Avril

Cadavre. — M. le commissaire de police de Charleville a procédé ce matin, à 9 heures, à la levée d'un cadavre trouvé dans la Meuse derrière l'usine de M. Corneau. Ce cadavre a été reconnu pour être celui du nommé Pierron, Auguste, âgé de 52 ans, contre-maître chez M. Faure, fondeur à Revin. Du rapport dressé par le médecin requis et de la position du cadavre dans l'eau, il résulte que la mort est le résultat d'un accident. Les renseignements recueillis ont fait connaître que le défunt avait été envoyé hier par son patron à Charleville pour embaucher des ouvriers, et que pour cela faire, il avait bu outre mesure au point qu'en sortant du café Berget, rue du Pont-Suspendu, vers 7 h. 1/2 du soir, il était complètement ivre. Pour se rendre à la gare il se serait trompé de chemin et aurait suivi le chemin qui longe la Meuse. Arrivé derrière l'usine Corneau, s'étant sans doute approché trop près du talus bordant la rivière, il a perdu l'équilibre et est tombé dans la Meuse. La montre trouvée sur lui était arrêtée à 8 heures moins 10, ce qui indique que c'est bien à cette heure que l'accident lui est arrivé. Son patron M. Faure, a été aussitôt prévenu par télégramme.

Mai

Un veinard. - M. Charles C..... boulanger, vient de gagner 1,000 fr. avec le n° 17,965 des obligations de la ville de Lyon 3 0 0, au tirage du 15 avril 1885.

Incendie. — Le 28 avril, à quatre heures et demie du matin, un incendie se déclarait rue du Rivage, dans le grenier d'un fournil appartenant à M. Manguière, Pierre. Le feu, alimenté par des bottes sèches de genêts qui se trouvaient dans ce grenier, ne tarda pas à gagner la maison voisine, mais les pompes de la ville, alimentées par l’eau du fleuve, combattirent, avec le secours des habitants, le fléau et parvinrent à le circonscrire en moins d'une heure. Les pertes approximatives sont ainsi évaluées : M. Manguière, 600 fr, ; — M. Brabant, Edouard, 800 fr. ; Mme Virginie Pénasse, 600 fr. Les trois sinistrés sont assurés au Soleil. — Cause inconnue.

Grand concert vocal et instrumental, donné par la Société Philharmonique, avec le concours de plusieurs amateurs de la localité, au profit des blessés du Tonkin, le Dimanche 17 mai, à huit heures du soir, salle de la mairie.
PREMIERE PARTIE. — La Marseillaise, par I’HARMONIE. — Grande fantaisie sur Haydée, opéra comique d' Auber, par I’HARMONIE. — Vlà z'un baptême, chanson comique, par M. HACART, père. — Les petits oignons, chansonnette, par Mme LELONG. — Duo sur la Norma, opéra de Hellini, pour violon et piano, par M. LELONG et Mlle MATHIEU. — Le Tyrolien de la rue Coquenard, tyrolienne bouffe par M. LALLEMENT. — La Fanfare de Bolbec,  excentricité musicale par M. HACART, père.
DEUXIEME PARTIE. — Deuxième fantaisie sur la Somnambule, opéra de Bellini, par I’HARMONIE. — Le portrait de ma tante, par M. HACART, père. — Adieu ! Patrie ! chanson patriotique du mousse, par Mme LELONG. — Grande fantaisie sur le Carnaval de Venise, trio pour violon, flûte et piano, par MM. LELONG père et fils, Mlle MATHIEU. — Nos marins en Chine, chanson patriotique, par M. GERNELLE — C’est m’n affaire, paysannerie comique, par M. LALLEMENT. — Le fils à Sebastien, paroles et musique de Gobillaud par M. HACART, père.
TROISIEME PARTIE. — Sourd comme un pot, vaudeville en un acte, du théâtre des Variétés, musique inédite par M. LELONG.

AVIS. — On demande de bons tourneurs en robinetterie, chez MM. FAURE père et fils, fondeurs à Revin. 

Le Concert. — Vendredi dernier [15], a eu lieu dans cette commune le concert que nous avions annoncé au profit des blessés du Tonkin. Cette fête était donnée dans la grande salle de l’Hôtel-de-Ville par la Société philharmonique et plusieurs amateurs qui avaient bien voulu prêter leur concours à cette œuvre essentiellement patriotique. Elle a été charmante. C’était, nous écrit-on, l’une des plus agréables que l’on n’ait jamais vues à Revin, aussi la recette a t-elle été très-abondante.
Après l’Harmonie, qui mérite de justes éloges pour la bonne exécution des trois morceaux qu’elle a fait entendre, y compris la Marseillaise, on doit féliciter M. Lelong, l’infatigable et intelligent chef de musique.
Mme Lelong, charmante sous le costume de marin, dont la chanson du Mousse a été fort applaudie ; M. Lelong fils, jeune virtuose plein d'avenir, Mlle Matthieu, qui, au piano, a tenu sous le charme la salle entière dans le Duo sur Norma, pour violon et piano, et la grande fantaisie sur le Carnaval de Venise, trio pour violon, flûte et piano, avec MM. Lelong, père et fils; Nos marins en Chine, chanté par M. Gernelle, et C'est min’affaire, paysannerie comique, par M. Lallement, ont soulevé des applaudissements unanimes.
Citons aussi M. Hacart. père, désopilant dans les quatre chansons comiques qu’il a si bien interprétées.
Enfin soirée des plus réussies et pour laquelle tous les organisateurs ainsi que les artistes méritent les plus vifs éloges.

