierlot Louis, fait appel d’un jugement du 15, qui le condamnait à 4 mois de prison pour coups et violences. Le tribunal confirme le jugement, mais il réduit la peine à deux mois.

    Mutilation d’arbres et bris de clôtures. — Simonet Camille, déclare que par suite de son état d’ivresse, il ne se rappelle pas les délits qui lui sont, reprochés. Un mois de prison et un franc d’amende lui rafraîchiront la mémoire.

    Détention d'allumettes étrangères. — Un agent de la compagnie des allumettes chimiques se trouvant dans le débit de la veuve Isaac, à Laferté, étonné sans doute d’y rencontrer des allumettes prenant feu, les examina de près et reconnut qu’elles étaient de provenance belge.
    Mme Isaac s’entendant condamner à 300 fr. d’amende, promet de ne plus en tenir.

    Violences. — Les sieurs D ... et B ... de Villemontry, font appel d’un jugement du tribunal de simple police de Mouzon, qui les condamnait à deux jours de prison pour violences.
    Le tribunal, en raison de leurs bons antécédents, change la peine en la valeur de 3 journées de travail.

    Audience du 29 Juillet 1885

    Appareils à vapeur . — M. Watrin , garde-mine à Mézières, en tournée à Bazeilles, a surpris le chauffeur de M. Lion en contravention aux réglements qui régissent la matière. Pour ces motifs, le chauffeur s’entend condamner à 25 francs d’amende et M . Lion à 100 francs.

    Abus de confiance . — Le sieur Prudhomme, Raymond, s’est fait rembourser le prix des livraisons de viandes faites par son patron, M. Maloi, de Sedan. Après avoir encaissé certaines sommes, Prudhomme a jugé prudent de prendre la fuite. Il est condamné à 8 mois de prison et 25 francs d’amende.

    Coups . — Le nommé Lenoir, de La Neuville-à-Maire, s’est livré à des violences sur sa femme. Six jours de prison.

    Coups . — Le nommé Rolland, de Lamoncelle, a frappé violemment le sieur Ballot : bien qu’il regrette cet emportement, il s’entend condamner à dix jours de prison.

    Escroqueries . — Ponsin, Félix , est un escroc fieffé. Il s’est présenté chez diverses couturières de l’arrondissement, se disant marchand de machines à coudre , et s’est fait remettre plusieurs sommes d’argent, après quoi il a pris la poudre d’escampette. Le tribunal le condamne par défaut à 5 ans de prison.

    Délits forestiers . — Dumont, Charles, de Remilly, comparait pour la 25e fois sur les bancs de la police correctionnelle, sous l’inculpation de délits forestiers, pour lesquels il est condamné : 1° 10 francs d'amende et 5 jours de prison; 2° 2 francs d’amende et 5 jours.

    Contrebande. — Saucourt, de Ville-sur-Lumes, et Cochard, Eugène, de Lamoncelle, ont été arrêtés porteurs de marchandises étrangères. Le premier est condamné à 3 jours de prison et 500 francs d’amende, et le second, déjà plusieurs fois condamné, à un mois de prison et 500 francs d’amende.

    Audience du 20 mai 1885

    Violence et outrage. — Le nommé Arnaise, Pierre, garçon boulanger à Sedan, a exercé des violences sur le garde-champêtre Jacquet qu’il a outragé. L’état d’ivresse dans lequel il se trouvait, a engagé le tribunal à l’indulgence. Arnaise aura 50 fr. d’amende pour le délit et 1 fr pour l’ivresse.

    Outrage. — Dazy, Lucien, de Euilly, dans une discussion qu’il a eue également avec le garde-champêtre de cette commune, s’est laissé aller à prononcer des injures contre cet agent. Il est condamné à 5 fr. d’amende.

    Vol et abus de confiance. — La fille Allard, d’origine belge, était domestique chez les époux Jeanjean-Lorin, de Carignan. Le 1er février, elle partait sans rien dire et en emportant de nombreux objets. De plus, elle gardait une partie de l’argent qui provenait de la vente du lait. Elle a été condamnée par défaut, à treize mois de prison.

    Outrage. — A l'issue de l’audience, le nommé Tilloy est amené par la gendarmerie envers laquelle il s’est répandu en injures. Il reconnaît les faits et implore l’indulgence du tribunal qui le condamne seulement à 3 jours de prison et 16 fr. d’amende.


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  • Avril

    UN DRAME DU QUAl DE L'HÔTEL DE VILLE. — Cette nuit (1er  avril), vers une heure du matin, un drame sanglant s'est passé dans un hôtel garni, quai de l'Hôtel-de-Ville, 83, à Paris. Un cuisinier nommé Clément a tué sa jeune femme de dix-neuf ans, en lui tirant à bout portant dans l'oreille deux coups de revolver. Pris de frayeur en voyant le cadavre de sa victime, le meurtrier est descendu au bureau de l’hôtel pour annoncer qu’il venait de « faire un mauvais coup». Par les soins du maître d'hôtel, le poste voisin a été prévenu aussitôt. M. Foucqueteau, commissaire de police s’est transporté sur les lieux, accompagné des docteurs Avezou et Ledé, pour faire les constatations légales. Pendant que le maître d’hôtel courait chercher les agents, Clément était remonté dans sa chambre.Là, il a essayé de se faire justice lui-même et s’est tiré trois coups de revolver. Lorsque M. Foucqueteau est arrivé sur le théâtre du crime, le meurtrier était couché à côté de sa malheureuse victime. Il respirait encore, mais ses blessures sont très graves : une balle a pénétré dans le cerveau. M. Foucqueteau s’est empressé de faire transporter le blessé à l'Hôtel-Dieu, où il a été admis d'urgence. On ignore les motifs qui ont poussé Clément à commettre ce crime. Depuis plusieurs jours ses camarades lui trouvaient un air préoccupé et chagrin : il semblait miné par la jalousie. Avant le crime, Clément avait fait de copieuses libations.

    UN VOL AUDACIEUX. — Un vol, accompli dans de singulières circonstances, a été commis, dit la Gazette des Tribunaux, avant-hier (30 mars) chez un artiste d'un théâtre de Paris, qui habite rue Montmartre. En rentrant chez elle, vers dix heures et demie, Mlle Julia C... s’aperçut que la fenêtre de sa salle à manger, donnant sur une terrasse, était ouverte. Sans se préoccuper davantage de ce fait, elle fit fermer cette fenêtre et passa dans sa chambre coucher. Hier matin, en se levant, elle reconnut avec surprise qu’un des tiroirs d'un petit meuble qui se trouve dans cette chambre avait été forcé, et qu'une somme de 900 francs en or et en billets de banque, qui s’y trouvait renfermée, avait été enlevée. Détail singulier : une liasse de titres de la ville de Paris, représentant une somme de 10,000 fr. environ, qui se trouvait dans le même tiroir, n'a pas été touchée. Dans un autre tiroir du même meuble se trouvait une parure en diamants d'une valeur de 3,000 fr., et, dans un buffet de la salle à manger, plusieurs pièces d’argenterie avaient été dédaignées par le voleur.

    VOLAGE ET VOLÉ. — M. P..,, en revenant de conduire à la gare de l’Est sa femme, qui partait pour Mâcon, où elle va faire ses couches, entra, avant-hier soir, au café du Delta. A la table voisine de la sienne se trouvaient deux jeunes f'emmes, que M. R... amena à son domicile, rue Poulet. L'une d’elles, en arrivant dans l'appartement, déclara qu’elle avait grand soif et le pria d’aller chercher quelque chose. Sans méfiance, l'époux infidèle descendit à la cave pour y prendre une bouteille de la liqueur des Jacobins. Lorsqu’il remonta chez lui, il constata la fuite des deux donzelles, en même temps que la disparition d’un sac qui se trouvait placé sur la cheminée et d’un nécessaire de voyage en cuir de Russie, à garniture d’argent. Le sac ne contenait heureusement que 190 fr. en monnaie de billon, formant un volume assez considérable et qui avait fait croire aux voleuses qu’elles enlevaient une somme importante. M. Denis, commissaire de police, crut reconnaître deux filles qui lui avaient été signalées depuis quelque temps, il se rendit dans un hôtel garni de la rue de la Nation, où il trouva les deux coquines encore au lit, et nanties des divers objets soustraits. Ces deux drôlesses ont été dirigées sur le dépôt.

    CHRONIQUE DES HEUREUX. — Aux tirages de juillet des Obligations Villes de Paris et Amiens, six clients de la Caisse générale d’Epargne et de Crédit , (116 place Lafayette, Paris), gagnent des lots variant de 200 à 10 000 francs — Cette Société a ouvert 63 00 comptes et en a liquidé 35.000. Le nombre de ses gagnants s’élève à 58. 
    En présence de pareils résultats, les agents soucieux de ne prêter leur concours qu’à une Société qui a fait ses preuves, offriront leurs services à C. LEFEBVRE , inspecteur a Charleville.


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  • Mai

    Enterrement civil. — Hier, dimanche [4 mai], ont eu lieu les obsèques civiles de ce pauvre André Gill, le carricaturiste si connu, mort fou. Malgré la pluie, plus de cinq cents personnes accompagnaient le convoi. Après une touchante allocution prononcée par M. Clovis Hugues sur le bord de la fosse, on s'est séparé au cri de : Vive la République !

    Ligne de Busigny à Hirson. — Le ministre des travaux publics vient d' autoriser la compagnie du chemin de fer du Nord à livrer à l’exploitation, à partir du 10 mai courant, la ligne de Busigny à Hirson. 
    Cette ligne a une longueur de 55 kilomètres 591 mètres et comprend, outre les stations extrêmes de Busigny et d'Hirson, les haltes et les stations suivantes : 
    Halte de Becquigny. — Station de Vaux-Molain. — Station de Wasigny. — Station d’Etreux. — Halte de Boué. — Station de Nouvion. — Station de Buironfosse.— Station de Capelle. — Station de Clairfontaine. — Station d’Ohis-Neuvemaison.

    Un mort vivant. — Nous avons annoncé, sur la foi d’un confrère, la mort de M. Breton, le gagnant du lot de 500,000 francs de la Loterie des arts décoratifs. Or, informations prises, M. Breton ne s’est jamais mieux porté — ce dont nous sommes enchantés. Il s’installera, à l’automne prochain, dans une jolie maison qu’il fait construire à Malakoff, près Vanves.

    Le livre d’Or des Chemins de Fer. —  L'homme d’équipe Bourse, de Reims, a trouvé, dans une voiture de 3e classe d'un train, un porte-monnaie renfermant 8 fr. 50 c., dont il a fait le dépôt.
    Le facteur enregistrant Châtelet (Jules-Hippolyte), d’Epernay, a remis au chef de service deux pièces de 20 francs qui avaient été oubliées par un voyageur sur la tablette d’un guichet.

    L ’HORLOGER DE MONTREUlL. — Pel, le mystérieux horloger de Montreuil, passera en Cour d’assises dans la deuxièmes session de juin ou au plus tard dans la première de juillet.
    Les charges relevées contre lui sont les suivantes : empoisonnement d’Eugénie Buffereau, sa première femme ; disparition et incinération du corps de Maria Boehmer, sa servante.
    Les experts ont trouvé dans les restes de sa première femme, une certaine dose d’arsenic de nature à justifier les présomptions d’empoisonnement. Il paraît, en outre, résulter des expériences faites sur l’ordre du parquet que Marie Boehmer a été empoisonnée, puis crémée après avoir été coupée eu morceaux.
    Quand on a donné communication à Pel de I'arrêt de la chambre des mises en accusation le renvoyant devant la Cour d'assises, il s'est écrié :
    — Ah ! enfin je vais donc avoir la satisfaction d'être jugé ! On m'accuse d’avoir empoisonné, brûlé, volé ! Le jury appréciera, lui, ce qu'il y a de fondé dans ces accusations, et j'ai une entière confiance dans sa décision, car je saurai le convaincre de mon innocence et de mon honnêteté.
    Pel a été visité vendredi pour la première fois par son avocat. Me Jolly.
    L’accusé voulait se défendre lui-même et sans le secours de personne ; mais la loi est formelle : il doit, comme tous les accusés qui passent devant la Cour d'assises, avoir son défenseur.
    Me Jolly, comme son client, paraît certain de l'acquittement.

    USINE INCENDIÉE. — Un violent incendie a éclaté cette nuit, à une heure et demie, à Saint-Denis, avenue de Paris, 240, près du pont de Soissons, dans l’usine de MM. Calvet et Cie, fabricant d’huiles et graisses.
    L ’incendie, alimenté par le pétrole, les résines et les graisses emmagasinées, a pris tout de suite des proportions considérables. En peu de temps, l’usine entière, qui comporte 500 mètres superficiels, s’est trouvée la proie des flammes, menaçant les maisons voisines.
    Aussitôt l’alarme donnée les pompiers de Saint-Denis, d’Aubervillers, St-Ouen sont accourus.
    La préfecture de police, avisée par le commissaire de police de St-Denis, a immédiatement fait partir un détachement des gardiens de la paix du 18e arrondissement.
    En même temps les pompes à vapeur de la rue Château-Landon se dirigeaient sur le lieu du sinistre et y étaient mises en batterie. Elles ont été bientôt renforcées par les pompes à vapeur de l'état-major.
    Le colonel des pompiers, et M. Caubet, chef de la police municipale, se trouvaient sur Ies lieux.
    Le secrétaire du commissaire de police a été légèrement blessé à la jambe, on ne signale aucun autre accident de personne.

    LA GELÉE. — Les nouvelles que nous recevons de certains départements, nous annoncent que la gelée a occasionné ces dernières nuits, des dommages sérieux.
    Dans toute la vallée de l ’Yonne et dans plusieurs affluents de l'Yonne, nous écrit-on, la gelée a sévi une intensité heureusement variable.
    Dans les vallées du Tholon, certaines vignes ont été complètement gelées ; dans celles de l'Yonne le mal est moins considérable. Les
    côtes heureusement sont indemnes.
    A Mirecourt, la recolte a été fortement endommagée; beaucoup de bourgeons ont été détruits.
    Dans le Loir-et-Cher, la grêle avait déjà causé quelque dommage, surtout aux environs de Ménars ; la gelée a sévi également avec une certaine intensité. Néanmoins quelques régions ont été épargnées.
    La Champagne paraît avoir été aussi fortement éprouvée. « Dans les bas fonds et dans divers vignobles, nous écrit-on, les vignes ont
    été fortement atteintes. » Néanmoins on ne peut encore évaluer d'une façon bien précise, l’étendue du dommage.
    Comme on le voit, les dernières nuits ont été nuisibles à la vigne ; mais cependant, ce n' est pas un désastre, comme on avait lieu de
    le craindre dans un premier moment d’exagération.

    LES HANNETONS. — Nous voici tantôt à la mi-mai et les forêts manquant de hannetons. Ils sont décidément en retard cette année.
    Les gens de campagne s’en passeraient volontiers. C’est un insecte qui leur coûte cher. En Normandie, les hannetons, dans les bonnes années, détruisent 20 pour 100 des produits des terres. C’est du reste dans ce pays qu’ils prospèrent le mieux, et les vieux normands attribuent le fait à la destruction des corneilles. Tout se tient. Autrefois — il y a cent ans — les corneilles abondaient en Normandie. Il y en a bien encore, au bas mot, trois ou quatre cent mille. Mais qu'est-ce que cela, pour des millions de hannetons ?
    En 1760, Buchoz, dans son Histoire des insectes, cite comme un fait extraordinaire la destruction de mille hannetons dans la même journée. Une simple dinette. Il y a trois ou quatre ans, à St-Martin de Bocherville, cinq jeunes garçons recueillirent en dix-huit heures 700 kilogrammes de hannetons.
    Et la meilleure preuve qu'il n’y avait pas autrefois d'invasions de ce coléoptère comme aujourd' hui, c'est qu’il a échappé aux foudres de l'Eglise qui n'épargnait personne. A peine un passage de sauterelles ou une éclosion de chenilles étaient-ils signalés que voilà toutes ces bestioles frappées d'excommunication. Les exemples abondent.
    A Troyes, en plein seizème siècle, sentence est rendue contre les chenilles admonestèes « de se retirer dans les six jours, faute de quoi les dèclarons maudites et excomniuniées. » Même sentence à Grenoble, contre les limaces. Dans l ’évéché d’Autun, ce sont des rats. Procès, assignations de comparoir. Ils firent défaut : Excommuniés.
    Rien de pareil contre les hannetons, et il n’est pas douteux que, s’ils se fussent montrés aussi redoutablement nombreux que de nos jours ils ne l' eüssent payé de leur salut éternel.

    Condamnation à mort. — La Cour d'Assises de l’Aube vient de condamner à mort un repris de justice nommé Billoux, coupable d’avoir assassiné un soldat nommé Dupont qu’il soupçonnait de l’avoir trompé avec sa maîtresse Antonia Laury. Billoux a écouté la sentence de mort avec le plus grand sang-froid.

    Jambe cassée. — Nous apprenons avec un vif regret que notre confrère Alexandre Hepp, du Voltaire, s’est cassé la jambe en faisant une chute malheureuse dans sa maison d’Asnières. M. Hepp est le cousin-germain de l'ancien colonel du 91e, aujourd’hui général.

    Quatre noces d’or. — Il vient de se passer à Villers-Allerand (Marne),un événement fort rare. Quatre couples de vieux époux ont célébré le même jour leurs noces d’or. Ce sont les ménages de MM. Baptiste Lefèvre, Georges Denizard, Prévost-Nicolas et Menu-Darcq.
    Tous sont natifs, hommes et femmes, de Villers-Allerand. Les hommes ont tiré au sort ensemble, se sont mariés la mème année et n’ont jamais quitté le pays.

    La plus petite commune de France n’est ni Mellier-Fontaine, qui a de 80 à 90 habitants, ni Tartre-Gaudran (Seine-et-Oise), qui en compte 82, mais bien Rondefontaine dans le Doubs, qui n’a que 27 habitants.

