• Aiglemont

    Aiglemont

    Les Aiglemontais : 

    1876 1881 1886 1891 1896 1901 1906
    692 686 677 609 594 614 609
    1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954
    644 620 672 676 672 662 740
    1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006
    962 1304 1645 1614 1804 1733 1594

     

    HISTOIRE 

    Aiglemont au xixe siècle

    Le village s'est peu à peu agrandi. À la fin du xviiie siècle, il compte environ 500 habitants. En 1820, on dénombre 681 résidents et près de 800 en 1836. C'est le maximum que l'on puisse compter au xixe siècle, puisque le nombre va ensuite en diminuant : 746 en 1855, 692 en 1876 et 594 en 1896. Les rues existantes au xviiie siècle, rue de la Haie, rue Qui-Glisse, rue Basse et rue de Mézières s'allongent vers Neufmanil, (Cons) La Grandville et Mézières. Elles sont étroites et disposées en quadrillage autour de l'église, elles sont formées en partie de deux ruelles parallèles séparées par de petites constructions : les boutiques servant aux cloutiers.

    Une enquête de l'an IX (1802) recense 50 cloutiers après la Révolution. Ce nombre croît dans la première moitié du xixe siècle. On compte en 185, 169 ouvriers (154 hommes, 11 garçons de moins de 15 ans, 2 femmes et 2 jeunes filles de moins de 15 ans) répartis dans plus de 80 boutiques. Ils gagnent en moyenne par jour 1,25 franc (homme), 1 franc (femme et garçon), 0,90 franc (jeune fille). Pratiquement tous les hommes d'Aiglemont travaillent à la boutique, l'activité est rémunératrice. Le samedi soir ou le dimanche matin, les cloutiers vont livrer, c'est-à-dire porter leurs productions aux représentants des maisons de gros de Charleville. Avant 1855, ces derniers livrent les clous à Charleville, Sedan et même à Reims.

    Les conditions de travail sont cependant très dures. La boutique, ouverte vers le nord, surchauffée par le foyer, mal aérée est souvent minuscule. L'ouvrier y travaille six jours par semaine, courbé sur son enclume, respirant la poussière de charbon, éclairé seulement par la forge. Il subit tantôt la chaleur accablante en été ou les courants d'air en hiver. Les maladies ne sont pas rares, asthme ou bronchite. Le matin, le cloutier accompagne son bol de café noir par de l'eau de vie de prunes, la goutte. En fin de semaine, après la livraison de son travail, il va au café. En 1880, on compte 12 auberges à Aiglemont. On y consomme beaucoup de bière, de la goutte et de l'eau de vie de genièvre, le péquet. Le « chien chouffleux » du cloutier court pendant 10 heures dans une grande roue en bois servant à actionner le soufflet de la forge.

    La clouterie à main est rudimentaire, même si elle connaît un perfectionnement dès le début du XIXe, la rabatteuse, sorte de machine à estamper la tête du clou. Elle est concurrencée par les premières machines introduites à Charleville par Lolot et Whitacker, brevetées en 1835. Ces métiers à clous fabriquent jusqu'à 200 unités à la minute à un prix de revient inférieur de près de 15 % au coût de la fabrication manuelle. Les cloutiers, déjà touchés par la crise commerciale sous le règne de Louis-Philippe (vers 1845), subsistent malgré tout jusqu'à la fin du siècle.

     Aiglemont, la fin du XIXe et le début du xxe siècle

    En 1880, la clouterie à main compte encore 70 boutiques. La majorité des hommes du village travaillent encore le fer. Les ouvriers gagnent bien leur vie, jusqu'à 20 francs par semaine. Mais les machines, petit à petit, vont avoir le dernier mot. Le début du xxe siècle voit la fermeture des dernières boutiques.

    Parallèlement, il s'est développé un métier découlant de la clouterie, la ferronnerie. D'abord à la main, elle devient mécanique. Toussaint Gueury travaille depuis longtemps pour l'armement (à partir de 1801). Il fabrique des tire-bourre et des petites pièces pour la Manufacture de Charleville. En 1836, la Manufacture est supprimée. Les héritiers de Toussaint et des ouvriers perpétuent la tradition de la ferronnerie, notamment à la Grande Boutique qui se trouve rue Basse, derrière la mairie actuelle. On y travaille à la main. Le marteau est encore employé, mais ce ne sont plus des clous que l'on forge. Les clouteries disparaissent, et les ouvriers se recyclent. En 1914, il y a une centaine de ferronniers. Phénomène nouveau, une vingtaine d'autres travaillent dans les villages voisins ou à la ville.

    Au milieu du xixe siècle se développe également la fonderie. Pas à Aiglemont mais cette industrie nouvelle aura une répercussion sur le village. En 1848, les frères Corneau créent une fonderie à Charleville et ils emploient peu de temps après 200 ouvriers. En 1853, un des frères vient chasser au nord-est de la commune. Il ramasse une poignée de terre de taupinière et la fait analyser. Il vient de découvrir un excellent sable de fonderie. Les carrières de Ligneul sont ouvertes en 1854. C'est Regnault-Charlier qui tire le sable pour la fonderie Corneau. Il extrait un tombereau par jour, payé 5 francs soit un salaire double de celui d'un très bon cloutier, même s'il reverse 30 centimes par tonne à la commune. D'autres carriers affluent bientôt, les Halin, Michel, Avril… Tous les endroits sont prospectés, des champs et des bois sont exploités, sans grandes précautions. Ligneul, La Croix Là-Haut, la route de La Grandville, le Tarne, les Mottes, tous ces endroits sont mis à sac.