AVIS. — On demande de bons ouvriers ajusteurs, chez M. MALCOTTE aîné, constructeur à Revin. 

Conférences ouvrières. — On nous prie d'insérer l'avis suivant [24] :
Le citoyen J.-B. Clément qui a déjà donné des conférences à Nouzon, Braux, Bogny, Deville et Charleville, se propose de continuer dans les localités suivantes : Mohon, le 24 , à 1 h.1/2 ; lundi 25 à Monthermé, à 1 h.1/2 salle Bertrand-Desmar; Revin, le 25, à 8 h. du soir ; Fumay, le 26, à 8 h. du soir ; Thilay, le 27, à 8 h.du soir ; le 28, les Hautes-Rivières, à 8 h. du soir ; le 29, à Sedan, à 7 h. du soir ; à Rethel, le 30, à 8 h. du soir ; à Nouzon, le 31, à 4 h. du soir.

Le concert. — On nous écrit :
« Le concert du dimanche 17 mai dernier, organisé par l'Harmonie de Revin, a produit un bénéfice net de 549 francs au profit des blessés du Tonkin, y compris une quête faite par Mme Lelong avant la troisième partie du concert.
» Cette troisième partie, que l'on a omis de signaler par suite d’un oubli involontaire, se composait du vaudeville : Sourd comme un pot, qui a été très bien interprété par MM. Lallement, Billuart, Gernelle et Mme Lelong.
» Ces artistes improvisés ont été salués par les applaudissements bien mérités de la salle entière.»

Récompense méritée. — Nous apprenons et nous publions avec plaisir que l’Académie de médecine, dans sa séance du 19 mai
dernier, a décerné un prix de 1,000 fr. à M. le docteur Séjournet, de Revin, pour son mémoire remarquable sur le « rôle que peut jouer, dans la pathologie infantile, le travail de la première dentition. »

Juillet

Fête de gymnastique à Givet. — Dimanche 5 juillet a eu lieu la séance de gymnastique donné par la Givetoise à ses membres honoraires, avec le gracieux concours de la Revinoise et de la musique municipale de Givet. 
Au début de la séance, M. Alphonse Fénaux, vice-présidant de la Givetoise, a souhaité en ces termes, la bienvenue aux gymnastes de Revin :
« Messieurs, 
C’est avec un vif plaisir que nous sommes venus, ce matin, vous attendre au chemin de fer pour vous souhaiter la bienvenue. Nous sommes heureux de recevoir nos frères de Revin et nous vous remercions bien sincèrement de votre bonne visite et du gracieux concours que vous avez bien voulu venir donner à notre fête. C’est avec peine que nous nous sommes vu forcer de supprimer le vin d’honneur que nous nous serions fait un devoir de vous offrir mais, malheureusement, le temps nous manque car comme vous le savez, la matinée est réservée aux exercices de tir ; nous espérons qu’en sa faveur vous voudrez bien nous pardonner ce manque de cérémonie. 
Le tir est une des branches principales de gymnastique, et nous voyons que, partout en France et surtout dans nos régions de l’Est, on cherche à refaire les forces des enfants de la nation afin d’obtenir le plus tôt possible une armée solide et prête à défendre victorieusement l’honneur de notre cher pays. Aussi ce doit être pour le gymnaste un devoir sacré de ne jamais manquer l’occasion de s’exercer au tir. 
Messieurs, nous vous saluons tous aux cris de : Vive la République ! Vive la Revinoise ». 
Après a eu lieu un concours de tir suivi de l’exécution irréprochable des exercices annoncés sur le programme.
En somme, fête des mieux réussies et qui a laissé, à Givet, un excellent souvenir. 

Accident. — M. Boury, voulant montrer le mécanisme d’un revolver de poche qu’il ne croyait pas chargé, à un de ses camarades M. Menequin fit partir le coup et envoya la balle dans la cuisse de ce dernier. Le médecin n’a pu extraire le projectile et a déclaré que le blessé pourrait probablement marcher dans une huitaine de jours.

