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1885
Mai
Vol d’osiers. — Des malfaiteurs, restés inconnus, ont pendant la nuit du 4 au 5, enlevé dans un champ appartenant à M. Emile Anciaux, vannier, une quinzaine de bottes d’osiers, estimées 50 fr. On croit que des vanniers ambulants, qui errent maintenant aux environs de Vireux comme il y en a dans tout le département, ne seraient pas étrangers à ce vol.
Sus aux journaux réactionnaires et aux libres-penseurs! — On nous communique et on nous prie d’insérer la lettre suivante qui s’adresse au curé de cette commune :
« Vous vous plaigniez, il y a quelques jours, monsieur le curé, que la religion était abandonnée, que la sainte table était déserte pendant les jours de Pâques ; vous avez alors lancé vos foudres contre les mauvais journaux qui envahissent de plus en plus votre commune, les accusant, ces bandits, ces galeux, de la cause de tout le mal : vous avez, avec votre charité habituelle, comparé ces journaux au poison : « Femmes qui laissez entre les mans de vos maris, de vos enfants, ces journaux infâmes, vous êtes aussi coupables que si vous empoisonniez leur soupe ». Tels sont, je crois, monsieur le curé, vos propres paroles.
» Qu’y avez-vous gagné? Beaucoup de vos paroissiens ont ri et les autres n'en ont pas moins continué à lire, car la lecture est la nourriture de l’esprit, et c’es avec l' aide des journaux, monsieur le curé, que le peuple a enfin soulevè ce vaste éteignoir sous lequel vous désireriez sans doute qu’il fût encore.
» Aujourd’hui, monsieur le curé, les foudres de fer-blanc dont vous disposez vous les avez lancés contre cette secte impie de francs-maçons et des libres-penseurs : « Messieurs, dites-vous du haut de votre chaire de vérité, vous allez à l'enterrement, c'est pour boire des chopes, et vous n’approchez l’église que pour venir déposer votre sou ; ce faisant vous déshonorez l’Eglise, la mort, la famille, enfin vous agissez comme des francs-maçons, comme des libres-penseurs ».
» C’est une habitude, une mode plutôt, et vous le savez bien, monsieur le curé, dans nos villages, d'aller à l’offrande. Cette offrande, c’est la carte de visite du pauvre, la famille, debout, regarde passer les personnes qui sont venues dire un adieu dernier a celui qu’elle pleure. Et pourquoi donc vous plaindre ainsi de cette coutume; cette offrande n’est-elle pas un de vos plus beaux revenus ; ces petits sous ne sont-ils pas un complément à votre bien-aise, et ce vin qui vous fortifie et vous enlumine la figure, n’est-il pas un peu payé par ces offrandes. J’ignore, monsieur la curé, si les francs-maçons, si les libres-penseurs vont à l’offrande, mais s’ils le font, croyez bien que c’est pour les raisons que je vous ai cité.
» Dans votre intérêt, monsieur la curé (cet avis est tout désintéressé), ne criez pas trop contre les personnes qui vont déposer leurs sous dans votre assiette, car il se pourrait que ce vieil usage disparaisse et, de par votre faute, vous pourriez constater alors que votre escarcelle sonne le vide.
» Quant aux libres-penseurs de votre commune, ils dédaignent, monsieur le curé, vos attaques, vos imputations outrageantes et calomnieuses, ils continueront à suivre la voie dans laquelle ils sont entrés.
» Et celte voie, monsieur le curé, c’est la voie du progrès et de la liberté de conscience.
» Veuillez agréer, etc. »
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