• Audience du 15 Juillet 1885

    L’audience de mercredi a été des moins chargées. Trois affaires seulement étaient portées au rôle dont une de diffamation dont la loi nous  interdit de rendre compte. Voici, en substance, quelles ont été les deux autres :

    Coups et blessures. — Le sieur Labarrière, Tolmide, âgé de quarante-un ans, marchand de bestiaux, demeurant à Hautes Rivières, à la suite d’une discussion qu’il avait eue au sujet de son commerce, avec M. Hénon, le fils de la victime de la Rowa, a frappé celui-ci avec une violence que rien ne justiflait. Il n'a donné d’autres explications de sa conduite que celle-ci : « Il est évident que le fils de la veuve Hénon doit en vouloir à tous les marchands de bestiaux puisque c’est deux hommes exerçant ce commerce qui ont assassiné la mère ». Le tribunal trouve ce moyen de défense par trop fantaisiste et inflige au prévenu trois jours de prison.

    Vol. — La veuve Lécuyer, inculpée de vol d’une poule, est condamnée par défaut à 15 jours d’emprisonnement. Elle a bien fait adresser au tribunal un certificat constatant ou à peu près qu’elle était indisposée, mais comme il est établi que la cause de son indisposition est due à son habitude de lever le coude à hauteur de la bouche, les juges n’ont pas cru devoir admettre cette excuse. 

    Audience du 23 Juillet 1885

    BIessures par imprudence. — Le nommé Gueures, Jean, sujet belge, âgé de 20 ans, domestique chez M. Maréchal, propriétaire du Grand-Hôtel, à Charleville, a renversé, par inadvertance le 7 juillet dernier, la dame veuve Dupont, qui passait dans la rue Saint-Mathieu. Les roues de l’omnibus que conduisait Gueures passèrent sur les jambes de la pauvre femme, sans toutefois occasionner de fracture. Néanmoins Mme Dupont est encore alitée à l’heure qu’il est. Gueures est condamné à 60 francs d’amende et M. Maréchal, son patron, déclaré civilement responsable.

    Coups. — Soudrille Alfred, terrassier à Mézières, se trouvant en état d’ivresse à Saint-Julien, le 29 juin à huit heures du soir, a sans provocation, gravement maltraité un sieur X ... Comme il ne comparait pas, le tribunal le condamne à 10 jours d’emprisonnement.

    Vol. — Chrétien, forgeron, âgé de 43 ans, demeurant à Elair, a soustrait trois perches de tilleul au préjudice de M. Colinet Armand, marchand de bois au même lieu. Six jours de prison par défaut.

    Audience du 28 Juillet 1885

    Vol. — Un sieur Jurion, personnage aussi indiscret qu’indélicat, a poussé le sans-gêne jusqu’à voler une certaine quantité de chemises appartenant à une honorable débitante de Saint-Julien. De plus, il s’est empressé de vendre à vil prix le produit de son larcin à une autre femme qui comparait avec lui devant la justice sous la prévention de complicité par recel. Cette dernière est acquittée, mais Jurion devra passer deux mois à l ’ombre.

    Tapage injurieux et nocturne . — G . . . qui demeure à Charleville et dont les antécédents ne sont pas précisément des plus louables, empoche un mois de prison et 5 fr . d’amende pour tapage et ivresse.

    Vol de poissons . — Menon, ouvrier fondeur, demeurant en dernier lieu à Reims, est un amateur effrené de friture. Il pousse tellement loin l’amour du poisson qu’il va jusqu ’à fracturer les réservoirs des particuliers pour s’en procurer.
    Condamné autrefois pour ce fait par défaut à un an de prison, il fait aujourd’hui opposition à ce jugement et voit réduire sa peine à trois mois.

    Outrages . — Bondonnet, tisseur à Omicourt, est un bon pochard, qui, quand il a bu, fait grand tapage et injurie le garde-champêtre et les conseillers municipaux. Cependant, comme ses antécédents sont bons et qu ’il existe dans la cause des circonstances atténuantes, le tribunal se borne à lui infliger 16 fr. d’amende.

    Coups et blessures . — Nous avons déjà entretenu nos lecteurs de cette affaire. Ils savent que Woirin étant ivre a, le 13 juillet dernier, brutalement frappé un honorable propriétaire de Boulzicourt, M . Léon P . . . parce que celui-ci lui avait adressé une observation très modérée et très polie d ’ailleurs en la forme. Les violences ont été assez graves pour que M . P . . . s’en ressentit pendant plusieurs jours . Woirin qui est un fort mauvais sujet et a déjà subi une condamnation, s ’entend condamner à 30 fr. d’amende.

    Coups . — Lepère Victor, meunier à Neufmanil, et Barré Hippolyte, garçon meunier, sont prévenus d’avoir porté des coups et fait des blessures à un sieur Houbre, domestique de Mme Hubin -Voirin , et cela sans aucune provocation. Pour sa défense, Lepère se borne à alléguer que Houbre lui devait une petite somme d ’argent qu’il refusait de lui payer.
    Le tribunal condamne chacun des prévenus à 20 fr. d ’amende.

    Délits de pêche . — Quatre infortunés pêcheurs à la ligne qui ont été trouvés se livrant dans la Meuse à leur plaisir favori avant le lever du soleil, sont successivement condamnés à 1 fr. et 2 fr. d’amende.

    Vol de poissons . — Depuis quelque temps, les vols de poissons sont assez fréquents dans la Meuse et dans ses affluents. Il est bon que les vauriens qui se livrent à cette coupable maraude sachent que les tribunaux ne plaisantent pas avec le respect de la propriété d’autrui.
    Aujourd'hui, c est un jeune mauvais sujet de Tendrécourt, nommé Rousseau , qui comparait devant la justice pour avoir fracturé la pontique d’un pêcheur de Vrigne-Meuse et y avoir pris plus de cinq kilos de poissons. Le tribunal le condamne à six jours de prison, et encore prend-il en considèration son jeune âge.
    Avis aux voleurs.

    Coups. — P . . . . , qui habite Charleville, mène une vie de polichinelle et ne peut boire la goutte sans éprouver immédiatement le besoin de rouer de coups la pauvre femme qui a eu le malheur de l ’épouser. Une demande de divorce a été intentée par celle-ci à cet égard. P . . . . reçoit une leçon de modération conjugale, qui se traduit par 5 fr. d’amende.
    Hâtons-nous de dire que c’est sur la demande même de la femme que le tribunal croit devoir se montrer aussi indulgent.

    Violences . — La demoiselle Lamoureux, qui habite la Verrerie, aussi violente, paraît-il, qu ’elle est chétive, a porté des coups à un sieur Adam , qui ayant affaire à une femme, n’a pas voulu riposter. Le motif de l ’agression est que la demoiselle Lamoureux prétendait qu ’Adam lui devait vingt-cinq_ sous pour différents travaux. Cette aimable virago est condamnée à 16 francs d’amende.

    Les dénicheurs d ’oiseaux . — Midoux , Emile, tonnelier à Prix , est condamné à 16 fr . d ’amende pour avoir déniché une couvée d’oiseaux.


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