• Mai

    LES PETITS MARTYRS . — Il vient de se passer à Thiers (Puy-de-Dôme), un de ces crimes abominables qui révoltent l’humanité et font révoquer en doute les sentiments les plus naturels. Là, dans la rue du Pont-de-Sechalle, vivait une famille d’ouvriers, composée du père, de la mère et de six enfants, dont cinq filles et un petit garçon de 7 ans. Pourquoi ce pauvre petit était-il devenu la bête noire de la famille ? Ce qu'il y a de sûr, c’est qu’il était en butte à l’aversion profonde de ses parents et de ses sœurs ; c’est que pendant trois ans, le malheureux enfant a subi de leur part un véritable martyre. On le criblait de coups, on le privait de nourriture et on le faisait coucher sur la paille, au grenier, au milieu de ses ordures. Des voisins assurent même l’avoir vu réduit à manger ses excréments ; et, chose déplorable, les témoins de ces faits n’ont pas eu le courage de les dénoncer. Vendredi matin de la semaine dernière (24 avril 1885), l’infortuné petit être est mort, et ce n’est qu’alors que les voisins ont cru devoir prévenir la police. Le docteur Dumas a procédé à l’autopsie du cadavre, et a déclaré que l’enfant était mort de froid et de faim, ainsi que des suites des mauvais traitements qu’il avait endurés. Le père et la mère ont été écroués à la maison d’arrêt de Thiers.

    Château à vendre. — Un indice fait supposer que les princes d'’Orléans ne se font pas beaucoup d’illusions sur la solidité de Ieur établissement en Francs. Le château de Randan, le magnifique domaine que possède le duc de Montpensier en Auvergne, est en vente, et on ne veut le vendre que payé comptant.

    UNE BERGÈRE ÉTRANGLÉE. — Un crime vient d’ensanglanter le territoire de Donzillac (Dordogne).
    Une fille de vingt-trois ans, nommée Marie Cabard, a été trouvée étranglée à Fort-Lambert, au milieu des bois, à un kilométre et demi des dernières maisons du village de Valay.
    Marie Cabard avait appartenu, jusqu’à sa vingt-et-unième année, à l’administration des Enfants assistés de la Dordogne, qui l' avait placée depuis longtemps chez les époux Dujarric, demeurant au village de Madillac, commune de St-Louis, canton de Mussidan.
    Cette jeune fille était considérée par les époux Dujarric comme faisant partie de leur famille. Aussi l’avaient-ils gardée, bien que sa conduite ne fût pas exempte de reproches. Elle continuait, paraît-il, à avoir des relations avec un individu qui l'avait rendue mère trois ans auparavant.
    Marie Cabard partait tous les matins pour aller faire paître un troupeau de brebis et elle rentrait vers les neuf heures.
    Dimauche dernier, elle s’en alla comme d'habitude, vers les cinq heures, traversa la voie ferrée de Bordeaux à Périgueux, au passage à niveau dit du bourg de st-Louis et suivit la route conduisant au village de Ferrandie jusqu’à la hauteur des bois. Là elle prit à droite et longea pendant quelques temps les terres cultivées, puis elle disparut sous bois avec son troupeau.
    Ne la voyant arriver, la mère Dujarric et son gendre se mirent à sa recherche ; ils essayèrent d'abord de suivre ensemble le chemin qu’avait dû parcourir Marie Cabard ; mais arrivés sur la hauteur, ils se séparèrent. Ce fut le gendre qui trouva le cadavre de la victime. « Ayant entendu, dit-il, le tintement du grelot que le chien qui accompagnait Marie avait au cou, j'ai sifflé, l'animal est venu et m'a amené à l'endroit où était sa maîtresse. »
    Le jugé de paix, les maires de Donzillac et de St-Louis, le maréchal-des-logis de Mussidan et le Parquet de Ribérac se sont successivement rendus sur le lieu du crime, et le docteur Durrieu, médecin lègiste, a fait les constatations légales.

    Attaque d’un courrier. — On écrit de Chalon que la nuit dernière le courrier qui fait le service de Semur-en-Brionnais à Charlieu a été arrêté et dévalisé. Il était porteur d’une somme de 2,500 fr. qui lui a été soustraite. 
    La voiture avait à peine parcouru quatre kilomètres, qu’une bande de six individus qui étaient cachés dans un fossé se précipitait à la tête du cheval et forçait le conducteur à descendre, non sans le rouer de coups et le dévaliser. Les malfaiteurs ont ensuite pris la fuite.

    Enterrée vivante. — Une femme de la commune de Paulhaguet (Haute-Loire), morte subitement, a été enterrée vivante, avant-hier [21]. Des enfants qui jouaient près du cimetière, entendant des gémissements sortir d'une fosse, poussèrent des cris de terreur. On accourut, on découvrit le cercueil. La femme était morte, mais depuis quelques minutes à peine, ainsi qu'il fut constaté.

    UN PARRICIDE. — Un épouvantable crime vient d'être commis à Clermont-Ferrand.
    Mme veuve Trincard avait été assassinée. Les soupçons s'étant portés sur son fils, Jean Trincard, celui-ci a été arrêté. Il a fait les aveux les plus complets.
    Voici comment il raconte la scène du crime :
    « Je suis arrivé, a-t-il dit, à Vertaizon, à neuf heures. Ma mère allait se coucher, nous avons causé un instant... Elle m'a préparé à manger. Après souper, je lui ai demandé 50 francs. Alors une scène terrible a commencé. Elle a duré longtemps. J'insistais toujours, je menaçais ma mère, j'étais fou.
    » Elle me répondit qu'elle n'avait pas d'argent. Je lui rappelai alors l'héritage qu'elle venait de faire. ... Elle ne voulait pas... j'étais furieux !... Je voulus m'en aller... Je lui souhaitai le bonsoir et lui dis : « Embrassez-moi tout de même, mère. » Et c'est en l'embrassant... je la serrai très fort contre moi...ça a duré cinq minutes. »
    Ainsi, c'est en embrassant sa mère que ce misérable fils l'a étouffée ! Puis, affolé,épouvanté, il traîna le cadavre jusqu'aux premiers escaliers de la cave.
    Il voulait- disait-il, faire croire à une mort subite ou à un accident.
    Ce parricide faisait ses treize jours à Clermont ; il a été arrêté devant la caserne d'artillerie.
    Aujourd'hui, Jean Tricard est très abattu. Il a essayé de se suicider dans la prison. On 'a mis dans une cellule. Un autre détenu est avec lui et ne le quitte pas.

    UN JEUNE HOMME EN LOTERIE . — La chose est curieuse.
    Cela s’est passé à Périgueux.
    C'est un cas très rare en France, mais qui se produit fréquemment chez les Américains, peuple pratique et excentrique.
    Il y a quelques jours, un jeune homme doué d’une physionomie agréable et d’üne tournure distinguée, ganté de frais et correctement vêtu à la dernière mode se présenta chez un photographe du chef-Iieu, de la Dordogne.
    Il désirait être photographié, mais d’une manière tout à fait irréprochable, et le prix lui importait peu. Naturellement, on s’entendit à merveille, et le jour même, le photographe remit à son aimable client quelques exemplaires de son image, supérieurement réussie. Jusque-là, rien que de très naturel, n’est-ce pas ?
    Mais voilà où la chose se corse. Le beau jeune homme, satisfait du travail, fit une commande de plusieurs milliers d’exemplaires.
    — Excusez du peu, s’écria la photographe ; mais que ferez-vous d’un nombre aussi considérable de portraits ?
    Le commerçant sa croyait tout d’abord en présence de quelque futur candidat aux élections générales, qui se préparait à expédier sa
    reproduction photographique à tous les électeurs du département.
    C’était une erreur !
    Ce gentlemen répondit, en effet :
    — Monsieur, je suis célibataire ; j'ai réfléchi longuement sur l’amour et le mariage. Le plus malin des hommes peüt se tromper en faisant minutieusement choix d’une compagne pour la vie. Moi, j’ai résolu de devoir la mienne au hasard.
    — Ah bah ! s’écria notre photographe de plus en plus satisfait.
    — Oui, monsieur. Et, pour atteindre ce but, je vais me mettre en loterie, donnant ainsi une occasion probablement unique à l’une des nombreuses et braves filles qui vieillissent dans le célibat de gagner un mari assez présentable. Mes billets ne pourront être pris que par des demoiselles, bien entendu. Avec le produit de cette loterie je gagnerai une petite fortune. J’ajoute que je m’engage à me montrer le meilleur des maris, quelle que soit l’épouse, laide ou jolie, jeune ou déjà figée, qua le sort me désignera.
    Et à combien le billet ?
    — Cinq francs, et de plus je donnerai en prime l'une des admirables photographies que vous allez me fournir. C’est pour rien !
    Voilà l’histoire. Elle est exacte de tous points. Si même les Ardennaises en quête d’un mari désirent se renseigner, elles n’ont qu’à s'adresser à la mairie de Périgueux.