    Fédération des sapeurs-pompiers.CONCOURS DE POMPES.
    Soissons, 31 mai 1885. — Président du jury : M. Olivier, de Neuilly. — Assesseurs : MM. Guiraud, de Donchery : Basnard, de Reims ; Bruneau, de Tours.
    Laon, 25 mai 1885. — Président du jury : M. Latour Alfred, de Charleville. — Assesseurs : MM. Michel, de Vailly ; Binard, de Fère-en-Tardenois ; Lebobbe, d’Epernay ; Launois, de Sedan; Bordereau, de Vailly ; Sorlet, de Le Thour ; Pelletier, de Bray-en-Laonnais ; Meurice, de Laon.

    PLUS DE POMPIERS A NANTERRE . — Nanterre est dans la consternation ! Un décret du Président de la République vient en effet de supprimer la compagnie de sapeurs-pompiers.
    Il paraît que ces « beaux militaires » devenus légendaires grâce à la désopilante chanson de Burani, avaient fini par croire qu’ils n’étaient vraiment que des pompiers d’opéra-bouffe. C’est en « murmurant qu’ils allaient manœuvrer sur la place ; » souvent même ils ne répondaient pas aux convocations de leurs officiers.
    Cet état de choses ne pouvait pas durer, et le licenciement a été décidé. Hâtons-nous d’ajouter que la compagnie renaîtra bientôt de plus belle, à la grande joie des Nanterrois, qui ne pouvaient vivre sans pompiers et sans rosières. Le jour prochain où la nouvelle compagnie sera passée en revue, nous entendrons encore chanter :

    Tzim la ï la, tzim la ï la.
    Les beaux militaires.
    Tzim la ï la, tzim la ï la,
    Que ces pompiers-là !

    CHEMINS DE FER DE L’EST. — Promenade dans la vallée de la Meuse. — En vue de faciliter les promenades dans la Vallée de la Meuse, les dimanches et jours de fête, la Compagnie des chemins de fer de l’Est délivre, comme les années précédentes, du 1er mai au 15 octobre, à ses gares d’Epernay, de Reims, de Rethel, de Sedan et de Charleville pour Givet, des billets spéciaux d’aller et retour à prix très réduits, donnant aux voyageurs le droit de descendre à l’une des stations comprises entre Charleville et Givet et de reprendre le chemin de fer à une autre station. 
    La délivrance de ces billets a lieu le samedi ou la veille des jours de fête à partir de midi et se continue jusqu’au lendemain à midi. Ils sont valables, pour le retour, jusqu’au lundi ou jusqu’au lendemain des jours de fête, dans les trains partant dans la matinée jusqu’à midi. Enfin, ils sont reçus dans tous les trams comprenant des voitures de la classe pour laquelle ils sont délivrés. 
    Prix des billets d’aller et retour : d’Epernay, 1re classe 12 fr., 2e classe, 9 fr., 3e classe 7 fr.; de Reims, 10 fr ., 8 fr., 6 fr. ; de Rethel, 8 fr., 6 fr., 4 fr.; de Sedan et Charleville, 7 fr., 5 fr, 3fr.

    REIMS . — Marché du 22 mai 1885. - Blé, »».» à 22.»» à 22.50. — Farine, 29.»» à 30.»». — Seigle, 17.50 à ».»». — Farine seigle, 22.50 à »».»». — Escourgeon, »».»» à »».»». — Orge, 19.50 à »».»». — Avoine, 19.50 à »».»». — Son. 14.75 à »».»».

    BAL OBLIGATOIRE. — Paul Louis Courier, le vigneron de la Gna?onni??e, a fait une célébrité au curé qui voulait empêcher ses paroissiens de danser. La Marne possède aujourd’hui un personnage qui restera non moins légendaire ; c’est le maire de Warmeriville, qui entend obliger ses administrés à esquisser des entrechats aux fêtes de la commune.
    Voici l’arrêté que ce maire, assurément unique en son genre, vient de prendre :
    Commune de Warmeriville
    « Le maire de la commune de Warmeriville, sur la demande d’un grand nombre de jeunes gens désireux d'organiser comme par le passé, le bal de la fête patronale,
    » Considérant qu’il est du devoir de l’autorité municipale d’assurer le bon ordre et de rallier la jeunesse pour une œuvre de politesse et de réciprocité envers les étrangers ;
    » Vu les anciennes coutumes en usage dans la localité :
    » Tous les jeunes gens âgés de plus de 16 ans qui ne seraient pas empêchés de danser pour des motifs de deuil seront considérés d’office comme garçons de fête et seront contraints, lors même qu’ils ne danseraient pas, de participer à la dépense.
    » Les jeunes gens de 16 à 18 ans ne paieront que la moitié de ceux de plus de 18 ans.
    » Warmeriville, 18 mai 1885.
    » Le maire, BENOIST. »

    VOL CHEZ MME EDMOND ABOUT. — Des malfaiteurs se sont introduits l'avant-dernière nuit dans le château de Mme Edmond About, à Osny, à trois kilomètres de Pontoise.
    La propriété n’était habitée en ce moment que par les jardiniers. Ce sont eux, qui ont trouvé dans la matinée, les appartements en désordre, les meubles fracturés, les papiers épars et la literie sur le plancher.
    Mme Edmond About, qui était à Paris, a été avisée par dépêche. Elle n’a pas encore pu se rendre un compte exact des objets qui ont disparu, mais elle a déclaré que le vol était considérable.

     

    Juillet

    Le crime d’Epernay. — On vient de trouver mort dans son lit, depuis quelques jours, M. Mignon-Girot, rentier, ancien conseiller municipal, et qui avait pour habitude de donner une certaine somme également répartie en un livret de caisse d’épargne entre les trois garçons les plus méritants de l’école de Venteuil, chaque année, à l'occasion de la Fête nationale. Ajoutons que tout fait supposer que la mort de M. Mignon-Girot est due a un crime. La tête aurait été fracassée, le corps est du reste dans un état de décomposition avancée.

    CHEMINS DE FER DE L’EST. — Promenade dans la vallée de la Meuse. — En vue de faciliter les promenades dans la Vallée de la Meuse, les dimanches et jours de fête, la Compagnie des chemins de fer de l’Est délivre, comme les années précédentes, du 1er mai au 15 octobre, à ses gares d’Epernay, de Reims, de Rethel, de Sedan et de Charleville pour Givet, des billets spéciaux d’aller et retour à prix très réduits, donnant aux voyageurs le droit de descendre à l’une des stations comprises entre Charleville et Givet et de reprendre le chemin de fer à une autre station. 
    La délivrance de ces billets a lieu le samedi ou la veille des jours de fête à partir de midi et se continue jusqu’au lendemain à midi. Ils sont valables, pour le retour, jusqu’au lundi ou jusqu’au lendemain des jours de fête, dans les trains partant dans la matinée jusqu’à midi. Enfin, ils sont reçus dans tous les trams comprenant des voitures de la classe pour laquelle ils sont délivrés. 
    Prix des billets d’aller et retour : d’Epernay, 1re classe 12 fr., 2e classe, 9 fr., 3e classe 7 fr.; de Reims, 10 fr ., 8 fr., 6 fr. ; de Rethel, 8 fr., 6 fr., 4 fr.; de Sedan et Charleville, 7 fr., 5 fr, 3fr.

    BRAISNE , (Aisne). — Un curé ignoble. — La commune de Brenelle est en ce moment sous le coup de la plus vive émotion, écrit l'Avenir de l'Est : Le curé de Braisne, qui est en même temps desservant de la commune de Brecelle, vient d’être arrêté sur un ordre venu du parquet de Soissons pour actes de la plus dégoûtante immoralité. Cette brute, sous prétexte de préparer les petites fllles à la première communion, les faisait venir, une à une, dans la sacristie et là se livrait sur elles aux plus ignobles manœuvres. Ces faits seraient peut-être encore ignorés si l’une des fillettes n’avait parlé. La justice en fut immédiatement informée et le parquet de Soissons fit une enquête des plus minutieuses qui amena l’arrestation de ce dégoûtant personnage. Pour plus de précautions et dans la crainte que quelques personnes charitables (il s’en trouve toujours dans ces circonstances) ne cherchassent à le faire évader, deux gendarmes montaient la garde à la porte de la chambre dans laquelle était enfermé cet ensoutané. Vendredi il a été transféré à la prison de Soissons, mais on avait eu soin de le revêtir d’un costume civil, dans la crainte que la population exaspérée, ne lui fit un mauvais parti. Nous ne connaissons pas encore le nombre des victimes de ce satyre. Voilà donc l’éducation que donnent certains prêtres et n’avons-nous pas mille fois raison de nous écrier quand nous nous trouvons en présence de tels scandales : Qu’on nous débarrasse de cette engeance qui ne sait que salir le corps et abrutir, quand elle ne le pervertit pas, l’esprit de nos enfants.

    L'AFFAIRE PEL. — L ’arrêt annulant la condamnation à mort de Pel, prononcée par la cour d’assises de la Seine, lui a été régulièrement signifié ainsi que son renvoi devant les assises de Seine-et-Marne. Pel est toujours au dépôt des condamnés, mais il ne tardera plus maintenant à être expédié sur la maison de détention de Melun. Le greffe vient de mettre en ordre les nouvelles pièces à conviction de cette affaire pour les diriger vers le chef-lieu ds Seine-et-Marne. Il fait emballer avec soin les bocaux renfermant des restes de la première femme de Pel. On aura les mêmes soins pour les bocaux remplis des cendres et des ossements rongés par la feu, du cadavre dont les experts ont brûlé quelques quartiers à la morgue. M. Barbette, conseiller à la Cour d’appel, présidera les nouveaux débats. Ordinairement c’est le procureur de la République qui est chargé, en province, de soutenir l’accusation, mais, celte fois, il est question d’envoyer un avocat générai à Melun.

    CHALONS s./MARNE. Courses . — Le dimanche 16 août 1885 doivent avoir lieu, à Châlons'S/-Marne, de grandes courses de vélocipèdes.
    La recette nette, provenant des entrées, sera répartie également entre le bureau de bienfaisance de la ville de Châlons et l’Association des Femmes de France pour les blessés militaires.
    Des affiches et prospectus détaillés donneront ultérieurement le programme des courses.

    Le 14 juillet. Bazancourt . — On nous écrit que la Fête nationale a été des plus belles dans la vallée de l’Aisne, autrefois si réactionnaire. Le programme de la commune de Bazancourt était, d’ailleurs, très varié, et la journée s’est passée sans incidents à signaler. Ceci prouve une fois de plus que les idées républicaines s’accentuent de jour en jour dans les Ardennes.

    Brûlé avec sa voiture. — Des passants ont aperçu, samedi, sur la route de St-Germain, un cheval lancé à toute vitesse et traînant une voiture en flammes. Ils se précipitèrent au-devant de l’animal et coupèrent les traits. Au fond de la voiture, dans un amas de cendres et de débris, gisait le cadavre calciné d'un maraîcher, nommé Prestrot. On suppose que le malheureux a mis le feu à la paille de son véhicule en allumant sa pipe. Il revenait du marché da St Germain.

    NOYÉ PAR SON CHIEN. — Un jeune homme, dont l' identité n'est pas encore établie, s’est noyé dans les circonstances suivantes, près de l'île de Saint-Ouen. Il avait loué au père Mahu un bateau, et avait pris soin de laisser, avant d’y monter, sa chaîne de montre en nantissement .
    Ce canotier était accompagné de son chien, un terre-neuve abâtardi, blanc et noir, tondu genre lion, et sans collier. Arrivé au milieu du courant, il voulut envoyer l’animal à l’eau, et fut forcé de l’y pousser. Dans ce mouvement, l’homme et le chien tombèrent dans la fleuve.
    Vous pensez que le terre-neuve a dû sauver son maître ? Ce fut malheureusement tout le contraire. Chaque fois que le malheureux remontait à la surface, son chien lui posait ses pattes sur le dos et l'homme disparaissait.
    Le père Mahu, accouru aussitôt, plongea à plusieurs reprises. Il ne put retrouver le corps qu’au bout d’une heure. Quant au chien, il se secouait joyeusement sur la rive sans se préoccuper de son maître.
    Le linge du jeune homme, dont le corps a été transporté à la Morgue de Saint-Denis, est marqué G. P.

    Concours national de Vincennes. — Le journal Le Tireur nous apprend que le gouvernement fédéral suisse a voté une somme de 60,000 francs en faveur du concours national de Vincennes.— Au nom des tireurs ardennais et au nom de la France, merci à nos amis les Suisses.

    L ’assassinat de Vincennes. — La plus importante affaire de la deuxième quinzaine de juillet, aux assises de la Seine, sera le crime commis, en septembre dernier, sur M. Dunet, âgé de soixante-cinq ans, demeurant aux Batignolles.
    C’était un propriétaire qui sortait tous les après-midi pour faire une promenade. Le 12 septembre, il se dirigea du côté de Vincennes. Il fut abordé, dans le bois, par une de ces filles perdues qui abondent dans ces parages. Entraîné dans un endroit isolé par la fille Jeanne Bourdier, M. Dunet fut frappé au visage d’un coup de couteau, et il succomba presque immédiatement à sa blessure.
    On crut longtemps que Jeanne Bourdier était la complice des deux malfaiteurs qui s’étaient jetés sur la victime; mais l’information a établi qu’elle ne les connaissait pas et que les assassins avaient agi sans être d’accord avec elle.
    La victime fut dépouillée de son argent et de ses bijoux.
    Les deux accusés, Form et Hume, opposent les dénégations les plus formelles à l’accusation dont ils sont l’objet. Hume assure qu’au moment du crime, il était bien loin du bois de Vincennes.
    Il n’y a contre eux que la déclaration de Jeanne Bourdier qui affirme les reconnaître. Cependant elle a désigné Hume par un vêtement qu’il n’a jamais porté.
    Cette affaire présentera quelque intérêt sous le rapport des incertitudes, que les défenseurs ne manqueront pas de soulever.
    Ces défenseurs sont Me Léon, pour Form, et Me Camaret, pour Hume.
    Il a été fait une photographie des lieux du crime. Elle ne jettera aucun jour sur les débats.

    MORT RÔTI. — Les carrières de Clichy étaient depuis quelque temps le refuge d’une bande de rôdeurs, qui y venaient coucher presque toutes les nuits.
    S’ils s’étaient bornés à y dormir, il n’y aurait pas eu grand mal, mais ils s’emparaient de tout co qui leur tombait sous la main ; vêtements de travail et outils laissés là par les ouvriers.
    Ceux-ci finirent par prendre le parti de se relayer pour veiller sur ce qui leur appartenait, aussi bien le jour que la nuit.
    En conséquence, hier, vers onze heures, pendant que l’équipe déjeunait, c’était le carrier Simon qui était resté de garde. Il vit à ce moment venir à lui un nommé Bristh, rôdeur des plus connus et auquel il avait déjà fait plusieurs fois la chasse. L’ouvrier se lève et ordonne à Bristh de s'éloigner.
    Celui-ci, loin d’y consentir, répondit par des injures, et Simon, exaspéré., se jeta sur lui.
    Une lutte corps à corps s’engagea aussitôt entre les deux hommes, qui bientôt roulèrent à terre étroitement enlacés.
    Simon s’aperçut alors qu’ils étaient sur le bord d’un four à chaux en pleine ébullition. Il cria à son adversaire d'arrêter ; mais l’autre crut qu’il faiblissait et le serra, au contraire, avec plus d’énergie qu’auparavant.
    Simon, alors, fit un effort prodigieux et parvint à se dégager de l’étreinte de Bristh, lequel, privé de son point d’appui et entraîné par son propre poids, roula dans le four et s’enfonça comme une masse dans la chaux vive.
    Aux cris poussés par Simon, on accourut. Mais quand on retira Bristh, au bout de dix minutes, il était mort, presque entièrement calciné.

    UNE FAMILLE DE PENDUS . — Il y a un mois environ, M . L . . . , propriétaire à Chaville, se pendait dans le bois de Meudon, non loin de son domicile. Les causes de ce suicide demeurèrent un mystère pour ses amis et pour sa famille, car M . L . .. était jeune, riche et plein de santé. Quinze jours après, son beau-frère, M. B . . . , jouissant également d’une situation indépendante, se pendait dans ses écuries. Sa femme, qui était près d’accoucher, faillit mourir en apprenant la fin terrible de son mari.
    Avant-hier soir, M . B . . . , père, qui s’était exprimé en paroles sévères au su jet de la mort violente de son gendre et de son fils, disparut de son domicile. Sa femme, habituée à le voir rentrer à heure régulière, se mit à sa recherche ; elle le trouva pendu dans une maison de campagne qu ’il possédait à Sèvres, chemin des Chapelles. Le commissaire de police de la circonscription, après avoir fait les constatations légales, a ordonné la transport du corps à son domicile.

    REIMS.Artistes d’été. — On nous écrit :
    A peine la saison théâtrale est-elle terminée que déjà huit ou dix troupes parisiennes ont signalé leur passage. Hier, nous avions par deux fois M. Em. Marcq, puis M. Delestang, et aujourd’hui dimanche 17, ce sera le tour de M. Pascal Delagarde avec un Lycée de jeunes filles, grand succès de Cluny.
    Nous avons aussi le Casino qui, chaque soir, distrait agréablement ses spectateurs, — puis le Théâtre des Variétés qui,chaque dimanche, donne un drame de choix aux habitants du quartier St-Remy, ainsi que le fera prochainement, pour le faubourg de Laon, le nouveau théâtre des Nouveautés-Rémoises, avec M. Marcq, artiste du Grand-Théâtre, pour directeur.
    Mais ce qui aura le plus d’attrait, selon nous, sera assurément la série des délicieuses soirées que va reprendre, le mardi 19, la Société des Concerts d’été (au Châlet-Geyer, près la Gare), composée des principaux artistes-solistes du Grand-Théâtre et professeurs de la ville, sous l’habile direction de M. Surmont, et desquelles le tout-Reims, voyageurs et amateurs de bonne musique, ne manqueront pas de profiter, les mardi, jeudi et dimanche de chaque semaine, et ce, jusqu’à la vendange prochaine.

