• LE 14 JUILLET 

    Que signifie cette date ?
    Emancipation et délivrance !
    Et voilà pourquoi la Nation Française est aujourd'hui eu fête.
    Et voilà pourquoi chaque citoyen, affranchi par la Révolution, conserve au plus profond de son cœur le souvenir reconnaissant de cette date lumineuse.
    La République, cependant, pour sa fête nationale, eut pu choisir un souvenir non moins grandiose, tant cette merveilleuse époque est pleine de ces journées héroïques qu’un peuple doit être fier de retrouver en relisant l’histoire de sa patrie. Nous pouvions prendre le 22 septembre. 
    Ce jour-là, pour la première fois, la Convention faisait flotter sous le ciel de France le drapeau tricolore de la République. Alors :

    ..... Que la France était belle
    Au grand soleil do Messidor !
    C’était une cavale, indomptable et rebelle,
    Sans frein d’acier, ni rênes d’or ;
    Une jument sauvage, à la croupe rustique
    Fumante encore du sang des rois,
    Mais fière, et d’un pied fort, heurtant le sol antique,
    Libre pour la première fois !
    Tout son poil était vierge, et, belle, vagabonde 
    L ’œil haut, la croupe en mouvement
    Sur ses jarrets dressés, elle enrayait le monde
    Des bruits de son hennissement,

    Nous pouvions prendre aussi le 4 août où les droits de l'homme furent proclamés après qu'eurent été brûles tant de vains titres qui déshonoraient l’humanité.
    Nous pouvions prendre encore cette date du 10 août, alors que le peuple chassa de son palais la royauté tremblante.
    Nous n’avons voulu aucune de ces dates ;  parce que les droits de l'homme, aujourd’hui, ne peuvent plus être mis en discussion ; parce que, délivrés des rois, nous avons pour toujours, fini avec les journées du 10 août. 
    Nous avons préféré le 14 juillet qui, se détachant glorieux de tous les souvenirs, nous rappelle le triomphe de la justice, l’affranchissement de l'esprit, la délivrance de la Nation jusqu'alors et, pendant dix-huit longs siècles, tenue en tutelle sanglante par le clericalisme et la monarchie. 
    Et ce n'est pas alors seulement la République que la France acclame en ce jour ; — mais c’est  aussi le Droit et la Liberté.
    Le sang de la Révolution ne s'est pas refroidi dans nos veines : tel nos patriotiques aïeux nous l’ont transmis, tel il coule chaleureux par tout notre corps ; — et nous avons besoin qu’il nous réchauffe, car ces sublimes démolisseurs de 89 et de 93 nous ont, pour notre part, laissé de rudes combats à livrer.
    Contre nous, leurs petits fils, la réaction prétendrait en effet, élever la Bastille noire, la Bastille divine pour y séquestrer la Libre Pensée qui éclaire et vivifie le monde.
    Et c’est contre cette Bastille que le peuple de France doit porter sa main courageuse vengeresse : il la détruira, et sur les ruines de celle-là comme sur les ruines de l’autre, en caractères que le sang ne saurait effacer, il gravera son nom ?
    Alors il se tournera fièrement vers les autres peuples eu lui montrant tous ses fers entièrement brisés : ils comprendront. Ayons donc confiance, car le jour prochain luira où nous ne serons plus les seuls dans la vieille Europe, à fêter la République et la Liberté ! 

     

    Albert MEYRAC.  

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique