• VICTOR HUGO SE MEURT. — Notre correspondant particulier nous télégraphie : Paris, 18 mai, 9.h15 s. VICTOR HUGO SE MEURT. On ne s’occupe dans les couloirs que de Victor Hugo qui est à toutes extrémités. 
    M. Lockroy, à son arrivée est très entouré ; députés et journalistes demandent anxieusement des nouvelles. M. Lockroy répond assez évasivement, mais il est facile de voir, à l’embarras qu’il éprouve, qu’il n’y a plus d’espoir. 
    MM. Floquet, Freycinet, Brisson et une foule de notabilités de la politique, de la littérature, des services et des arts vont chex M. Hugo aux renseignements. M. Pelletau dit que ce n’est plus qu’une question d’heures. 
    Le visage de l’illustre malade est déjà décomposé. Victor Hugo ne respire qu’avec une difficulté extrême. On attend de minute en minute le dénouement fatal. 
    On est absolument consterné. 
    On parle du lever la séance de la Chambre en signe de deuil, si la nouvelle de la mort était annoncée officiellement. 
    Les premières atteintes. — C’est jeudi dans la nuit, que Victor Hugo a ressenti les premières atteintes du mal qui vient de le frapper.
    Suivant l’habitude, le poète avait reçu, ce jour-là comme tous les jeudis. Le dîner avait été donné en l’honneur de M. de Lesseps et de ses enfants.
    Victor Hugo s’était montré très enjoué et très animé. Toutefois on croit se souvenir d’une légère pâleur inusitée paraissant sur son visage. 
    La réception prit fin vers onze heures. Dans le courant de la nuit, Victor Hugo se sentit gravement indisposé. On constata qu’il y avait ralentissement dans les mouvements du cœur. 
    Les premiers soins. — Le docteur Allix, prévenu par la famille, accourut aussitôt et donna les premiers soins, l’indisposition parut s’atténuer. 
    La journée de vendredi se passa sans incident notable. Victor Hugo, en proie à une grande fatigue, dut garder le lit. 
    Congestion pulmonaire. — L’état s’aggravant dans la soirée, on décida de recourir à l’intervention du docteur Germain Sée, médecin et ami de la famille. C’est samedi matin que le docteur Sée fit sa première visite et il reconnut tous les symptômes d’une congestion pulmonaire. 
    Depuis, il y a trois consultations par jour et ce soir, le docteur Vulpain doit, à six heures, se joindre à son confrère, M. Germain Sée.
    Victor Hugo toujours Iucide. — Le poète a conservé sa parfaite liberté d’esprit ; il s’exprime nettement sur son état, dont il ne se dissimule pas la gravité. Il le constate Iui-même dans les entretiens qu’il a avec les siens. Personne n’est admis auprès de lui. 
    Il n’a au chevet de son lit que ses deux petits-enfants, Jeanne et Georges Hugo; M. et Mme Lockroy et deux ou trois amis dévoués, MM. Auguste Vacquerie et Paul Meurice.

     

    VICTOR HUGO SE MEURT. — Notre correspondant particulier nous télégraphie : Paris, 19 mai, 9.h15 s.
    Au Palais-Bourbon, sur les boulevards,dans les cafés, partout, enfin, on ne cause que de la maladie de Victor Hugo. Le grand poète a tenu, et occupe encore, une telle place parmi nous qu’il est naturel que la nouvelle de l’imminence de sa mort remue et passionne tout le monde. 
    Etat désespéré. — Disons-le de suite, Victor Hugo est toujours dans un état désespéré. Les médecins ne comptent plus guère que sur le hasard pour opérer un miracle, et puis l'auteur de la Légende des Siècles possède un tempérament si vigoureux qu’il faut s’attendre à tout avec une aussi robuste nature. Mais il serait bien extraordinaire que les quatre-vingt-trois années de Victor Hugo, eussent la force de triompher du mal. 
    Bulletin sanitaire. — La nuit a été mauvaise. Voici le bulletin des médecins. A la suite d’une violente oppression il s’est manifesté cette nuit une syncope prolongée. Ce matin l’état des forces et de la respiration est à peu près la même qu’hîer soir. A. VULPIANGERMAIN SÉEDR ALIX
    Mardi, 9 heures, matin, Victor Hugo a eu le délire cette nuit, il a même dit un vers fort beau dans son délire, le voici : C'est ici le combat du jour et de la nuit
    Victor Hugo s’est évanoui, ce matin, à la suite d’un violent étouffement. Tous ceux qui l’entouraient ont cru que ses derniers moments étaient arrivés. Cependant l’illustre malade est revenu à lui peu à peu et une période de calme a succédé à la crise. Il a dit aux personnes qui l’entouraient : « Qu'on a donc de peine à mourir, j'étais cependant tout prêt ! »
    Il s’est endormi profondément vers midi et a reposé quelque peu. 
    Le malade respire avec une très grande difficulté.
    Il a pu prendre un bouillon vers trois heures. 
    Victor Hugo est très changé. La figure est jaune d’ivoire, amaigrie ; la barbe est allongée et le corps décharné.
    Les ministres chez Victor Hugo . — Ce matin, à l’issue du Conseil des ministres, MM. Henri Brisson, de Freycinet, Allain-Targé, René Goblet et Pierre Legrand se sont rendus séparément chez Victor Hugo. Le président de la République et le ministre des affaires etrangères avaient déjà fait prendre dans la matinée des nouvelles de l’illustre malade. 
    Les ministres ont été reçu par M. Edouard Lockroy qui leur a dit que Victor Hugo avait éprouvé, dans la nuit, une longue syncope et qu’un dénouement fatal était à craindre. 
    Chez Victor Hugo. — Tout ce qui porte un nom dans la littérature, dans les sciences, dans les arts et dans la politique va aux nouvelles au domicile de Victor Hugo ; il y a beaucoup de monde séjournant devant la maison du poète. Les voitures ne vont qu’au pas. 
    On redoute une issue fatale pour cette nuit.

    La Santé de Victor Hugo. — Victor Hugo a passé une très mauvaise nuit: il y a eu des alternatives d’état comateux avec ralentissement considérable du pouls, et ensuite d’état fébrile avec surexcitation marquée. Pour atténuer les souffrances du malade, on a dû recourir à des piqûres de morphine. 
    Entre onze heures et midi, a eu lieu une consultation à la suite de laquelle les médecins ont rédigé le bulletin suivant : 
    20 mai, midi. 
    « La nuit a été assez agitée et troublée par deux accès d’oppression. Ce matin, on constate un certain degré d’engorgement pulmonaire du côté droit. 
    » VULPIAN, SÉE, ALLIX ».
    Une nouvelle piqûre de morphine a été faite cette après-midi au malade auquel ou a ensuite fait boire une cuillerée de quinquina mélangée de noix vomique. 
    Cette absorption a déterminé un mouvement brusque chez Victor Hugo qui s’est ensuite pelotonné dans ses oreillers et est tombé, quelques minutes après, dans un assoupissement profond qui pourra, pense-t-on, durer quelques heures.

    Maladie de Victor Hugo. — L’état de Victor Hugo ne s’est malheureusement pas modifié ; il s’est encore aggravé, si possible. L’illustre malade a passé une très mauvaise nuit. On est obligé, comme hier, pour adoucir sa souffrance, de lui faire de fréquentes piqûres de morphine. 
    Accès de délire. — Il a des accès de délire qui donnent, à tous instants, les plus grandes inquiétudes aux personnes qui veillent pieusement à son chevet. La respiration est difficile et le malade a de grosses oppressions et des moments de grande agitation. Bulletin sanitaire. — Voici le bulletin de ce matin [22] :
    « La nuit a été tranquille sauf quelques instants d’oppression et de grande agitation. En ce moment la respiration est assez calme. Les fonctions intellectuelles sont intactes. Situation inquiétante. 
    » Le 21 mai 1885, 9 h. du matin. 
    » A. VULPIAN, Germain SÉE, Dr ALLIX .
    Au chevet du malade. — Aujourd’hui, à onze heures du matin, Victor Hugo sommeillait, le docteur Allix qui ne s’était pas couché depuis trois jours et trois nuits a pris quelques heures de repos pendant lesquelles il a été remplacé au chevet du malade par M. Naquet, sénateur, qui, comme on le sait, est docteur en médecine. 
    Passera-t-il la nuit? — En réalité, on attend l’issue fatale d’une minute à l’autre. C’est grâce à sa vigoureuse constitution que Victor Hugo peut ainsi faire face à la maladie. Les médecins disent qu’il ne passera pas la nuit. 
    Commencement de l’agonie. — Victor Hugo a pu prendre ce matin quelques cuillerées de potion. Le poète, absolument silencieux depuis hier, reconnaît néanmoins, toutes les personnes qui s'approchent de son chevet et leur témoigne son affection par une pression des mains ; c’est l’agonie, une agonie relativement douce. 
    A une heure, Victor Hugo a eu une syncope très violente qui a jeté la famille et ses amis dans la consternation. Les médecins n’ont pas communiqué de bulletin cette après-midi. 
    Visites chez Victor Hugo. — Le général Pittié s’est rendu à dix heures du matin chez Victor Hugo pour prendre des nouvelles de l’illustre malade au nom du président de la République. Toutes les notabilités de la littérature, de la politique, de la science et des arts continuent d’aller s'inscrire sur le registre placé dans le vestibule du petit hôtel que Victor Hugo occupe, 50, avenue Victor Hugo. 
    Une foule nombreuse, sans cesse renouvelée et dans laquelle on voit beaucoup d’ouvriers, stationne dans une attitude respectueuse et discrète sur le trottoir qui fait vis à vis à la maison. La maladie de Victor Hugo frappe le peuple au cœur et émeut tout le monde.
    Le malade. Nouvelle syncope. — A deux heures, Victor Hugo est dans un assoupissement profond. L’état s’est aggravé considérablement et l’on redoute l’issue fatale pour la journée. A onze heures, Victor Hugo a absorbé quelques cuillérées de potage et a bu un verre de zucco. 
    Aux questions qu’on lui pose le malade ne répond plus que par des monosyllabes. De demi-heure en demi-heure on lui fait une piqûre de morphine. A une heure et demie, Victor Hugo a été pris d’une syncope très grave qui a duré une demi-heure, mais qui ne lui a pas enlevé la lucidité de son esprit.