    REIMS. — Jolie trouvaille. — On nous écrit :
    Dernièrement, M. Poterlet, Ardennais fait Rémois, en faisant exécuter des fouilles dans les caves de son passage qui va de la place d’Erlon à la rue de Vesle, eut l'heureuse surprise de voir jaillir, en administrant un coup de pioche sur un assez grand dale, des centaines de pièces d’or, du métal le plus pur.
    Ces monnaies, qui semblent dater du temps de Charles IX ont presque la largeur d’une pièce de 10 centimes et un millimètre à peine d’épaisseur.
    Le soir de cette jolie trouvaille, un amateur anglais, auquel le télégraphe avait donné vent du fait, offrait cinquante francs de chaque pièce; le lendemain, un autre doublait l’offre.
    Quel heureux M. Poterlet qui, sans mettre à la loterie, trouve ainsi des gros lots!


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  • Présidence de M. TULPAIN , conseiller à Cour d’appel de Nancy.

    ROLE DES AFFAIRES

     Lundi 4 mai 1885. — Macaine, Adélaide-Piascaline femme Trocmé, de Sedan : vols qualifiés. — Ministère public, M. Pécheur, substitut; défen seur. Me Daumal, avocat.

    Même jour. — Marmottin, Gustave, d’Exermont : incendie. — Ministère public, M. Pécheur, substitut; défenseur, Me Bouchez-Leheutre, avocat.

    Mardi 5 mai. — Charles, Victoire-Joseph,veuve Rennesson, de Torcy : vols qualifiés. — Ministère public, M. Pécheur, substitut; défenseur, luMe Luxer, avocat,

    Même jour. — Badré, Simon-Auguste, de Joigny : bigamie. — Ministère publie, M. Robert, procureur ; défenseur, Me Rembourg, avocat

    Mercredi 6 mai. — Daubré, Henri-Joseph, sans domicile : vol qualifié. — Ministère public, M. Pécheur, substitut ; défenseur, Me Bougon, avocat.

    Même jour. — Dorigny, Antoine-Auguste, de Saint-Menges : tentative d’assassinat. — Ministère public, M. Robert, procureur; défenseur, Me Riche, avocat.

    Par contumace, — Stefanazzi, Marcello-Vincenzo, de Marcq : meurtre et tentative de meurtre.

    Liste des jurés . —  Jurés titulaires : MM.
    Ploutz, J .-N . marchand de vin à Grandpré.
    Thiébault, J.-M. propriétaire à Mainbressy.
    Bosserelle, N .-N . cultivateur a Draize.
    Martinet J.-B.-A. rentier à Mézières.
    Charmotue, A . cultivateur à Lacroix-aux-Bois.
    Billard-Jolly, adjoint à Launois.
    Bouché, A. capitaine en retraite, à Monthermé.
    Sorlet, J.-B. propriétaire et maire à Blanzy.
    Bajot, J .-L. cultivateur a Mondigny.
    Gillet, J.-F.-M . marchand de hois à Elan.
    Havet, N., cultivateur à Launois.
    Corda, N.-J. C., cultivateur à Olizy,
    Dubois, J., négociant à Balan,
    Carlier, C.-L. capitaine en retraite a Matton.
    Lejeune, H .-A ., boulanger à Autrecourt.
    Renaud, P .-N . filateur à Matton.
    Beck, E.-T, fabricant de couleurs à Raillicourt.
    Alexandre, E,, brasseur à Thilay.
    Fourille, L.-X. cultivateur à la Besace.
    Fouroart, J., notaire à Sedan.
    Martinet, J.-N., cultivateur à Yoncq.
    Gautier, J -B, retraité de douanes à Gué-d’Hossus,
    Fichant, L. H., rentier à Charleville.
    Milhac, J , receveur des domaines à Fumay.
    Bernardy, F.-J., maître fondeur à Mézières.
    Quenet, N .-K.-A., propriétaire à St-Clément.
    Beaufils, J.-F.-F., cultivateur et maire à Terron-sur-Aisne.
    Pilard, L.-M ., clerc de notaire à Dom le Mesnil.
    Bellotte, M., propriétafre à Tannay.
    Guilmin, D., brasseur à Vireux-Molhain.
    De Wacquant, P.-J.-T., propriétaire â Raucourt.
    Baudart, F.-P., rentier â Attigny.
    Laval, J., marchand de ferronnerie à Levrezy.
    Marquadet, M., fabt de ferronnerie à Château-Regnault.
    Forest, Ch,-L., notaire à Charleville.
    Autier, J. B., boulanger à Braux.

    Jurés supplémentaires : MM
    Dogny, H.-A., pharmacien à Mézières.
    Bonhomme, P.-I., coupeur à Mézières.
    Bonnet, M.-J.-G,, docteur-médecin à Mézières.
    Midoux, A,-G., chaudronnier à Mézières.

     

    La troisième session des assisses pour l’année 1885 s'ouvrira le lundi 17 août, à Mézières. Elle sera, présidée par M .Ponton, con-seiller à la cour d’appel de Nancy, chevalier de la Légion d’honneur. MM. Garnier et Lévy, juges au tribunal de première instance de Charleville, sont désignés pour l’assister.



    Audience du 4 mai 1885


    Affaire MACAINE (Adélaïde Paschaline), femme Trocmé, de Sedan. — Vols qualifiés. — Ministère public, M. Pêcheur, substitut. — Défenseur, Me Daumal, avocat.
    Comme ou l’a vu, d’après le rôle, cette session ne comprend que six affaires relativement peu intéressantes et qui, sauf peut-être celle du bigame de Joigny, ne sont pas destinées à satisfaire les amateurs de vives émotions.

    L’accusée

    La femme Trocmé est originaire du département de l’Aisne : elle est âgée de quarante-huit ans. C’est une solide gaillarde, fort brune
    et d’une physionomie assez agréable.
    Sa mise est très correcte : elle porte un vêtement et un chapeau absolument noirs et répond à son interrogatoire d une voix fort calme.
    Tout en niant les habitudes d' ivrognerie que lui impute l’accusation, elle avoue une partie des vos qui lui sont reprochés.

    L ’accusation

    Le 4 octobre 1884, l’accusée entrait au service de M. Vignon, agent d’assurances, veuf et père de plusieurs enfants eu bas-âge.
    Retenu journellement hors de son domicile, pour ses occupations, il devait laisser à la disposition de sa domestique les clefs et les objets du ménage.
    Celle-ci en profita pour s’emparer d’effets mobiliers de toute nature qu’elle vendait pour satisfaire son goût prononcé pour la boisson.
    Dans le courant du mois de février, M. Vignon, s’aperçut pour la première fois de la disparition de divers objets mobiliers. Il interrogea l’accusée qui répondit évasivement, alors il visita les armoires qu’il trouva presqu’entièrement vides. Certain que la femme Trocmé avait pu seule commettre ces soustractions, il l’interrogea de nouveau et obtint des aveux à peu près complets. La femme Trocmé n’a pas d’antécédents judiciaires, mais se livre sans retenue à la boisson. Elle a déjà été mise à la porte de plusieurs maisons où elle volait du vin et de l’eau-de-vie pour satisfaire sa passion. Pour le même motif elle avait été contrainte de quitter le domicile conjugal, où son mari ne voulait plus la recevoir.

    Incidents

    Au début de l’audience deux incidents apportent un certain retard aux débats.
    M. le président constate d’abord que toutes les pièces à conviction ne sont pas dans la salle. On s'empresse d’aller chercher un second paquet renfermant comme le premier des draps de lits, du linge et des effets.
    Aussitôt commence l’interrogatoire de la prévenue, mais les jurés, placés au premier banc, l’interrompent bientôt en faisant remarquer que leur siège va s’effondrer sous eux. Force est de leur donner des chaises et l’interrogatoire peut reprendre son cours.
    Disons seulement que l’accusée persiste dans son système de dénégation partielle.

    Les témoins

    Les témoins, au nombre de trois, sont M. Vignon, victime des trois et les deux revendeuses à qui la femme Trocmé, allait, sous le faux nom de Docquin, vendre le produit de ses larcins, sous prétexte qu’elle était dans la misère et obligée de soigner son mari malade. Leurs dépositions n’apportent rien de nouveau aux débats.

    Les plaidoiries et le verdict

    Le ministère public réclame une condamnation tout en accordant les circonstances atténuantes, puisque l’accusée n’a pas d’antécédents judiciaires et est reconnue comme une bonne travailleuse.
    Me Daumal, se basant sur ces deux points, demande l’acquittement pur et simple de sa cliente.
    Après une grande demi-heure de délibération, le jury rapporte un verdict que, vu son irrégularité, M. le président est obligé de faire recommencer.
    La femme Trocmé est reconnue coupable des faits qui lui sont imputés avec circonstances atténuantes.
    En conséquence, la Cour la condamne à 15 mois d’emprisonnement.

     

    Affaire MARMOTTIN (Gustave), à Exermont; lncendie. — Ministère public, M. PÉCHEUR, substitut ; défenseur,Me BOUCHER-LEHEUTRE, avocat.

    L’accusé

    Gustave Marmottin est âgé de vingt ans ; il est né à Apremont. De taille moyenne, il a un physique en dessous et les cheveux coupés courts. Il est vêtu d’un paletot en velours à côtes brun et d’un pantalon jaune. Il ne parait nullement ému et précise parfaitement les détails qui ont accompagné son crime.
    Pendant l’audition des témoins il ne cesse de baisser la tête d’une façon hypocrite.

    Les faits

    Voici, d'après l’acte d’accusation, les faits reprochés à l'accusé.
    Congédié le 6 avril dernier de chez M. Chaillé, cultivateur à la ferme de Beauregard, territoire d’Exermont, où il servait comme domestique, Marmottin s'est engagé dans une propriété voisine et a résolu de tirer vengeance de son ancien maître.
    Le 12 , il se rendit en compagnie d'un de ses camarades à la ferme de Beauregard et, resté seul vers 7 h. du soir, au moment où M. Chaillé et ses domestiques étaient à table, il se dirigea vers le grenier, poussa le volet d’une ouverture qui y donnait accès et y lança une allumette enflammée. Le feu se communiqua rapidement et détruisit tout, sauf la maison d’habitation qui, grâce aux prompts secours, ne fut que fortement endommagée. Les pertes s’élèvent à environ 15,000 fr.
    Les soupçons se portèrent de suite sur Marmottin, qui, après avoir nié, a déclaré qu’il avait mis le feu à la ferme pour se venger des mauvais traitements que les époux Chaillé lui avaient fait subir, imputations reconnues mensongères.

    L'Interrogatoire

    L’accusé reconnaît qu’il a servi dans de nombreuses maisons d’où il était renvoyé pour paresse et mauvaise conduite. Son service était détestable, il disait du mal de tout le monde.
    Il avoue avoir été vu dans l’écurie au moment de l’incendie, par le domestique de M. Chaillé, et avoir mis le feu quelques instants après.
    Il est seulement eu désaccord avec les témoins sur quelques détails de peu d’importance, et prétend avoir, avec tout le monde, apporté tous ses secours pour éteindre l’incendie qu’il avait allumé.
    Bien que n’ayant pas d’antécédents judiciaires, l’accusé possède un caractère violent et vindicatif, il avait, en outre, été antérieurement soupçonné de deux incendies importants qui s’étaient produits dans les communes d’Exermont et d’Ivoiry. Marmottin, on le comprend, nie complètement en avoir été l’auteur.

    Audition des témoins.

    M. Chaillé, cultivateur, sinistré, et Mme Chaillé, donnent les détails que l’on connaît sur la conduite de l’accusé et sur le sinistre. Ils pensent subir, malgré l’assurance et outre les ennuis qui en sont résultés pour eux, une perte sèche de 7 à 8,000 francs.
    Le brigadier de gendarmerie qui le premier a interrogé Marmottin aussitôt son arrestation, et lui a arraché les aveux, répète la déclaration que l'accusé lui a faite.
    Les cinq dépositions suivantes, en présence des aveux de l’inculpé, n’ont aucun intérêt.
    M. Gilbin, subrogé tuteur de l’accusé. Il résulte de cette déposition que le témoin soupçonne fort que Marmottin serait l’auteur des incendies des fermes de Sérieux et Ivoiry.
    Le docteur Rousseaux, chargé d’examiner l’accusé au point de vue de l’intelligence, déclare qu’après un examen approfondi, il peut affirmer qu’il jouit de toutes ses facultés mentales et est parfaitement responsable de ses actes.

    Les plaidoieries .

    M. Pécheur demande une punition sévère. Toutefois, eu égard au jeune âge de Marmottin et considérant la peine capitale qu’entraînerait la culpabilité sans circonstances atténuantes, il ne s’oppose pas à ce que ces dernières soient accordées à l’accusé. Me Bouchez plaide l’inconscience et la mononamie. Son client doit être considéré comme irresponsable, et envoyé dans une maison de santé.

    Le verdict

    Le jury, après avoir appelé deux fois M. le président dans la chambre de leurs délibérations, rapporte un verdict affirmatif, avec circonstances atténuantes, verdict qui est entaché d'irrégularité et qu'ils sont obligés d'aller rectifier.
    La Cour condamne M . Marmottin à cinq ans de réclusion et le dispense de la surveillance.

    Conclusions

    Me Bouchez dépose des conclusions demandant acte à la Cour de ce que M. le président a communiqué, à deux reprises différentes, avec les jurés dans leur salle, ce qui, dans son opinion, a pu influencer le vote.
    La Cour, après en avoir délibèré, donne acte au défenseur de ce que M. le président a été deux fois dans la salle des jurés sur leur demande, ajoutant qu’il n’y a pas à donner l'acte sur la seconde partie des conclusions.
    L’audience est levée à 6 heures et demie.

     

    Audience du 5 mai 1885

     

    Affaire CHARLES, Victoire-Josèphe, veuve Rennesson, de Torcy : vols qualifiés. — Ministère public, M. Pécheur, substitut ; défenseur, Me Luxer, avocat.
    A peine une quinzaine de curieux dans la salle, au début de l’audience.
    Il s'agit d’une série de vols commis par la veuve Rennesson, ménagère, au préjudice des personnes qu’elle servait.
    Les pièces à conviction sont des plus nombreuses et des plus variées. Cinq énormes paquets sont ouverts : on y voit des bijoux, du  linge, des boites, des brosses, des livres, des tapis, des étoffes, du fil, de la laine, deux sacs de bouchons, etc., etc.

    L ’accusée.

    L ’accusée est une malheureuse encore fort jeune (elle n’a que vingt-sept ans) et très fraîche. Sa figure est assez sympathique et sa tenue des plus correctes. Elle est vêtue tout en noir et tient dans ses bras un bébé d'un mois. Vu son état, elle subit son interrogatoire assise. Elle pleure constamment.
    Veuve depuis deux ans, elle a entretenu des relations avec un individu qui lui avait promis le mariage. Elle en a eu, le 1er avril dernier, deux jumeaux dont l’un est mort en venant au monde. L’autre est celui qu’elle porte. Elle avoue les vols d’effets, mais nie avoir jamais pris d’argent.
    D’ailleurs, ajoute-t-elle, elle ne sait ce qui la poussait à voler.

    Les faits

    Dans les premiers jours du mois de novembre 1884, l’accusée entra, en qualité de femme de ménage, au service des dames Bonny et Gonnier. Celles-ci ne tardèrent pas à s’apercevoir de la disparition d’un certain nombre d’objets et de diverses sommes d’argent, entre autres deux billets de banque, un de 500 francs, l’autre de 100 fr. et une pièce de 20 fr. en or. Ces diverses sommes étaient renfermées dans un chiffonnier dont la clef restait habituellement dans la serrure.
    Convaincue que l’auteur de ces diverses soustractions ne pouvait être que la veuve Rennesson, Mme Gonnier résolut de la surveiller, et, le 22 janvier dernier, elle se plaça en observation dans une alcôve et surprit l’accusée au moment où elle ouvrait furtivement le chiffonnier. Au milieu de son trouble l’accusée dut faire des aveux, mais bientôt elle se rétracta.
    Des perquisitions opérées dans son domicile et chez ses parents amenèrent la découverte d’un nombre considérable d’objets appartenant aux dames Bonny et Gonnier, tels que bouteilles de vin, liqueurs, linge de toute nature, des provisions de ménage d’une valeur totale d’environ 2,000 fr.
    Ces perquisitions révélèrent en outre que la veuve Rennesson, occupée aussi comme femme de ménage à l’asile de Torcy-Sedan, y avait dérobé des fagots, des livres et du papier et avait commis au préjudice des enfants qui fréquentaient cet établissement de nombreuses soustractions de vêtements et de bijoux. D’autres vols sont aussi reprochés à l’accusée au préjudice des époux Muller qui tiennent à Torcy une boutique d’épicerie et de mercerie.
    La veuve Rennesson n’a pas d’antécédents judiciaires ; sa moralité n’est pas mauvaise.

    Les débats

    Une quinzaine de témoins défilent sans apporter rien de nouveau à ce que l’on sait.
    La tante de l’accusée se trouve mal au moment de faire sa déposition. Enfin elle se remet et éclate en sanglots.
    Après le réquisitoire du ministère public et la plaidoierie de Me Luxer, qui demanda pour sa cliente le bénéfice des circonstances atténuantes, quatre questions sont posées au jury avec les circonstances que la veuve Rennesson était au service des personnes qu’elle volait.
    Les réponses étant affirmatives pour toutes les questions, et le verdict accordant à l’inculpée les circonstances atténuantes, la Cour condamne la veuve Rennesson à 3 années de prison.

     

    Affaire BADRE, Simon Auguste , de Joigny. — Bigamie. — Ministère public : M. Robert, procureur ; — défenseur : Me RAMBOURG, avocat.
    Cette affaire sur laquelle le Petit Ardennais, le jour même de l’arrestation, avait donné, le premier, les détails les plus circonstanciés, attiré un nombre considérable de curieux.
    En effet, la salle est comble avant le commencement des débats et beaucoup de personnes arrivées trop tard, n’ont pu se procurer de places.