     

    Juillet

    TERRIBLE EXPLOSION. — Le ministre de l’intérieur a reçu, ce matin, une dépêche du maire d’Ardes (Puy-de-Dôme), annonçant une explosion formidable de caisses de poudre et de barils de pétrole. Plusieurs personnes ont disparu. On ignore encore le nombre des tués et des blessés. Le sous-préfet s’est immédiatement rendu sur les lieux de l’explosion. Le préfet du Puy-de-Dôme est également parti pour se rendre compte du sinistre. Les premiers secours ont été organisés à la hâte.

    La catastrophe d ’Ardes. — Le préfet du Puy-de-Dôme a télégraphié au ministre de l’intérieur des renseignements com-plémentaires sur la catastrophe à Ardes. Vingt hommes de troupes ont été réquisitionnés à Clermont, sous la direction d’un capitaine du génie et d'un architecte départemental, ils procèdent au déblaiement des décombres. Jusqu’à présent un seul cadavre a été retrouvé, c’est celui du propriétaire de la maison.

    Explosion de grisou . — Une explosion ds grisou a eu lieu au puits Combéricole, à Grand-Croix ; six ouvriers auraient péri.

    UN SINGULIER DUEL. - Un singulier incident s’est passé à Rosières (Tarn), à l'occasion de la Fête du 14 Juillet.
    Le 7 juillet, le maire, M. Soulié, reçut une lettre du curé, M. Assalit, dans laquelle cet ecclésiastique lui déclarait, en termes assez vifs, qu’il s’opposerait à ce qu’un drapeau fût apposé sur les murs du presbytère.
    M. Soulié répondit non moins vivement. Au reçu de cette lettre, M. Assalit fit une réplique qui se terminait ainsi :
    « Moi, j'ai encore un désir qui, s’il est réalisé, et cela dépend de vous, vous permettra de briser là et de fermer votre groin avec honneur. Je vous offre un duel, et pour tout de bon. Acceptez-vous? Je ne connais pas d’autre moyen de vous tirer du bourbier où vous glapissez et que vous m’avez obligé de sonder avec mon bâton pour vous en montrer la puante profondeur. Mes témoins sont prêts, envoyez les vôtres. N’hésitez point : je puis, sans renier mes principes, accomplir tout ce qui est de nature à soulager et à embellir l’humanité!
    » Dans l’espoir de vous rencontrer bientôt,
    » E. ASSALIT, curé. »
    » P.-S. — Je ne réponds plus désormais que sur le terrain.
    » E. A, »
    M. Soulié constitua aussitôt des témoins qui se mirent à la disposition du curé ; celui-ci leur déclara alors qu' il avait entendu parler d'un duel à la plume, et non d’un duel à armes. Cette réponse a mis fin à l'incident. 


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