    Lettres d’un Passant. — A Monsieur le Rédacteur du Petit Ardennais
    On ne s’occupe que de la maladie de Victor Hugo. 
    Artistes, littérateurs, politiciens, bourgeois, ouvriers, gens du monde, oisifs, tout le monde, toutes les classes de la société ont les yeux tournés vers la petite maison de l’avenue Victor Hugo, où l’auteur de la Légende des Siècles livre à la mort un combat de Titan.
    Les Burgraves du Rhin ne faisaient pas plus courageusement face au danger que ce vieillard de 83 ans. 
    Les haines qui ont poursuivi si longtemps le grand poète, les dissentiments, les rancunes, se sont effacés subitement à la nouvelle de la grave indisposition d’Hugo. 
    C’est que chacun l’aime, l’illustre poète, c’est qu’en voyant ce vaillant menacé par l’horrible mort, nous nous sentons menacés dans nos plus chères affections. 
    Pour tous c’est le père, celui qui a noté dans des vers immortels les premiers gazouillements du jeune âge et entonné le plus sublime chant d’amour en l’honneur de l’enfance. 
    L ’histoire raconte que la France entière pleura jadis lorsqu’elle apprit la maladie de Louis XV — de crapuleuse mémoire. Combien plus nous comprenons la douleur du pays pour Hugo. Que reste-il de Louis XV ? Rien, sinon le souvenir des orgies du Parc-au-Cerf, les mots de l’immonde Dubarry et le surnom de La France donné au royal débauché par des filles de joie. 
    Avait-il fait quelque chose pour améliorer le sort de son peuple, ce monarque auquel la foule dans sa bonté naïve faisait l’aumône de ses larmes ? 
    Non. Il ne songeait qu’à ses plaisirs. Du pays, il n’avait souci. 
    Le malheur le trouvait indifférent. Que lui faisait l’humanité ?
    Pourquoi vraiment se mettre l’esprit à l’envers pour de semblables billevesées? S’amuser, tel était le but de la vie de ce roi ignoble entre les plus ignobles.
    Et cependant le peuple pleura. 
    Examinez au contraire la vie de Victor Hugo. 
    L’esprit du poète est sans cesse hanté par les problèmes sociaux les plus hauts.
    Le sort du pauvre, des petits préoccupe ce vaste génie. L’amour de l’humanité envahit son âme comme elle absorbe son oeuvre.
    Lisez les Misérables et dites-nous s’il est possible de faire un plaidoyer plus éloquent en faveur du relèvement du coupable. 
    Dans mille ans, l’œuvre du poète passionnera encore le monde et personne ne se souviendra du nommé Louis XV, si ce n’est pour le flétrir. 
    Aujourd’hui, nous n’avons plus de roi; mais la démocratie s’incline devant l’aristocratie de l’intelligence et devant la royauté du génie.
    Ce nous est une consolation de voir cette douleur générale au sujet de la maladie de Victor Hugo. 
    Ce n’est plus un roi de naissance que la foule pleure ; c’est un roi de la pensée. 
    UN PASSANT.

     


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  • Mme Edouard Lockroy a reçu hier la lettre suivante :
    ARCHEVECHE DE PARIS                            Paris, le 21 mai 1885
    Madame,
    Je prends la plus vive part aux souffrances de M. Victor Hugo et aux alarmes de sa famille. J'ai bien prié au saint sacrifice de la messe pour l’illustre malade. S ’il avait le désir de voir un ministre de notre sainte religion, quoique je sois moi-même encore faible et en convalescence d’une maladie qui ressemble beaucoup à la sienne, je me ferais un devoir bien doux d’aller lui porter les secours et les consolations dont on a si grand besoin dans ces cruelles épreuves.
    Veuillez bien agréer, madame, l'hommage de mes sentiments les plus respectueux et les plus dévoués
    -¡- J. Hipp. cardinal Guibert,
    Archevéque de Paris.

    M. Edouard Lockroy a immédiatement répondu :
    Paris, le 21 mai 1885.
    Monsieur l’archevêque de Paris,
    Mme Lockroy, qui ne peut quitter le chevet de son beau-père, me prie de vous remercier des sentiments que vous voulez bien lui exprimer d'une manière si éloquente et si bienveillante à la fois.
    Quant à M. Victor Hugo, il a déclaré ces jours-ci encore qu'il ne voulait être assisté, pendant sa maladie, par aucun prêtre d’aucun culte. Nous manquerions à tous nos devoirs si nous ne respections pas sa volonté.
    Veuillez bien agréer, je vous prie, monsieur l’archevêque de Paris, l'expression de mes sentiments les plus respectueux.
    Edouard Lockroy,
    Député de Paris.

    C’en est fait, Victor Hugo, passera devant sa paroisse, sans s’y arrêter ; cette résolution jette dans les rangs de l’armée dévote un trouble profond.
    Le mouvement libre-penseur a commencé à se développer en France avec les obsèques non religieuses de Félicien David, puis s’est continué par Herold, préfet de la Seine, et Gambetta.
    Aujourd’hui c'est Victor Hugo, qui consacre cette parole célèbre : « Le cléricalisme, voilà l’ennemi ! »


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  • Victor Hugo est mort.
    Cette nouvelle, qui aura un douloureux retentissement dans toutes les âmes françaises, nous parvient à l’instant.
    C’est le cœur oppressé de tristesse, la plume hésitante, que nous essayons de tracer quelques lignes.
    Celui dont le génie noue a si souvent ému, transporté, ravi, enthousiasmé, n’est plus.
    La plus haute personnalité littéraire du siècle, l’homme qui a renouvelé, enrichi notre langue nationale, la grand poète lyrique, le Juvénal français, le puissant créateur de toutes ces figures éblouissantes de gloire, de Ruy Blas, le laquais inspiré,

    Ver de terre amoureux d’une étoile ;

    de Dona-Sol, l’amante idéale, de Guaquimara, l'incarnation de la haine, de Triboulet, la paternité difforme clouée au pilori de la souffrance, d’Hernani, de Cromwel, de l’exquise dona Maria, de Neubourg, de la Thisbé, de Jeanne, de Gilbert le ciseleur, de l’altière Ma­rie Tudor, de Marion Delorme, la courtisane parifiée par l’amour, du ténébreux Didier, du spirituel Saverny, de l’infâme Lucrèce Borgia, du visionnaire Torquemada, etc.,etc., le poète de la Légende des Siècles, cet immortel chef d’œuvre, des Odes et Ballade, des Rayons et des Ombres, des admirables Châtiments, l’écrivain de Notre-Dame de Paris, des Misérables, des Travailleurs de la Mer, de Quatre-Vingt-Treize, de Napoléon-le-Petit, du Dernier Jour d’un Condamné, etc., etc., est enlevé à notre admiration par l’implacable mort.
    Jamais vie ne fut plus belle que celle de Victor Hugo et à aucun autre ne s’appliquait mieux ce vers du poète qu’a lui-même :

    Donc je marche vivant dans mon rêve étoilé.

    Son existence ne fut qu’un long triomphe. Chacun se faisait une joie de s’incliner respectueusement devant l’autorité du génie d’Hugo.
    Appelé « Enfant sublime » par Châteaubriand dès l’âge de treize ans ; à vingt-cinq ans, Hugo était célèbre et reconnu comme le chef de la nouvelle école littéraire-romantique. On se battait à la première représentation de ses drames. Classiques et romantiques se livraient au Théâtre-Français de rudes combats au nom de l’art.
    La jeunesse se donnait rendez-vous chaque soir pour acclamer Hernani et reprendre aux classiques tel hémistiche emporté la veille dans le brouhaha et les cris d’une salle en délire.
    L ’heure était à l’enivrement. Le soleil romantique frappait d’insolation les plus réfléchis...
    Puis les fureurs se calmèrent et personne n’osa plus discuter Victor Hugo.
    Le temps accomplissait son œuvre d’impartiale justice.
    Rien ne manqua à sa gloire. Comme autrefois le Dante, il dut prendre le chemin de l’exil.
    Pendant les vingt années d’empire, debout et frémissant sur son rocher de Guernesey, Victor Hugo ne cessa de faire entendre sa grande voix dont l’éclat se mêlait au mugissement de la mer.

    Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là,

    écrivit un jour le poète. 
    Il tint sa parole et ne rentra dans son pays

    Tombeau de ses aïeux et nids de ses amours

    qu’après l’effondrement du régime impérial.
    Depuis son retour en France, chargé d’ans et d’honneurs, Hugo vivait parmi nous. Chaque jour, les Parisiens coudoyaient le vieillard sublime et saluaient en lui le génie vivant dans l’immortalité.
    Il n’est plus !
    Un vide immense se produit!
    Les Lettres françaises sont en deuil !
    La Patrie pleure !
    C ’est qu’aucun poète ne fut plus justement aimé que Victor Hugo.
    Sa bonté, la profonde humanité qui se dégage de ses ouvrages, lui avaient, depuis longtemps conquis le cœur des foules.
    Humain avant tout, aucune souffrance n’a trouvé Hugo indifférent. Il était foncièrement bon !
    La France entière fera à son plus illustre poète des obsèques dignes d’elle et de lui.
    Le peuple parisien, tant calomnié par ceux qui l’ignorent, fera cortège au mort et c’est au milieu de l’émotion générale, que la dépouille mortelle de Victor Hugo traversera ce Paris dont il a dit la grandeur dans un livre qui ne périra pas, tant qu’on conservera chez nous l’amour des belles lettres.
    UN PASSANT.


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  • Notre correspondant particulier nous télégraphie : Paris, 22 mai, 9 h. s.

    Mort de Victor Hugo

    Victor Hugo vient de mourir.
    La glace présentée à ses lèvres ne se ternit plus d’aucune vapeur, ses yeux éteints ne voient plus, les battements de son cœur ne répondent plus à la pression d’une main tremblante ; sa face immobile ne conservera plus que peu de temps, sous sa chevelure de neige, sa pâleur d’ivoire.
    C ’est fini ! Cette longue vie qui ne semblait pas achevée !
    C’est fini, ce travail incessant d’une pensée souveraine qui a voulu se survivre à elle-même et léguer à la foule des vivants des œuvres inédites à publier quand elle se reposerait !
    C’est à une heure et demie de l’après-midi, pendant que la tempête faisait rage et soulevait d’énormes tourbillons de poussière, que Victor Hugo a rendu le dernier soupir.
    L ’issue fatale était imminente depuis hier soir.
    Les médecins avaient déclaré la catastrophe inévitable. Et cependant on espérait encore.
    Il avait une si robuste santé, un tempérament si vigoureux, l’illustre poète, qu’on ne pouvait pas croire que la mort put terrasser ce géant de la pensée. La mort a eu raison du Titan.

    L’agonie

    L’agonie a été horrible. La nuit dernière avait été très agitée et la matinée assez paisible. Le malade avait dormi un peu , mais le ralentissement des battements du cœur devint de plus en plus sensible. Les médecins, après l’avoir examiné, rédigèrent le bulletin suivant qui laissait prévoir la catastrophe à brève échéance.
    9 heures 10 matin
    Situation extrêmement grave.
    Signé : VULPAIN, Germain SÉE, ALLIX
    Ce matin, à six heures, le malade avait fait demander ses deux petits-enfants, Georges et Jeanne, il les embrassa longuement et leur fis ses adieux.
    L’agonie avait commencée à sept heures du matin. Toute sa famille était près de lui au moment où il a rendu le dernier soupir.

    LA MORT

    Victor Hugo, dans ses dernières heures, était comme assoup'i. Au moment suprême, sa tête s’est soulevée, puis il l’a inclinée comme en saluant et est retombé brusquement.

    AU CHEVET DU MORT

    MM. Alexandre Dumas, Armand Gouzien, Catulle Mendès, Vacquerie et Meurice, assistaient aux derniers moments du grand poète.
    C’est M. Alexandre Dumas qui a annoncé le premier la mort aux personnes qui se trouvaient dans le cabinet d’attente. Les premières personnes venues après la mort sont M. et Mme Jules Simon.
    Dans le salon vide, le plus vieil ami de Victor Hugo, M. Roblin, assis sur le canapé, racontait qu’il y a soixante ans qu’il connaît Victor Hugo. Il peut à peine croire à la mort de l’homme illustre qu’il a connu rue Notre-Dame-des-Champs à l’heure où les fils de Victor Hugo n’étaient pas encore nés.
    J’ai quatre-vingt-neuf ans, six ans de plus que lui et c’est lui qui part le premier, quel malheur.

    La mort annoncée dans Paris

    C’est M. Bardou qui est venu annoncer en pleurant la triste nouvelle aux reporters assemblés devant la maison.
    Le sculpteur Dalou a moulé le visage du poète redevenu très calme.
    Le peintre Bonnat a fait une esquisse et Léon Glaize a pris un croquis.
    Cette nouvelle a produit un effet immense dans la foule, qui immédiatement, s’est précipitée vers l’hôtel de Victor Hugo. Une escouade de gardiens de la paix a heureusement pu maintenir l’ordre et l’empêcher de pénétrer dans la chambre mortuaire.
    M. Lockroy a fait placer une table devant la maison d’Hugo, sur laquelle il y a des registres où chacun vient s’inscrire. Rien n’est touchant comme l’attitude recueillie de la population.
    Nous avons vu des ouvriers, des soldats,des enfants, des femmes, venir s’inscrire. Des dépêches ont été expédiées à Mme Chenay, belle-sœur de Victor Hugo, Mme Menard-Dorian, et Mme Zola-Dorian, n’ont pas quitté Mme Edouard Lockroy, brisée de fatigue et d’émotion. Les petits enfants de Victor Hugo sont en proie à un désespoir inexprimable.

    AU SENAT

    La nouvelle de la mort de Victor Hugo arrivée an Sénat, à deux heures moins le quart, produit, comme de juste, une très grande émotion.
    M. Bardoux, qui était chez le grand poëte, à midi et 1/2, raconte qu’il s’est rencontré avec M. Bonnat qui venait d’ètre appelé par Mme Lockroy pour prendre les traits de l’illustre mourant.

     


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  • Notre correspondant particulier nous télégraphie : Paris, 22 mai, 9 h. 00 s.

    LA SÉANCE

    La séance est ouverte á 2 h. 1/2, sous la présidence de M. Leroyer.
    Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté .
    Henri Brisson, président du Conseil, MM. Demole, Allain-Targé, Pierre Legrand sont au banc des ministres.
    Dès que les sénateurs ont pris leur place, M. Leroyer, président, se lève et prononce d’une voix coupée par l’émotion les paroles suivantes :
    « Messieurs les sénateurs,
    » Victor Hugo est mort.
    » Celui qui, depuis plus de soixante années, provoquait l'admiration du monde et le legitime orgueil de la France, est entré dans l’immortalitè. Je ne retracerai pas sa vie, chacun la connaît, sa gloire n’appartient ) aucun parti, à aucune opinion. (Très bien ! très bien !)
    » Elle est l’apanage et l'héritage de tous. Je n ai qu’à constater la profonde et douloureuse émotion du Sénat et l’unanimité des regrets. (Applaudissements )
    En signe de deuil, j'ai l’h'onneur de proposer au Sénat de lever la séance. (Applaudissements) .
    M. Henri Brisson monte à la tribune. Le gouvernement, dit-il, s'associe aux nobles paroles du président du Sénat. Comme il l’a dit, c’est la France entière qui est en deuil.
    Demain, le gouvernement aura l'honneur de présenter aux Chambres le projet de loi pour que des funérailles nationales soient faites à Victor Hugo. (Applaudissements répétés).
    La séance est levée à deux heures cinquante minutes.

    AU PALAIS BOURBON

    Notre correspondant particulier nous télégraphie : Paris. 22 mai, 9 h. 15 s

    Au Palais-Bourbon, la nouvelle de la mort de Victor Hugo a produit une vive émotion. Toutes les commissions qui étaient réunies ont immédiatement levé la séance en signe de deuil.

    On s’arrache les journaux

    Tous les journaux ont fait des secondes éditions ; ils sont encadrés de noir ; la plupart contiennent un portrait de Victor Hugo. La foule s’arrache les journaux pour connaître les derniers moments du grand poète.

    Au Conseil municipal

    Le Conseil municipal, sur la proposition de son président, M. Michelin, a levé aujourd’hui sa séance en signe de deuil.

    A l' Académie française

    C’est M. Maxime Du Camp en sa qualité de directeur, qui prononcera au nom de l' Académie française, le discours sur la tombe de Victor Hugo.
    D' après les décisions prises il y a quelques mois, la délégation chargée officiellement de représenter l’Académie aux obsèques, sera composée des quatre derniers académiciens élus, MM. Pailleron, de Mazade, Coppée et Ferdinand de Lesseps, auxquels s'adjoindront les trois membres du bureau, MM. Du Camp, Doucet et Rousset.
    L’Académie tout entière suivra le convoi du plus illustre de ses membres.

    Dîner contremandé

    En raison de la mort de Victor Hugo, le dîner qui devait avoir lieu chez le président du Sénat, le 27 mai est remis au 3 juin.


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  • Les premières années

    Victor Hugo est né à Besançon, le 20 février 1802. ll était fils du général, alors capitaine, Sigisbert Hugo créé depuis comte par Napoléon 1er.
    L'on sait que l’illustre poète ne se prévalut jamais de ce titre.
    Il suivit tout enfant son père et sa mère, Sophie Trébuchet, fille d'un armateur de Nantes, de garnison en garnison, et les accompagna notamment en Italie et en Espagne.
    Après la guerre d'Espagne en 1812 il revint avec sa mère et ses deux frères, habiter à Paris la maison des Feuillantines qu’il avait déjà occupée en 1807 et dont il a laissé dans ses œuvres une description magistrale.
    Sur les bancs de la pension Cordier, la fécondité précoce du jeune poète le fit particulièrement remarquer. De treize à dix-sept ans, il écrivit la matière de plusieurs volumes, et dans ses essais faits d’après le moule usé du style classique, l’on peut déjà pressentir celui qui devait être plus tard le chef de la nouvelle école poétique française.

    Ses premiers succès

    En 1817, il envoya à l’Académie Française, une épître, Ies Avantages de l’Etude, qui fut jugée digne de prix, mais que l'on ne couronna pas parce que l’on crut à une mystification. L'auteur, en effet, y disait son âge et la pièce paraissait bien au-dessus des moyens d’un poète de 15 ans.

    Premiers chefs d’œuvre

    A dix-sept ans, aux Jeux-Floraux. il obtenait l’anémone d’or et devenait ainsi le plus jeune membre de la plus célèbre Académie de province.
    Depuis lors, ses succès littéraires, quoique vivement contestés au début, surtout au Théâtre, devaient aller en grandissant.
    Mais ses commencements furent difficiles.
    Son père lui avait offert une pension s’il consentait à prendre une profession plus régulière et moins aléatoire que celle des lettres. Il refusa.
    Comment et de quoi vécut-il? De rien ou de presque rien.
    Ceux qui veulent savoir ce que fut son existence au début de sa carrière, n’out qu'à relire dans les Misérables, les admirables pages de Marius où l’auteur s’incarne tout entier.
    A vingt-un ans il épouse une amie d’enfance, Mlle Adèle Fouché, qui restera sa compagne chérie, et vit avec elle de pain sec, d’amour et d'eau pure.
    Une maigre somme de 1,500 fr. que lui alloue par an le roi Louis XVIII forme l’unique ressource du jeune ménage.
    En juin 1822, Victor Hugo publie le premier volume des Odes, bientôt suivi de Han d ’Islande, de Bug-Jargall, des Ballades, de Cromwell et des Orientales.

    Théâtre et poésies

    En 1829, Hugo donne au théâtre Marion Delorme dont la censure interdit les représentations. Vient ensuite Hernani dont on se rappelle le scandale légendaire, et que depuis le public a justement classé au rang des plus beaux chefs-d’œuvre de la scène.
    La série des merveilles continue alors sans interruption. Le Roi s’amuse, Lucrèce Borgia, Angelo, Marie Tudor, Ruy-Blas, pour le théâtre ; les Chants du Crépuscule, les Voix intérieures, les Rayons et les Ombres (1843), pour la poésie lyrique.

    Notre-Dame de Paris

    Au cours de ces chefs-d'œuvre, il a encore écrit Notre-Dame de Paris, superbe résurrection du Moyen-Age, où l’art de l'inventeur le dispute à la réalité historique, parfois dans toute sa grâce, le plus souvent dans l’étendue complète de sa sombre horreur.
    Citons encore le Dernier Jour d'un Condamné et Claude Gueux, ses plus éloquents plaidoyers qui aient jamais été faits contre la peine de mort.

    Victor Hugo à l’Académie

    En juin 1841, Victor Hugo était reçu à l'Académie française en remplacement de M. Lemercier. En possession d’une gloire immense, maître souverain d’une littérature et d’une langue qu’il avait renouvelées par un travail incessant et une volonté indomptable, le poète ne fit que grandir encore dans sa période de pleine maturité.
    Mais avant de parler de la seconde partie de son œuvre, nous devons examiner en lui l'homme politique.

    Victor Hugo, homme politique

    Tout jeune homme, Victor Hugo s'était senti porté vers le parti royaliste, mais il ne tarda pas à embrasser la cause démocratique et nul plus que lui ne fut sincèrement républicain. Sous Louis-Philippe (1845), il était créé pair de France. A la Constituante et à la Législative, il devint le chef et l’orateur de la Gauche démocratique et sociale.
    Lorsque sonna l’heure du Coup d’Etat, son nom fut mis en tête des listes de proscription et il dut se réfugier en Belgique d’abord, puis à Jersey et enfin à Guernesey où il demeura jusqu’à la chute du second Empire.

    Secondes œuvres

    Pendant son exil, il donna successivement : Napoléon-le-Petit, les Châtiments, les Contemplations, les Misérables, les Travailleurs de la Mer, l'Homme qui rit, les Chansons des Rues et des Bois.
    Rentré enfin en France, après le désastre de Sedan, il publia encore l'Année terrible, l'Histoire d'un Crime, l' Art d'être Grand' Père, Torquemada, et la seconde partie de son œuvre héroïque, la Légende des Siècles, l'Ane, les Quatre-Vents de l’esprit, etc., etc

    Celui que nous pleurons

    Nommé sénateur, il n’avait pas cessé de s’intéresser à toutes les réformes vraiment libérales et républicaines.
    Tel est l’homme illustre que la France pleure aujourd’hui.
    Nulle vie, dans sa gloire la plus éclatante, n’aura été plus belle ni mieux remplie que la sienne ; sa mort doit être considérée comme un deuil public, bien plus, un deuil universel.
    Deuil universel, en effet, car c’est à lui que, de tous les points du monde, s’adressaient les malheureux voulant obtenir une grâce, le priant d’intercéder en leur faveur et de faire fléchir les ligueurs d’une condamnation.
    Aucune souffrance humaine ne le trouva indifférent.
    A lui seul, croyons-nous, fut réservé l’honneur sublime de se voir, pendant sa vie, couronné dans une de ces apothéoses publiques jusqu’alors réservées aux morts illustres, alors que tout Paris, le 27 février 1880, défilant devant sa maison, lui porta le tribut d’une admiration qui ne s’est jamais démentie.
    Ce jour-là, il entrait véritablement dans l’immortalité !


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  • Nous extrayons de l’intéressant ouvrage de M. A. Barbou : Victor Hugo et son temps, ces curieux détails sur la vie intime du grand poète :
    Rien de plus connu de tout Paris que cette figure sympathique de Victor Hugo que l'on rencontre si souvent sur l’impériale des tramways, des omnibus, et arpentant d'un pas allègre les rues de Paris, ne portant jamais de pardessus, et à peine un parapluie, même par les temps les plus mauvais.
    La maison qu’il habite, elle aussi, est très connue ; on l’appelle dans le quartier « la maison de la grande marquise. » Une marquise vitrée la fait, en effet, remarquer et c’est là que les passants surpris par la pluie trouvent à s’abriter un moment dans ce quartier désert : « Ma demeura sera toujours un lieu d’asile, » dit Victor Hugo.
    L hôtel se compose d’un rez-de-chaussée et de deux étages. Le rez-de-chaussée est occupé par la bibliothèque et la cuisine qui donnent sur la rue. Entre ces deux pièces se trouvent une chambre servant de vestiaire et un vestibule donnant accès au salon de réception.
    Au premier, les chambres à coucher et un salon de cabinet de travail.

    *
    * *

    « C’est au premier que le poète resta pour travailler. Là, il est pour ainsi dire dans un bois. D ’un côté, il a vue sur les arbres de l’Avenue ; de l’autre, sur le jardin de l’hôtel ; un coquet et délicieux jardin plein de beaux arbres, avec un tapis vert ; des corbeilles de fleurs, un ruisselet dans lequel barbotent les canards blancs de Mlle Jeanne, et une petite fontaine où l’eau tombe en cascade.
    On descend dans le jardin par un perron auquel on arrive après avoir traversé le grand salon et une veranda qui s’étend derrière la salon laissant voir le jardin...
    La seule distraction du grand poète est maintenant de réunir ses amis chaque soir par petits groupes. Victor Hugo ne rend plus de visites, mais il reçoit la visite de tous et ses invitations sont faites avec une cordialité qui n'admet pas de distinction ; tantôt, par exemple, c’était Gambetta, quand il vivait, et une minute après Rochefort; tantôt les ministres et les ministériels, tantôt les intransigeants qui viennent partager son repas. Dîner toujours charmant auquel sont régulièrement admis des dames ; un dîner sans femmes ne serait pas un dîner pour le poète.
    On reste longtemps à table, souvent près de trois heures. Menu soigné, abondant; deux sortes de vin. Madère et St-Emilion, mais les crûs sont authentiques.

    *
    * *

    On cause. — A table, Victor Hugo est superbe ; bel estomac, fourchette rare ! — On cause ! Sa voix est ferme, son langage plein de politesse fière et de cordialité ; tantôt c’est le pair de France qui apparaît, tantôt le poète, tantôt le maître de maison le plus affable et le plus gracieux. De sa vieillesse il n’a pas souci ; il parle avec une tranquillité souriante du peu de vie qui lui reste et des immenses projets qu’il porte dans sa tête.
    Il mourra la plume à la main.
    Il porte son grand age avec coquetterie et puissance, mais ne cherchant pas à le dissimuIer ; mettant parfois des lunettes pour lire à haute voix des vers inédits, ne ressemblant point à cela encore à Lamartine, qui vieux, avait eu la faiblesse de ne jamais dire son âge.

    *
    * *

    Levé presque toujours à cinq heures, il reste dans sa chambre à coucher, devenue son cabinet de prédilection. C’est la pièce la plus isolée, la mieux défendue contre les bruits du dehors. Elle est très simplement meublée ; une commode de toilette Louis XV , et près de la fenêtre, donnant sur le jardin, le bureau très élevé où le poète écrit debout.
    Il dort dans un lit horizontal à colonnes torses supportant un ciel plat dans le goût du xvi siècle. La chambre est tendue d'un damas de soie rouge et éclatant. Nous disions qu’il ne voulait ni pardessus ni parapluies ; il a payé de plus d’un gros rhume cette marque de précaution et ce n’est que depuis quelques années qu’il a renoncé, sur l’avis de son médecin, aux bains d’eau glacée qu'il prenait tous les matins.
    Victor Hugo n’a jamais fumé.