    L ’accusé

    Badré est de taille moyenne. Assez maigre il a la figure et les mains osseuses ; cheveux et épaisse moustache noirs. Il est vêtu d’un paletot en coutil bleu, d’un gilet et pantalon noirs. Il exerçait à Joigny la profession de mécanicien.
    Outre une condamnation pour adultère prononcée contre lui, il a subi une peine de six jours d’emprisonnement pour vol.
    Lorsqu’il parle, il tortille nerveusement sa moustache.

    L’acte d’accusation

    L ’accusé s’est marié à Aiglemont, le 7 avril 1866, avec la nommée Marie-Françoise-Adèle Gueury, de laquelle il a eu deux enfants dont l’un vit encore. Les premières années de cette union paraissent avoir été heureuses, mais plus tard Badré, dont le caractère était violent, commença à maltraiter sa femme, qu’il finit par abandonner à la suite d’une condamnation à trois mois de prison pour adultère, prononcée contre lui par le tribunal de Charleville.
    Le 5 juin 1879, sa femme obtint un jugement de séparation de corps en lui laissant la garde de ses enfants. Badré habita ensuite successivement Nouzon et Sedan ; c’est dans cette dernière ville qu’il rencontra Mlle Amélie Huart, veuve Pilard, qu’il demanda bientôt en mariage, se gardant bien de lui révéler sa véritable situation. Les pièces nécessaires à la nouvelle union furent réunies par les soins de la Société Saint-François Régis, de Sedan, avant le jour fixé pour la célébration du mariage.
    L’accusé présenta sa future à quelques membres de sa famille et obtint de sa mère, encore vivante, le consentement nécessaire.
    A la mairie de Sedan, où furent faites les publications, Badré avait pris la qualité de célibataire. Son mariage avec la veuve Amélie Pilard eut lieu le 25 octobre 1884, et dans les premiers jours du mois de janvier suivant, le nouveau ménage s’installa à Joigny où l’irrégularité de la situation de l’accusé ne tarda pas à être découverte. La seconde femme de cet individu est actuellement enceinte.
    Badré reconnaît l’exactitude des faits qui lui sont reprochés, il se borne à prétendre que le rétablissement du divorce lui donnait le droit de se remarier.

    L ’interrogatoire

    L’interrogatoire consiste à savoir comment  l’accusé a pu tromper tout le monde, obtenir le consentement de sa mère et persuader à cette dernière qu’il avait le droit de se remarier.
    Il répond qu’il se croyait autorisé à prendre le titre de célibataire puisqu’il était séparé de corps.

    Les témoins

    Mme Badré, née Marie Gueury, première femme de l’accusé. Elle est petite, assez âgée et dépose avec animation. Elle raconte qu’après quelques mois de tranquillité, son mari, devenu méchant, la maltraitait et lui avait même, un jour, jeté de l’eau bouillante sur la main droite, d’où une brûlure qui l’a fait beaucoup souffrir et dont elle est restée estropiée.
    Elle déclare que lorsqu’elle a appris le second mariage de son époux elle est restée indifférente et a répondu simplement, aux personnes qui le lui annonçaient : « C’est un maladroit. »

    Mme Badré, née Aurélie Huart, veuve Pilard, seconde femme de l’accusé.Elle est âgée de trente ans et beaucoup mieux que la précédente. C’est une solide gaillarde, elle, et à qui l’embonpoint, occasionné par sa grossesse, ne nuit en aucune façon.
    Elle affirme n’avoir jamais entendu parler du premier mariage de Badré. Elle n’a d’ailleurs qu’à se louer de lui.

    Badré, frère de l’accusé, entendu à titre de simple renseignement, dit qu’il a cherché à dissuader son frère de son second mariage, mais que celui-ci lui a répondu « qu’il profitait de la loi. » Alors il ne s’en est plus inquiété.

    Coulon, Pierre, chef de bureau à l’état-civil de Sedan, expose comment s’est effectué le mariage. L'accusé lui a déclaré être célibataire, puis a fourni toutes les pièces nécessaires.

    Mme veuve Robert, maîtresse d’hôtel Torcy. — Déposition peu intéressante.

    Les plaidoieries

    M. Robert, procureur de la République, demande un verdict affirmatif mitigé par des circonstances atténuantes. Me Rambourg demande l’acquittement.

    L ’acquittement

    Les jurés, rapportant un verdict négatif, Badré est acquitté.
    L’audience est levée à 6 h. 1/4.

     

    Audience du 5 mai 1885

    Affaire DAUBRÉ, Henri Joseph, sans domicile : vol qualifié. — Ministère public, M. Pécheur, substitut; défenseur, Riché, avocat.

    L’accusé.

    Daubré est un jeune adolescent, imberbe. Il a les cheveux blonds soigneusement séparés par une raie. Sa mise est correcte. On se souvient l’avoir vu, il y a trois mois, sur le banc où il comparaît encore aujourd’hui. Son séjour à la Maison d’arrêt ne l’a nullement changé.

    Antécédents de l’accusé.

    Belge d’origine, il a laissé dans son pays la plus triste réputation. Il a subi, en Belgique, plusieurs condamnations pour vols. Il a été condamné par le tribunal de Charleville, le 23 juillet 1884, à trois ans de prison pour vol. En novembre suivant, le Parquet le poursuivait une seconde fois. Le 21 janvier 1885, il a subi une nouvelle condamnation à six mois de prison encore pour vol, prononcée par le tribunal de Montmédy. Enfin la Cour d’assises des Ardennes, à sa dernière session, l’a frappé d’une peine de dix ans de travaux forcés pour vol qualifié commis à la ferme de Remonté.

    Les faits

    Dans la matinée du 6 novembre 1884, les époux Joly-Renauld, propriétaires à la ferme de Pargny, écart de Chateau-Porcien, s’aperçurent qu’ils avaient été victimes, pendant la nuit, d’un vol important. Tous les vetements de Mme Joly, et de nombreux vêtements de M. Joly, le tout évalué environ 2,000 fr. avaient disparu d’une armoire non fermée à clef et placée dans une chambre au premier étage.
    Les circonstances dans lesquelles ce vol avait été accompli démontraient que deux malfaiteurs y avaient pris part. Les voleurs sont entrés par une lucarne dans le grenier, de là ils ont pénétré dans les appartements, jeté par la fenêtre les effets qu’ils voulaient voler, et sont sautés dans le jardin.
    Puis après avoir porté le tout dans un fournil au fond du jardin ils l’ont enfermé dans un sac à charbon, et se sont enfuis enlevant leur butin.
    Le complice de Daubré, qui a pu, jusqu’à présent échapper à la justice, se nommerait, dit-il, Pierre Hinnard.

    L’interrogatoire

    Arrêté à Montmédy, lorsqu'il fut soupçonné d’avoir commis le vol chez les époux Joly, l’accusé a commencé par nier d’une façon absolue. Il prétendait n’avoir pas quitté Reims depuis longtemps.
    Mis en présence de plusieurs témoins qui l’auraient vu la veille aux environs de la ferme de Pargny et se trouvant reconnu par eux, Daubré se décide à avouer.
    Il emploie alors pour se justifier un système odieux et que nous croyons devoir passer sous silence.
    A l’audience, d’ailleurs, l’accusé abandonne ce système, et déclare ne s’en être servi que pour égarer la justice. Il avoue simplement les faits qui lui sont reprochés et reconnait l’exactitude des circonstances qui les ont accompagnés.

    Les débats. — La condamnation

    Dès lors les débats n’ont rien d’intéressant, et les deux plaidoieries sont fort courtes. Me Riché demande l’admission des circonstances atténuantes.
    Les jurés, après cinq minutes de délibération, rapportent un verdict affirmatif sur toutes les questions et muet sur les circonstances atténuantes.
    En conséquence, Daubré est condamné à quinze ans de travaux forcés, peine qui se confondra avec celle de dix ans, prononcée il y a trois mois, et à vingt ans de surveillance.

     

     

    Affaire DORIGNY, Antoine-Auguste, de St-Menges. — Tentative d’assassinat.— Ministère public, M. Robert, procureur ; défenseur, Me Riché, avocat.
    Cette affaire est la dernière de la session. Le public est assez nombreux.

    L ’accusé

    Dorigny est d’assez grande taille. Sa mise, qui est celle d’un ouvrier est fort convenable. Il a une figure assez énergique, il est brun et porte le fer-à-cheval. Il répond d’une façon des plus calmes aux questions qui lui sont posées pendant son interrogatoire. 
    Il passe pour un contrebandier incorrigible et redouté des agents et a déjà subi plusieurs condamnations correctionnelles pour des faits de brutalité.

    La cause du crime

    Dans les derniers temps de l’année 1884, Dorigny, qui tenait un débit de boisson à Sedan, abandonna sans ressources sa femme et ses cinq enfants et se rendit à Paris, puis en Belgique. Sa femme ne tarda pas à nouer des relations adultères avec un militaire de la garnison, le sieur Questroy qui prenait pension chez elle.
    Lorsque celui-ci fut libéré du service, elle le suivit dans le Pas-de-Calais, après avoir vendu le mobilier du ménage et même les effets personnels de son mari.
    Revenus à Sedan, Questroy et la femme Dorigny, louaient le 24 janvier dernier, à Cazal-Floing, un logement dans lequel ils continuèrent à vivre maritalement. Cependant l’accusé était revenu de son côté le 29 janvier. Il rencontra sa femme et chercha à obtenir d’elle une réconciliation. Celle-ci promit de rentrer avec lui le lendemain à midi.
    Mais Dorigny, pour qui l’existence de Questroy était une gêne et un danger futur, avait résolu de donner la mort à ce dernier.

    Le crime

    Vers deux heures de l’après-midi. Dorigny se rendit chez les époux Petit, aubergistes à Saint-Menges, pour leur emprunter de l’argent afin d’acheter une arme et des cartouches et profitant de l’inattention de la dame Petit, il s’empara d’un revolver placé à sa portée et alla acheter des cartouches.
    Le lendemain, à huit heures et demie du matin, accompagné du garde-champêtre, il se rendit à Cazal-Floing pour réclamer à Questroy, le mobilier qu’il prétendait être le sien.
    Alors se passa la scène que le Petit Ardennais a racontée aussitôt dans tous ses détails et que nous allons résumer autant que possible.
    A la vue de son rival et sur une réponse évasive de ce dernier, Dorigny sortit son revolver de sa poche et presqu’à bout portant fit feu sur Questroy. La balle, qui pénétra profondément dans les chairs de la joue droite, ne pourra jamais être extraite.
    La victime, dont l’incapacité de travail n’a duré que quinze jours, est aujourd’hui rétablie.

    L ’interrogatoire

    Singulier interrogatoire en vérité. D’ailleurs, tout comme dans les affaires précédentes, on croirait certes se trouver devant M. le juge d’instruction plutôt que devant le jury et la Cour.
    Enfin disons que Dorigny, comme ceux qui l’ont précédé sur le banc des accusés durant cette session, peut à peine répondre quelques mots, et passons.

    Les témoins

    M. le docteur Pelletier a examiné la blessure et en fait la description. Elle n’était pas d’une gravité bien sérieuse.
    Mme Dorigny, femme de l'accusé, ne prête pas serment. Elle porte sur le bras une charmante fillette de trois ans environ. Son entrée provoque des sanglots de la part de Dorigny.
    Le témoin déclare que la misère seule l’a poussée à nouer des relations avec Questroy. Son mari, dit-elle, ignorait ces faits.
    C’est, d’ailleurs, une vilaine mégère qui apostrophe le malheureux inculpé et le charge le plus possible.
    Questroy, la victime. — Il s’avance militairement et se place derrière la chaise où il doit prêter serment dans la position la plus correcte du soldat sans armes. Il est absolument guéri et ne porte de sa blessure qu’une trace fort légère.
    Il reconnaît l’existence de ses relations avec la femme Dorigny et raconte la scène du crime telle qu’on la connaît déjà.
    Il avoue qu’il a été condamné à trois mois de prison pour adultère en même temps que Ia femme Dorigny pour quatre mois. Il a eu aussi, dans le Nord, une condamnation à huit mois pour vol.
    Le beau-père de Dorigny raconte la scène du crime. Il constate qu’il a fait son possible pour rapprocher les deux époux, que Dorigny était consentant, mais que sa fille a refusé.
    Alexis Poupard, garde-champêtre à Floing. Il raconte aussi la scène du crime.
    Mme Petit, chez qui Dorigny a dérobé un revolver, déclare qu’il l'a pris pendant qu’elle ne le regardait pas.
    Les trois dernières dépositions n’ont aucune importance.

    Question subsidiaire.

    La liste des témoins épuisée, M. le président avertit le défenseur qu’il posera aux jurés la question subsidiaire de coups et blessures.

    Le réquisitoire et la défense

    M. Robert se basant sur ce principe que « nul ne doit se faire justice à soi-même », et étant donnée la question subsidiaire qui permettra d’abaisser considérablement la peine, demande une condamnation.
    Me Riché plaide l’acquittement. Il se base sur des lettres écrites par la femme Dorigny à son mari. Tous ses arguments sont absolument convaincants.

    L ’acquittement

    Le verdict est négatif sur la question principale et sur la question subsidiàire. Dorigny est acquitté et M. le président ordonne sa mise en liberté immédiate.

     

    Contumace

    Stefanezzi, Marcello-Vincenzo, de Marcq, inculpé de meurtre et tentative de meurtre, est condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité.
    La session est close à sept heures moins un quart.


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  • Avril

    UNE LEÇON BIEN MÉRITÉE. — M. le préfet de Saône-et-Loire vient de prendre l'arrêté suivant :

    Nous, préfet de Saône-et-Loire, etc.;
    Vu la loi du mars 1850;
    Vu, etc.;
    Considérant que, le 2 mars dernier, M. Sandre, instituteur communal à Bragny-en-Charolais, a reçu la visite du curé de Bragny, accompagné d’un Père jésuite de Paray;
    Que ce dernier, quoique n’ayant aucun droit d'inspection, a adressé une allocution, levé les punitions et distribué des récompenses; Que l’instituteur communal, non seulement ne s'est point opposé à cette intervention illégale, mais encore n'en a point avisé l'inspecteur primaire;
    Que, d'autre part, M. Sandre est âgé de cinquante-cinq ans et compte trente-cinq années de service, qu'il se trouve ainsi dans les conditions voulues par la loi pour être admis à la retraite.
    Arrêtons :
    Art. 1er. — La peine de la réprimande est infligée à M. Sandre, instituteur communal à Bragny.
    Art.2. — M. Sandre est admis à faire valoir ses droits à la retraite à dater du 1" avril prochain.
    Màcon, le 18 mars 1880

    Signé ; E. Hendlé,

     


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  • Mai

    LES PETITS MARTYRS . — Il vient de se passer à Thiers (Puy-de-Dôme), un de ces crimes abominables qui révoltent l’humanité et font révoquer en doute les sentiments les plus naturels. Là, dans la rue du Pont-de-Sechalle, vivait une famille d’ouvriers, composée du père, de la mère et de six enfants, dont cinq filles et un petit garçon de 7 ans. Pourquoi ce pauvre petit était-il devenu la bête noire de la famille ? Ce qu'il y a de sûr, c’est qu’il était en butte à l’aversion profonde de ses parents et de ses sœurs ; c’est que pendant trois ans, le malheureux enfant a subi de leur part un véritable martyre. On le criblait de coups, on le privait de nourriture et on le faisait coucher sur la paille, au grenier, au milieu de ses ordures. Des voisins assurent même l’avoir vu réduit à manger ses excréments ; et, chose déplorable, les témoins de ces faits n’ont pas eu le courage de les dénoncer. Vendredi matin de la semaine dernière (24 avril 1885), l’infortuné petit être est mort, et ce n’est qu’alors que les voisins ont cru devoir prévenir la police. Le docteur Dumas a procédé à l’autopsie du cadavre, et a déclaré que l’enfant était mort de froid et de faim, ainsi que des suites des mauvais traitements qu’il avait endurés. Le père et la mère ont été écroués à la maison d’arrêt de Thiers.

    Château à vendre. — Un indice fait supposer que les princes d'’Orléans ne se font pas beaucoup d’illusions sur la solidité de Ieur établissement en Francs. Le château de Randan, le magnifique domaine que possède le duc de Montpensier en Auvergne, est en vente, et on ne veut le vendre que payé comptant.

    UNE BERGÈRE ÉTRANGLÉE. — Un crime vient d’ensanglanter le territoire de Donzillac (Dordogne).
    Une fille de vingt-trois ans, nommée Marie Cabard, a été trouvée étranglée à Fort-Lambert, au milieu des bois, à un kilométre et demi des dernières maisons du village de Valay.
    Marie Cabard avait appartenu, jusqu’à sa vingt-et-unième année, à l’administration des Enfants assistés de la Dordogne, qui l' avait placée depuis longtemps chez les époux Dujarric, demeurant au village de Madillac, commune de St-Louis, canton de Mussidan.
    Cette jeune fille était considérée par les époux Dujarric comme faisant partie de leur famille. Aussi l’avaient-ils gardée, bien que sa conduite ne fût pas exempte de reproches. Elle continuait, paraît-il, à avoir des relations avec un individu qui l'avait rendue mère trois ans auparavant.
    Marie Cabard partait tous les matins pour aller faire paître un troupeau de brebis et elle rentrait vers les neuf heures.
    Dimauche dernier, elle s’en alla comme d'habitude, vers les cinq heures, traversa la voie ferrée de Bordeaux à Périgueux, au passage à niveau dit du bourg de st-Louis et suivit la route conduisant au village de Ferrandie jusqu’à la hauteur des bois. Là elle prit à droite et longea pendant quelques temps les terres cultivées, puis elle disparut sous bois avec son troupeau.
    Ne la voyant arriver, la mère Dujarric et son gendre se mirent à sa recherche ; ils essayèrent d'abord de suivre ensemble le chemin qu’avait dû parcourir Marie Cabard ; mais arrivés sur la hauteur, ils se séparèrent. Ce fut le gendre qui trouva le cadavre de la victime. « Ayant entendu, dit-il, le tintement du grelot que le chien qui accompagnait Marie avait au cou, j'ai sifflé, l'animal est venu et m'a amené à l'endroit où était sa maîtresse. »
    Le jugé de paix, les maires de Donzillac et de St-Louis, le maréchal-des-logis de Mussidan et le Parquet de Ribérac se sont successivement rendus sur le lieu du crime, et le docteur Durrieu, médecin lègiste, a fait les constatations légales.