    Cette extraction se perpétue jusqu'au milieu du xxe siècle. La dernière carrière ouverte se situe route de La Granville. Pol et Gilbert Michel ont chargé le dernier camion en 1954.

     La colonie libertaire d'Aiglemont

     
    Communisme expérimental : colonie L'Essai à Aiglemont.
     
    L'Essai.

    En 1903, une colonie anarchiste est fondée par un Parisien, Jean-Charles Fortuné Henry, à Aiglemont, rejoint bientôt par d'autres sympathisants. Le groupe de maisons devient un lieu de curiosité, d'agitation politique et de diffusion d'idées, avec notamment un journal, le Cubilot.

    Des artistes et des hommes politiques de la Troisième République, comme le caricaturiste Alexandre Steinlen, l'auteur dramatique Maurice Donnay, le journaliste et romancier Lucien Descaves, et le romancier, personnalité de gauche et futur prix Nobel Anatole France sont venus à la rencontre de cette communauté, qui se dissout cependant à la suite de mésententes. C'est l'écrivain ouvrier Théophile Malicet qui rapporte cette expérience dans son article sur la colonie libertaire d'Aiglemont.

    Aiglemont en 1926

    En 1926, Aiglemont compte 620 habitants, son maire est Jules Guillemin et son adjoint Louis Couvreur.

    Côté animation, on comptait deux fêtes importantes : la fête communale qui a lieu le 2e dimanche de juillet et la fête patronale, le dimanche après la Toussaint.

    En 1926, Aiglemont possède 38 commerces et entreprises. Quelques entreprises de l'époque existent encore aujourd'hui : 5 aubergistes ; 3 bouchers ; 1 boulanger ; 1 brasseur ; 4 carriers ; 1 couvreur ; 4 cultivateurs ; 1 entrepreneur ; 2 épiciers ; 7 ferronniers ; 1 maréchal-ferrant ; 3 menuisiers ; 2 messagers ; 2 plâtriers ; 1 tabac.

     

     

    Culture locale et patrimoine

    Lieux et monuments

     
    Église Saint-Quentin.
     
    La chapelle Saint-Quentin entourée de son cimetière.
    • Église Saint-Quentin, fin xviiie siècle. L'église a une intéressante série de vitraux des xixe-xxe siècles qui ont pour sujet la Première Guerre mondiale.
    • La chapelle Saint-Quentin, à Saint-Quentin récemment rénovée.
    • La chapelle du cimetière, rue Condorcet.
    • Le calvaire.
    • Les lavoirs.

     Personnalités liées à la commune

    • Jean-Charles Fortuné Henry dit Fortuné, né le 21 août 1869 à Limeil-Brévannes (Seine-et-Oise). Fondateur, à Aiglemont, de la colonie libertaire L'Essai de 1903 à 1909. Jean Charles Fortuné Henry était le fils aîné de Fortuné Henry condamné à la peine de mort par contumace pour sa participation à la Commune, et le frère de Emile Henry guillotiné en 1894.
    • Jean-François Titeux est né le 11 décembre 1838 à Aiglemont. Son père, cloutier de son métier, était également prénommé Jean François. Excellent élève dès l'école communale, il a très tôt la vocation d'être soldat.
      En 1857, il entre à l'École impériale spéciale « Saint-Cyr ». Il en sort en octobre 1859, premier sur 260.
      Il termine également premier de l'école d'application d'État-Major. Jean-François Titeux devient professeur à l'École supérieure de guerre et se fait remarquer par la qualité de ses travaux topographiques. Promis à une brillante carrière, il obtient le grade de lieutenant-colonel le 29 mars 1889 et l'on s'attend à le voir gravir tous les échelons de la hiérarchie.
      Sa destinée prendra pourtant un autre chemin. Déplacé au Génie, il n'est plus dans son élément et démissionne.
      Cet homme remarquable passera à la postérité grâce à ses dispositions pour la peinture et l'écriture, et sera reconnu alors sous le nom d’Eugène Titeux.
      Durant l'exposition de 1900, ses tableaux représentant les nouvelles tenues de l'armée française sont exposés au musée de la Guerre .
      En tant qu'écrivain, il publie d'abord une étude en 3 volumes sur des faits de l'époque napoléonienne. Puis, il écrit l'histoire de l'école de Saint-Cyr, document important, le seul existant à l'époque de son édition.
      On lui doit aussi quelques pages sur le cimetière et la chapelle de Saint-Quentin prouvant ainsi qu'il n'avait pas oublié son village natal.
      Il décède le 1er janvier 1904.

     

     

     

  • Mai

    AVIS. — Une somme d’argent a  été trouvée sur la route d'Aiglemont à St-Laurent.
    S ’adresser pour la réclamer à M . le maire d’Aiglemont.


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