    *
    * *

    Connait-on ses procédés de travail ?
    Il songe, il regarde voir, il s’opère en lui une gestation d’idée qu'il interrompt, qu’il reprend, et à la suite de laquelle il écrit au courant de la plume.
    Après le dîner, ou passe au salon où l’on continue la causerie qui devient plus intime qu’à table. Quelques visites arrivent et l'on abandonne d ordinaire les sujets graves. Les réceptions pour le poète sont devenues comme un repos. Il a renoncé à ouvrir les lettres qui lui arrivent par centaines et c’est par les soins de son secrétaire que les missives intéressantes sont seules mises sous ses yeux. — « Je n’ai plus de temps à perdre, » dit-il en riant.


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  • Parce que Victor Hugo a dit que Napoléon avait été un grand guerrier et avait gagné de superbes batailles, les bonapartistes osent dire que le poète a chanté et glorifié l’épopée Napoléonienne.

    Quelle audace !
    Ne se rappellent-ils donc pas les vers dans lesquels Bonaparte est si cruellement flagellé?
    Là, dans cette baraque, abject et vil bazar
    Où Mandrin mal lavé au déguisa en César,
    Riant, l’affreux bandit ! dans sa moustache épaisse
    Toi, spectre impérial, tu bats la grosse caisse !

    Ne se rappellent-ils pas surtout la dernière strophe de la chanson célèbre dans laquelle comparant l’oncle et le neveu, Hugo, en quelque sorte, a prophétisé Sedan ?

    Quand il tomba, lâchant le monde,
    L’immense mer
    Ouvrit à sa chûte profonde
    Le gouffre amer; 
    Il y plongea, sinistre archange
    Et s engloutit. —
    Toi, tu te noîras dans la fange
    Petit ! Petit !


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  • Le jeudi 2 août 1883, Victor Hugo a remis à M. Auguste Vacquerie, dans une enveloppe non fermée, les lignes testatmentaires qui suivent et qui constituent ses dernières volontés pour le lendemain de sa mort :

    Je donne cinquante mille francs aux pauvres.
    Je désire être porté au cimetière dans leur corbillard.
    Je refuse l'oraison de toutes les églises ; je demande une prière à toutes les âmes.
    Je crois en dieu.

    VICTOR HUGO


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  • Sous ce titre général, nous donnons les renseignements les plus recents qui nous arrivent de Paris sur la mort de Victor Hugo, ainsi
    que divers détails à propos de cette mort. Commençons par la description de :


    LA CHAMBRE MORTUAIRE


    Victor Hugo est toujours dans la chambre du premier étage, où il a rendu le dernier soupir.
    Il a le visage calme et aucune contraction nerveuse ne s’est produite sur sa figure.
    La petite chambre est pleine de fleurs.
    Au pied du lit, M. Léopold Hugo a placé une petite couronne de bronze, qui appartenait au père de Victor Hugo, le général de division Léopold-Sigisbert Hugo.
    Mmes Ménard-Dorian et Lockroy sont restées près du corps toute la matinée et une partie de la nuit.
    Le portrait de Victor Hugo sur son lit de mort a été fait avant-hier dans l'après-midi : en buste par M. Dalou, en peinture par M. Bonnat, en dessin par M. Léon Glaize.
    Hier matin, Victor Hugo a été photographié par Nadar et Etienne Carjat.

    LE TESTAMENT DE VICTOR HUGO


    Extrêmement volumineux, ce testament a été soumis, pour la partie juridique, aux avocats Crémieux et Hébert. Il renferme une partie qui est une sorte de programme littéraire et philosophique, la plupart des exécuteurs testamentaires désignés dans ce document sont morts aujourd’hui. L’un d’eux était Jules Favre.
    Une clause du testament réserve la publication des œuvres de Victor Hugo ; cette clause porte que les œuvres théâtrales seront confiées à M. Paul Meurice et les autres à M. Vacquerie.
    C’est M. Paul Meurice qui sera chargé de collationner les manuscrits renfermés dans un pavillon (dit la Tour du Nordi de Hauteville-
    House, à Gernesey.
    La fortune de Victor Hugo s’élève à cinq millions six cent mille francs, savoir : 
    Quatre millions en Consolidés anglais et titres de la Rente française, déposés a la maison Rothschild ;
    Quatre-vingt mille francs de rente, représentés par des actions de la Banque nationale de Belgique.
    Sur l’argent de la succession, une somme de un million sera consacrée à la fondation d’une œuvre charitable, l’Asile Victor Hugo, destiné à recueillir les enfants abandonnés.
    Les actions du Rappel sont, en grande partie, la propriété des enfants de Charles Hugo, dont la tutelle appartenait au poète ; cette tutelle passant, aujourd’hui, entre les mains de M. Lockroy, ce dernier va avoir la jouissance de la plus grande partie des actions du Rappel.
    Une somme annuelle de douze mille francs sera consacrée à l’entretien de l’orphelinat de Guernesey.
    Des legs sont faits à M. Léopold Hugo, neveu du défunt ; à la Société des auteurs dramatiques, à la Société des gens de Lettres.
    Le poète laisse cent mille francs aux pauvres de Paris et vingt-cinq mille francs à la Compagnie des omnibus, pour gratifications annuelles aux cochers et aux conducteurs de la ligne Passy-Bourse.
    L’habitation de Guernesey est attribuée à la petits Jeanne Hugo.


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  • C’est l’Arc de Triomphe de l’Etoile qui a été choisi à l’unanimité comme le centre des funérailles.
    C’est là que seront prononcés les discours officiels par les représentants du gouvernement, du Sénat, de l’Académie française, du Conseil municipal, etc.
    Seuls, les amis intimes de l’illustre poète et de sa famille diront leurs adieux au cimetière.
    L’Arc de Triomphe sera presque entièrement couvert d’un voile de deuil, sur lequel se détacheront d’innombrables trophées de drapeaux tricolores.
    Sous la voûte du monument grandiose, sera élevé un immense cénotaphe se détachant sur l’horizon par les deux grandes baies qui donnent l’une sur l’avenue des Champs-Elysées, l’autre sur l’avenue du Bois-de-Boulogne.
    L’exposition du corps commencera à quatre heures de l’après-midi, la veille du jour des funérailles.
    La place de l’Etoile sera occupée par de nombreuses troupes à pied et à cheval. La nuit, des feux seront allumés autour du  monument, et des cavaliers formant la veillée funèbre, porteront des torches aux flammes multicolores.
    L’exposition du corps ne sera terminée que le lendemain à raidi, c’est-à-dire au moment du départ du convoi pour le lieu de l’inhumation.
    Pendant tout le temps que durera l’apothéose du Maître, le canon fera entendre, dans le lointain, de sourdes détonations, répétées à tout instant.


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  • Ce sera, selon la volonté de l'illustre défunt, un simple corbillard des pauvres, sans fleurs et sans draperie, qui viendra prendre, sous l’Arc-de-Triomphe, le corps du grand poète.
    La famille de Victor Hugo tient scrupuleusement à respecter ses dernières volontés.
    Pour le reste, elle laissera la France faire son devoir.
    Le modeste corbillard pourra être suivi de tous les chars chargés de fleurs et les funérailles pourront se faire avec toute la pompe et tous les honneurs dont doit être honoré celui qui sera une des plus sublimes gloires de la France.


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  • Toutes Ies sociétés des chambres syndicales de Paris, toutes les associations ouvrières se feront représenter aux obsèques civiles de Victor Hugo. Les loges maçonniques, les membres de la Libre-Pensée, les étudiants, Ies voyageurs de commerce, la presse, etc., etc., enverront des délégations à cette cérémonie.
    De nombreuses municipalités de province, Lyon, Lille, Marseille, Toulouse, Angers, Bordeaux, Dijon, etc., etc., seront représentées;
    sans compter les dilégations qui doivent arriver de tous les points de l’Europe: Angleterre, Espagne, Russie, Belgique, Autriche-Hongrie, etc., etc.


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  • Dans sa séance d’hier, le conseil municipal de Paris a été saisi de la proposition suivante par M. Deschamps :
    Le Conseil émet le vœu :
    « Que le Panthéon soit rendu à sa destination primitive et que le corps de Victor Hugo y soit inhumé. »

    Cette proposition est adoptée à l’unanimité, sauf la voix de M. Georges Berry.


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  • Voici un billet bien caractéristique qui vient d’être publié pour la première fois :
    « Samedi, 5 novembre 1881.
    » Cher grand Gambetta,
    » On m’apprend que vous êtes mon voisin, je trouve cela tout simple, et vous trouverez certainement tout simple aussi de venir dîner avec moi mardi. Vous trouverez mon vieux cœur toujours le même.

    » Victor Hugo.


    Ces deux grands citoyens, Gambetta et Hugo, s’honoraient l’un l’autre par leur mutuelle amitié. Paris réunira Hugo à Gambetta en faisant au poète une apothéose funèbre pareille à celle qu’il fit à l'orateur. Si on veut maintenant l’explication du voisinage auquel Victor Hugo fait allusion dans son billet, on n’a qu’à se souvenir que Gambetta habita, pendant la dernière année de sa vie, rue Saint-Didier, dans le seizième arrondissement.


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  • Le comité de la société des gens de lettres adresse l’appel suivant au public ;
    « Paris, 23 mai 1885.
    « L’immense deuil qui atteint la patrie est pour la grande famille des gens de lettres une douleur filiale.
    » la Société des gens de lettres que Victor Hugo aimait, le poète national a donné un jour l’or et l’airain de ses vers pour offrir un
    canon à la défense du pays.
    » La Société des gens de lettres tient à ouvrir la souscription destinée à élever un monument à la gloire de Victor Hugo.
    » Les souscriptions reçues, 5, rue Geoffroy-Marie, seront versées au Comité déjà constitué de la statue de Victor Hugo.
    » Le président du Comité,
    » Jules CLARETIE. »


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  • Il eut été étonnant que les cléricaux n’eussent pas jeté, au milieu de ce deuil national, une note discordante, et grossière.
    Voici, en effet, ce que nous lisons dans La Croix, journal attitré des pèlerinards :
    « Victor Hugo est mort à une heure 35.
    » Il fut le plus grand poète de notre siècle.
    » Il était fou depuis plus de trente ans.
    » Que sa folie lui serve d’excuse devant Dieu.
    » Plaignons ceux qui vont lui décerner l’apothéose et prions pour lui ».


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  • Traíns à prix réduits. — Un de nos lecteurs de Charleville nous soumet l’idée suivante, sur laquelle nous appelons toute l’attention de la Compagnie des chemins de fer :
    « A l’occasion des funérailles de Victor Hugo, la Compagnie ne pourrait-elle pas organiser des trains à prix réduits? De nombreux citoyens désireraient, pour leur faible part, contribuer à l'éclat de cette cérémonie nationale; aux Compagnies de chemins de fer de leur en faciliter les moyens. »

    TOURNES. — Hommage à Victor Hugo. — Le conseil municipal, sur la proposition de M . Herque, a décidé d’envoyer l’adresse suivante à la famille du grand poète :
    « A la famille de Victor Hugo,
    » Le conseil municipal de Tournes (Ardernes), s’associe de tout cœur au deuil de la famille du grand poète que la France vient de perdre, et la prie d’accepter ses compliments de condoléance.
    » Il n’oublie pas que Victor Hugo a daigné faire don de l'Année terrible à la bibliothèque de la dite commune »
    (Suivent les signatures des conseillers)

    ATTIGNY. — Hommage à Victor Hugo. — Le Comité républicain d'études sociales d'Attigny nous prie de publier le texte de l’adresse suivante :
    « Les membres du Comité républicain démocratique et d'études sociales d’Attigny envoient à la famille de Victor Hugo, leur suprême témoignage de respect et de douleur à l'occasion de la mort de l’illustre citoyen. — Pour la Commission : T . HUON . »

    SEDAN. — Le Comité de la Libre-pensée vient d’adresser à M . Lockroy, la lettre suivante :
    — « En présence du deuil immense provoqué par la mort de Victor Hugo, nous ne pouvons, Monsieur, que mêler nos larmes aux vôtres, à celles de la France et du monde entier.
    » Si une pensée peut contribuer à atténuer notre douleur, c’est que cette mort matérielle n'est pour le grand poète que le seuil de l’immortalité. Son souffle puissant continuera à animer notre civilisation pour la pousser vers le progrès : nous continuerons à puiser les inspirations généreuses dans ses œuvres ; nous apprendrons à nos enfants les vers de bronzé dans lesquels il a gravé toutes nos gloires et les strophes indignées dont il foudroyait le potentat parjure et traître, le prêtre sacrilège et apostat. Nous leur dirons que Victor Hugo, le vengeur implacable lorsqu’il s’agissait d’étaler en plein soleil la turpitude du crime triomphant, pleurait sur les misères des déshérités, trouvait des paroles d’une douceur ineffable pour peindre la grâce et la candeur de l’enfance.
    » Et vous, Monsieur, qui avez eu le bonheur de vous asseoir en fils au foyer du Maître, veuillez être notre interprète auprès de toutes les personnes qui lui étaient chères et leur exprimer combien nous compatissons à leur douleur. »
    LES MEMBRES DU COMITÉ DE LIBRE-PENSÉE SEDANAISE.
    (Suivent plus de 50 signatures).


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  • Dans une chambre étroite et simple de sa maison de l’avenue d’Eylau — chambre à peine meublée d’un lit, de quelques fauteuils et d’un bureau de travail, uniquement décorée de la photographie de deux enfants, (Georges et Jeanne, Victor Hugo, le Titan littéraire, l’homme politique respecté de tous, le grand’père vénéré, l’artiste incomparable, qui régénéra la langue française et fut l’honneur moderne des Lettres comme la gloire de son pays, — Victor Hugo que pleure la Patrie en deuil, s’est endormi du sommeil éternel.
    Il laisse après lui deux choses : son œuvre qui ne peut mourir et son testament fait en prévision de sa mort.
    Sur l’œuvre, il a porté lui-même un jugement indirect mais absolu 
    « Tout homme qui écrit, a-t-il dit récemment encore, fait un livre. Tout livre reste. II est la récompense ou le châtiment de son auteur.»
    A qui mieux qu’à l’inimitable poète, cette phrase pourrait-elle s’appliquer?
    Le châtiment demeurera indélébile pour les pervers qu’il a flétris, la gloire immortelle sera la récompense de Celui dont le merveilleux
    génie fut essentiellement humain et bon.
    C'est aux petits surtout, aux faibles, aux malheureux, aux misérables qui souffrent de l’injustice du sort ou de l’indignité des hommes,
    que se sont adressées ses pitiés éloquentes. L ’œuvre de Victor Hugo restera éternellement le Livre du Peuple.
    La mort, par une loi commune, a pu mettre fin à cette vie glorieusement utile, elle n’en pourra anéantir ni l’illustration ni les conquêtes,
    ni les impérissables bienfaits.
    Voilà pour l'œuvre.
    Le testament est court. Nous en avons publié le texte.
    Victor Hugo légue aux indigents la somme de cent mille francs et veut être conduit à sa dernière demeure dans le corbillard des pauvres.
    Telle est sa dernière volonté, trop belle et trop noble, pour qu’elle ait besoin d’apologie. Lui qui traitait d’égal à égal avec les plus puissants princes du monde, qui, dans des lettres admirables, leur dictait leur conduite et les rappelait à leur devoir, lui devant qui s’inclinait respectueusement tout ce que la terre compte d’hommes célèbres, a voulu laisser ce superbe et touchant exemple de son amour ardent pour les humbles.
    Des détracteurs salariés ont osé, pendant sa vie, lui reprocher son orgueil. L'on voit après sa mort, jusqu’où il le poussait.
    Plus noble que tous les souverains qui aient occupé un trône, comte par sa naissance, pair de France sous Louis-Philippe, le sénateur de la République réclame le convoi du travailleur honnête et pauvre, du prolétaire obscur dont il s’est toujours efforcé de soulager les souffrances.
    Et quelle leçon d’humilité et d'abnégation pour les prêtres qu’il éloigne de son cercueil et qui, pendant son agonie, usaient d’une dernière supercherie pour voler son corps avant même que la vie se fut éteinte en lui !
    Les funérailles civiles du grand Penseur, seront aux frais de l’Etat. C’est justice. La Francs ne saurait trop honorer celui qui l’a couverte de tant d’honneur; mais, si magnifique que l’on rende la cérémonie suprême, si imposante qu’on la fasse, le dernier vœu du Poète doit-être scrupuleusement respecté, et c’est le corbillard le plus modeste qui doit recevoir sa dépouille avant qu’elle soit à jamais enfermée dans la tombe.
    Et devant le char mortuaire de l’ouvrier, où seront placés les restes du merveilleux Artiste tous, grands et petits, s’inclineront avec respect, des sanglots dans la gorge et des larmes dans les yeux, déplorant la perte immense que fait la France républicaine et libre dans celui qui fut sa gloire lu plus pure comme la plus incontestée.


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  • Les obsèques de Victor Hugo
    Le Conseil s’est occupé ensuite des obsèques de Victor Hugo. Il a décidé de prononcer la désaffectation du Panthéon. Cette désaffectation sera faite par décret. L’attribution de cet édifice au culte a été faite, en 1852, par décret et peut être modifiée en la même forme.
    Le décret da désaffectation a été signé ce matin même par le président da la République.
    Le Panthéon sera donc rendu à sa destination da lieu de sépulture des grands hommes. Toutefois, pour autoriser l'inhumation de Victor Hugo au Panthéon, il faudra un projet de loi qui va être présenté aux Chambres.
    Le jour des obsèques de Victor Hugo n'est pas encore définitivement, fixé, mais le gouvernement désirerait que les préparatifs fussent assez activement menés pour que les funérailles se fissent samedi prochain 30 mai.
    M . Goblet, ministre de l'instruction publique, a été chargé de prononcer un discours au nom du gouvernement.
    La commission chargée par le gouvernement de l’organisation des funérailles de Victor Hugo, devant s’occuper aujourd' hui de régler le projet de cortège ainsi que l’emplacement des diverses sociétés sur les avenues avoisinant la place de l’Etoile, M. le docteur Marmottan lui a remis toutes les demandes d’inscription qui lui avaient été adressées, par plus de quatre cents sociétés et délégations.
    La commission centralisant en ce moment tout le travail, toutes demandes nouvelles doivent être adressées à l’Hôtel-de-Ville, à M. l'ingénieur Barioet, à l'Arc-de-Triomphe.
    Les préparatifs de charpente sont presque complètement terminés. Les trois ouvertures de côté sont fermées. En dehors des chaînes sont disposés des échafaudages pour soutenir les lampadaires.


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  •  AUTRICHE-HONGRIE. — Quelques journaux de Vienne annoncent qu’il sera présenté au Conseil municipal de cette ville, dans sa prochaine séance, la proposition d’exprimer à la ville de Paris la part que prend la ville de Vienne au deuil causé, en France, par la mort de Victor Hugo.

    TUNISIE. — Les colonies française et italienne ont ouvert une souscription pour envoyer une couronne aux funérailles de Victor Hugo.

    Bruxelles et Victor Hugo. — Bruxelles, 27 mai. M. Janson, ancien député et chef de l’Extrême-Gauche, actuellement conseiller communal de la capitale, a écrit une lettre au bourgmestre de Bruxelles lui demandant de convoquer, à bref délai, le conseil communal, afin de voter une adresse de condoléance à la ville de Paris à l’occasion de la mort de Victor Hugo.

    UN ARTICLE DE LA TRIBUNA. — La Tribuna publie un article dans lequel elle cherche à démontrer, à propos de la mort de Victor Hugo, que la politique officielle n’est point l’expression véritable des sentiments réciproques qui animent la France ct l’Italie. La politique, dit-elle, est un calcul, un art, un artifice souvent vulgaire. A la mort de Victor Hugo qui, à Bordeaux, défendit le héros de Dijon contre les réactionnaires, un homme que beaucoup aiment à représenter comme ennemi de la France, a élevé la voix au sein du Parlement italien, pour prononcer quelques paroles émouvantes sur le grand poète.
    Ces paroles ont trouvé un écho dans la Chambre et dans le Sénat français où le ministre des affaires étrangères a exprimé des sentiments de chaleureuse sympathie pour l’Italie, tandis que les représentants de la nation se levaient pour témoigner de leur reconnaissance. Ce ne sont point là de vaines lueurs de feux-follets.
    Garibaldi qui offre sa vie à la France et n’a pas le moindre regret de son sacrifice, lors même que dans l'amertume de la défaite, les vaincus le récompensent mal, Victor Hugo qui en toute circonstance et partout défend la cause de l’Italie, indiquent aux deux nations non le moment de se dire un mélodramatique embrassons-nous; mais leur montre la voie au haut de laquelle se trouve la satisfaction de leurs intérêts communs.


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  • La commission des obsèques de Victor Hugo s’est réunie hier [26], une première fois, à neuf heures et demie du matin, sous l’Arc-de- Triomphe, pour s’occuper da la manière dont il serait décoré.
    Elle s’est réunie une seconde fois, à cinq heures, au ministère de l’intérieur.
    Etaient présents :
    MM . Edmond Turquet, président; Auguste Vacquerie, Ernest Renan, Michelin, président du conseil municipal; Dalou, Mercié, Guillaume, Bouguereau, Bonnat, Alphand, Garnier, Bartet, de Lacroix, secrétaire.
    On avait convoqué MM. Ambroise Thomas, directeur du Conservatoire; Ritt et Gailhard, directeurs de l’Opéra ; Carvalho, directeur de
    l'Opéra-Comique; Camille Saint-Saëns, etc.
    On a examiné les divers plans de décoration. On a choisi celui de M. Garnier.
    M. Camille Saint-Saëns et les directeurs du Conservatoire, de l’Opéra et de l’Opéra-Comique avaient été appelés pour être consultés
    sur la façon dont la musique pourrait contribuer à l’éclat de la triste et glorieuse manifestation.
    Il a été décidé qu'à l’Arc de Triomphe, à la levée du corps, il n’y aurait que de la musique instrumentale. Cette même musique accompagnera le corps de l’Arc de Triomphe au Père-Lachaise.
    A la place de la République, il y aura une halte. L ’Opéra, l’Opéra Comique el le Conservatoire se réuniront pour honorer au passage
    le grand mort.
    Victor Hugo, comme il l’a demandé expressément dans le testament que nous avons publié, sera porté par le corbillard des pauvres,
    sans rien qu’une simple couronne d’immortelles.
    On va se mettre des aujourd’hui au travail de la décoration de l’Arc de Triomphe. En le pressant le plus possible, il demandera cinq
    jours. Il ne pourra donc être terminé que vendredi soir.
    Le corps sera exposé sous l’Arc de Triomphe samedi.
    Les obsèques auront lieu dimanche.


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  • Paris, 27 mai 9 h . 40.
    Les préparatifs des obsèques
    M. Turquet, sous-secrétaire d’Etat à l’instruction publique, accompagné de M. Kaempfen et du commandant Lichtenstein, s’est rendu ce matin à l’Arc de Triomphe pour examiner sur place l’état des travaux du monument.
    Les travaux sont poussés avec activité par les ouvriers de la maison Belloir, et par l’administration du mobilier national chargés de l’ornementation générale.
    La grande charpente est terminée, elle sera complétée par quelques accessoires qui seront Unis dans la soirée. Toute la carcasse du milieu est achevée, soubassement, emmarchement, faux cenotaphe où sera déposé le corps de Victor Hugo, socle, piédestal et cenotaphe proprement dit, sont prêts à recevoir les draperies et les tentures.
    L’emmarchement sera recouvert de drap noir ; le socle de velours violet ; le piédestal, de peintures ; le cénotaphe, de velours de soie noire et de guirlandes de chêne.
    Il ne reste ù élever à cet endroit que les quatre grands pylônes destinés à supporter aux quatre coins les trépieds remplis de flammes vertes.
    A la maison mortuaire, les couronnes continuent à affluer. On remarque celles qui sont envoyées par la ville de Metz, par l’ambassadeur de France à Vienne, par la Loge maçonnique d’Avignon, etc.

    LE JOUR DES OBSÈQUES
    La mise en bière du corps aura lieu vendredi.
    Il est probable que les obsèques de Victor Hugo seront retardées jusqu’à lundi. Les vastes proportions du monument ne permettant pas de tout terminer avant dimanche.

    L ’EXPOSITION DU CORPS
    Or, d’après les intentions du Comité et pour répondre au sentiment public, la journée de dimanche sera consacrée à l’exposition du corps et au défilé de tous ceux qui, désireux de rendre hommage au poète, ne pourraient pas toutefois assister à ses obsèques.

    L'ITINERAIRE DU CORTEGE
    Voici, aux dernières nouvelles, quel serait l’itinéraire du cortège :
    Le cortège gagnera les grands boulevards, les suivra jusqu’à la Seine. Il traversera celle-ci, puis prendra le boulevard Saint-Michel jusqu’à la rue Soufflot.


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  • Un soir de 1874, Victor Hugo avait réuni dans un diner intime Flaubert, Arsène Houssaye, Henry Houssaye, Théodore de Banville, M. Floquet, etc. Il venait d’être élu sénateur et avait écrit au maréchal de Mac-Mahon pour lui demander de retarder le départ de Brest d’un navire qui devait transporter à la Nouvelle-Calédonie des condamnés de la Commune.
    On était déjà à table lorsqu’une bonne entra tenant à la main une lettre et un papier. C’était un reçu à signer au garde de Paris qui apportait la missive.
    Victor Hugo la décachète, la parcourt, et s’adressant à ses amis : « Messieurs, en 1845 je n’étais encore ni pair de France, ni sénateur, ni même Victor Hugo ; un soir, je réveillai le roi Louis-Philippe pour lui demander la grâce de Barbès ; à cinq heures du matin j’étais réveillé à mon tour par un exprès ; il m’apportait la grâce de Barbes. 
    » En 1862, exilé à Guernesey, j’écrivis à la reine d’Angleterre pour lui demander la grâce de trois fenians : trois jours après, je recevais de la reine Victoire une lettre m’annonçant qu’on accordait la grâce. Dans les mêmes circonstances j’ai souvent écrit au Czar, à des rois, à des présidents de République. Monsieur de Mac-Mahon dont je dirai si je veux être poli à son égard, qu’il n'est que mon égal, m ’envoie le billet suivant : je vous demande la permission de vous le lire :
    « Si M. le sénateur V. Hugo désire obtenir une grâce, ce n’est point au Président de la République qu’il doit s’adresser, mais à M. Martel, président de la Commission des grâces.
    » Pour le Président :
    » E. d’HARCOURT. »
    Puis, Victor Hugo froissa cette note et la jeta à terre.
    — Décidément, ajouta-t-il, ceci prouve qu’il ne sait ni lire ni écrire.


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  • — On sait qu’au palais de Montecitorio, où délibère la Chambre des députés d’Italie, la place jadis occupée par Garibaldi est restée vide ; une plaque d’or indique que là siégeait le Grand Patriote italien.
    On annonce qu’une mesure semblable va être prise au Luxembourg. Une motion va être faite pour laisser perpétuellement vide la place occupée par l’illustre poète au Sénat.


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  • Les obsèques de Victor Hugo sont définitivement fixées à lundi, à onze heures du matin.
    L’itinéraire du cortège est fixé définitivement de la manière suivante :
    Champs-Elysées, place et pont de la Concorde, boulevards St-Germain et St- Michel et rue Soufflot.
    Les convocations seront faites pour dix heures et demie ; les discours seront prononcés à onze heures à l’Arc-de-Triomphe.


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  • Dès hier matin [28], à neuf heures, une commission désignée par le ministre des beaux-arts, s’est rendue au Panthéon pour prendre les premières dispositions en vue de la cérémonie des obsèques de Victor Hugo.
    Pour le moment, on a négligé l’église proprement dite ; l’examen de la commission a porté sur la crypte où les travaux ont été commentés dans la soirée.
    Hier matin, également, le décret de désaffectation a été signifié simultanément à l’archevêque de Paris, et à l’architecte du Panthéon.
    Ce dernier a été invité à prendre des mesures, pour assurer la libre disposition de l’édifice religieux, dans les quarante-huit heures.
    A une heure et demie, M. de Bonnefoy, chapelain-doyen de Sainte-Geneviève, a été invité par le cardinal Guibert à se rendre à l’archevêché pour prendre les dernières dispositions relatives aux choses du culte.
    Il a été décidé que ce matin, à la première heure, on transférerait les saintes espèces (autrement dit les pains à cacheter consacrés) à
    l’église St-Etienne-du-Mont.