    Attaque d’un courrier. — On écrit de Chalon que la nuit dernière le courrier qui fait le service de Semur-en-Brionnais à Charlieu a été arrêté et dévalisé. Il était porteur d’une somme de 2,500 fr. qui lui a été soustraite. 
    La voiture avait à peine parcouru quatre kilomètres, qu’une bande de six individus qui étaient cachés dans un fossé se précipitait à la tête du cheval et forçait le conducteur à descendre, non sans le rouer de coups et le dévaliser. Les malfaiteurs ont ensuite pris la fuite.

    Enterrée vivante. — Une femme de la commune de Paulhaguet (Haute-Loire), morte subitement, a été enterrée vivante, avant-hier [21]. Des enfants qui jouaient près du cimetière, entendant des gémissements sortir d'une fosse, poussèrent des cris de terreur. On accourut, on découvrit le cercueil. La femme était morte, mais depuis quelques minutes à peine, ainsi qu'il fut constaté.

    UN PARRICIDE. — Un épouvantable crime vient d'être commis à Clermont-Ferrand.
    Mme veuve Trincard avait été assassinée. Les soupçons s'étant portés sur son fils, Jean Trincard, celui-ci a été arrêté. Il a fait les aveux les plus complets.
    Voici comment il raconte la scène du crime :
    « Je suis arrivé, a-t-il dit, à Vertaizon, à neuf heures. Ma mère allait se coucher, nous avons causé un instant... Elle m'a préparé à manger. Après souper, je lui ai demandé 50 francs. Alors une scène terrible a commencé. Elle a duré longtemps. J'insistais toujours, je menaçais ma mère, j'étais fou.
    » Elle me répondit qu'elle n'avait pas d'argent. Je lui rappelai alors l'héritage qu'elle venait de faire. ... Elle ne voulait pas... j'étais furieux !... Je voulus m'en aller... Je lui souhaitai le bonsoir et lui dis : « Embrassez-moi tout de même, mère. » Et c'est en l'embrassant... je la serrai très fort contre moi...ça a duré cinq minutes. »
    Ainsi, c'est en embrassant sa mère que ce misérable fils l'a étouffée ! Puis, affolé,épouvanté, il traîna le cadavre jusqu'aux premiers escaliers de la cave.
    Il voulait- disait-il, faire croire à une mort subite ou à un accident.
    Ce parricide faisait ses treize jours à Clermont ; il a été arrêté devant la caserne d'artillerie.
    Aujourd'hui, Jean Tricard est très abattu. Il a essayé de se suicider dans la prison. On 'a mis dans une cellule. Un autre détenu est avec lui et ne le quitte pas.

    UN JEUNE HOMME EN LOTERIE . — La chose est curieuse.
    Cela s’est passé à Périgueux.
    C'est un cas très rare en France, mais qui se produit fréquemment chez les Américains, peuple pratique et excentrique.
    Il y a quelques jours, un jeune homme doué d’une physionomie agréable et d’üne tournure distinguée, ganté de frais et correctement vêtu à la dernière mode se présenta chez un photographe du chef-Iieu, de la Dordogne.
    Il désirait être photographié, mais d’une manière tout à fait irréprochable, et le prix lui importait peu. Naturellement, on s’entendit à merveille, et le jour même, le photographe remit à son aimable client quelques exemplaires de son image, supérieurement réussie. Jusque-là, rien que de très naturel, n’est-ce pas ?
    Mais voilà où la chose se corse. Le beau jeune homme, satisfait du travail, fit une commande de plusieurs milliers d’exemplaires.
    — Excusez du peu, s’écria la photographe ; mais que ferez-vous d’un nombre aussi considérable de portraits ?
    Le commerçant sa croyait tout d’abord en présence de quelque futur candidat aux élections générales, qui se préparait à expédier sa
    reproduction photographique à tous les électeurs du département.
    C’était une erreur !
    Ce gentlemen répondit, en effet :
    — Monsieur, je suis célibataire ; j'ai réfléchi longuement sur l’amour et le mariage. Le plus malin des hommes peüt se tromper en faisant minutieusement choix d’une compagne pour la vie. Moi, j’ai résolu de devoir la mienne au hasard.
    — Ah bah ! s’écria notre photographe de plus en plus satisfait.
    — Oui, monsieur. Et, pour atteindre ce but, je vais me mettre en loterie, donnant ainsi une occasion probablement unique à l’une des nombreuses et braves filles qui vieillissent dans le célibat de gagner un mari assez présentable. Mes billets ne pourront être pris que par des demoiselles, bien entendu. Avec le produit de cette loterie je gagnerai une petite fortune. J’ajoute que je m’engage à me montrer le meilleur des maris, quelle que soit l’épouse, laide ou jolie, jeune ou déjà figée, qua le sort me désignera.
    Et à combien le billet ?
    — Cinq francs, et de plus je donnerai en prime l'une des admirables photographies que vous allez me fournir. C’est pour rien !
    Voilà l’histoire. Elle est exacte de tous points. Si même les Ardennaises en quête d’un mari désirent se renseigner, elles n’ont qu’à s'adresser à la mairie de Périgueux.

     

    Juillet

    TERRIBLE EXPLOSION. — Le ministre de l’intérieur a reçu, ce matin, une dépêche du maire d’Ardes (Puy-de-Dôme), annonçant une explosion formidable de caisses de poudre et de barils de pétrole. Plusieurs personnes ont disparu. On ignore encore le nombre des tués et des blessés. Le sous-préfet s’est immédiatement rendu sur les lieux de l’explosion. Le préfet du Puy-de-Dôme est également parti pour se rendre compte du sinistre. Les premiers secours ont été organisés à la hâte.

    La catastrophe d ’Ardes. — Le préfet du Puy-de-Dôme a télégraphié au ministre de l’intérieur des renseignements com-plémentaires sur la catastrophe à Ardes. Vingt hommes de troupes ont été réquisitionnés à Clermont, sous la direction d’un capitaine du génie et d'un architecte départemental, ils procèdent au déblaiement des décombres. Jusqu’à présent un seul cadavre a été retrouvé, c’est celui du propriétaire de la maison.

    Explosion de grisou . — Une explosion ds grisou a eu lieu au puits Combéricole, à Grand-Croix ; six ouvriers auraient péri.

    UN SINGULIER DUEL. - Un singulier incident s’est passé à Rosières (Tarn), à l'occasion de la Fête du 14 Juillet.
    Le 7 juillet, le maire, M. Soulié, reçut une lettre du curé, M. Assalit, dans laquelle cet ecclésiastique lui déclarait, en termes assez vifs, qu’il s’opposerait à ce qu’un drapeau fût apposé sur les murs du presbytère.
    M. Soulié répondit non moins vivement. Au reçu de cette lettre, M. Assalit fit une réplique qui se terminait ainsi :
    « Moi, j'ai encore un désir qui, s’il est réalisé, et cela dépend de vous, vous permettra de briser là et de fermer votre groin avec honneur. Je vous offre un duel, et pour tout de bon. Acceptez-vous? Je ne connais pas d’autre moyen de vous tirer du bourbier où vous glapissez et que vous m’avez obligé de sonder avec mon bâton pour vous en montrer la puante profondeur. Mes témoins sont prêts, envoyez les vôtres. N’hésitez point : je puis, sans renier mes principes, accomplir tout ce qui est de nature à soulager et à embellir l’humanité!
    » Dans l’espoir de vous rencontrer bientôt,
    » E. ASSALIT, curé. »
    » P.-S. — Je ne réponds plus désormais que sur le terrain.
    » E. A, »
    M. Soulié constitua aussitôt des témoins qui se mirent à la disposition du curé ; celui-ci leur déclara alors qu' il avait entendu parler d'un duel à la plume, et non d’un duel à armes. Cette réponse a mis fin à l'incident. 


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  • Mai

    Similitude de noms. — On nous prie de faire savoir que la fille Savoret, condamnée par le 1° tribunal correctionnel de Charleville à une année de prison pour vol, n'a rien de commun avec la famille Savoret dont un membre habite Neufmanil et un autre Vervins.

    Réunion syndicale. — Les ouvriers métallurgistes de Neufmanil et des communes environnantes sont instamment priés d'assister à une réunion publique qui aura lieu, le dimanche 17 mai courant, à cinq heures du soir, chez Mme veuve Coquenoy, pour la formation d'un groupe syndical adhérent à la Chambre syndicale de Nouzon.
    Les nouveaux adhérents recevront leur livret séance tenante.
    Une conférence sera faite par des ouvriers syndiqués ; le sujet traité sera : Les Syndicats professionnels.

    Souscription. — Les membres de la « Société chorale et des trompettes de Neufmanil » nous informent et nous prient de faire savoir qu’ils ont envoyé aux ouvriers grévistes de Château-Regnault-Bogny la somme de 7 fr. 50 produit d’une souscription.

    Le groupe syndical. — On nous écrit :
    « La conférence sur les Syndicats professionnels, organisée par quelques ouvriers syndiqués, a pleinement réussi.
    » Plus de deux cents personnes assistaient à la réunion, où le calme le plus complet, la plus grande modération, n'ont cessé de régner pendant cet entretien intéressant, et surtout instructif pour la classe ouvrière.
    » Beaucoup de métallurgistes ont adhéré au Syndicat de Nouzon en se faisant inscrire aussitôt comme associés.
    » On s’est séparé content, et l'on n'a pas oublié les camarades de Bogny en faisant, en leur faveur une collecte qui a été assez fructueuse. Voilà de la vraie solidarité. — Veuillez agréer, etc., etc. »

    Juillet

    Le 14 juillet. — La fête nationale a pleinement réussi. Le concert donné par la musique municipale et la Chorale a été très applaudi et les membres de ces deux sociétés se sont séparés aux cris de : Vive la République !
    Toutes les maisons étaient pavoisées ; et le soir les illuminations étaient splendides et le bal des plus animés.
    La fête s’est doublée d’une bonne œuvre ; une collecte a été faite par un membre du Conseil municipal qui a recueilli la somme de 19 fr. 75 destinés à quatre enfants de la commune actuellement au Tonkin et dans les colonies.

    Incendie. — Dans la nuit du 22 au 23 courant, un incendie s’est déclaré vers minuit, chez le sieur Toupet, dit « Donnart. » Grâce aux secours des habitants qui se sont servi des deux pompes que la commune possède, (car il n’existe plus de compagnie de sapeurs-pompiers), et à quelques courageux citoyens, on a pu de suite se rendre maître du feu. Les pertes, évaluées à 1,000 fr. environ, sont couvertes par une assurance.

    Coups . — Lepère Victor, meunier à Neufmanil, et Barré Hippolyte, garçon meunier, sont prévenus d’avoir porté des coups et fait des blessures à un sieur Houbre, domestique de Mme Hubin-Voirin , et cela sans aucune provocation. Pour sa défense, Lepère se borne à alléguer que Houbre lui devait une petite somme d’argent qu’il refusait de lui payer.
    Le tribunal condamne chacun des prévenus à 20 fr. d ’amende.


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  • Mai

    Obsèques. — On nous écrit :
    « Aujourd'hui ont eu lieu, à Montcy-Notre-Dame, les obsèques de M. Cusse, sous-lieutenant au 46e territorial. Une partie de ses anciens camarades, soldats actuellement à Mézières, avaient obtenu la permission d'assister au convoi de leur ami regretté.
    La cérémonie a été des plus touchante. On a particulièrement remarqué une fort belle couronne, déposée sur le cercueil par tous les camarades de Cüsse,et témoignant hautement de la sympathie dont le défunt était digne. »

    Juillet

    Le prix Buottourenville, consistant en un legs de 500 francs, destiné à être donné, chaque année, au sous-officier, caporal, brigadier ou soldat reconnu le plus méritant de l’armée, a été décerné, en 1885, pour la première fois. II a été obtenu par M. Tiasaront, adjudant, agent principal de la prison militaire de Lille, chevalier de la Légion d’honneur, né à Montcy.


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  • Avril

    Incendie. — Un incendie a eu lieu dimanche dans les bois de  la commune, situés aux environs de la Culbute. On est parvenu non sans peine à s’en rendre maître avec l'aide des habitants de Montcy, du Waridon et de Belair.


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  • Mai

    La plus petite commune de France n’est ni Mellier-Fontaine, qui a de 80 à 90 habitants, ni Tartre-Gaudran (Seine-et-Oise), qui en compte 82, mais bien Rondefontaine dans le Doubs, qui n’a que 27 habitants.


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  • Mai

    A propos d’une route et du maire. — On nous écrit :
    « La route reliant la halte au village est en cours d’exécution ; mais si les habitants de Joigny sont satisfaits, nous devons dire qu'ils ne sont pas très difficiles à contenter. »
    » Si nos renseignements sont bien exacts, M. l’agent-voyer avait dressé un premier plan où la roule était figurée comme parfaitement rectiligne ; mais pour cela il eût fallu acheter quelques mètres carrés de terrain, et le Conseil a reculé devant celte minime dépense. M. le maire a préféré nous doter d’un chemin qui décrit les zigzags les plus fantaisistes.
    » En outre, son vaste génie a été mis en défaut sur plusieurs points. En effet, une des courbes de la route a été exécutée à rebours, et cela nous étonne grandement vu la sagacité bien connue de notre maire. Si bien que, pour aller sur la route, les habitants des maisons en surhaussement, au lieu de descendre par une rampe douce, comme cela devait être, seront obligés de faire un saut de près d’un mètre. Nous ne voulons pas mettre en doute les bons effets de cet exercice de gymnastique, mais comme le gaz brille par son absence dans notre village, ledit saut pourrait bien être cause, la nuit, d’entorses ou de jambes cassées, ce qui ne serait pas très salutaire.
    » Mais nous espérons que cet état de choses sera promptement changé, car, la semaine dernière, le Conseil s’est transporté sur les lieux et a délibéré sur les moyens de rectifier la route autant que possible. Il paraîtrait même qu’au cours de la discussion un des fidèles partisans de M. Ie maire a annoncé, en bredouillant quelque peu, que, à force de dépenser, on ferait faire faillite à la commune. Il ne devrait pourtant pas ignorer que la commune a peu ou point de dettes, et qu’une dépense de quelques mille francs n' entraînerait nullement la ruine. On aurait pu lui répondre aussi que M. le maire qui chicane lorsqu’il s’agit du bien public, ne trouvait pas la commune trop pauvre lorsqu’il proposait de faire établir une seconde porte à l’église ; il est vrai qu’en faisant cette proposition il n’était que le porte-parole très obligeant de M. le curé à qui il ne sait rien refuser.
    » Mais on a voulu faire des économies ; on a obéi passivement à M. le maire, l’homme dont le cerveau enfante de si belles conceptions, et nous voyons maintenant les résultats de cette obéissance.
    » Nous prendrons en autre la liberté de demander à M. le maire s’il est vrai qu’il a outrepassé les termes de la délibération du Conseil en donnant à la route en certain endroit un mètre environ de plus qu’il n’y était autorisé ?
    » De la sorte, la route serait plus large en certaines places qu’en d’autres ; et voilà les économies qu’on obtiendra ; les dépenses pour ces travaux imprévus augmenteront le devis d’environ 1,000 fr., sans compter trois voyages de l’agent-voyer qui, sans l’erreur commise, auraient été inutiles. N’avions-nous pas bien raison de dire qu’avec une administration plus intelligente et plus éclairée que la majorité réactionnaire du Conseil, nous aurions eu une chaussée solide, avec les mêmes dépenses?
    » Enfin, nous espérons que le temps des tergiversations est fini, et que les travaux vont être poussés avec plus d’activité, car, après les petites pluies de la semaine dernière, le chemin était devenu un véritable marais. Aussi, nous nous demandons si le gravier sera assez résistant pour que la route soit constamment en bon état, et nous avons bien peur qu’on ne soit obligé de recommencer le travail dans une couple d’années.
    » Nous avons toujours cru que notre maire avait plus d’aptitudes pour tourner la manivelle de l’orgue de l’église que pour gérer les affaires d’une commune ; mais il faut que lui et la majorité réactionnaire du Conseil soient dépourvu du plus vulgaire bon sens pour avoir fait les choses ainsi que nous l’avons exposé.
    » Quand des hommes sont reconnus incapables de remplir le mandat qu’on leur a confié, leur devoir est tout tracé ; ils doivent se démettre. Mais M. le maire se cramponne en désespéré, et il ne lâchera pas sa place avant qu’on l’en chasse.
    » Peut-être qu’après tout lui et ses amis sont contents de leur œuvre, ou mieux qu’ils la trouvent sublime. Peut-être aussi, est-ce la misanthropie qui fausse notre jugement ? Qui sait si nos bons édiles ne vont pas décréter l’érection en leur honneur d’un monument commémoratif sur cette route qu’ils ont menée à bonne fin, malgré les sarcasmes intéressés de leurs ennemis ?
    » Leurs noms ne méritent-ils pas d'être gravés dans la pierre pour être transmis à la postérité comme synonymes de génie et de désintéressement? — Veuillez agréer, etc. »

    Encore le Maire et sa route. — On nous écrit : « Nous venons encore une fois, M. le rédacteur, solliciter l'insertion de ces quelques lignes, dans les colonnes de votre journal.
    » Après avoir lu notre lettre, parue dans votre numéro du 6 courant, M. le maire n’a pas cru devoir tenir compte des observations qui y étaient formulées.
    » Et pourtant il lui eut été facile de réfuter ce qu'il croit être des accusations portées contre lui, pour démontrer leur fausseté en répondant aux questions que nous lui avons posées. Si ce que nous avons dit était injuste, nous aurions pensé qu'il a gardé un silence dédaigneux, tel qu’il convient aux talents incompris. Mais tel n'est pas ici le cas, si nous en croyons ce qu'on répète tous les jours, et si le maire-organiste a encore de temps à autre un éclair d'intelligence, il aurait pu s'en rendre parfaitement compte.
    » En tout cas, nous pensons qu’il serait temps de balayer du conseil tous les valets de l'église romaine qui en forment la majorité, et si leur délicatesse n’est pas encore trop émoussée, ils devraient comprendre que leur devoir exige qu'ils soumettent Ieurs actes à l’appréciation de leurs électeurs en démissionnant immédiatement. Nous ne parlons pas ici en envieux, mais nous nous faisons l'écho de l’opinion publique.
    » S’ils tiennent pourtant à conserver leur place, nous nous contenterons de leur poser cette simple question : « A quand le monument? Veuillez agréer, etc. »

    AVIS. — M. DROGUESSE , Camille, prévient le public qu’il ne répond pas des dettes que pourrait contracter sa femme Marie WAART, de Joigny, qui a quitté le domicile conjugal.