Correspondance. — Les étrangers ne sont pas admis à soumissionner les services de dépêches, mais l'administration centrale des postes et des télégraphes, précédemment consultés, a fait connaître qu’il n’y avait pas lieu de refuser à un entrepreneur la faculté d’employer comme conducteur un sujet beige, pourvu qu’il présentât les garanties voulues de probité et d’exactitude.
La question de politesse d’un courrier vis- à-vis des voyageurs est étrangère au service. Toutefois, si des renseignements précis étaient fournis, on ne ferait pas difficulté de faire à qui de droit les observations nécessaires, à titre officieux, en quelque sorte.

CHATEAU - REGNAULT - BOGNY. – La grève. — On nous communique la note officielle suivante que nous reproduisons à titre de document :
«Nous avons reçu des ouvriers métallurgistes de Charleville, 39 fr. 60 ; des ouvriers métallurgistes de Revin, 20 fr. 75.
» Nous remercions ces braves citoyens.
» Les chambres syndicales de tout le département sont invitées à se mettre en relation, avec M. Eug. Salmon, secrétaire, route Nationale, 44, à Charleville. M. Salmon représente la Fédération du département des Ardennes, adoptée en principe. »

Contrebande . — Des gendarmes se trouvant en embuscade au hameau de la Bouverie aperçurent deux individus porteurs de ballots. qui prirent la fuite en les voyant. Après avoir mis en sûreté les deux charges qui contenaient du café, les représentants de l’autorité se mirent à la poursuite des deux contrebandiers et furent assez heureux pour en atteindre un, le sieur Busigny, Constant, sujet belge.
Il a déclaré que son compagnon était un nommé Bataille, Emile.

Barrage des Dames-de-Meuse . — On nous écrit :
Vive le décret du 16 juin 1885 ! Ce décret a rendu aux pêcheurs à la ligne certaines parties réservées dans la Meuse et dans la Chiers.
Aussi nos pêcheurs qui, jusque-là , n’avaient guère été heureux, sont, aujourd'hui, dans l'allégresse. Depuis la semaine dernière, les poissons sont pris en grande quantité à 150 mètres en aval du barrage des Dames-de-Meuse et une guerre à outrance leur est déclarée. Il n'est pas rare de rencontrer des pêcheurs ayant trois, quatre, cinq kilogs de perches, barbeaux, etc. Notons, parmi les privilégiés, l’instituteur d'Anchamps qui, assure-t-on, en aurait pris une dizaine de kilos en deux jours.
Or le bruit de ces succès s'est répandu dans les environs et, dimanche dernier, malgré une chaleur étouffante, malgré les travaux de la moisson, 100 pêcheurs environ de Braux , de Château-Regnault, de Deville, de Laifour, de Revin, étaient réunis à la réserve, et ce non sans se disputer les meilleurs endroits ou réputés tels. Nous connaissons des amateurs qui sont partis dans le milieu de la nuit, afin de retenir leur place, comme on dit vulgairement, et qui ont dû dormir sur le gazon en attendant le lever du soleil.
La déception a été grande pour beaucoup. A part quelques heureux, les autres s’en sont retournés la gibecière vide, tout en se disant cependant : « à dimanche ! »
MORALE. — Et maintenant, que disent certains réactionnaires de la plus belle eau? (tenez votre sérieux, ô lecteurs) c'est que certaines parties réservées ont été abandonnées parce que . . .« , à l’approche des élections, les radicaux veulent s’assurer quelques voix ! ! Après cette réflexion, il faut tirer le rideau ! ! !
D'autres personnes soutiennent que cette pêche n’est pas permise, qu’il y a erreur. Est-ce vrai ? Alors pourquoi ne verbalise-t-on pas contre les délinquants ?

Pigeon égaré . — M . Wynants, habitant la cantine Druart, à Revin, tient à la disposition de son propriétaire un pigeon-voyageur gris ardoise portant sur l'aile droite, 3e plume, I15 i F L 4 N o n ; sur l’aile gauche, 2e plume. 107 T G T F 94 H ; 3e plume, 108 f F J T H N Z E ; 4e plume, 31 T D B Z G T 2

Concert offert par l' Harmonie de Revin à ses membres honoraires, le dimanche 2 août, à 3 heures 1/2, place de la Gendarmerie : PREMIERE PARTIE . — 1° La Française, marche (MOLLOT ) ; 2° La Somnambule, fantaisie sur l’opéra de Bellini (COUTURIER) ; 3° Les gais Portugais, polka sur l ’opéra Le Jour et la Nuit.
DEUXIEME PARTIE . — 4° Les basses en goguette, pas redoublé (LELONG) ; 5° Gasconne, fantaisie ouverture (COUTURIER) ; 6° Vallée de la Meuse, valse (LELONG) .
En cas de mauvais temps, le concert serait remis au dimanche suivant.