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  • Ce mot de Panthéon, pris dans son étymologie la plus stricte, signifie temple élevé à tous les dieux, mais aux dieux comme les entendaient les Grecs, — d’où nous vient ce mot Πας Θεος — c’est-à-dire aux génies, aux hommes illustres qui sont la gloire d’une Nation.
    Tout le monde a vu à Paris, sur la place Sainte-Geneviève, le Panthéon a la forme d’une croix grecque, dont la façade se compose d’un portique, mesurant quarante-trois mètres de développement sur quatorze mètres de profondeur, orné de vingt-deux colonnes corinthiennes cannelées, d’une hauteur de dix-neuf mètres vingt, reposant sur un perron de douze marches ; tout le monde, également, a pu admirer le magnifique fronton de David d’Angers ; aussi n’est-ce pas le monument que nous avons l’intention de décrire.
    Le 6 septembre 1764, Louis XV posait la première pierre de cet édifice qui devait être une église.
    Quatre-vingt-neuf trouva inachevé cet édifice que l’Assemblée Constituante — par une heureuse inspiration — devait consacrer aux gloires nationales;— les travaux en avaient été menés en effet avec une désespérante lenteur, et l'exécution définitive en avait encore été retardée par la mort de Soufflot, survenue en l'1780.
    A la mort de Mirabeau, la Constituante résolut de consacrer un monument aux tombes de tous les grands citoyens ayant bien mérité de la patrie. La France voulait avoir son Westminster. Le monument conçu par Soufflot et qui devait s’appeler l’église Sainte-Geneviève, était là, merveilleusement approprié pour cette grande destination.
    Voici un extrait du décret qui fut alors rendu :

    ARTICLE PREMIER . — Le nouvel édifice de Ste-Geneviève sera destiné à recevoir les cendres des grands hommes de l’époque de la Liberté française.
    ART . 2. — Le Corps législatif décidera seul à qui cet honneur sera décerné.
    ART. 3. — Honoré-Riquetti Mirabeau est jugé digne de recevoir cet honneur.
    ART. 6. — Le Directoire du département de la Seine, sera chargé de mettra promptement l’édifice de Sainte-Geneviève en état de remplir sa nouvelle destination et fera graver au-dessus du fronton ces mots : « Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante. »
    « Dans ce transport civique, dit Edgar Quinet, on baptisa le monument, qui parut pour la première fois, recevoir une âme et un sens. Voilà pourquoi cette vaste enceinte nue ressemblait à un forum : c’est la place où se réunira le peuple pour rendre son jugement sur les morts. Voilà pourquoi cette colonnade portait si haut ses splendeurs, pourquoi la coupole se dressait comme une couronne sur la tête de Paris. Il s’agit de l’apothéose de la France, de la patrie, sous la figure des grands hommes qui vont surgir au souffle d’un monde nouveau. Y avait-il des colonnes assez hautes, des chapiteaux assez fiers, des guirlandes assez riches pour célébrer ceux à qui la patrie devait des honneurs?
    Les plus grands des morts à qui furent décernés les honneurs du Panthéon, furent Voltaire «t Jean-Jacques Rousseau.
    Un jour, après la réaction militaire, vint la réaction immonde, celle qui outrage les morts.
    Une nuit, la monarchie bourbonnienne commanda des ouvriers, des manœuvres pour une œuvre infâme. On viola les tombes de Voltaire et de Jean-Jacques ; les restes de ces deux hommes immenses furent mis dans un tombereau, qui fut mené en rase campagne, hors Paris. 
    Là on avait préparé un trou, on y déversa le sac qui contenait les os des hommes qui ont donné pour le dix-huitième siècle ce que Victor Hugo est pour le dix-neuvième.
    Le Panthéon était devenu une église; les cléricaux crachant à la face des grands hommes, leur volaient leur temple. 
    Jamais cette profanation n’a été dignement effacée, il convient qu’elle le soit dimanche. Victor Hugo entrant au Panthéon fera disparaître à tout jamais la souillure infligée à ce Temple par les malfaiteurs de la Restauration, de même qu’exposé, lui l’homme de paix, sous l’arc triomphal des hommes de guerre, il effacera le souvenir infligé à cet autre monument des grands hommes par les anciens alliés de la restauration cléricale.
    D ’ailleurs, dès qu’un gouvernement s’est trouvé n’être pas complice de la réaction cléricale, il s’est hâté de rendre le Panthéon à sa destination.
    C’est ce qui eut lieu sous la monarchie de juillet, à la suite du rapport Guizot.
    Voici comment le comte de Montalivet présenta cette mesure de restitution à la tribune de l’Assemblée, pourtant monarchiste à cette époque.
    « L'antiquité, dit le comte, peupla les temples des statues de ceux qui avaient bien mérité de la patrie et de l’humanité, et chez les modernes, Westminster a recueilli leurs cendres. A l’époque où les Français prirent rang parmi les peuples libres, ils voulurent aussi consacrer cette ère nouvelle par des honneurs rendus au plus éloquent défenseur de leur liberté. Quand la mort frappa Mirabeau, une voix s’éleva dans la première de nos Assemblées et le Panthéon s’ouvrit pour la mémoire dos grands hommes. Si plus tard le pouvoir les a déshérités des honneurs funèbres qui leur étaient décernés par la loi, la patrie vient de reconquérir au prix de son sang, le droit de se montrer reconnaissante. »
    Et le ministre, alors, proposa la loi suivante :
    « Le Panthéon sera de nouveau destiné à recevoir les restes des citoyens illustres qui ont bien mérité de la patrie.... Les honneurs décernés seront ou un mausolée ou une inscription gravée sur une table da marbre . »
    Cette première restitution fut suivie d’un second vol.
    L ’homme de Décembre paya avec le Panthéon une partie des Te Deum que les prêtres chantaient à sa gloire pour remercier le Très
    Haut (?) d’avoir permis au très bas d’ensanglanter le boulevard Montmartre et de tuer la République.
    Ignoble et coupable complicité de l’Eglise que Hugo a flétri dans ces vers immortels des Châtiments :

    Quand tu dis : « Te Deum ! nous vous louons, Dieu fort,
    Sabahot des armées»
    Il se mêle à l’encens une vapeur qui sort 
    Des fosses mal fermées.

    Le meurtre à tes côtés suit l’office divin
    Criant : « Feu sur qui bouge ! »
    Satan tient la burette, et ce n’est pas de vin.
    Que ton ciboire est rouge.

    Mais lundi les corbeaux qui s’étaient abattus sur les restes de nos gloires nationales et s’étaient emparés de leur dernière demeure s’enfuiront effarés devant l’éblouissante clarté quo porte avec lui ce nom si grand : Victor HUGO.


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  • Voici le texte du décret de désaffectation du Panthéon :
    Le président de la République, vu, etc.
    Considérant que la France a le devoir de consacrer par une sépulture nationale la mémoire des grands hommes qui ont honoré la patrie et qu’il convient à cet effet de rendre le Panthéon à la destination que lui avait donnée la loi du 4-10 avril 1791
    Décrète,
    Le Panthéon est rendu à sa destination primitive et légale. Les restes des grands hommes qui ont mérité la reconnaissance nationale y seront déposés.
    ART . 2 . — La disposition qui précède est applicable aux citoyens à qui une loi aura décerné les funérailles nationales. Un décret du président de la République ordonnera la translation de leurs restes au Panthéon ;
    ART . 3 . — Sont rapportés le décret des 6-12 octobre 1851, le décret du 20 janvier 1806, l’ordonnance du 12 décembre 1821, les décrets du 22 mars 1852 et 26 juillet 1867, ainsi que toutes les dispositions réglementaires contraires au présent décret.
    Fait à Paris, le 26 mai 1885. — Jules GREVY.

    Le Président de la République française, sur le rapport des ministres de l'intérieur, de l'instruction publique, des beaux-arts et des cultes :
    Vu le décret du 26 mai 1885 ;
    Vu la loi du 21 mai 1885 décernant à Victor Hugo des funérailles nationales ;
    Décrète :
    ARTICLE PREMIER . — A la suite des obsèques ordonnées par la loi du 21 mai 1885, le corps de Victor Hugo sera déposé au Panthéon.
    ART . 2. — Le ministre de l’intérieur et le ministre de l’instruction publique, des beaux-arts et des cultes sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret.
    Fait à Paris, le 26 mai 1885. — Signé : JULES GREVY.
    Pour le président de la République : Le ministre de l'Intérieur, ALLAIN -TARGÈ .
    Le ministre de l’instruction publique, des Beaux-Arts et des cultes, René GOBLET .


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  • Voici d’intéressants renseignements sur le prix que Victor Hugo a vendu une partie de ses ouvrages à la maison Lacroix-Verboeckboven :
    Il a touché pour les Misérables, 350,000 francs; pour les Travailleurs de la Mer, 150,000 francs; pour les Chansons des Rues et des Bois, 40,000 francs ; pour Shakespeare, 40,000 francs ; pour l'Homme qui rit, 200,000 francs; pour Paris-Guide, 12,000 francs.


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