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  • Avril

    Incendie. — Lundi (30 mars), vers trois heures de l'après-midi, un violent incendie a éclaté dans les bois de la commune et a dévasté environ quatre hectares. Ce n'est que grâce au zèle et à l'empressement de la population qu'on n'a pas eu à déplorer plus grandes pertes.


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  • Mai

    Expulsion. — Le nommé Pirot, Prosper, sujet belge, a été reconduit à la frontière après avoir subi les six jours de prison que le tribunal de Charleville lui avait octroyés pour vol.

    Expulsions. — Ont été reconduits à la frontière :
    Fenerabeli Louis, 38 ans, né à Trevise (Tyrol), et Guervin, Catherine, femme Niclot, sujet prussien, qui venaient de subir à la prison de Charleville deux mois de prison pour vagabondage et tapage injurieux.

    Décision à modifier. — L'un de nos correspondants de Gespunsart nous écrit pour appeler notre attention sur la situation qui est faite actuellement aux habitants de cette commune. Dans cette localité il existe, comme dans certaines communes riches du département, un bénéfice d’affouage au profit de la population. Or, pour recevoir sa part affouagère de bois, les anciens Conseils municipaux avaient établi une redevance de trois francs pour chaque ayant-droit. Depuis peu cet impôt a été élevé à dix francs et grève ainsi d'une façon par trop onéreuse la part du pauvre qui se trouve réduite à presque rien.
    Il serait infiniment plus équitable de revenir sur cette décision et de voter des centimes additionnels, impôt qui porterait surtout sur les contribuables aisés, au lieu de peser si lourdement sur l’ouvrier qui n'a que son travail pour toute ressource.
    Il est donc à espérer que la municipalité républicaine de Gespunsart mettra bon ordre à un état de choses si contraire aux véritables principes démocratiques.

    Juillet

    Commencement d’incendie. — Le feu s’est déclaré dans la cuisine de M. Lefèvre, maçon. Les personnes accourues en toute hâte ont pu, en vingt minutes, arrêter ce commencement d’incendie.

    GESPUNSART - CHARLEVILLE. — Voiture versée — Ce matin la voiture qui fait le service de Charleville à Gespunsart a versé au lieu-dit la Maison Blanche. Tous les voyageurs ont été plus ou moins gravement contusionnés et plus particulièrement Mme Blaise, la femme du docteur de Gespunsart qu’on a dû ramener sur un brancard et le curé de Gespunsart qui a eu l'arrière de la tête fendu. C’est en voulant dépasser une charrette qu’un des chevaux de la diligence a pris peur, a reculé et a fait verser le véhicule dans le fossé.

    Ecole des Arts-et-Métiers. — Le jeune Pilardeaux (Arthur), de Gespunsart, vient de subir, devant le jury de Mézières, l’examen pour l’admission à l’école des arts et métiers de Châlons-sur-Marne. Il a été reçu avec le n° 6 sur 11 candidats admis et 19 présentés. Notons que ce jeune homme est allé affronter cet examen pour ainsi dire sans préparation, puisque, par suite d’un accident, il est indisposé depuis deux mois et demi et n’a pu suivre les cours. Ce succès fait donc la plus grand honneur au dévoué instituteur primaire de Gespunsart.

    A propos de la Fête nationale. — On nous écrit : « Un journal rétrograde de Charleville a inséré dans son numéro du 19 courant une épitre concernant la Fête nationale laquelle aurait été, d’après son correspondant, très mesquine dans notre commune. Ce pauvre correspondant, qui laisse percer le bout de l’oreille, a fort à se plaindre, paraît-il, des radicaux dont il était, autrefois, le zélé partisan, mais nous l’engageons vivement à tenir sa langue et à contenir sa plume,— ce qui lui épargnera certaines petites histoires qu’il nous serait facile de raconter à son Bujot et dont il ne serait pas précisément le premier à rire. En tout cas, c’est en vain qu’il ecorcherait à mettre la désunion dans notre commune ; nous sommes républicains, bons républicains, et nous savons ce que valent les régimes détestés dont il n’a pas honte de faire l’apologie »

    Médaille d’honneur. — Par arrêté du ministre de l’agriculture, en date du 11 juillet 1885, la médaille d’honneur instituée par décret du 15 mai 1883 en faveur des préposés forestiers, pour récompenser de longs et irréprochables services ou des actes de courage et de dévouement, a été décernée au brigadier Armand, Jean-Marie, de Gespunsart; 29 ans de services.

    Baccalauréat ès-science . — Un jeune homme, de cette commune, Docquin, Jules, vient d’être reçu à Paris bachelier ès-sciences, avec mention honorable.


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  • Mai

    AVIS. — Une somme d’argent a  été trouvée sur la route d'Aiglemont à St-Laurent.
    S ’adresser pour la réclamer à M . le maire d’Aiglemont.


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  • Juillet

    Vengeance cléricale. — On nous écrit : II y a quelques jours avaient lieu à Vendresse les obsèques purement civiles de M. Guérin. Le Petit Ardennais a rendu compte de cette cérémonie à laquelle assistaient plus de six cents personnes.
    Or, les bons cléricaux de la localité, naturellement furieux de cette manifestation de la Libre Pensée, ont cherché à s’en venger à l’aide d’un de ces moyens dont ils semblent avoir le triste monopole.
    Voici en quoi consista leur petite perfidie. Ils écrivirent à plusieurs fabricants de Sedan pour qui Guérin père et les deux frères Guérin travaillent comme tisseurs en les invitant à leur retirer leur gagne pain.
    L ’un de ces fabricants fit bonne justice de cette lâche dénonciation et n’en continua pas moins à donner du travail à Guérin père et à l’un de ses fils, mais il n'en fut pas de même d’un autre bien connu pour ses tendances réactionnaires et ultramontaines. Celui-là s'empressa de refuser tout travail à l’un des fils Guérin.
    Voilà donc les moyens qu’emploient les cléricaux.
    Or, nous serions curieux de savoir ce qu’ils diraient si les républicains usant de représailles, s’avisaient d’imiter leur exemple. 

    LA FÊTE NATIONALE. — Le départ de la retraite s’est fait lundi, à neuf heures du soir, sur la Place Turenne. La musique des pompiers. l'Harmonie, la Fanfare de trompes de St Hubert et la Société de gymnastique parcourant la ville et une foule considérable les acclame et leur fait cortège. On remarque quelques illuminations et l'on entend des groupes qui chantent La Marseillaise et le Chant du Départ
    Journée du 14. — la Revue. — A huit heures du matin, les troupes de la garnison, les pompiers, la douane et les gendarmes sont passés en revue par les généraux Deloye et De Liniéres, dans le vaste champ de manœuvre de la prairie. Le panorama qui encadre nos troupes est magnifique, l'effet est grandiose. Les spectateurs sort nombreux, les visages radieux, et une émotion véritable empoigne tout le monde lorsque les musiques font retentir notre hymne national. La tenue des troupes est superbe et le défilé s’accomplit dans un-ordre parfait.
    Le bataillon scolaire. — A neuf heures, sur la Place d’Armes, notre bataillon scolaire au complet est passé en revue par M. le sous-préfet et par la municipalité, accompagnés des instituteurs et autres fonctionnaires. Chacun admire notre jeune milice. Bientôt arrive le bataillon scolaire de Balan. Chaque compagnie commandée par un sergent du 128e de ligne exécute les exercices de maniement d’armes avec beaucoup d’ensemble et de précision, ensuite M . le sous-préfet après avoir félicité le chef instructeur du bataillon, adjudant au 128e, fait une allocution que nous ne pouvons entendre et remet le drapeau accordé par le gouvernement à notre bataillon scolaire au maire de la ville, lequel lit un discours qui ne parvient pas non plus jusqu’ nous, après quoi il remet le drapeau à l'un des sergents du bataillon accompagné de sa garde d’honneur, deux de ses collègues. Les bravos éclatent et l'on entend de nombreux cris de : Vive la République !
    Les musiques des pompiers et de l’Harmonie font entendre La Marseillaise, le Chant du Départ et d’autres morceaux, puis le défilé s’accomplit avec ordre.
    Nos félicitations aux braves et dévoués instructeurs de notre jeune phalange. Il ont obtenu en quelques mois un résultat parfait. La discipline, la tenue et les exercices sont là qui attestent l’excellence de la méthode et la capacité des instructeurs militaires.
    Des salves d’artillerie un peu maigres sont tirées pendant la revue du Bataillon scolaire, qui se termine par une promenade sur la place Turenne.
    Matinée musicale. — La matinée du théâtre obtient un véritable succès, la salle est bondée. Bravo aux Enfants de Momus qui ont chanté avec beaucoup d'ensemble deux chœurs superbes. La Fraternelle a fait de son mieux , quelques-uns de ses membres ne sont pas tout à fait aguerris aux feux de la rampe, mais le public fait la part de la bonne volonté et de l'émotion inséparable...
    Le programme se corse de deux grands morceaux chantés par un amateur, artiste de grand talent bien connu et bien goûté du public qui lui fait fête à chaque audition.
    Jeux publics. — Les prix du mât de cocagne sont prestement enlevés par un champion qui rendrait des points au plus agile de la gent simiesque. Les courses au sac ét les douches polonaises attirent un concours d’amateurs spéciaux, quelques-uns se font applaudir par leur adresse à gagner les prix.
    Concerts. — Le Jardin d’horticulture qui prend figure et dont les plantations font le plus bel effet, attire un nombreux public. L'harmonie y exécute un excellent programme et quelques solistes se font surtout remarquer.
    Objection : Puisque I’occasion s’en présente, nous constatons l’insuffisance des sièges du jardin, pourquoi ne laisse t-on pas en pareille circonstance, des loueurs de chaises remplir la lacune ? Pourquoi aussi en un pareil jour laisser subsister l’affrouse barrière de bois si incommode qui obstrue et déshonore l’entrée de notre beau jardin public.
    Le concert des pompiers donné sur la place d’armes à 5 heures est aussi très goûté. Les exécutants sont entourés par une foule considérable.
    Pour être juste, nous devons féliciter nos deux musiques, qui depuis le matin, travaillent sans trêve ni relâche, notamment celle des pompiers qui a commencé par la revue militaire du matin.
    Après les concerts il existe un intervalle dans les divertissements. A ce moment une certaine fatigue mêlée de déception se lit sur toutes les physionomies. La gaîté n'est pas tout à fait expansive, c’est qu’il manque à notre fête un élément avec lequel il faut compter et qui a bien son mérite dans les festivités populaires.
    Les places d’Armes, du Collège, d’Alsace-Lorraine, du Rivage, de Turenne, n’ont aucune baraque foraine, pas le plus petit saltimbanque, pas le moindre manège de chevaux de bois, nous n’entendons nulle part ces musiques endiablées, ces grosses caisses retentissantes, ces boniments et ce lazzis ébouriffants, ça manque et ça fait un vide. Pourquoi l'absence de cette partie si utile dans le concert des fêtes publiques ? Chacun se le demande et le déplore.
    L’effet qui en résulte est pénible et désoriente la foule qui cherche vainement une attraction,un spectacle de la rue. Que nos édiles fassent en sorte d’attirer désormais ce genre de distraction. Il est indispensable, nous no l’avons que trop vu mardi.
    Fête de nuit. — Le bal, commencé à huit heures du soir, a fini à une heure.
    Pendant tout ce temps les danses sont très animées, les couples s’en donnent à cœur joie ; les toilettes féminines sont délicieuses et nous sommes autorisés à supposer que les tendres paroles, les doux aveux, les promenades expansives viennent apporter une ]oie sans mélange, un bonheur délicieux dans les cœurs jeunes et aimants.
    Tant mieux, la République n’a rien à y perdre !...
    Illuminations. — En première ligne, la gare se fait admirer; l’effet est magnifique. La Caisse d’épargne est éclairée avec goût ; le musée, le Cercle, la Halle, le palais de justice, le théâtre, la gendarmerie, la caserne d’Asfeld attirent et flattent l’œil. Les illuminations du collège et de l' hôtel des postes sont trop modestes et souièvent des critiques. Nous nous souvenons aussi que jadis toutes les fenêtres du grand quartier étaient éclairées; on s’est contenté cette fois de portiques et d’ifs à l’entrée. L ’entrée de la caserne d'infanterie est ornée de feuillages, de guirlandes et d’attributs. Beaucoup d’habitants ont aussi illuminés leurs façades avec goût. N ’oublions pas le Cercle de la Marck qui tous les ans se distingue et qui cette année a une décoration d’un effet très heureux. A une heure du matin, tout redevient calme. Nous n'avons à noter aucun incident regrettabie  et croyons que le rôle de la police a été des  plus faciles. Nous on sommes très heureux, car  cela ne fait pas l'affaire de nos réactionnaires qui voudraient bien qu’un peu de tapage, qu’un peu  de désordre leur donne prétexte à récriminations. L’esprit républicain a plus de sagesse et l’a ] fait voir hier . Pour terminer, exprimons un souhait qui est dans toutes les bouches : l'armée a toutes les sympathies de la population sedanaise ; les autorités militaires en ont eu en auront des preuves nombreuses. Pourquoi les musiques de nos régiments n'ont elles pas pris part à la retraite aux flambeaux et ne se sont-elles pas fait entendre dans les concerts du 14 ? La population serait heureuse à l’avenir de ne plus avoir à constater cette abstention.

    CONSEIL MUNICIPAL DE SEDAN. — Séance du 13 juillet 1885.
    Caserne du Ménil. — M . le maire dit, au début de la séance, qu’il a adressé à M. le ministre de la guerre copie de la délibération du conseil en juin dernier, au sujet de la gar­nison promise, mais que, jusqu ’à présent, il n’a reçu aucune réponse. Le conseil l’invite à continuer ses démarches.
    Eaux de l’hospice civil. — Le ministre de la guerre ayant prononcé la résiliation, à partir du 1er septembre 1885, du bail d’affermage passé avec la ville pour la concession d ’eau à l’hospice civil et venant de la source militaire, le conseil décide qu’il y a lieu de faire des démarches auprès de l’autorité pour obtenir de M. le ministre qu’il revienne sur cette décision. En cas de refus, le conseil examinera un projet tendant à établir une conduite d ’eau de la place Turenne à l’hospice (dépense approximative ; 1 à 8,000 fr.). La moitié de cette somme serait supportée par l’hospice.
    Legs. — Le conseil donne un avis favorable au legs de 1,000 fr . fait au bureau de bienfaisance par M. Wilquin , propriétaire.
    Les rues. — Il est ensuite procédé à des décisions concernant las alignements et prolongements de différentes voies de la ville. La ville achètera à M. Colson 6 m. 31 de terrain pour l ’alignement de la rue des Caquettes. Le conseil autorise l ’administration à traiter moyennant 0,60 cent, du mètre, pour l’achat de terrain à faire à MM. Stoffels et Pénasse, pour le prolongement de la rue des Fossés. Les projets d’alignements de la rue de Bazeilles et de la place Verte, sont approuvés.
    Bourses. — Une demande de bourse est renvoyée à la commission d’instruction publique. Le jeune Isidore Clarinval a écrit pour rendre compte de ses examens à la Faculté des sciences de Lille . Il a été classé la 3° avec la note très bien. M. le maire donne lecture de cette lettre.
    Statue de Turenne. — Le projet de supprimer la grille de cette statue est renvoyé à la session d’août.
    Ligne de Raucourt à Vouziers. — Le Conseil rejette à l ’unanimité la nouveau tracé proposé qui part de Vrigne-Meuse et vote une subvention de 15,000 fr. sur celui précédemment tracé de Raucourt à Vouziers.
    La séance est levée.

    Simple question à M. Philippoteaux. — On nous écrit : Dans la dernière séance du Conseil municipal, il a été rendu compte des notes obtenues par le jeune Clarinval, élève de mathématique au lycée de Lille. A ce propos, nous demandons à M. Philippoteaux de quoi droit il a fait obtenir une bourse à ce jeune homme qui n’est pas Français ? Le père est Belge et le fils n’ayant pas vingt-un ans, n’a pas le droit d’option. Nous attendons la réponse à notre demande.

    Inauguration du Cercle militaire. — Samedi prochain 18 courant, aura lieu l’inauguration du Cercle militaire de MM. les officiers de l’armée de réserve et territoriale. A cette occasion de nombreuses invitations ont été faites à MM. les officiers de l’armée active. Cette inauguration promet d’être très brillante. La musique du 128e ligne doit y prêter son concours.

    Chien disparu. — Il a été perdu, sur la place Turenne, dans la soirée du 14 juillet, une toute petite chienne noire tâchée de feu sous le ventre et à la poitrine. Prière de la ramener au bureau de police; il y aura récompense.

    Accident. — Hier (16 juillet), le sieur Tristant, travaillant à la démolition d’un mur chez M. Godelle, hôtel de France, perdit l’équilibre et fut précipité d'une hauteur de huit mètres. Dans sa chute, il eut le crâne ouvert. L’état du blessé est grave. Tristant est marié et sur le point d'être père.

    Caisse d’épargne. — Opérations des 9 et 12 juillet 1885. — CAISSE CENTRALE : 147 versements dont 15 nouveaux . 34 62 25 ; 43 rem­boursements dont 7 soldés , 16.605 46. — SUCCURSALE DE CARIGNAN : 60 versements dont 9 nouveaux, 13.694 »» ; 8 remboursement» dont 1 soldé, 1.970 71. — SUCCURSALE DE DOUZY : 16 versements dont 3 nouveaux, 3.790 ; l10 remboursements dont 3 soldés, 3.130 35. — SUCCURSALE DE MOUZON : 13 versements dont 2 nouveaux, 2.964  ; 4 remboursements dont 2 soldéS, 2.964 . — SUCCURSALE DE RAUCOURT : 38 versements dont 4 nouveaux, 6.681 75 ; 6 remboursements dont 1 Soldé, 2.489 — SUCCURSALE DE VRIGNE-AUX-BOIS : 23 versements dont 2 nouveaux, 4.415  ; 9 remboursements dont 1 soldé, 3.103 68.

    M. Philippoteaux à la remise du drapeau. — On nous écrit : Grande cérémonie ce matin sur notre place d’Armes ; le bataillon scolaire recevait de M. le sous-préfet le drapeau national que beaucoup d’entre eux illustreront un jour.
    Le défilé a été fort beau et la promenade faite à la suite dans les principales rues de la ville a vivement ému la population ; j ’ai remarqué bien des larmes dans les yeux des mamans de ces petits troupiers. Et les papas donc ! Fallait voir comme ils étaient fiers et heureux de voir manœuvrer leurs fils ; chacun d’eux voyait déjà un futur héros dans le sien ; - grand et noble sentiment qu’il faut continuer à développer.
    Cette belle solennité était rehaussée par la présence du maire député de Sedan, du Conseil municipal, des professeurs du collège, venant à la suite du principal, et de tous les dévoués et modestes instituteurs de nos écoles primaires, etc., etc.
    Professeurs et instituteurs méritent des éloges pour l’instruction sérieuse et virile qu’ils donnent aux vengeurs de l’avenir ; à vous donc. Messieurs, les plus chaleureuses félicitations, à tous les titres vous les méritez, et croyez à la reconnaissance de tous les pères de famille.
    Quant au maire de Sedan, il était superbe, radieux, épanoui; il a prononcé devant nos petits soldats un discours qu’on ne pouvait entendre!; mais à voir les traits animés de son visage et ses gestes théâtraux, on pressentait qu’il devait sangloter de jolies choses. On s’égaierait en comparant ce discours avec celui qu’il prononçait deux ou trois années avant la guerre dans une distribution des prix du collège ; on rirait; fort de l’audace politique de ce pseudo-républicain.
    Il faut croire que l’épithète de vieux maire chatouille désagréablement les oreilles de M. Philippoteaux, car aujourd’hui il paraît rajeuni de quarante ans.
    Ses cheveux d’un beau chatain grand teint étaient frisés au petit fer ; aussi est-il resté découvert malgré le soleil pendant presque tout le temps de la cérémonie, correct dans ses poses et sa tenue, malgré la coupe surannée de son habit et son chapeau de forme préhistorique.
    Il portait ses décorations et les insignes de la députation; enfin il était beau et magistral comme le comédien Delobelle, de Daudet, accompagnant la dépouille mortelle de sa fille à sa dernière demeure.
    Oui, le député de Sedan était beau, et ceux qui l ’appellent le vieux maire ont tort, car il s’y entend pour corriger des années les cruelles morsures ; il pose, et même très bien, et par le temps qui court, à défaut d’autres capacités, celle-là a bien son mérite.
    Le roi de Sedan connaît bien ses sujets; ; il sait que pour beaucoup d’entre eux c’est par les yeux, comme nos petits écoliers des salles d’asile, qu’il faut les prendre ; c’est du moins ce que ses courtisans lui affirment, et il a une confiance absolue en son infatigable compère Tristan l’Hermite qu'on remarquait aussi à la cérémonie, ainsi qu’Olivier-le- Daim, dit Pieds-Fraîches, et son doux et timide Jacques Coyctier qui a si fort médicamenté ses ardeurs républicaines d'antan qu’il est aussi conservateur aujourd’hui que son autre collègue de la municipalité. Il faut bien que l'opinion du Louis XI municipal, qui fait, marcher Sedan, se déteigne sur ses favoris et ses familiers.
    Ah ! si tous les électeurs ardennais, de toutes les opinions, connaissaient M. Philippoteaux comme le connaissent tons les électeurs sedanais, de toutes les opinions, il serait, aux prochaines élections, renvoyé aux tranquillités de la vie privée ! Le département sera étonné de l'infime petit nombre de voix qu’il obtiendra dans sa bonne ville de Sedan.
    Prochainement nous parlerons des électeurs sedanais votant pour M. Philippoteaux.

    Ecole de tissage. — On nous écrit : Hier avait lieu à la mairie une réunion de fabricants commissionnaires en draperie pour discuter sur les mesures à prendre au sujet de l’école de tissage.
    Pour subvenir aux frais de cette école, une somme annuelle de 5,000 fr. est nécessaire. Comment trouver cette somme ?
    Cette question n’a pas été tranchée. Il est bien difficile, en effet, d’arriver à une solution en une seule séance, lorsqu’on vient sans y être préparé et sans avoir un ordre du jour suffisamment détaillé. 
    C’est cette dernière raison qui fait que bon nombre de fabricants se sont abstenus de se rendre à la réunion.
    Deux réunions au moins sont nécessaires. Dans la première on pose les bases, on fait des propositions ; dans la seconde réunion, on discute et l’on vote sur l’adoption de telle ou telle proposition.
    On a il est vrai, décidé de rétablir l’ancien prix de 0 fr. 50 par pièce pour le mesurage des draps. Dans l’intérêt même de l’école de tissage, nous engageons M. le Maire à ne pas avoir recours à ce moyen qui n’est ni juste ni opportun.
    L'Ecole de tissage, bien que les résultats obtenus jusqu’à ce jour ne soient pas appréciables, intéresse toute la ville ou tout au moins toute la fabrique. Or, il serait arbitraire de prétendre que certains fabricants doivent seuls en payer les frais, alors qu'aucun des grands fabricants de la place n’envoie ses pièces au mesureur public .
    Cette mesure proposée par une vingtaine de personnes ne représentant pas la majorité des fabricants, trouverait de nombreux adversaires.
    Ce serait provoquer ce qui s’est passé antérieurement, la création d'un second métreur public. Afin d’éviter un malentendu avant de mettre en vigueur cette proposition, nous engageons M. le maire à faire présenter une liste chez tous les fabricants payant le métreur, leur demandant s’ils sont partisans ou non de l’augmentation proposée. C’est selon nous, le seul moyen d’éviter des déceptions.
    L ’Ecole de tissage est nécessaire, nous le croyons, mais il faut chercher d’autres moyens pour subvenir à ses frais.
    Fabricants, négociants, commissionnaires, marchands de laine, filateurs, la ville même y est intéressée. Il est donc juste que chacun y apporte sa quote-part.

    Conservatoire. — Parmi les lauréats aux concours du Conservatoire de Marseille, nous remarquons le nom de Mlle Valentine Degest, 1er prix au concours de solfège supérieur à l'unanimité.
    Mlle Degest est la fille de notre ancien commissaire de police et l’élève de M Van de Peer, ancien chef de l'Harmonie sedanaise.

    Etat-civil du 9 au 15 juillet 1885. — Naissances : Garçons, 4 ; filles, 7.
    Mariages : Charles Octave-Alfred Ivoilet, 26 ans, agent de police, et Marie-Antoinette Ebel, 17 ans, sans profession. — Gabriel Duroy, 34 ans, domestique, et Clémentine De Punnemæeker, cuisinière, 35 ans. — Paul Helin, 26 ans, menuisier, et Marie-Augustine Lambinet, 27 ans, lingère. — Paul Barlot, 31 ans, cordier, et Marie-Eugénie Husson, 24 ans, repasseuse.— Hippolyte Lamotte, 24 ans, magasinier, et Elisa Paulet, 24 ans, rentrayeuse.
    Décès. — Victor Guyot, 36 ans, garçon boulanger. — Nicolas-François Thévenin, 68 ans, étameur. — Augustine Zélia Guillaume, 48 ans,nopeuse — Emilie Muret. 32 ans, couturière. — Berthe Hulot, 11 jours. — Alfred-Auguste Blanchard, 32 ans, employé. — Jules-Adrien Guillaume, 1 mois. — Joseph André, 79 ans.

    Appel aux Comités. — On nous écrit : Les journaux de toutes nuances nous disent à chaque instant que les élections de la Chambre des députés pourraient bien avoir lieu le 16 août; en prévision de cet événement, on se demande comment il se fait que, dans chaque chef-lieu d’arrondissement, aucun Comité électoral, si ce n’est celui de Charleville, n’est en voie de formation et si l'initiative de cet appel ne doit pas émaner des conseillers généraux, conseillers d’arrondissement et conseillers municipaux; il importe cependant de connaître la pensée des candidats aspirant à la Députation. D'une Chambre sincèrement républicaine dépend cependant l’avenir de la République et qui pourrait, pour la dernière fois, fermer la bouche à ses adversaires.
    Cet appel patriotique sera-t-il entendu de la part de ceux à qui incombe ce devoir sacré, de ceux qui ont si bien su briguer les suffrages des lecteurs quand il s’agissait de leur propre élection ; mettront-ils, aujourd'hui, moins de zèle à l’œuvre quand il s’agit de sauvegarder la chose publique ?
    Voilà, monsieur le rédacteur, les simples réflexions d’un modeste électeur et de plusieurs de ses amis, peinés d’une si coupable indifférence de ceux qui devraient figurer au premier poste. Veuillez agréer, etc.

    Arrestation . — La gendarmerie a arrêté, en vertu d’un mandat d’arrêt du Parquet de Saintes, le nommé Compas, Louis, né à Rubécourt, inculpé de fabrication et émission de fausse monnaie, commises en 1877.

    Objets perdus. — Mme L ..., demeurant rue d’En Bas, a perdu un billet de 752 francs, 20 ou 25 francs contenu dans une enveloppe à l’adresse de Mme Coslett. — Mme X..., a perdu une paire de lunette de dame renfermée dans un étui portant le cachet de M. Charles Jacquart. — Prière de rapporter ces objets, il y aura récompense.

    Objets trouvés. — Le sieur Colombay, du faubaurg de la Cassine, a déposé au bureau de police un paquet de fourchettes, cuillers et un tire-bouchon. — M . L .., a déposé au bureau de police, un vieux porte-monnaie contenant une somme minime.

    Douceur évangélique. — On nous écrit : Hier samedi, avait lieu l’enterrement de M. M ... Au moment de la levée du corps, l’attention des assistants fut détournée par le bruit d’un soufflet vigoureusement appliqué. L'abbé Fay, dit Courte vue, oubliant la retenue que lui commandaient et l’assistance, et le caractère de cette cérémonie funèbre, venait, sans motif aucun, d’appliquer d’une main de maître, un soufflet retentissant sur la joue du malheureux enfant de chœur porte-croix qui s’en est allé en pleurant. Cet acte de brutalité inqualifiable n’a pas été, vous le pensez bien, interprété par l’assistance, en faveur du doux ministre de paix et de consolation.

    Chiens de bouchers.— Les bouchers qui occupent le marché couvert ne pourraient-ils pas être obligés de tenir leurs chiens à l’attache et les particuliers ne pas y conduire les leurs? Samedi dernier, des chiens se battant sont venus se jeter dans les jambes de deux dames et ont failli être cause d'un grave accident. Une de ces dames a été tellement effrayée qu’elle a failli perdre connaissance.

    Toujours la douceur évangélique. — On nous écrit : Sous la rubrique : « Douceur évangélique, » je lis dans votre numéro de samedi l’acte de brutalité commis par l’abbé Fay sur ce malheureux enfant de chœur. Témoin occulaire du fait, je suis, comme vous pouvez le penser, des premiers à le blâmer. Mais les parents assez naïfs ou assez peu scrupuleux pour exposer volontairement leurs enfants aux brutalités de ces enjuponnés n’encourent ils pas une grande part de responsabilité ? De plus les enterrements ont lieu chaque jour à toute heure. Comment se fait il que les enfants puissent ainsi être dérangés de leurs études et quitter les classes? M. l’inspecteur des écoles a-t-il autorisé la chose ?

    Ruse de voleur . — La nommé Armaise, Paul, actuellement détenu à la maison d’arrêt sous l’inculpation de vol d’argent au préjudice d’un habitant de Sedan, ayant déclaré avoir jeté le produit de son vol dans les carrières d’Olly, écart de la commune d'Illy, a été loe 19 conduit sur les lieux. Mais, ainsi qu’il fallait s’y attendre, les recherches faites pour retrouver la somme volée sont restées infructueuses. Le but d’Armaise en faisant cette révélation était de faire une promenade à la campagne.

    Tentative de vol. — Une tentative de vol a été commise au préjudice du lutteur Achille, actuellement sur la place Nassau.

    Suicide. — Lundi 20, à huit heures et demie du soir, le nommé Roger, Paul, après avoir dit à plusieurs personnes qu’il allait se noyer, a enjambé le garde-fou du pont Saint-Vincent-de-Paul, et s’est précipité dans la Meuse. Le lendemain à midi son corps n’était pas encore retrouvé. Roger s’adonnait à la boisson.

    Caisse d'épargne de Sedan.OPERATIONS DES 16 ET 19 JUILLET 1885. — Caisse centrale. — 128 versements dont 19 nouveaux, 25,485 fr- 03. — 47 remboursements dont 11 soldés, 12,700 f. 01

    TORCY-SEDAN. — Blessures accidentelles. — Lundi 20 courant, le nommé Lagny, Arthur, âgé de dix-huit ans, ouvrier à l’usine de M . Friquet, se rencontrait dans l’atelier avec un de ses camarades. Le passage se trouvant assez restreint, Lagny se rangea en écartant la main droite, celle ci ayant rencontré des cisailles en mouvement il a eu les trois premiers doigts coupés à la deuxième phalange. La victime est orphelin de père et l ’aîné de cinq enfants.

    Passage de troupes. — Les 25 et 26 juillet logeront à Sedan (séjour), 15 officiers, 317 sous-officiers et soldats, 17 chevaux, composant le 1er bataillon du 43e de ligne allant de Lille à Verdun. Le 29 juillet, logeront également à Sedan 1 officier et et 52 hommes de troupes du 3e régiment du génie se rendant de Mézières à Montmédy et Longwy.

    CHEMINS DE FER DE L’EST. — Promenade dans la vallée de la Meuse. — En vue de faciliter les promenades dans la Vallée de la Meuse, les dimanches et jours de fête, la Compagnie des chemins de fer de l’Est délivre, comme les années précédentes, du 1er mai au 15 octobre, à ses gares d’Epernay, de Reims, de Rethel, de Sedan et de Charleville pour Givet, des billets spéciaux d’aller et retour à prix très réduits, donnant aux voyageurs le droit de descendre à l’une des stations comprises entre Charleville et Givet et de reprendre le chemin de fer à une autre station. 
    La délivrance de ces billets a lieu le samedi ou la veille des jours de fête à partir de midi et se continue jusqu’au lendemain à midi. Ils sont valables, pour le retour, jusqu’au lundi ou jusqu’au lendemain des jours de fête, dans les trains partant dans la matinée jusqu’à midi. Enfin, ils sont reçus dans tous les trams comprenant des voitures de la classe pour laquelle ils sont délivrés. 
    Prix des billets d’aller et retour : d’Epernay, 1re classe 12 fr., 2e classe, 9 fr., 3e classe 7 fr.; de Reims, 10 fr ., 8 fr., 6 fr. ; de Rethel, 8 fr., 6 fr., 4 fr.; de Sedan et Charleville, 7 fr., 5 fr, 3fr.

    Cadavre retrouvé. — Dans notre numéro de mercredi, nous avons fait connaître que M. Roger, Paul, s’était noyé dans la Meuse en s’y jetant volontairement. C’est seulement jeudi, à sept heures du soir, que son cadavre a été retrouvé à environ 100 mètres de l’endroit où il s’est jeté à l’eau.

    Y aura-t-il deux poids et deux mesures ? — On nous écrit :
    Il y a quelques mois à peine, procès-verbal était dressé pour un soufflet donné en un lieu public et l’affaire venait en simple police. Or le soufflet appliqué à un enfant de chœur par l’abbé Fay, en présence d’environ 200 personnes et en pleine rue, constitue le même délit. Il ne peut y avoir deux poids ni deux mesures et nous sommes persuadés que M. le commissaire de police fera pour l’un ce qu’il a fait pour l’autre. Lorsque le doux frère Bertrand, de l’école libre des frères avait frappé la jeune Lallemand.
    M. le commissaire déclarait son incompétence le fait s ’étant passé à l’intérieur de l'école, la plainte devant être faite par les parents. Le cas actuel est tout différent. Eh quoi! lorsqu’on maltraite des animaux sur la voie publique, la loi Grammont est appliquée et on pourrait impunément maltraiter des enfants !
    Tel n’est pas notre avis et nous espérons qu’il sera partagé par M. le commissaire de police.

    A propos du bataillon scolaire et de M. Philippoteaux. — On nous écrit :
    « Enfin le drapeau du bataillon scolaire est retrouvé. Vous ignoriez peut-être que celui remis lors du 14 juillet n’était que provisoire et que le vrai, celui envoyé par le ministre, était égaré. Il parait qu’il était allé se promener á Lyon.
    » A propos de la remise de ce drapeau, quiconque eut vu M. Philippoteaux, prononçant son allocution, n’eut pas douté un seul instant qu’il fut l’instigateur de la création du bataillon, ou tout au moins un zélé partisan. Il n’en est absolument rien. Là comme ailleurs, le député de Sedan a changé d’opinion.
    » L'opposition, les tracasseries de tous genres de la part de la municipalité ne firent pas défaut.
    » C’est que, à Sedan, la création du Bataillon scolaire est due à la Loge maçonnique, c’est à dire à des hommes loyalement et sincèrement républicains, et, par conséquent, en opposition d’idées avec M. Philippoteaux et son Conseil municipal.
    » Grâce à la générosité de bon nombre de citoyens qui s’étalent inscrits sur ses listes de souscription , le Comité composé des membres de la Loge auxquels s’adjoignirent les quelques rares conseillers municipaux républicains, avaient en quelques semaines armé et équipé de petits soldats. Le président de la Société de gymnastique de Torcy avait gracieusement offert sa salle pour les exercices, et M . Dalle, sous-officier breveté, avait bien voulu se charger de l’instruction du bataillon.
    » En présence d'un tel résultat, la municipalité voyant qu’on pouvait fort bien se passer d’elle se hâta, alors, de voter une somme de 3,000 fr. qui permit d’augmenter l’effectif du batailIon. Les élèves du collège et des écoles communales laïques, auxquels vinrent s’adjoindre les 80 petits soldats déjà armés et équipés formèrent le nombre réglementaire de 200. Le bataillon fut reconnu par l’autorité militaire.
    » Tel est l’origine du bataillon scolaire de Sedan que j’ai cru devoir rappeler, afin de rendre à César ce qui est à César, et non pas à Auguste.
    » Maintenant simple questions ?
    » Pourquoi le président du comité d’initiative du bataillon n'a t-il pas été invité lorsque le bataillon a été reconnu ?
    » Pourquoi a-t il reçu une invitation lors de la remise du drapeau ?
    » Pourquoi le drapeau a-t-il été remis au bataillon scolaire en grande pompe et avec tout le cérémonial ? (ce que j'approuve ).
    » Pourquoi n’en a-t il pas été de même en 1874, lorsque le ministre de la guerre a envoyé également un drapeau à la compagnie des sapeurs-pompiers en reconnaissance de leur belle conduite pendant la triste journée du 1er septembre 1870 ? Le secrétaire de la mairie, qui était alors M. De?aud, appela dans son bureau deux pompiers et leur dit : « Voilà votre drapeau là-bas dans le ??pin, enlevez-le. » Ainsi fut faite la remise de ce drapeau d’honneur à ces hommes qui, toute la journée, avaient exposé leur vie sur les remparts, les uns faisant le coup de feu, les autres chargeant les canons, les autres éteignant les incendies allumés par les obus prussiens.
    » Craignant que la réponse à ces questions ne se fassent trop attendre, je préfére y répondre de suite .
    » M . Philippoteaux est avant tout opportuniste. Il ne se fait pas illusion sur sa popularité. Il sait que ses partisans diminuent de jour en jour.
    » Or les élections sont proches, et toutes les occasions de se mettre en vue et d’afficher des opinions qu’il n’a pas, sont saisies avec empressement par lui : comices agricoles, fêtes, inauguration de ceci ou de cela, tout est bon pour se produire et larmoyer quelques paroles où sa personnalité n’est jamais oubliée.
    » Peine perdue, monsieur Philippoteaux! Aujourd’hui, vous ètes suffisamment connu. Les électeurs veulent avant tout, des représentants honnêtes et sincères, des candidats ayant une opinion, et ne veulent plus être le jouet des maIins, toujours prêts à se tourner du côté du plus fort, n’acceptant le Drapeau national que pour s'y tailler un habit tantôt bleu, tantôt blanc, tantôt rouge, suivant les circonstances.
    » Assez de comédie et à bas les masques ».

    Objets perdus. — Mme X ,.., avenue du Collège, a perdu en ville un lorgnon d’une valeur de 25 fr. — Mme X .., rue St-Charles, a perdu sur la place du Marché un porte-monnaie en cuir rouge contenant une pièce de deux francs et un billet du Crédit Lyonnais qui doit se toucher au mois de mai. — M. X ..., messager à Saint-Menges, a perdu six échois de trame avec une étiquette : M . Bordorel et l’ouvrier Nolet, Pascal.

    État-civil du 16 au 23 Juillet 1885.Naissances. — Garçons, 4 ; filles, 4.
    Mariages. — Valentin-Emile Lambinet, placier, et Zelma-Joséphine Duhautois, domestique, 23 ans.
    Décès. — Ernestine Guillemin, 5 mois. — Marie-Joséphe Cheverier, veuve Gennet, sans profession, 74 ans. — Alexandre-Joseph Wallée, laineur, 78 ans. — Xavier Thiéry, journalier, 55 ans. — Jules Troller, fabricant de draps, 42 ans. — Jacques-Auguste Martinet, débitant, 60 ans — Louise-Philippine Antoine, veuve Lemaire, 74 ans. — Louise Tasnier, épouse Rigaud, 83 ans. — Léon Grégoire, 2 ans. — Marie Chenot, veuve Carré, couturière, 82 ans, — Alice Douffet, 7 mois. — Marie-Louise Cagigal, épouse Gilbert, 64 ans.

    SPECTACLES. —  Musique du 128e de ligne. — Dimanche 28 juillet, place Turenne, de cinq à six heures : Le Grenadier espagnol, (GOURIS). — Guillaume Tell, (ROSSINI) — La Muette de Portici, (ARBAN). — Zampa, (HEROLD ). — La chaîne d’or (DOUARD)

    Tentative de suicide. — Jeudi dernier, dès le matin, Mme veuve L . .., âgée de près ds 90 ans, quittait Mon-Idée près Sedan, où elle habite, sans dire où elle allait.
    Au bout de quelque temps, son neveu M . C ..., ne la voyant pas revenir, battit les environs mais en vain. Mme L... quoique marchant péniblement, s’était rendue au pont de Bazeilles. Est-ce volontairement ou accidentellement, toujours est-il que vers midi, des passants survenus à temps, l’ont retirée de la Meuse, donnant encore signe de vie .
    Après avoir reçu les soins que méritaient sa position, cette femme fut ramenée à son domicile. Hier, sa position ne paraissait pas aggravée.

    Réductions . — M. ALEXANDRE , tailleur à façon, prévient sa clientèle qu’il travaille à prix réduits, dans les conditions suivantes : Redingotes, 20 fr. ; vestons, 10 fr.; pardessus, 25 fr. ; pélérines, 8 fr. ; pantalons, 4 fr., et gilets, 4 fr. — Il répond des marchandises qui lui sont données. S’adresser au Champ-de-Mars, Fort des Ecossais, à Sedan.

    TORCY-SEDAN.« Les Enfants de Turenne. » — Un groupe de membres honoraires nous demande l'insertion suivante :
    Assemblée générale de la Société gymnique les Enfants de Turenne, du 28 courant. — ORDRE DU JOUR : 1° Approbation des comptes de l'année ; — 2° Renouvellement du vice-président ; — 3° Renouvellement du Comité.
    Après examen des livres, le Comité a approuvé les comptes soumis par le secrétaire-trésorier M. A. Collinet.
    M. A . Dalle a été renommé vice-président à l’unanimité.
    MM. Servotte, Wiart, Sinet et Rénaux, membres honoraires faisant partie de l’ancien Comité, ont été aussi renommés à l’unanimité.
    MM. Eisclien, Collinet, Droxler, Patat, membres actifs, font aussi partie du Comité.
    Nous ne pouvons terminer ce compte rendu sans offrir nos remerciements à MM. E . Dalle, chef, A . Dalle, vice-président,et à MM, les membres du Comité pour le zèle et le maintien de la bonne discipline dans cette jeune Société qui n’ayant qu’un an d’existence, figure déjà au premier rang des Sociétés gymniques ardennaises.

    lnspection militaire . — M. le général de division d’Espouilles, est actuellement à Sedan, pour y inspecter le 14e régiment de chasseurs à cheval.

    Mort accidentelle. — Vendredi 24, vers neuf heures du soir, un sieur Meurice, âgé de 31 ans, cordonnier ambulant, originaire de la Meuse, se présentait pour loger chez Mme veuve C...., à Sedan. Meurice qui était pris de boisson, fut conduit dans une chambre au 3e étage. Vers 11 h.1/2 on entendit la chute d’un corps dans la cour ; des personnes de la maison accourues au bruit, trouvèrent Meurice le crâne ouvert, donnant encore signe de vie. Un instant après il expirait. On suppose que la victime en voulant rendre la boisson prise, se sera penchée à la fenêtre, et perdant l’équilibre, est tombée dans la cour.

    Etat-major général de l’ armée. — Par décret du 24 juillet 1885, rendu par le Président de la République sur la proposition du ministre de la guerre, a été promu au grade de général de division dans la 1ère section du cadre de l’état-major général de l ’armée), M. Deloye (Charles-Henri-Maurice), général commandant la 5e brigade d’infanterie (3e division, 2e corps d’armée).
    M. le général de brigade Larchey est nommé au commandement de la 8e brigade d’infanterie (3e division) 2e corps d’armée, à Sedan, en remplacement de M. le general Dalloye, promu général de division.
    Génie . — Par décret, du 22 juillet courant, a été promu dans le corps du génie au grade d’adjoint de 2e classe, M. Arnould, Conatans-Joseph, adjoint de 3e classe à Sedan, en remplacement de M. Diet, promu. — Maintenu à son poste actuel.

    Chasse au maraudeur . — Dimanche, 26 courant, un nommé E. M ..., était surpris entrain de marauder des oignons et des pommes de terre, sans plus de gêne que s’il les achetait au marché, mais le gardien de la propriété ayant surpris le larron, se mit à sa poursuite, aidé de deux militaires. Il ne put toutefois l’ atteindre, car il était parvenu à gagner les bois de la garenne où il se croyait bien en sureté.
    Malheureusement pour le voleur, le garde-champêtre Fournier, du Fond-de Givonne, qui se trouvait en tournée dans les parages, vit le fuyard entrer dans le bois. En un instant, le courageux garde avait franchi plus de quinze cents mètres et parvenait à l’arrêter.

    Un grand discours. — On nous écrit :
    « La distribution des prix aux élèves du collège de Sedan doit présenter cette année un attrait inaccoutumé. M . Philippoteaux, vice-président de la Chambre des députés, ex-président du Centre gauche, maire de Sedan, membre du Conseil académique de Douai, officier de la légion d’honneur, chevalier de St-Grégoire, président de l'Association, des anciens élèves du collège. président de la commission du musée, président de la commission de l'hospice et du bureau de bienfaisance, président du comité de l’école de tissage, président du conseil d'administration d’un journal Centra gauche, administrateur de la compagnie d'assurances Le Frelon, président de etc., etc... est appelé à . .. présider la cérémonie, pompeusement entouré des notabilités de l’armée, de la magistrature et du clergé.
    » Toute la population attend avec une légitime impatience cette belle solennité où le fondateur de la République et du Battaillon scolaire s'apprête à décerser les flots de sa suave éloquence. L'attente universelle ne sera point déçue, car l'un de nos amis, pardonnez-lui l'indiscrétion de sa conduite, nous remet à l'instant un papier, trouvé dans un compartiment de 1ère classe que l'illustre homme d'Etat venait de quitter et dont l'écriture trahit assez la provenance. Ce document indique les préoccupations actuelles de l'auteur et les sujets variésqui se présentent, à la fois,  à sa bouillante imagination pour donner à la fête scolaire sedanaise tout l’éclat qu'elle comporte.
    » Voici ce que, nous y lisons (caractères tremblés) :
    Du Moi (fine analyse psychologique)
    De l’émotion chez l’orateur (esquisse littéraire).
    De la fidélité aux principes et aux convictions (critique morale).
    La parole a été donnée à l’homme pour se taire ou pour déguiser sa pensée (à l'usage des rhétoriciens ).
    De l’eau bénite de cour dans le style épistolaire (conseils à un futur politicien )
    Qui trop embrasse mal étreint (sages avis à la jeunesse)
    L’exemple des grands. Son influence sur l’éducation. (Discours en 3 points).
    Le frère et la sœur. (Délicieuses scènes d’intérieur).
    Du bonheur de retrouver dans une autre vie tous ceux et toutes celles que l’on a aimés. (Sermon).
    La chasteté, quatrième vertu théologale. (Poème).
    La Famille et le Radicalisme. (Aperçus moraux et philosophiques).
    Le cœur ne vieillit pas (Romance).
    La Conversion de Léo Taxil ou la victoire de la Foi. (Etude religieuse).
    La « dépouille de nos braves » comme moyen oratoire. (Paroles et musique).
    De la Prudence et de l'amabilité dans la vie publique. (Aphorismes pratiques).
    Des bains.......... chez les anciens. (Essais hygiéniques).
    La loi de sûreté générale et le plébiscite ou douze années d'Empire. (Souvenirs historiques et personnels).
    De l'économie domestique. (Recettes excellentes)
    De l’esprit de famille et de son emploi dans la vie publique et privée. (Dissertation).
    La première pierre du collège de filles. (Symphonie électorale).
    Comment on devient ingénieur. (Procédé nouveau et rapide).
    La comptabilité municipale en trois leçons. (Pédagogie).
    Sur l’amertume des grandeurs. (Complainte).
    Le repos du sage. (Poésie).
    » L ’énumération n’est sans doute pas terminée ; mais quel que soit le sujet que choisisse le président de la cérémonie universitaire,  on peut être sûr qu’il le possède à fond et le traitera de main de maître.
    » Quant au précieux autographe, nous nous proposons de l'adresser prochainement au musée de Sedan, où il tiendra une place honorable dans la remarquable collection qui s’y accroît tous les jours, grâce à la libéralité du noble émule de Turenne, dont lae nom doit, paraît-il, être gravé prochainement, comme celui du grand capitaine, sur l’une des portes municipales du nouveau collège. Plaudite cives ! Plaudite discentes !

    Affaire Wantz-Rahir . — Hier a dû venir devant le tribunal civil l’affaire Rahir-Wantz . On se souvient de ce procès qui fit tant de bruit, il y a un an.
    Le jeune Rahir était employé comme clerc chez M. Wantz , huissier. Pendant la maladie mortelle de ce dernier, divers détournements s’élevant à plusieurs milliers de francs furent commis. Mme Wantz , femme pieuse et confite en dévotions, n’imagina rien de mieux que d’en accuser Rahir .
    Ce jeune homme arrêté, fut incarcéré pendant plusieurs mois et finalement fut relaxé faute de preuves.
    L ’affaire en restait là lorsque le jeune Rahir, qui ne pouvait plus trouver à se placer, sur qui pesaient quand même des soupçons, parvint aidé par quelques personnes qui le connaissant comme honnête garçon, s’étaient intéressées à son infortune, à obtenir la preuve que l’auteur de ces vols était Mme Wantz , celle même qui n’avait pas craint de porter l ’accusation contre lùi.
    Mme Wantz passa de ce fait en police correctionnelle et fut condamnée à huit mois de prison.
    Sa peine est terminée, et aujourd’hui M. Rahir victime de sa dénonciation, se porte partie civile.

    Blessure accidentelle . — Le 28, vers sept heures du soir, le jeune Grosieux Georges, âgé de huit ans, jouait avec d’autres camarades sur le rempart près du bureau d’octroi du Fond-de-Givonne, quand par malheur, il est tombé d’une hauteur de 8 mètres.
    Dans sa chute il a eu la cuisse cassée et les chairs de la mâchoire inférieure déchirées sur une longueur telle qu’elle a nécessité une suture.
    On suppose que la victime en jouant, se sera approchée de la crète, et que par suite d’une glissade il est tombé où il a été trouvé par des passants accourus à ses appels, ses petits camarades s’étant sauvés de peur.
    Les soins nécessaires lui ont été donnés par MM. les docteurs Liénard et Cham.

    Toujours deux poids et deux mesures . — On nous écrit :
    « Dans un article publié récemment par le Petit Ardennais, et intitulé : Y aura-t-il deux poids et deux mesures ? , vous demandiez à M . le commissaire de police de Sedan, jadis si zélé contre un maître laïc de l’école communale, s’il sévirait contre M . l ’abbé Fay , accusé d’avoir souffleté publiquement un enfant de choeur.
    » M . Lamy n’a pas daigné répondre à cette question. Et pourtant son zèle ne laisse pas de faire, par intervalle, de bien innocentes victimes.
    » Figurez vous, monsieur le Rédacteur, qu ’il y a quelque trois semaines le jeune Léon Lairé , fils d'un ancien instituteur, élève de l’école Léonard , fut surpris, par le sergent de ville Mougin , faisant couler l ’eau d’une borne-fontaine de la Place du Collège. Quel crime abominable !!!
    Aujourd'hui, 29 juillet, son père, M. Lairé , ex-instituteur, employé chez M . Depambourg, vient de recevoir une assignation à comparaître pour ce fait, vendredi prochain, devant M . le juge de paix.
    » Monsieur, moi aussi, je demande donc, à M . le commissaire de police : « Pourquoi tant d’indulgence pour les uns et tant de sévérité pour les autres ??? »

    L ’affaire Rahir-Wantz qui devait venir mardi dernier, au Tribunal civil, a été remise à huitaine.

    Collège .Mesure à réformer. — Hier a eu lieu la messe de sortie, dite messe d’action de grâce. Tous les professeurs et tous les élèves y sont convoqués. Combien de temps doivent encore durer ces coutumes surannées ? Quand donc ceux à qui sont confiées l’éducation et l’instruction de la jeunesse conformeront-ils leurs actes avec leur pensée et feront prévaloir la saine raison.
    Le collège de Sedan, comme toutes les écoles de l'Etat, ne sont pas des séminaires.
    Nous appelons l ’attention du ministre de l ’instruction publique sur ces abus qu ’il est temps de voir cesser.


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